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Le porno gay français est-il en crise ?

Internet aurait-il réussi à tuer à petit feu le porno gay français ? On peut se poser la question. L’âge d’or de Cadinot, de la VHS et du DVD semble désormais bien loin. La vidéo a pris le dessus, le piratage a sérieusement corsé les choses et la crise générale a fragilisé les plus petits. Quels sont les plus gros obstacles qui empêchent notre pornographie homo hexagonale de rayonner et de s’exporter ? Quelques pistes pour comprendre les aléas d’un milieu bien plus fragile que ce que l’on pourrait s’imaginer…
Les défis des producteurs
Si aux Etats-Unis la porn culture existe et s’épanouit à travers un nombre considérables de magazines, webzines et autres blogs, en France on a encore du mal à assumer son goût pour le x gay. Il suffit de voir les commentaires sur des articles relatifs au monde du porno gay, riches en critiques et en insultes à peine déguisées. Un rapport aux films adultes encore placé sous le signe de la culpabilité. Les producteurs eux-mêmes ont d’ailleurs souvent du mal à établir une véritable communication avec leurs clients.
Le public français a encore beaucoup de mal à vouloir payer son porno à l’heure des tubes. Puisqu’il n’assume pas nécessairement d’être friand de porno, il a tendance à le dénigrer et ne se voit pas dépenser 20 euros par mois pour soutenir une production nationale de qualité. Les ventes de DVD s’écroulant un peu plus chaque année, tout tient désormais sur la vente de vidéos à la demande ou d’abonnements. Mais plus que jamais, le client est volatile, peut se désinscrire au bout d’un mois et ne jamais revenir. L’obsession des producteurs tient donc dans l’envie de le fidéliser.
Fidéliser un client est devenu très difficile en France pour, déjà, une raison toute simple : il y a peu de garçons qui sont prêts à tourner durablement. Le nombre de « noms » du x gay français, de modèles identifiables, tient au maximum sur les doigts d’une main. Et trouver de nouvelles « stars » potentielles s’avère être un véritable casse-tête. Beaucoup postulent, portés par un fantasme, mais se dégonfle la veille du tournage ou même seulement quelques heures avant le début de la scène. De quoi transformer la mise en chantier d’un film en véritable enfer. Les producteurs ne peuvent pas compter sur grand monde, doivent penser en permanence à défricher mais ne sont jamais à l’abri de se faire planter.
Face à la baisse des profits, les scènes se tournent avec des budgets serrés et il est devenu quasiment impossible, même avec une bonne dose de créativité, de rivaliser avec les studios américains. De quoi renvoyer notre production inévitablement à la catégorie « amateur ».
Comme nous l’expliquait récemment Antoine Lebel du label French Twinks, aujourd’hui il est devenu très compliqué pour un aspirant producteur et réalisateur porno de lancer son label en France. Pour tenter l’aventure, il faut avoir une trésorerie solide, les scènes ne se rentabilisant que plusieurs mois après leur mise en ligne. Début 2015, Ludovic Pelletier du label Menoboy évoquait pour sa part via un post Facebook un « acharnement bancaire ». Le contenu pornographique étant mal vu en France, les banques via leurs conditions générales d’ouverture de compte et de vente à distance transformeraient les projets des pornographes en chemin de croix, sans parler des complications concernant les moyens de paiement en ligne. Menoboy a ainsi quitté la France pour aller s’installer en Espagne.
Soutien primordial pour la plupart des labels, la chaîne PinkX aide les studios hexagonaux en participant parfois à leur production ou en négociant leur diffusion. Mais cette main tendue ne se fait pas sans règles. La chaîne numéro 1 du x gay en France sait ce qu’elle veut et peut diffuser. Les réalisateurs se voient ainsi souvent demander de remonter leurs films quand certaines de leurs scènes sont jugées trop hard. Vous ne verrez ainsi jamais un film purement hard français, tels que les premiers films de Ridley Dovarez ou ceux de Domiaddict, diffusé sur cette chaîne.
Pour envisager leur rentabilité sur le long terme, les producteurs avisés ont désormais de plus en plus à la bouche le mot « international ». Le marché français ne suffit plus, il faut parvenir à s’exporter. Mais comment faire le poids face à la concurrence des plus grands ? Comment se différencier, attirer l’attention des blogs et clients ? Qu’on se le dise : être producteur de x gay français aujourd’hui est devenu un très gros boulot. Le producteur est en général aussi le réalisateur, le monteur, celui qui gère la promotion des vidéos, qui fait les castings… Il faut être prêt à dépenser beaucoup d’énergie et d’argent pour un résultat incertain.
