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IA : quel avenir pour le porno ?

On commence à peine à mesurer l’impact considérable que prendra l’IA dans nos vies. Et l’industrie du porno ne sera pas épargnée. Certains, comme le producteur Pascal Lucas, évoquent même la possibilité d’une disparition des actrices humaines ! Producteurs et travailleurs du sexe seront-ils contraints de réinventer leur métier ? Explications.
Par Pierre Des Esseintes
Petit retour en arrière. On sait que depuis l’avènement de la cassette vidéo, à la fin des années 70, l’adult entertainment a toujours été à la pointe des nouvelles technologies. Une légende urbaine raconte même que l’entreprise JVC et le porno s’entendirent pour imposer le format VHS face au Betamax de Sony, à la capacité d’enregistrement plus limitée. Plus tard, le porno a testé le DVD et la HD, avant leur lancement pour le grand public. Au cours de la décennie 2010, la 3D puis la VR furent expérimentées par le X. Quelques années plus tard, actrices et acteurs porno ont compris comment exploiter les réseaux sociaux, et amener leurs fans vers leurs plateformes (comme Onlyfans), au contenu accessible par abonnement, avec le succès que l’on connaît. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle promet une nouvelle révolution, et les acteurs du secteur comptent bien en tirer profit. L’IA est capable, à partir d’un gigantesque répertoire d’images et de vidéos, de générer des contenus ultra réalistes, qui placent les spectateurs au cœur de l’action. Le porno sur mesure se dessine.
Selon Pascal Lucas, producteur pour Jacquie et Michel Elite, les avantages de cette technologie sont inestimables. L’IA offre notamment trois possibilités intéressantes : « La première : certaines filles travaillent bien, sont jolies, sympas, mais on les a trop vues. Grâce à l’IA, on peut faire quelques modifications sur leur visage, et ça permet de leur donner une seconde chance dans un métier plutôt en berne.
La deuxième : depuis dix ans, on reçoit des candidatures de couples qui aimeraient bien tourner, mais qui ne veulent surtout pas être reconnus. Moi, je ne tourne jamais avec des amateurs, parce que je sais très bien que les gens finiront par se faire griller. Un masque ne suffit pas. Grâce à l’IA, Stéphanie, qui est brune aux yeux bleus, sera rousse aux yeux verts. Sa propre famille ne la reconnaîtra pas ! Cela nous permet d’ouvrir les castings à monsieur et madame tout le monde.
Enfin, le concept de la « girl next door » fonctionne toujours, mais quand la boulangère de Limoges dit à l’internaute qu’elle a envie de coucher avec lui, elle doit le dire en français, sinon ça ne fonctionne pas ! L’IA permet aujourd’hui de faire du doublage en labial. Il suffit de faire lire cinq lignes à une actrice face caméra, et l’IA peut la faire parler dans n’importe quelle langue ! »
Il n’empêche que pour ceux qui consomment du porno depuis des années (comme votre serviteur), l’IA semble pour le moins désincarnée. Un consommateur de X lambda va-t-il vraiment être excité par des actrices virtuelles ?
« Les plateformes où les filles produisent leur contenu marchent très bien, Mais même dans ce domaine, concède Pascal Lucas, il peut y avoir une lassitude de la part du spectateur. Les gens se lassent des filles qui prétendent sucer un inconnu rencontré dans la rue alors qu’elles sucent leur mari. Quitte à être dans le fake, pourquoi ne pas se fabriquer la femme de ses rêves, comme dans le film Weird Science, où deux ados créent une femme artificielle à l’aide d’un ordinateur ? Bientôt, on aura des real dolls numériques. Quand vous rentrerez chez vous, une fille, sur votre fond d’écran d’ordinateur, vous demandera comment s’est passée votre journée, en vous appelant par votre prénom. L’IA est prête pour ça. Il suffira de se relier ensuite à un vagin en silicone, connecté en bluetooth, et la fille virtuelle réagira au moindre mouvement ! »
L’IA rendrait-elle le porno beaucoup plus « participatif », avec l’aide des objets connectés ? « Aujourd’hui, s’enthousiasme Pascal Lucas, des real dolls à 160 000 dollars, avec IA intégrée, répondent aux paroles de son propriétaire en 0,5 seconde. C’est tout un marché qui va se développer ! ».
En tout cas, l’IA n’a jamais fait autant parler dans le business. Pour preuve : de vieux briscards du porno, comme Steven Jones, s’y intéressent de près. Dans l’industrie depuis 1999, à la tête de plus de trente sites porno pendant sept ans, et ruiné par l’arrivée des tubes, Jones croit dur comme fer que l’IA va changer le monde. Au point de dépenser, avec son ancien partenaire commercial, 550 000 dollars pour obtenir les domaines « web porn.ai », « deepfake.com » et « deepfakes.com » !
