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L’étrange business du dopage sexuel
Symptôme des temps ou influence du porno, la quête de performance sexuelle concerne aujourd’hui tous les hommes, même les plus jeunes. Cela passe par une utilisation récréative des médicaments traitant la dysfonction érectile, ou la consommation de compléments alimentaires douteux, disponibles sur le net. Enquête.
Les médecines officielles
En 1998, on découvre par hasard les effets sur l’érection d’un médicament traitant l’hypertension artérielle pulmonaire, le sildénafil. La molécule est commercialisée sous le nom de Viagra.
Aujourd’hui, le sildénafil (Viagra), le Tadalafil (Cialis) et le Vardénafil (Levitra) sont couramment vendus en pharmacie, sur prescription médicale.
La différence entre ces produits tient à la durée d’action. Celle du Viagra est de 4 à 5 heures. Celle du Levitra, de 5 à 6 heures. Quant à celle du Cialis, elle est de 36 heures (on l’appelle pilule du week-end). Ces médicaments ne traitent pas les troubles du désir mais les problèmes organiques, souvent liés à l’âge.
Les risques psychologiques
Les dangers de ces molécules sont limités et bien connus : prise de dérivés nitrés, pathologie cardiaque… Plus importants sont les risques psychologiques liés à une utilisation récréative de ces médicaments. « Le problème, confie Nicolas, 36 ans, c’est qu’au début, on veut juste essayer, pour un plan cul où l’on veut se montrer un peu performant. Non seulement l’érection ne retombe pas, mais on est aussi plus endurant, c’est très flatteur pour l’égo ! Quand on arrête d’en prendre, on peut avoir peur de décevoir sa partenaire. »
Certes, bander sur commande comme un acteur porno peut apporter une grande satisfaction narcissique. Combien sont-ils, ces hommes paralysés à l’idée de ne pas assurer avec la jolie fille fraîchement rencontrée sur le web ?
De temps en temps, un peu de dopage sexuel ne peut pas faire de mal, tant que l’on se trouve en parfaite santé. Et, à petite dose, il est vrai que la réussite entraîne la réussite. Si une pilule vous donne confiance pour partir sur de bonnes bases, pourquoi pas ? L’essentiel est de ne pas tomber dans la dépendance psychologique. Car la femme, de son côté, peut rapidement s’habituer aux performances de son partenaire, et une déconvenue peut s’installer à l’arrêt du médicament, même si l’érection est parfaitement normale. Cette absence de prise en compte des conditions dans lesquelles le désir masculin se développe et s’épanouit aura alors des conséquences désastreuses : les hommes, privés de leur béquille chimique, ne banderont plus !
Princeps et génériques
Mais nous sommes bien loin des considérations purement mercantiles des labos. Car derrière cette quête de l’érection se cachent des enjeux financiers colossaux.
Viagra, Levitra, et Cialis ne sont pas remboursés et coûtent chers. Pourquoi ne pas les acheter sur Internet ? Certains sites proposent les Viagra, Cialis et Levitra « originaux », ainsi que leurs génériques, fabriqués en Inde ou en Chine. Sur pharmlex.com, une boite de 20 comprimés du générique du Viagra, le Kamagra, coûte un peu moins de 66 euros. En pharmacie, en France, une boîte de 8 comprimés de « vrai » Viagra 50 mg coûte entre 70 et 90 euros. Cela représente évidemment une concurrence vis-à-vis des laboratoires reconnus. S’agit-il vraiment de la même molécule ? Je suis allé posé la question à ma pharmacienne, Florence M. Elle explique : « Il s’agit sans doute de la même molécule, même si l’on ne peut pas en être assuré à 100 %. » Les laboratoires Lilly ou Pfizer tenteraient-il de faire peur aux consommateurs, ne serait-ce que pour sauver un business plus que lucratif ? Car, consommer du Viagra fabriqué en Inde, est-ce vraiment dangereux ? « Non, poursuit notre pharmacienne, si c’est vraiment un générique, ce n’est pas dangereux, mais comment en être sûr ? En plus, on ne sait pas grand-chose de la filière de production. »
Deuxième problème : dans des usines des pays ou la législation est moins rigoureuse, la chaîne de production peut être contaminée par un autre médicament. Notre pharmacienne insiste : « Autrement dit, on devrait laver les bacs proprement, et c’est loin d’être le cas ! Mais cela concerne tous les génériques, qui ne sont pas fabriqués par les laboratoires américains ou européens, mais en Chine ou en Inde ! »
Il ne faut pas non plus oublier que les contre-indications sont les mêmes que pour les princeps. Il vaut donc mieux éviter les « génériques » si l’on souffre de problèmes cardio-vasculaires.
