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Technicien du X, les faces cachées du porno
Des seins, des fesses, des vulves, des pénis, des amas de chair entremêlée suintant la salive, la mouille et le foutre ; le porno est l’art de la nudité, dans ce qu’elle a de plus organique. Or, paradoxalement, sur le plateau d’un tournage de film de cul digne de ce nom, il y a beaucoup plus de gens tout habillés que de gens tout nus. C’est qu’il faut bien une dizaine de personnes dument vêtues pour capter toutes ces cabrioles nudistes dans les règles de l’art. Réalisateurs, cadreurs, ingénieurs du son, maquilleurs, accessoiristes, le petit monde du X est peuplé de techniciens professionnels pas toujours très chauds à l’idée de s’exhiber. Et pour cause ; le stigmate social qui frappe les travailleurs du sexe n’épargne pas les professions voisines. Aussi, ce personnel essentiel à la production pornographique, souvent petites mains des chaînes de télé traditionnelles, est trop souvent réduit au silence, de peur de voir son avenir professionnel dans les canaux mainstream sérieusement amputé. Mais qui sont donc tous ces techniciens du X ?
L’ostracisation des travailleurs du porno n’est plus à prouver. Outing, harcèlement, discrimination à l’emploi, les performeurs traînent parfois toutes leurs vies les séquelles injustes de leurs aventures pornographiques, dans une société encore terriblement complexée par son rapport à la sexualité. À côté, la condition des techniciens qu’ils côtoient sur les sets ressemblerait presque à un long fleuve tranquille. Echappant à la traîtresse notoriété, ces derniers jouiraient du meilleur des deux mondes : l’anonymat et la luxure ; le beurre et l’argent du beurre, en somme. Ça ne saurait pourtant être aussi simple, comme l’explique Edouard*, ingénieur du son :
« Je m’occupe de sonoriser le plateau. Tout ce qui se passe au son, tout ce que l’on doit entendre, c’est moi qui le capte. J’utilise des micros HF (pour « Haute-Fréquence », les micros sans fil, ndlr.) et des micros directionnels pour les dialogues, mais aussi pour les scènes X. C’est extrêmement important que le « client » entende bien tout ce qu’il se passe. Il faut donc être professionnel, avoir le bon emploi du bon micro.
Quand j’ai commencé, je me foutais qu’on me reconnaisse. On pouvait me prendre en photo. Puis, quelqu’un m’a dit « Méfie-toi. Au début, les gens trouvent ça rigolo. Puis après, ça devient compliqué. » Les boîtes de production peuvent se dire « On ne va pas prendre ce mec-là, si on doit travailler avec des enfants. Il a certainement des penchants, des déviances. » Bien sûr, ce sont des conneries, mais comme on est dans un métier assez petit, où tout le monde connaît le visage de tout le monde, si on commence à me donner l’étiquette « film de cul », je peux louper du travail et même être blacklisté. »
André*, photographe sur les tournages, abonde en ce sens.
« Je suis photographe de plateau, mais aussi photographe tout court. Sur les sets pornographiques, je retranscris un peu tout ce qu’il se passe en off. Surtout, mon boulot est de photographier les modèles. Dès qu’une fille est prête pour une scène ou une comédie, qu’elle est la plus belle possible, j’aménage un petit spot, toujours en corrélation avec l’histoire, le thème de la séquence, pour l’inclure dans le décor et plonger celui qui regardera mes photos dans le vif du sujet, dans l’ambiance du film.
J’ai fait ça par passion, il y a 15 ans. Depuis, j’ai changé de vie. Aujourd’hui, si je ne veux pas qu’on me reconnaisse et que mon nom soit cité, c’est parce que je me préserve un peu. Ce n’est pas vraiment du « qu’en dira-t-on ? ». Le porno, c’est magique quand on y est. Pour les spectateurs, c’est un rêve, tout le monde est fan et tout le monde est curieux. Mais pour les institutions, ça peut être handicapant. Et à partir du moment où l’on se heurte à cette barrière, par exemple pour faire un crédit, on prend conscience du risque. Si tu ne fais que du porno, certaines banques refusent de t’ouvrir un compte. Puis, suivant ce que tu veux faire plus tard, ça peut être délicat. En l’occurence, j’aimerais me tourner vers le cinéma. Or, le cinéma juge énormément les gens. La question déontologique est très présente dans ce métier. Du coup, il faut se préserver. Je ne ferme pas la porte au X, c’est pour ça que je suis là. Mais je ne m’expose plus au grand jour non plus. Pour vivre heureux, il faut vivre caché. »
Installé dans une ville riche en événements médiatiques, André a développé une activité de photographe/vidéaste institutionnel, documentaire et événementiel qui pourrait être mise en péril si on le savait associé au X. Surtout, les marges dans le milieu pornographique se sont réduites à peau de chagrin et ne permettent plus à cette main d’œuvre technique de vivre exclusivement du charme.
