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Le porn à deux vitesses

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Le scandale Nacho Vidal aura foutu un sacré bordel dans le porno européen. Après un shut down d’un gros mois, les pornocrates ont percuté que leur business était fragile. En conséquence, les tests de dépistage du VIH ont été renforcés, mais ce sont les « petits » qui en paieront le prix. Décryptage.

A l’origine du problème…

Petit rappel pour ceux qui n’ont pas suivi : le performer espagnol Nacho Vidal a été diagnostiqué séropositif mi-février. L’ensemble des tournages a été arrêté sur le continent européen le temps qu’acteurs et actrices se soient soumis à une batterie de tests de dépistage. Avec les délais d’incubation des virus, les tests ont été doublés à trois semaines d’intervalle et les tournages n’ont pu reprendre qu’à partir de la mi-mars sans qu’aucun autre performer n’ait été infecté. Sur le fond, rien de nouveau sous le soleil. Depuis des décennies, les porno européens et américains sont secoués à intervalles réguliers par les alertes sanitaires. Toutefois, ces dernières années, ce sont les cas de syphilis qui défrayaient la chronique. De plus, cette dernière affaire a touché une figure du porno et l’onde de choc a eu des répercussions profondes sur l’organisation du business. Désormais, sous l’influence des productions américaines implantées en Europe et d’une poignée de gros agents, les protocoles de tests ont été renforcés par une nouvelle méthode : la PCR. Et ça ne plaît pas à tout le monde.

La PCR, qu’est-ce que c’est ?

Acronyme pour Polymerase Chain Reaction, la PCR a été baptisée par le magazine Forbes « version biotechnologique de la machine Xerox ». Cette méthode permet de mesurer la charge virale de VIH dans le corps d’un individu en répliquant un fragment de l’ADN des cellules infectées des millions de fois. Le problème avec la PCR, c’est qu’elle n’est pas censée être utilisée pour dépister les traces de VIH mais pour mesurer la charge de virus chez un individu déjà contaminé et adapter son traitement en conséquence. En outre, elle induit un pourcentage non négligeable de faux-positifs (on vous apprend que vous l’avez, alors que vous ne l’avez pas en réalité). Non remboursée par les différentes Sécu nationales, cette méthode est aussi plus chère, notamment car les performers doivent se faire prélever des échantillons sanguins dans des laps de temps plus rapprochés qu’auparavant (tous les 15 jours à peu près). Et nombre d’entre eux réclament que ce test soit financé par les productions qui les embauchent. Pour achever le tableau, un paquet de laboratoires ne proposent pas cette fameuse PCR et les performers sont parfois obligés de se taper des aller-retours sur plusieurs centaines de kilomètres pour aller faire un test qui devient, in fine, un permis de travailler. Les productions les plus artisanales s’en plaignent et ne comprennent pas la volonté de certains d’être plus royalistes que le roi en imposant des tests de dépistage dont l’efficacité est encore largement débattue.

Etats Désunis d’Europe

Le scandale Nacho Vidal aura au moins eu un impact positif : les questions sanitaires ont enfin été mises sur la place publique en Europe et les carences du système révélées au grand jour. Contrairement aux Etats-Unis avec la Free Speech Coalition (FSC), aucun organisme ne centralise ou chapeaute les tests de dépistage que ce soit au niveau européen ou même aux échelles nationales. Aucune base de données transnationale sur la santé des performers n’est tenue à jour. Aucun tampon ne vient même certifier l’authenticité des tests de dépistage. Un simple coup de Photoshop sur un vieux test et le sésame peut être bidonné à l’infini. Des amateurs jouent aux pros et des pros arrondissent les fins de mois dans l’amat’. Personne ne peut être sûr de personne. C’est la zone grise totale. Les pouvoirs publics s’en lavent les mains. Le discours ambiant transpire le « estimez-vous heureux d’être tolérés ».

Le shadow cabinet

Conscient d’être à la merci d’un autre arrêt, des pornocrates s’organisent pour faire la police dans le milieu à l’image de la création de ce groupe fermé sur Whatsapp où ne sont conviés que les initiés : gros agents comme les Grandi et producteurs comme Dan Leal d’Immoral ou encore Rocco. Les productions qui n’imposent pas la PCR sont blacklistées, qu’elles utilisent des capotes ou pas. Elles n’ont plus accès aux performers des agences les plus prestigieuses comme Brillbabes, United Modelling ou Julmodels. A l’inverse, les acteurs et actrices qui seraient tentés de filouter pour faire un billet dans une petite prod sont exclus du game et des productions les plus renommées. Au Royaume-Uni où l’on est toujours rétif à ce qui vient du continent, des acteurs ont refusé de se plier au diktat de Prague et Budapest, qui en retour, ont décidé de ne plus faire appel à eux. L’agent Giorgio Grandi qui travaille pour Legal Porno n’a pas manqué d’y aller de sa petite pique sur Twitter à l’encontre des hardeurs anglais, qu’il a accusés de ne pas se soumettre à la PCR. Visiblement courroucé, il leur a promis que les portes de LP leur seraient fermées à double tour.

Bras de fer en cours.

Le creusement des inégalités

La méthode PCR est brandie par les grands manitous du porno pour leur permettre d’éviter un nouvel arrêt des productions avec des tests plus rapprochés, mais ces mêmes tests ne permettent pas de déterminer si une personne est séropositive. Ils permettent juste de détecter si le virus est détectable. Une nuance qui n’en est pas une… A 200 dollars non remboursés, seules les grosses productions sont en mesure de l’offrir au performers qu’ils embauchent, tandis que les plus riches se checkeront eux-mêmes toutes les deux semaines, parfois entre deux plans escort… Les autres : les amat’, les petits, les sans-le-sou, ils continueront à bosser entre eux et d’avoir recours à la méthode classique de détection du VIH par les anticorps, quand ils l’utilisent…

Journaliste professionnel depuis 2003. Rédacteur du magazine Hot Video de 2007 à 2014.

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