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John Stagliano, portrait d’un ass addict

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Certains réalisateurs ont fait du sexe anal et des gros culs leur marque de fabrique. C’est le cas de John Stagliano, alias « Buttman », inventeur du gonzo et patron d’un des labels US des plus prolifiques : Evil Angel.

L’inventeur du gonzo

On connaît tous l’expression «gonzo» qui représente, aujourd’hui, la plus grande partie de la production mondiale de porno. Un gonzo, c’est du porno brut, sans scénario, dans lequel les acteurs n’ignorent pas la caméra, mais au contraire s’amusent avec elle. Mais quelle est l’origine de ce mot? Dissipons tout de suite un doute: il ne vient pas du nom du trompettiste du Muppet show! Non, le gonzo est une véritable école de journalisme, avec ses principes et ses exigences, qui a influencé plusieurs générations de critiques rock. L’expression «gonzo journalism» a été inventée par Hunter S. Thompson, au début des années soixante-dix. Son roman, Las Vegas parano [adapté au cinéma par Terry Gilliam], en est le point de départ. Le journalisme gonzo est un détournement du reportage. Chaque étape, chaque pas du journaliste, chaque sensation, sont intégralement et fidèlement retranscrits, comme autant d’échos aux évènements. À l’opposé de l’objectivité que l’on exige le plus souvent des reporters, le gonzo place l’approche des événements réels dans une hypersubjectivité. Les faits comptent pour peu de choses par rapport aux émotions du rédacteur, et à son délire personnel. Hunter S. Thompson applique à la lettre la formule de William Faulkner: «La meilleure fiction est beaucoup plus vraie que n’importe quelle forme de journalisme.»

 

Le genre «porno gonzo», inventé et popularisé par Stagliano, est l’application de cette méthode au X. Il s’agit tout simplement de hard filmé caméra à l’épaule, accompagné des commentaires du cadreur, qui n’est autre en général que le réalisateur lui-même. Il est difficile, dans le porno, d’oublier le dispositif technique qui entoure les acteurs, comme cela arrive parfois dans le cinéma traditionnel. John Stagliano choisit de le montrer. Les principes fondateurs du gonzo journalism sont ainsi respectés.

 

The Buttman’s success story

Le premier gonzo de l’histoire de la pornographie s’intitule Les aventures de Buttman, du nom de l’alter ego de Stagliano, John Buttman, personnage obsédé par le cul des femmes, comme son nom l’indique. Ce film, sorti en 1989 [année de création du label Evil Angel] glorifie le derrière féminin et toutes les pratiques qu’il peut inspirer.

 

Stagliano affirme que ce sont les fesses de Tracey Adams qui lui ont, un jour, inspiré toute la série des Buttman. La contempler les fesses en l’air dans une scène ont provoqué chez lui un électrochoc, à tel point qu’à partir de ce jour, tous ces films comporteront des scènes de sexe anal, comme une marque de fabrique. Le succès fut immédiat et Stagliano devint l’une des figures les plus populaires du porno américain.

 

Et, parce qu’il n’y a décidément rien de mieux que de vivre de sa passion, il déclina Les aventures de Buttman autour du monde dans des productions comme Buttman goes to Rio, Buttman’s anal divas, Buttman’s anal show, Buttman’s bend over babes, Buttman’s bend over Brazilian babes, Buttman’s big butt backdoor babes, etc.

 

Les plus grands noms du X font partie de l’écurie Evil Angel: Rocco Siffredi bien sûr, mais aussi John Leslie, Joey Silvera, Manu Ferrara, Lexington Steele, Belladona, Mike Adriano, Dana Vespoli… Tous de très grands fans de la petite porte, qui y ont la possibilité  d’y développer leur propre style, ce qui permet d’éviter le formatage que l’on constate souvent dans le porn.

 

Aujourd’hui, la société de Stagliano s’accommode des difficultés que connaît l’industrie par un mode de fonctionnement particulier: chaque réalisateur conserve ses droits sur ses films. Il est donc le premier intéressé sur les ventes. Une manière plutôt astucieuse de partager les risques. C’est grâce à ce modèle économique que Stagliano a su rester, près de trente ans après la création d’Evil Angel, l’un des leaders du marché du X. Pourvu que ça dure…

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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