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CFNM : la revanche des filles

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Le fantasme CFNM (signe formé des initiales de Clothed Female, Naked Man, c’est-à-dire : Femme Habillée, Homme Nu), fait de l’homme un objet sexuel entièrement à la merci des femmes. Encore peu connu chez nous, le CFNM, à la fois niche porno et thème de soirée fetish/SM, fait de nombreux adeptes, principalement aux États-Unis.

 

Le principe du CFNM est simple : un homme est la « victime » (consentante) d’un groupe de filles (ou de femmes), qui utilisent le corps (nu) de l’homme comme un objet ludique et sexuel. Le plaisir est évidemment partagé, et contrairement aux pratiques SM, le rapport de domination de la femme sur l’homme est vécu sur le mode d’un jeu bon enfant. Mais les femmes sont libres de faire à peu près tout ce qu’elles veulent de leur « boy toy ». En respectant, bien sûr, le principe de base du CFNM, c’est-à-dire qu’elles doivent rester habillées du début à la fin. Quant à l’homme, il sera outrageusement surexposé, sous toutes les coutures, aux regards et aux gestes inquisiteurs de ces dames. Il sera également soumis à des gages, et à des épreuves absurdes dont la finalité sera toujours de le ridiculiser !

Terry, 33 ans, raconte comment a débuté sa première soirée CFNM organisée dans une vaste demeure du Kent : « Une chaise était placée au milieu de la pièce, avec un gode collé sur l’assise. Un par un, les hommes devaient s’asseoir dessus, en utilisant les crachats des femmes comme lubrifiant, puis nous devions monter et descendre sur le gode en nous branlant, pendant que tout le monde regardait. » Terry raconte sur le site Metro.co.uk comment il a découvert le CFNM, en surfant sur des sites porno comme www.purecfnm.com : « ça m’excitait tellement, j’ai voulu aller plus loin », confie-t-il. Et à force de patience, il a fini, cinq ans après, par intégrer un cercle de soirées fetish faisant la part belle à l’humiliation soft des garçons !

 

Dans une séance de CFNM, l’inégalité des sexes commence par le nombre : les femmes y sont toujours en bandes. Dénudé parmi les femmes, l’homme est totalement vulnérable, dépossédé de sa mâle assurance. Ici, aucune place pour l’exhibitionnisme masculin agressif. Elles le dirigent, lui demandent de se déplacer, de prendre des positions plus ou moins humiliantes. Ensuite, elles s’amusent à mesurer son sexe. Même si notre homme possède des attributs de taille respectable, les femmes se moquent sans pitié de son appendice !

La codification des rôles est stricte. L’homme ne peut prendre aucune initiative, mais les femmes peuvent tout lui demander. Par exemple, de se mettre à quatre pattes pour servir de chaise, ou de table. Il n’est pas rare qu’il soit demandé aux hommes de se masturber, parfois jusqu’à l’orgasme. Mais le feu vert du plaisir est toujours donné par les femmes.

 

Aux États-Unis (principalement en Californie), plus récemment en Angleterre, en Allemagne et dans les pays de l’Est, des soirées CFNM dans l’esprit lady’s night (réservées aux filles) sont organisées dans des discothèques. Les filles lèvent le coude plus que de raison, et, après les traditionnelles chorégraphies de Chippendales, ceux-ci leur sont livrés, disposés à satisfaire leur curiosité sexuelle. Dans le X, on peut voir des exemples de ces soirées dans les scènes Party hardcore. Même si ces fêtes sont conçues pour les besoins des tournages de la série, on peut avoir un aperçu édifiant de ce dont les femmes sont capables lorsqu’elles ont un peu trop picolé, et que les règles de bienséance volent en éclat !