Claudia*, maquilleuse notamment sur les sets de Jacquie & Michel Elite, a elle aussi accepté de témoigner.
« Je suis maquilleuse en plateau télé. J’ai fait du cinéma et de la mode, mais je travaille principalement en télé : variété, divertissement et politique puisque je travaille pour LCP, la chaîne de l’Assemblée Nationale. »
À ses proches et sa famille, elle parle ouvertement de son travail dans le X-business, mais dans son milieu professionnel d’origine, elle évite de le crier sur les toits. « Mais maintenant, je m’en fous, j’assume. Si j’ai décidé de continuer c’est que j’assume ce que je fais. »
Le portrait qu’elle dresse du porno n’a d’ailleurs rien à voir avec les fantasmes tantôt émerveillés, tantôt scandalisés que le commun des mortels se fait d’un tournage pornographique.
« J’y suis rentrée par le biais d’une amie maquilleuse qui y travaillait. D’abord, c’était pour dépanner mon amie, qui ne pouvait pas se rendre sur une production, mais j’étais aussi très curieuse de voir comment se déroule un tournage de porno. Sachant que j’avais un peu tout fait : de la pub, du cinéma, de la mode, du théâtre, je me suis toujours demandée ce qu’étaient les coulisses du X. J’ai été hyper-surprise. Je m’attendais à un truc très glauque. Et en fait, pas du tout. Les gens sont plutôt normaux, il y a une bonne ambiance, c’est familial, en tout cas sur cette production-là. Je m’en faisais une fausse idée. Je m’imaginais vraiment que les gens ici n’aimaient que ça et baisaient pour baiser, mais en réalité, ce n’est pas personnel, c’est vraiment que pour la caméra. »
Sur ce point, elle rejoint Edouard, qui apprécie le caractère bon enfant du milieu, un cinéma à échelle humaine.
« Pourquoi faire du X ? Déjà parce que ça paye. Gratuitement, je ne le ferais pas, mais je suis payé, et l’ambiance est sympa. Ce que j’aime beaucoup, c’est le côté familial de tout ça. On travaille en petite équipe, un peu bringuebalante. On commence à se connaître. J’y reviens pour ça. »
De fait, aucun des trois techniciens interrogés n’éprouve la moindre honte à contribuer à l’œuvre pornographique. Et c’est sans doute André qui condense le mieux leur sentiment à ce sujet :
« Je n’ai pas honte, mais je me préserve des esprits étriqués qui vont me mettre dans une case. En France, c’est malheureux, mais tu ne peux pas avoir plusieurs casquettes. »
Contrairement aux critiques ouvertes que subissent les performeurs, en première ligne du jugement moral adressé à la pornographie, le dénigrement des techniciens du X n’éclate jamais au grand jour, mais rôde comme une rumeur diffuse dans un entre-soi professionnel où se côtoient autant de libres penseurs que de censeurs pudibonds. On n’est alors jamais confronté au stigmate porno, jusqu’au jour où l’on s’aperçoit que les sollicitations professionnelles se raréfient, que les productions traditionnelles jouent l’évitement, que la banque décrète ne plus pouvoir assurer la gestion du compte que l’on approvisionne. Alors, il faut disparaître, se mettre au vert, en espérant que dans 3 mois, 6 mois, un an, le petit monde de l’audiovisuel aura tourné la page. À en croire le photographe, cette injustice secrète n’est pas près de disparaître.
« Ça fait 15 ans que je suis dans le métier et rien n’a bougé. Je ne pense pas que cette situation soit vouée à changer. »
Il ne tient finalement qu’au monde du spectacle, intimement lié à celui du porno, de relativiser la pureté morale illusoire dont elle se pâme, et d’accepter qu’une part non-négligeable des professionnels qui le composent vive occasionnellement du business du sexe. Ce n’est pas demain la veille que le X se passera de techniciens, alors autant reconnaître la valeur de ces travailleurs, rompus plus que quiconque aux conditions de tournages critiques. Un photographe immortalisant les stars du X entre deux plateaux, une maquilleuse en mesure de magnifier une actrice à la mesure de la souillure qu’elle s’apprête à rencontrer, un perchman capable de sonoriser proprement un gang bang cacophonique ont a priori toutes les qualités requises pour couvrir un débat présidentiel télévisé ou un reportage sur France 3 Région.
*Les prénoms des personnes citées ont été modifiés.
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