Bio/Milieu du X
Rough sex : plus ça pique, plus c’est bon ?

La sexualité hétéro serait-elle intrinsèquement violente ? Malgré les conquêtes du féminisme, on retrouve toujours, dans le langage ordinaire comme dans le porno, une conception de la sexualité comme lieu d’affrontement entre masculin et féminin.
Dans son livre Sexuellement incorrect (2017), le sexologue Philippe Arlin se livre à une analyse de tous les mécanismes de genre, à l’œuvre dans la sexualité. Par « mécanisme de genre », comprenez : l’idée que chacun se fait de son rôle d’homme ou de femme. On retrouve ces mécanismes dans le langage ordinaire, où l’élément masculin est généralement considéré comme dominateur. Ainsi, explique Philippe Arlin, «dans le sport, le vainqueur “nique l’adversaire”, il “l’encule”, il lui “met profond”. C’est un vocabulaire homophobe et misogyne qui s’adresse au passif, où seul le pénis peut triompher.»
Dans la sexualité, on retrouve fréquemment ce même vocabulaire évoquant des rapports de force. Le pénis masculin n’est pas toujours considéré comme un pourvoyeur de plaisir, mais aussi comme un instrument d’asservissement. Qui n’a jamais entendu des hommes évoquer des expériences au cours desquelles leurs pauvres partenaires se sont fait « défoncer », « déchirer », « démonter », « pilonner », mais en y prenant plaisir , bien sûr ! Comme si les femmes adoraient cautionner ce travail de destruction de leur corps opéré par les hommes.
Le porno a longtemps entretenu ce cliché, et c’est l’une des raisons pour lesquelles il a fait l’objet de tant d’attaques de la part des féministes. Mais on peut légitimement se poser la question : aujourd’hui, à l’heure de #metoo et des luttes contre les violences faites aux femmes, ces représentations sont-elles avouables, et surtout, correspondent-elles encore à une réalité ?
Ces expressions phallocrates relèvent d’un préjugé solidement ancré, selon lequel le sexe et la violence seraient indissolublement liés. Les sexologues rapportent souvent que certaines de leurs patientes n’éprouvent plus de désir pour leur partenaire « trop gentil ». Ainsi, Karine, rennaise de 47 ans, souhaiterait que son partenaire, avec qui elle vit en couple depuis deux ans, la « respecte un peu moins, surtout sexuellement » ! Cette femme en est même arrivée à ne plus ressentir de désir pour lui, car il refuse de la malmener : « j’aimerais que mon compagnon me donne des claques, me tire les cheveux, et prenne davantage l’initiative de l’acte, soupire-t-elle. Mais il est toujours gentil, trop gentil… »
Les revendications féministes actuelles n’y font rien : la sexualité est toujours considérée comme un lieu d’affrontement entre l’agressivité masculine et une supposée passivité féminine. A travers ce lien entre sexe et violence, c’est toute une vision du monde qui se dessine. L’homme mesure sa virilité à sa capacité à « prendre le dessus » sexuellement. Le champ lexical de la guerre est d’ailleurs omniprésent dans les expressions liées à la sexualité. Séduire une femme, c’est la « conquérir ». Ensuite, elle doit être « prise », comme une ville, ou une place forte. Un homme qui parvient à séduire une femme la fait « tomber ». Ces expressions sont encore utilisées aujourd’hui. Cela a-t-il encore un sens, à l’heure ou les femmes exercent des responsabilités dans la société et revendiquent ouvertement leur droit au plaisir ? En fait, il s’agit bien d’un paradoxe. Plus les femmes ont gagné du pouvoir dans la société, plus les rapports de rivalité se sont exacerbés. Ainsi, la sociologue Mariette Darrigrand déplore que «le XXe siècle a beaucoup déconstruit la culture: on a œuvré pour que l’oralité entre dans l’écriture. Une fois la libération sexuelle du plaisir acquise, nous n’avons pas remplacé ce discours avec un autre propos fort. Alors on a surenchéri en utilisant, un peu facilement, l’obscénité comme code. Dans la littérature, on voit des romancières qui se réapproprient ces codes pour parler du corps féminin.»
Que faire, alors ? Changer notre manière de parler ? En effet, on pourrait penser qu’au lieu de « démonter » une femme, il pourrait être beaucoup plus intéressant de la faire jouir. Et si elle formule elle-même le désir d’être bousculée, c’est peut-être, tout simplement, qu’elle a besoin d’être désirée, qu’elle veut ressentir chez l’autre une volonté impérieuse de l’honorer ! On peut aussi choisir de réserver l’usage des comportements et des mots violents au cadre bien délimité du rapport sexuel. Dans les pratiques SM, la violence est cadrée, pratiquée dans le respect des désirs de chacun : peut-être devrait-on s’en inspirer ? A moins de considérer la sexualité comme un jeu, ou chacun peut jouer un rôle en toute liberté, y compris celui du dominateur et de la soumise ! La notion de consentement, dans l’air du temps, est propice à la redécouverte de cette dimension ludique de la sexualité. Ce qui n’exclut aucunement l’intensité.
« Plus ça pique, plus c’est bon », chantait T-Jy, en hommage sans doute à une partenaire aimant le sexe épicé. Il s’agit parfois, dans notre société policée et de plus en plus normée, de laisser parler notre part d’animalité à travers ce que les Anglo-saxons appellent le Wild sex : le sexe pulsionnel, instinctif, brutal. Ce qui n’implique pas la dégradation. Catherine, 45 ans, évoque « l’agressivité » qu’elle a découverte chez elle « tardivement » : « après 40 ans, raconte-t-elle, j’ai découvert des aspects de ma sexualité que je n’imaginais pas. C’était juste après mon divorce, j’ai découvert le sexe avec de nouveaux partenaires, et l’un d’eux fut pour moi une révélation. Grâce à lui, je me suis sentie chienne, femelle, et pourtant, c’est toujours moi qui contrôlait le jeu. Je me sentais puissante. »
L’agressivité peut être saine, alimenter le désir, pousser à aller plus loin dans la complicité sexuelle. Ce qui n’exclut pas le respect de l’autre.
Cette agressivité inhérente à la sexualité n’est donc pas mauvaise en soi, il s’agit simplement de savoir la gérer. Et pour cela, il est nécessaire d’être à l’écoute de ses fantasmes, sans porter sur eux de jugement de valeur moral. Le fantasme du viol est l’un des plus répandus chez les femmes. Or, si la femme accepte ce fantasme et décide de le laisser s’exprimer dans une relation sécurisée et cadrée, elle peut libérer son esprit et son corps. Ainsi, si l’on assume ses fantasmes, une femme peut jouir d’une domination consentie, sans pour autant se sentir soumise.
Les femmes doivent donc se réapproprier la dimension agressive, prédatrice, de la sexualité. Mais il est vrai qu’une telle attitude a tendance à déstabiliser des hommes, à les transformer en petits garçons soumis au désir des femmes dont les exigences sont jugées incompatibles avec leur volonté de se soumettre, au lit, à un mâle dominant ! Pourtant, les hommes devraient y voir plutôt l’occasion de vivre leur sexualité de manière plus riche et plus intense, au-delà des anciens schémas. Et faire de cette saine agressivité un outil pour développer une sexualité plus épanouissante.
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