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Bukkake, le porno qui fait splash !
Bukkake [prononcez bouk – ka – ké] : ce mot japonais tiré du verbe bukkakeru, renvoyant à l’éclaboussure, désigne une pratique sexuelle pour le moins conviviale. Il s’agit, pour un groupe d’hommes, d’éjaculer collectivement, à tour de rôle ou simultanément, sur le corps d’une femme. On peut éjaculer sur l’ensemble du corps, mais la préférence est toujours donnée au visage, car il ne faut pas oublier le caractère fondamentalement humiliant de la pratique ! Focus sur une valeur sûre parmi les niches du porn.
À l’origine, le mot bukkake est utilisé en japonais dans de nombreux domaines et, en particulier, dans la cuisine car il désigne, plus précisément, un type de plats dont l’accompagnement est versé sur des nouilles. Ainsi, Sur les cartes des restaurants, au Japon, ne soyez pas surpris d’y découvrir des plats dont les noms semblent tout droit sortis du X : bukkake-udon, bukkake-soba…
Le bukkake est souvent présenté comme une pratique japonaise ancestrale. Une punition infligée par une communauté masculine aux femmes adultères. Mais il ne s’agit là que d’une légende urbaine. Au milieu des années 80, quelques firmes japonaises comme Shuttle Japan, Moodyz ou Soft on demand ont commencé à le populariser. Le producteur Kazuhiko Matsumoto a revendiqué la démocratisation du terme, et de l’acte, allant même jusqu’à déposer le terme « Bukkake » en tant que marque en 2001.
Mais pourquoi, me demanderez-vous, cette niche s’est-elle développée au pays du Soleil-Levant ? Cela tiendrait, semble-t-il, aux contraintes imposées par la censure à la production pornographique nipponne. En effet, la loi japonaise interdit de montrer les poils pubiens et les organes génitaux. La mise en scène d’éjaculations collectives permet de détourner cette censure, en montrant les manifestations très concrètes du plaisir masculin, tout en faisant l’économie de membres virils !
Le bukkake fut découvert dans les années 90 par des réalisateurs américains et européens. Les deux plus célèbres sont, en Californie, le Canadien Brandon Iron et, en Europe, le Berlinois John Thompson, fondateur du très humide label GGG [German Goo Girls], qui fait la part belle aux douches de sperme [et aussi d’urine, mais là est un autre sujet…]. Les producteurs ont vite compris les avantages que l’on pouvait retirer de ce concept. Esthétiques, d’abord, car l’impact visuel d’une actrice porno recouverte de sperme par dix, quinze voire vingt hommes est indéniable, mais aussi économique : les tournages ne nécessitent qu’une seule fille et, souvent, des acteurs amateurs.
« Le code fondamental du X est de montrer la jouissance »
Ces stratégies commerciales rejoignent la grande valorisation du sperme dans la pornographie. Comme l’écrit Gérard Lenne dans Le Cinéma X [éd. La Musardine], « Le code fondamental du X est de montrer la jouissance ». Dans le porno, tout se passe comme si, par la vue du sperme, le spectateur était invité à partager l’orgasme de l’acteur. Et plus importante est la quantité de sperme, plus grande est la jouissance ! Bien sûr, chacun sait, qu’en réalité, orgasme et l’éjaculation sont deux choses bien distinctes, que la qualité de sperme n’a rien à voir avec le plaisir éprouvé, mais le porno reste un art visuel, aux symboliques forgées par des siècles d’idées reçues ! Ce que le porno donne à voir, dans une éjaculation faciale par exemple, ce sont deux personnes réduites à l’essentiel, sans souci de réalisme : un sexe masculin non relié à un individu en particulier, qui « crache son plaisir » sur le visage extatique d’une femme anonyme qui, elle, jouit du plaisir de l’homme. C’est absurde, vous en conviendrez. Recevoir du jus d’homme en pleine face n’a jamais fait jouir une femme !
Pourtant, le bukkake a ses amateurs. Au Japon, il brise le tabou de l’expressivité du visage féminin. Le visage des Japonaises couvertes de sperme exprime davantage la honte et la gêne que le plaisir. En Occident aussi, le bukkake consiste à ravager la beauté d’un visage féminin, de faire couler le maquillage, de l’aveugler sous des flots de sperme qui brûlent les yeux. La sociologue américaine Lisa Jean Moore affirme dans son livre Sperm counts que le bukkake fait partie d’un rituel d’humiliation dans lequel le plaisir féminin n’est jamais pris en compte.
Et certains se plaindront encore que le porno n’est pensé que pour les hommes… Dans le cas du bukkake, oui, certainement.
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