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Zaawaadi : Black Porn Matters
Diantre, elle est impressionnante cette Allemande ! Mais ceux qui s’attendent à une Heidi bavaroise aux couettes blondes retourneront à leurs cassettes vidéo des 80’s : Zaawaadi, c’est l’Allemagne cyberpunk, Cosmopolism über Alles. Comme toujours outre-Rhin, pas de concession sur les prestations : cette nouvelle starlette au crâne fuselé envoie telle une M3 au point que Rocco himself lui a consacré un docu-fiction : My Name is Zaawaadi. Rien que ça.
Les clichés ont la peau dure et rares sont les Français à réellement connaître leurs voisins germains. Prenez la Basse-Saxe, par exemple, avec sa capitale Hanovre, qui arriverait à la placer sur une carte ? A fortiori, qui penserait que c’est une région verdoyante et super sympa ? Qu’elle recèle, entre mille autres, une pépite qui répond au nom de Zaawaadi ? Originaire du Kenya, Zaawaadi est venue chercher bonheur en Europe et cela passe par faire son taf d’infirmière dans un pays vieillissant et qui a besoin de main d’oeuvre. Chez les Teutons, elle rencontre celui qui va devenir son mari et le moins que l’on puisse dire est qu’il va sacrément la décoincer. Sur la plateforme My Dirty Hobby, où les Allemands sont très actifs, elle montre rapidement son adaptation aux us et coutumes locaux avec du gros hardcore qui tache et un goût prononcé pour l’ondinisme (Google est ton ami).
Fin 2019, elle se lance dans le grand bain du porn pro, ça paye plus que dans une clinique, même dans la Forêt Noire. Comme souvent, chacun y est allé de sa ritournelle pour revendiquer la mise sur orbite de la Germano-Kenyane. Avant le Covid, c’est Woodman qui tenait la corde, puis après six mois sans taf, Rocco Siffredi s’est targué de l’avoir fait exploser aux yeux du monde avec le film qu’il lui a consacré et qui vient de sortir début octobre : My Name is Zaawaadi. Un duel arbitré par Legal Porn qui aimerait bien la coincer entre deux Anglais ou Kessef et sa bande. Avec son savoureux accent italien dont il joue depuis des décennies comme Georges Eddy quand il commentait la NBA, Rocco explique ce qui l’a séduit chez la nouvelle venue : « il faut savoir que Zaawaadi est une infirmière qui travaille dans un hôpital. Mais elle me connaissait car elle regarde régulièrement du porno avec son mari. Quand je l’ai vue en photos sur le compte Instagram de Tiffany Tatum et par la suite quand j’ai tourné avec elle en POV, j’ai remarqué qu’elle avait quelque chose de spécial. Elle est curieuse, attentive, naturelle et spontanée (sic). Ce type de fille n’est pas contaminé par le porno. Pour moi, la contamination par le porno, c’est lorsque tout devient mécanique et que quoi que vous fassiez, ce soit sans émotion. De ce point de vue-là, Zaawaadi était complètement vierge et c’est ce qui la rend si spéciale. Je lui ai dit : « j’ai besoin que tu m’expliques ce qui te fait fantasmer et je pourrais te construire le scénario idéal ». Elle a commencé à m’écrire presque tous les jours. L’idée de faire un film décrivant une relation entre deux femmes m’a paru plus pertinente que celle d’une relation hétéro ». Dans l’art de se faire mousser, Rocco n’a rien perdu de son aplomb.
Des concepts à la Story Of de Bodilis, le porn en a chié à la corde. C’est le raccourci idéal pour qui ne veut pas se prendre la tête à pondre une histoire avec plein de plans, sous couvert d’un esthétisme léché. De plus, le film sort opportunément après (ou pendant, on ne sait plus trop) la vague Black Lives Matter. On n’a jamais spécialement connu l’étalon italien chantre de la diversité, lui qui a passé une bonne partie de sa carrière à pilonner des Slaves blanches comme des cachets d’aspirine… Mais inutile d’être pisse-froid, Zaawaadi est ravie de son expérience, le résultat dépote visuellement et c’est tout ce qui compte. « J’ai aimé être soumise à ces filles (NDLR : Tiffany Tatum, Cherry Kiss, Malena Nazionale et Martina Smeraldi). Elles dégageaient toutes une intense énergie. La façon dont le film est construit m’a plu aussi. Avoir une interview au début, au milieu et à la fin du film, ce n’est pas commun pour du porno et enfin, j’ai aimé la patience que Rocco a eu vis-à-vis de moi ».
Attachée à sa culture d’origine, Zaawaadi change tout le temps de coiffure, une coquetterie largement répandue chez les femmes d’origine africaine. Tantôt on la repère, crâne rasée avec l’allure d’une Massaï (ou la tête du mannequin Bruce Darnell), tantôt avec une perruque afro. « J’ai un rêve, je veux devenir une pornstar, mais une pornstar pour l’Afrique et pour mon pays, le Kenya et ainsi aider à combattre le viol. J’espère offrir une alternative à ce fléau avec du contenu plus africain. Il vaut mieux regarder du porno que de violer et peut-être que mon travail aide un peu ». Une belle cause. Dans tous les domaines, le continent africain a besoin de l’action des progressistes et si le X est loin d’être un sujet prioritaire, il mérite des trucs moins clichés que l’œuvre de Jacky Kapo qui mettait en scène des villageois camerounais en train de faire L’amour dans les arbres (titre original). De même, alors que les hardeurs de couleur sont solidement présents dans le milieu, chez les filles, on ne peut en dire autant. Les pornstars d’origine africaine sont très rares et on ne peut que se réjouir que des performeuses de talent comme Bertoulle Beaurebec en France et donc Zaawaadi de l’autre côté du Rhin s’efforcent de changer la tendance.
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