Suivez-nous

Bio/Milieu du X

Michael Cheritto : « Pour être un bon hardeur, il faut une grosse libido »

Publié

le

Débarqué dans la pornographie par le biais des théâtres érotiques en 2002, Michael Cheritto revient sur les qualités nécessaires pour faire carrière en tant que hardeur, sans pour autant laisser de côté les points négatifs.

Michael, de tes quinze ans de carrière, as-tu souvenir d’une scène compliquée ?

C’est vraiment une question de ressenti. Quand je tourne, je me mets toujours dans ma bulle. Si une scène est plus compliquée qu’une autre, je ne m’en rends pas trop compte, en fait.

Alors une scène insolite peut-être ?

Hum… [il hésite]

 

Par exemple, la première fois que tu as tourné un trio avec une fille et un autre mec, c’est une expérience qui sort de l’ordinaire, non ?

Même ça, je ne m’en suis pas vraiment rendu compte. J’avais déjà vécu des choses avant, c’est peut-être pour ça que ça ne me paraît pas si extraordinaire par rapport à la plupart des gens. Maintenant, si j’essaie de me mettre à la place d’un mec qui arrive là-dedans sans avoir vécu grand-chose sexuellement, évidemment, ça va sans doute le troubler. Mais là, j’imagine, parce que pour moi, c’est quelque chose de naturel.

Tu es en train de me dire que tu es une machine, en fait !

C’est un peu ça. C’est comme ça que l’on me surnomme, comme quoi ce n’est pas usurpé !

Tu penses que c’est essentiel pour faire carrière dans le X ?

À mon sens, c’est important d’avoir un vécu avant de faire du porno, parce que tu arrives en connaissant des choses. Après, le fait de pouvoir se mettre dans sa bulle, c’est une histoire de concentration et c’est important, car cela permet de faire les trucs qu’on va te demander sans te déconcentrer.

 

Quelles sont les qualités nécessaires pour être un hardeur ?

Il faut être respectueux, poli avec les filles et les personnes qui sont autour pour te faire travailler. Après, il y a la concentration mais aussi la connaissance de soi, de son corps et de son fonctionnement. Enfin, il y a un point qui est très important à mes yeux, c’est qu’en aucun cas il ne faut prendre de produits, quel qu’il soit ! Qu’il s’agisse de cachets, d’une piqûre ou d’autre chose, c’est pareil. En fait, le but pour être un bon hardeur, c’est d’avoir une grosse libido, de pouvoir travailler avec des filles même si elles ne te plaisent pas, parce que tu arrives à te conditionner pour pouvoir travailler avec elles. Si tu arrives à faire des choses, qui ne te plaisent pas à la base, et qu’en plus tu es capable de bien assurer ta scène, là, tu es un bon hardeur. Derrière, tu vas être capable de tourner pratiquement tout.

Tu es en train de me dire que tu peux tourner avec n’importe qui ?

Oui ! Je l’ai fait d’ailleurs ! Après, on va dire que ça dépend des filles. C’est surtout qu’il faut qu’elle soit propre et qu’elle ait ses tests. À partir du moment où il y a ces deux éléments, c’est ok pour moi. Maintenant, si vraiment il n’y a pas d’attirance physique et qu’en plus de ça son hygiène est moyenne, je vais être un peu plus sur la réserve.

Est-ce que tu vois des mauvais côtés dans la vie de hardeur ?

Ah beaucoup, évidemment ! Déjà, on ne gagne pas un rond [il se marre] ! La plupart des acteurs français ne sont pas considérés pour leur travail. On est un peu comme les saltimbanques ou les gens du cirque : c’est très dur d’en vivre. Si tu ne travailles pas, tu n’as rien. Si tu te casses une jambe, tu ne travailles plus. C’est un vrai problème ! Si le porno pouvait accéder à un vrai statut social, les choses se passeraient différemment et il s’en porterait certainement beaucoup mieux.

 

Tu penses que c’est une évolution qui pourrait arriver ?

Pour moi, les choses n’ont de cesse d’empirer. C’est de plus en plus difficile de gagner sa vie et, comme maintenant il y a beaucoup de produits disponibles, on voit arriver des mecs qui vont en utiliser. Il y en a toujours plein qui veulent se lancer parce que c’est un métier qui fait rêver, ce que je peux parfaitement comprendre, car on baise des belles gonzesses ! Mais derrière, il y a des gens qui en vivent et, au bout du compte, c’est presque impossible de le faire. Je peux aussi comprendre les producteurs, ceci dit. Comme il y a beaucoup de demande, si c’est possible de faire appel à un mec gratuitement, pourquoi s’en priver ? Il n’aura pas le même professionnalisme qu’un mec qui a de l’expérience et, si la scène est moyenne, ce sera rafistolé au montage. Derrière, le producteur vendra la scène de la même manière. Ça ne change donc rien !

C’est donc un problème d’offre et de demande ?

Pour moi, même si tout le monde me dit que non, le problème vient vraiment des produits. S’ils n’existaient pas, les producteurs n’auraient pas d’autre choix que d’appeler des professionnels qui font ça depuis des années. Je remercie d’ailleurs tous ceux qui me font confiance, après toutes ces années.

Il faut bien des débutants tout de même…

Je le sais bien. Mais justement, le débutant, quand il commence, il va merder certaines scènes. Il peut aussi y arriver, ce n’est jamais une certitude, dans un sens comme dans l’autre. Le mec va essayer de se connaître, il va apprendre à se placer et à lever sa bite tout seul. Parce que ça, c’est un vrai travail ! Par contre, s’il suffit de prendre un truc et d’attendre, ça devient d’une grande simplicité et tout le monde peut le faire ! Alors que, normalement, ce n’est pas le cas. Bon, pour être honnête, ça ne l’est pas complètement aujourd’hui parce que les produits ne constituent pas un remède miracle non plus, mais auparavant, on voyait peut-être un nouvel acteur par an se faire une place, et encore ! Désormais, combien de nouveaux acteurs voit-on chaque année ? Plein ! C’est bien qu’il y a une raison à ça. Il ne faut pas croire que, d’un coup, on remarque plus facilement les qualités des nouveaux venus.

 

L’évolution du modèle économique de la pornographie n’est-elle pas en cause également ?

Aujourd’hui, il y a plus de tournages que par le passé, mais dans ce que l’on appelle « l’amateur ». Avant, il y avait davantage de grosses productions et quelques trucs « amat », mais maintenant, ça s’est complètement inversé. Et pour moi, tu sais travailler quand tu es sur de gros projets, car c’est plus compliqué, il y a plus de choses à gérer. A contrario, il y a plus de liberté dans le porno amateur et, du coup, c’est moins formateur.

C’est toujours l’idée que tu t’en faisais quand tu as commencé ?

À l’heure actuelle, moins. Beaucoup de choses ont changé, même dans l’ambiance… c’est différent. Elle était plus familiale auparavant. Il y avait beaucoup de rigolades. Il y a toujours des tournages sur lesquels on se marre bien mais, au final, c’est souvent avec des anciens…

 

Si tu avais vingt ans de moins, c’est toujours un métier qui t’attirerait ?

Si j’avais vingt ans de moins… [il hésite] ça m’attirait toujours, car j’aime toujours mon métier. Le problème… c’est d’en vivre.

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

Populaire

Merci de désactiver votre bloqueur de publicité pour accéder à ce site.

ADBLOCK a cassé ce site en voulant supprimer son contenu publicitaire.
Désactivez ADBLOCK pour consulter nos articles.