Cependant, une soirée privée est la solution idéale pour une séance de CFNM. Un cadre intime permet d’éviter les débordements dus aux hystéries collectives des soirées alcoolisées en discothèque. Karen, jolie juriste londonienne de 36 ans, organise depuis trois ans des événements CFNM. Son intérêt pour cette thématique est né lors d’une soirée avec des copines dans un club de strip réservé aux filles : « j’aimais juste regarder ces beaux mecs, sans avoir à faire quoi que ce soit. Avec le CFNM, on a toujours le plaisir de mater des hommes nus, mais ce qui est vraiment jouissif, c’est le rapport de pouvoir. J’aime dominer les hommes, les humilier aussi, parfois. »

 

Autre aspect important dans ces soirées : les femmes ne sont jamais bien habillées. Elles doivent être vêtues de leurs vêtements de tous les jours. « En fait, nos vêtements ne doivent rien avoir d’excitant pour les hommes. Exceptionnellement, précise Karen, on peut s’habiller en dominatrice. Je l’ai fait une fois ».

Le CFNM, c’est aussi des idées de jeu originales ! Sandra, berlinoise de 48 ans, qui a découvert le CFNM aux États-Unis, se souvient : « Parmi les jeux de CFNM les plus souvent pratiqués, il y a celui qui s’appelle “tire la belette”. Les filles doivent promener un homme à travers différents endroits de la pièce en le tirant par le sexe. Elles ont un temps limité pour le faire. L’homme a intérêt à suivre rapidement, s’il ne veut pas qu’on lui fasse mal ! »

 

Le jeu le plus couramment pratiqué est « trouve–le ! ». Terry s’est prêté à cet étrange cérémonial : « La partie se déroulait avec trois filles. J’étais nu, les yeux bandés, et les mains attachées derrière le dos. L’une des filles m’a fait tourner sur moi-même pour me désorienter. Je devais utiliser mes pieds pour dénicher un ours en peluche posé quelques part dans la pièce, dans un temps donné. Évidemment, je ne l’ai pas trouvé ! Elles avaient dû le cacher quelque part en hauteur, de toute façon il est rare que l’homme gagne dans une séance de CFNM ! Les filles se sont alors concertées pour décider du gage que je devais exécuter. Elles m’ont simplement fait mettre à quatre pattes, les yeux toujours bandés, et ont commencé à faire des commentaires sur mon anatomie, particulièrement sur mes fesses. Au bout d’un moment, elles les ont écartées, et, l’un après l’autre, ont introduit un doigt dans mon anus. C’était pour le moins humiliant, mais cela m’a quand même donné une érection. Dès qu’elles l’ont remarqué, elles m’ont fait mettre sur le dos, m’ont enlevé mon bandeau, ont détaché mes mains, et m’ont demandé de me masturber. Dès que mon érection fut correcte, l’une des filles est allée chercher un mètre de couturière pour mesurer ma bite ! Elles se sont moquées de mes mensurations, pourtant dans la moyenne. Pendant que je me branlais, l’une des filles me caressait les couilles et l’anus avec ses pieds. Je n’ai pas été long à jouir ! »

S’agit-il d’une inversion des codes sexuels traditionnels, d’une exacerbation du rôle que les femmes souhaitent de plus en plus tenir dans leur vie sexuelle ? Pierre D., sexothérapeute , nous a livré son éclairage sur cette pratique : « On peut voir le CFNM comme un plaisir régressif, qui rejoint, pour un homme, le besoin affectif de sécurité. Il peut être confortable de s’abandonner, de lâcher prise, d’être livré comme un enfant à une autorité féminine maternante. La gêne, la restriction, l’humiliation sont des stimuli qui produisent un état euphorique. L’abdication de toute volonté permet d’accéder à un état de conscience modifié. »

 

Aujourd’hui, sur la côte ouest des États-Unis, des CFNM parties s’organisent régulièrement. On a peine à imaginer une telle inversion des rôles dans nos contrées latines, même pour une soirée. Sauf, peut-être, dans le milieu BDSM. Alors, le CFNM, séance de domination de groupe, ou avatar d’une nouvelle répartition des rôles hommes/femmes ? Et vous, vous faites quoi samedi soir ?

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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