La galère des modèles français
Si pour les producteurs trouver des « bons modèles » est de plus en plus compliqué sur le sol français, c’est en interrogeant un modèle lui-même, qui tient à rester anonyme, qu’on comprend un peu mieux leur frilosité.
Julien a voulu se consacrer à une carrière dans le x gay français mais a rapidement déchanté : « Quand tu vois les mecs en couverture des magazines, tu as l’impression qu’ils mènent la grande vie. En réalité, il n’en est rien. Il n’y a pas beaucoup de productions en France et c’est impossible de gagner ,même modestement, sa vie en ne tournant qu’ici. Si tu veux être acteur porno et que tu es français, il vaut mieux pour toi que tu parles anglais. Il faudra aller tourner au Royaume-Uni, en Espagne, en Allemagne… Une scène en France est désormais généralement payée 150 ou 200 euros. Accepter de céder ton image, qu’on parle de toi comme « une grosse pute qui se fait défoncer le cul » dans les textes des vidéos de présentation, d’être repris sur les tubes du monde entier, mettre en danger ta réputation pour 150 euros c’est vraiment trop peu ! Et pour cette somme dérisoire, on essaie en plus de te faire faire un shooting photo, on te demande de relayer la scène quand elle sort, de te déplacer à l’autre bout de Paris ou de la France pour des tournages parfois vraiment longs. Et si tu refuses on te dit que tu n’es pas motivé !! ».
Julien ajoute : « Désolé de casser le mythe, mais ceux qui veulent vraiment s’en sortir dans ce business en France finissent en général par devenir escort et par accumuler les shows en tant que go go dancer. Les clients n’en sont pas vraiment conscients mais 70% des mecs qu’ils voient sur leur écran sont des prostitués. Ils profitent de leur petite notoriété pour augmenter un peu leurs tarifs ».
Peu de rémunérations pour une fois encore beaucoup d’énergie demandée : « On nous demande de plus en plus d’utiliser notre petit réseau, d’être présent sur Facebook ou Twitter pour faire la promo des scènes. Animer un compte Twitter ça prend du temps. Ca te force à pousser ton personnage d’acteur porno, à te mettre en scène, t’exposer, pour finalement peu d’argent en plus. On peut bien faire un peu d’affiliation mais ce n’est pas avec ça qu’on va mener la grande vie. »
Quand on demande à Julien ce qu’il donnerait comme conseils à un jeune mec français désireux de faire carrière dans le x gay, il nous répond : « Si tu ne parles pas anglais c’est déjà un très mauvais point. Il faut d’emblée penser à s’exporter, à ne pas tourner qu’en France. Il faut vraiment penser en terme de carrière, s’y consacrer à plein temps. Pour avoir l’espoir de tourner aux Etats-Unis, il faudra passer beaucoup de temps au sport car là-bas ils veulent des mecs biens sculptés. Il faudra être omniprésent sur Twitter et surtout être apte à s’adapter sans se laisser piéger. Moi l’une des rares propositions qu’on m’ai faite à l’étranger, c’était pour aller chez Lucas Entertainment qui te font tourner sans capotes, de façon bien plus risquée que ce qu’ils veulent laisser entendre, sans parler des injections devenues quasi obligatoires pour être sûr que tu banderas pendant des heures. Je pense qu’il faut avoir une vraie détermination, être un performer, avoir un mental d’acier. On peut te jeter du jour au lendemain. C’est un vrai métier, contrairement à ce que beaucoup refusent d’envisager, et c’est un métier dur. Même si l’on crée un personnage, un pseudo, les gens ne font pas nécessairement la distinction entre les deux et tu peux recevoir beaucoup d’attaques directement liées à ta personnalité ou à ton physique. Il faut avoir les épaules solides ».
Conscient qu’il dévoile beaucoup des envers du décor quitte à être un peu pessimiste, Julien conclut : « Au final, je comprends ceux qui en France ne font ça que pour le fun. Ils ont sans doute raison. Ceux qui ne tournent que 2-3 scènes de temps en temps, pour le fun, sans plan de carrière, ont peut-être fait le choix le plus sain. Ils assument ce qu’ils font, ne se mettent pas la pression. Ils vivent un délire sans trop s’exposer et peuvent de temps en temps s’acheter un beau costume ou une paire de pompes. J’ai l’impression que c’est un peu devenu la façon dont fonctionnent les modèles français aujourd’hui. Devenir une porn star est devenu trop compliqué ».
Le carré d’or des productions gays françaises
En France, 4 boîtes de production se disputent les faveurs du petit marché national tout en rêvant plus ou moins de s’exporter. Pour finir notre enquête, on a décidé de les passer en revue en évoquant leur identité, leurs forces et leurs faiblesses.