Avec l’aide d’un investisseur providentiel, Jones a embauché cinq employés et une poignée de sous-traitants à l’étranger, et a construit un moteur d’images formé à partir de lots de visuels porno libres de droit, ainsi que des milliers d’autres provenant de sa propre collection. Les utilisateurs ont la possibilité de générer ce que Jones appelle leur dream girl (« fille de rêve »), en demandant à l’IA de décrire l’apparence, la pose et le cadre du personnage. Évidemment, ces filles de rêve ne sont pas de vraies personnes, l’objectif étant de recréer un fantasme à partir de l’imagination de l’utilisateur, qui n’a plus besoin de passer des heures sur les tubes pour trouver un contenu qui lui correspond, ou d’attendre que leur actrice préférée d’Onlyfans se connecte…
La plateforme Candy.ai permet déjà aux internautes de créer et personnaliser leur petite amie IA. Hugo, en charge des partenariats, explique : « l’utilisateur peut choisir l’apparence, la personnalité, la voix ou encore le type de relation souhaitée : plan cul, GFE, step sister, il y en a pour tous les goûts. Avec notre techno, dont le secret est bien gardé, nous utilisons ensuite tous ces critères pour générer en quelques secondes le personnage parfait qui coche toutes les cases! On peut ensuite chatter, lui demander de nous envoyer des photos, vidéos, ou encore des messages audio. On peut même l’appeler au téléphone. Beaucoup d’utilisateurs adorent aussi faire du jeu de rôle avec leur copine IA. Bien évidemment, tant que le contenu demandé respecte notre charte éthique et reste légal, tout est possible. »
En effet, comme toujours, le problème des limites juridiques se pose, et avec lui, des questions éthiques totalement nouvelles. Comment concevoir des outils technologiques empêchant les utilisateurs de générer des enfants, des célébrités, ou des femmes subissant des violences ? Une scène de viol générée par l’IA est-elle plus ou moins préoccupante qu’une scène mettant en scène des acteurs humains pleinement consentants, qui font seulement semblant de se livrer à des actes non consentis ?
Les solutions envisagées pour l’instant : faire cocher des cases aux utilisateurs au lieu de les autoriser à saisir librement leurs recherches, ou embaucher des modérateurs humains, semblent assez peu satisfaisantes. Autre possibilité : essayer d’anticiper les problèmes majeurs d’abus ou de violence grâce aux chatbots d’IA. Mais la méthode sera-t-elle infaillible ?
Autre problème de taille : le porno généré par l’IA va-t-il faire baisser les salaires et détériorer les conditions de travail des travailleurs de l’industrie, encore plus que ne l’a déjà fait l’explosion des tubes ? Aujourd’hui, les IA s’entraînent déjà sur des modèles n’ayant évidemment pas accordé leur consentement. Comment les actrices et acteurs dont l’image est exploitée pour générer du contenu d’IA seront-ils rémunérés ? Plusieurs actrices ont déjà étudié la possibilité de faire créer un clone d’elles-mêmes. Mais cela apparaît comme une pente glissante. Le danger que l’IA brouille la frontière entre le vrai et le faux, jusqu’à remplacer un jour totalement les actrices, est bien réel.
On pourrait alors imaginer que des avatars IA des actrices soient générés, sans que celles-ci aient accordé la licence, ce qui relèverait d’une violation du droit d’auteur. Cela ouvrirait la porte à des situations où l’IA modifie un ou deux détails pour que l’actrice soit différente de l’humain sur lequel elle est basée. Il est probable qu’à l’avenir, on assiste à un grand nombre de vols d’identité et de contenus. De plus, ce porno pourrait montrer les actrices en train de faire des choses qu’elles ne feraient jamais dans la réalité. D’où la nécessité de légiférer. Malheureusement, dans ce milieu, ce n’est pas si simple. Selon Mark Spiegler, le célèbre agent de stars du X, « ce secteur est trop fragmenté pour faire l’objet de négociations collectives. De plus, ce secteur n’aime pas les règles. » [source : askmen.com].
Autre problème de taille : celui de l’accès des mineurs à la pornographie. On connaît ses dommages sur des personnes n’ayant pas encore développé leur propre sexualité. Comment les jeunes exposés au porno d’IA se sentiront-ils par rapport à leur propre corps s’ils s’habituent à s’exciter devant des corps fantasmés, encore plus irréalistes que ceux que l’on voit parfois dans le porno ?
On peut en effet s’inquiéter de l’effacement progressif de la frontière entre la fiction et la vraie vie. Sommes-nous vraiment prêts à ce changement ? Pascal Lucas est catégorique : « Les deepfakes vont rentrer dans les mœurs. Le problème, c’est qu’on ne saura plus distinguer le fake et la réalité. Mais on va s’y habituer. L’IA n’en est qu’à ses débuts. Il faudra apprendre à vérifier systématiquement d’où viennent les images que l’on regarde, comme on le fait déjà aujourd’hui pour débusquer les fake news sur Internet. »
Après tout, ce ne serait pas la première fois que l’on annonce une révolution dans le porno… On avait présagé, en 2010, que la 3D changerait radicalement le business, et qu’il s’agissait d’une première étape vers l’holographie. Quelques années plus tard, la VR devait chambarder le X… Ces révolutions n’ont pas eu lieu. Selon les professionnels du secteur, il y aura toujours un marché pour le porno « à l’ancienne ».
Pour Hugo de Candy.ai, « les tendances évoluent constamment au sein même du porno et les productions arrivent bien à s’adapter à l’époque. Les camshows, la VR, ou même les jeux adultes n’ont pas fait disparaître le marché. L’IA apporte une toute nouvelle expérience innovante, personnalisée et unique pour chaque utilisateur. Mais ce n’est pas demain la veille qu’il n’y aura plus de pornstars! »
L’excitation procurée par le porno ne provient-elle pas, d’abord, de l’engagement avec une personne réelle – même si celle-ci représente un fantasme ? Et si L’IA ne devenait finalement qu’un marché parallèle ? A suivre.
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