Citebeur
Les « rebeus de téci » ont cartonné au début des années 2000 et peuvent se targuer d’avoir à leur actif des records de vente de DVD. Le fantasme des mâles de banlieue, forcément très actifs, et de leurs potes métissés, continue de faire recette et d’exciter. Le label mise beaucoup sur la pulsion, l’authenticité et le caractère brut de ses vidéos. Le tournage d’une scène se fait en 45 minutes, avec très peu d’instructions données aux modèles qui exécutent un rapport sexuel proche d’un vrai plan cul.
Forces : Citebeur a un style très marqué avec des modèles actifs que le public ne verra nulle part ailleurs. Le réalisateur Stéphane a le chic pour caster des garçons à la personnalité unique et aux attributs très généreux. Le label a bien géré le tournant sur le net et a su développer une puissante offre VOD. Citebeur a lancé d’autres labels à succès comme Sketboy ou Ridley Dovarez. Désormais vendu comme une sorte de « Netflix du porno gay » (devenant en quelque sorte une alternative française de Naked Sword), Citebeur propose une petite vingtaine de sites différents pour tous les goûts. Disposant du catalogue Cadinot sur Internet, ayant monté des partenariats avec des studios cultes comme Cazzo, JNRC ou Clairprod : c’est l’offre française la plus riche et éclectique. Citebeur peut enfin se targuer d’être leader sur les vidéos dédiées aux mecs français virils et actifs. Elle a révélé ou popularisé à travers ses sites des modèles comme François Sagat, Mathieu Ferhati ou plus récemment Nathan Hope.
Faiblesses : Les vidéos s’achètent encore sous forme de tickets ou à travers un abonnement global à tous les sites assez onéreux. Dommage de ne pas pouvoir s’abonner à un seul des sites pour 20 ou 30 euros par mois. Citebeur a également du mal à attiser la curiosité des médias spécialisés américains malgré des marques ou produits forts. Les films de Ridley Dovarez auraient par exemple tout pour faire le buzz sur les blogs américains mais la boîte n’a visiblement pas encore réussi à trouver la formule pour leur donner envie de mettre en avant leurs contenus.
Crunchboy
Fondé par l’ancien modèle porno Jess Royan, Crunchboy s’est rapidement imposé comme un porno gay de proximité. Plusieurs réalisateurs à travers la France, un gros talent de défricheur de modèles. Le label charme de par son authenticité et son désir de montrer des plans culs réalistes, sans fioritures. La plupart des scènes sont précédées de conversations avec les garçons, mettant ainsi en avant leur personnalité, permettant au client de s’attacher à eux. Un esprit bon enfant, « à la cool », sans prise de tête. Et à l’instar de Citebeur, une démarche qui vise à filmer des « vrais plans culs » plutôt que de faire des scènes chiadées.
Forces : L’attrait de la « production maison » qui fait qu’on a à terme l’impression de connaître les modèles. Beaucoup de contenus proposés : plusieurs scènes par semaine, avec des types de mecs et de pratiques assez éclectiques. Jess Royan a su au fil des années établir une petite communauté de fans. Il organise également régulièrement des événements dans des établissements gays. Crunchboy a l’image d’un petit label sympa, familial. Jess Royan a mis en lumière de très jolis garçons comme Kameron Frost ou Enzo Rimenez.
Faiblesses : Tellement de vidéos différentes qu’on trouve de tout. C’est parfois filmé complètement à l’arrache, avec souvent des garçons pas toujours très bandants. En refusant de vouloir se la jouer comme les américains, Crunchboy passe parfois de l’amateur à l’amateurisme (les visuels très pauvres illustrant les scènes, les jaquettes de films qui semblent avoir été faites par un collégien qui s’est éclaté sur Paint). Très « franco-français », « Crunch » a une communication quasi-inexistante vers l’étranger (mis à part une collaboration avec une boîte anglaise qui diffuse ses contenus sous le nom « French Lads ») et reste un « produit du terroir » avec le charme que cela inclut et ses limites.
Menoboy
Le label de Ludovic Pelletier peut se targuer d’avoir l’un des plus beaux catalogues du x gay français depuis Cadinot, dont il est le plus légitime héritier. Du porno gay excitant et sensuel, très bien réalisé, mettant en scène des jeunes mecs globalement somptueux. Menoboy a produit à la fois les derniers grands films adultes homos des années 2000 (Incarcération et Indic en tête), une flopée de télé-réalités n’ayant pas grand chose à envier aux productions américaines. Le haut du panier qualitativement parlant.
Forces : Un réalisateur de talent, un style esthétique, un amour du genre. Menoboy fait envie, fait rêver et fait bander fort. Le studio est parvenu à créer son propre univers avec des garçons indissociables de sa marque. Les amateurs n’ont pu oublier les explosifs et sexy Evan Pamish, Tybo Calter et autres John Despe. Menoboy a également révélé le troublant Matt Kennedy. Goûter à Menoboy donne envie d’y rester, pour longtemps.
Faiblesse : Grosses lacunes en communication. Le strict minimum sur Facebook et Twitter, pas de service d’affiliation, quasiment aucune promo, un accès verrouillé aux photos et aux vidéos. C’est comme si Menoboy s’était coupé du monde et enfermé dans une tour d’ivoire avec ses belles vidéos. La stratégie de communication ne semble pas avoir évolué depuis le début des années 2000. Ou comment disposer d’un excellent produit sans savoir le mettre en avant. Depuis deux ans, le label semble un peu tourner au ralenti : plus de grosses productions, juste des scènes, tournées pour la plupart à Sitgès mais sorties en catimini, sans aucun effort promotionnel. A moins d’être déjà client chez Menoboy, vous avez peu de chances d’en entendre parler et c’est bien dommage…
French Twinks
Dernier venu dans le « game », French Twinks est le plus « connecté » et moderne des labels gays français. Antoine Lebel, son créateur, a su profiter des lacunes en terme de communication de la concurrence pour imposer sa marque. Ses vidéos jouent sur le fantasme des jeunes français de 18-20 ans et des premières fois. Le réalisateur embarque ses modèles dans des pratiques soft ou plus hard (bukkake, fist…). Très inspiré par les productions américaines, il cible, vise haut et n’en finit plus de faire « son trou ».
Forces : Vidéos bien produites, photos de tournage soignées « à l’américaine », bandes-annonces HD, omniprésence sur Facebook et surtout Twitter, tournages diffusés en live sur Cam4, interviews dans tous les supports spécialisés, promotion accrue avec de la publicité. French Twinks est le label français qui sait le mieux communiquer et se vendre et aujourd’hui le seul à être parvenu à attirer l’attention des supports américains grâce notamment à d’habiles partenariats avec des labels US (Helix, Dominic Ford). A l’instar d’un Cockyboys, French Twinks prône du porno gay coquin mais heureux (on sourie sur les photos, même quand on est recouvert de sperme), déculpabilisant.
Faiblesses : ce qui fait la force du label pourrait aussi être sa limite : French Twinks est sur une niche. Même si le studio introduit des duos entre des minets et des mecs un peu plus âgés, sa thématique reste restreinte. Encore jeune, le label, qui ne manque pas d’idées en termes de communication, est un peu plus classique dans ce qu’il propose en terme de contenu. On reste sur des valeurs sûres, des scénarios qui ne sortent pas trop des sentiers battus. A quand une première vraie prise de risque côté histoire ou format ?
Les outsiders
A ce carré d’or, on pourrait ajouter d’autres labels comme Eric Videos (très bonne réalisation mais du sexe non protégé seulement, un site un peu vieillot…), HPG (surtout mis en avant par la chaîne PinkX, le label a encore du mal à exister sur le net), Airmaxsex (label du modèle Anthony Cruz, plutôt bien fait mais qui connaît une baisse de régime en terme de production ces derniers mois), Berry Prod (bon exemple d’un studio plutôt qualitatif qui n’a hélas pas su négocier son virage sur Internet et qui peine à rester visible) ou encore GayFrenchKiss (que l’on connaît uniquement pour ses nominations aux Pink X Gay Video Awards, sinon rien à signaler…). Pas de quoi bousculer l’ordre établi en somme…
Fragilisé par l’érosion des ventes de DVD, le porno gay français connaît bien la crise mais ne se laisse pas abattre, essayant autant qu’il le peut de rebondir sur le système d’abonnements et de VOD. Alors qu’il apparaît plus que jamais nécessaire de viser l’international, tous n’ont pas les mêmes armes pour continuer à se développer, à faire parler d’eux et exister. Il y a fort à parier que dans 10 ans, avec les nouvelles technologies qui vont débarquer (coucou l’Oculus Rift !) et une concurrence toujours plus accrue, certains nouveaux viendront faire trembler les labels « historiques » et que certains devront peut-être mettre la clé sous la porte. S’il n’a jamais été aussi facile de faire du porno (matériel plus accessible, moins cher), il n’a aussi jamais été aussi compliqué de se démarquer et d’être visible. Les producteurs devront donc s’armer de créativité et d’ingéniosité pour subsister et tirer leur épingle du jeu…
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