Passons rapidement sur les poudres de perlimpinpin vendus en sex shops : Megasex, bois bandé, Spanish Fly ou gélules Maxi Sex à base de spiruline sont inoffensifs, et ne marchent que si l’on y croit très fort. Ce qui n’est déjà pas si mal, d’ailleurs…
Que dit la loi ?
Est-ce le cas pour tous ces remèdes aux noms évocateurs : Viaman, Chronoerect, Erector, Libido Power ? Une chose est certaine : si vous achetez ces gélules et qu’ils vous font un effet comparable à celui du Viagra, alors vous avez affaire à un analogue (voir encadré). Ces produits, vendus non pas comme des médicaments, mais en tant que “compléments alimentaires” sont composés, selon leurs étiquettes, de produits naturels : ginseng, salsepareille (les schtroumpfs adorent ça, pourquoi pas vous ?), ou arginine. Bien sûr, ils ne bénéficient d’aucune AMM (Autorisation de Mise sur le Marché). Ils seraient consommés par 2,5 millions d’hommes ! (Source : Science et Avenir n°787, septembre 2012). Depuis quelques années, les sites distribuant ces produits se multiplient. Certains ferment pour échapper aux contrôles, puis rouvrent sous d’autres noms.
Compléments alimentaires
Les sex shops en ligne défendent jusqu’au bout l’argument fallacieux du « complément alimentaire 100 % naturel », et parfois du « 100 % français », gage, selon eux, de fiabilité ! Il y a deux ans, Marc Dorcel retirait de son catalogue le Start up for him, suite à une plainte déposée pour « exercice illégal de la profession de pharmacien », « escroquerie en bande organisée », ou encore « tromperie sur une marchandise présentant un danger pour la santé humaine ». Les analyses effectuées avaient révélé la présence d’analogues de Tadalafil, la molécule active du Cialis. Les gendarmes de l’OCLESP (l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique) avaient été saisis. Le fournisseur, basé en Suisse, était approvisionné depuis l’Asie.
Peu après, un laboratoire toulousain révélait qu’un autre produit « aphrodisiaque » commercialisé en sex shops, le Vitalib, contenait deux analogues de Viagra, le Thiosildénafil et l’Hydroxythiohomosildénafil. Mais des analyses plus récentes ont révélé que les gélules de Vitalib ne contenaient plus les molécules incriminées. Ce qui prouve que les laboratoires ne changent pas seulement de nom. Ils modifient également les formules de leurs médicaments, afin d’échapper à la vigilance des autorités sanitaires.
Si le Vitalib est encore commercialisé, mais avec une formule « inoffensive », on trouve toujours, non seulement dans les sex shops mais aussi sur des sites de vente de nutrition pour sportifs, ou de compléments alimentaires en ligne, des produits comme Golden Root +, ou Maximenpills. Avec une composition dont les noms évoquent Harry Potter, Radix Astragali Epimédium Sagittatum ou Cortex Cinnamomi, ces produits sont en réalité blindés d’analogues. Et toujours en vente libre. Malheureusement, en France, on ne dispose pas de liste noire comme celle de la Food and Drug Administration américaine. Il est impossible de connaitre la composition exacte d’un complément alimentaire. On sait simplement qu’il ne doit être composé, en principe, que de substances non actives.
Un business opaque
Nous avons joint par téléphone Carlo, directeur des ventes du site france.men-performance.com qui distribue, entre autres, le Vitalib :
« Nous avons des certificats qui attestent de la composition du produit. Nous ne sommes pas responsables en tant que détaillants. En Europe, nous sommes en concurrence avec des pharmacies en ligne, comme Euroclinix.net. Cette pharmacie anglaise ne vend que des originaux : Viagra, Cialis, etc. C’est parfaitement légal. Le paradoxe, c’est que nous Français, avons le droit d’acheter sur une pharmacie anglaise en ligne ce que nous n’avons pas le droit d’acheter dans une pharmacie physique en France. Euroclinix, par exemple, vous fait subir une mini consultation en ligne, et vous délivre une ordonnance puis vous envoie le colis. Les prix sont ceux fixé par les labos. »
Lorsque nous interrogeons Carlo sur l’efficacité des Goldmax ou les Goldgum promettant «une érection forte et puissante », « qui dure très longtemps » et « une libido décuplée », sa réponse laisse songeur : « J’ai testé le Goldgum, je peux vous dire que ça marche, sans effet secondaire désagréable. Quant à savoir si ce produit contient un analogue, c’est vrai que j’ai un doute… »
Il se veut néanmoins rassurant : « J’ai effectué des démarches auprès de labos, on m’a affirmé que le produit ne contient pas d’analogue. »
Comprendre les enjeux
Les sociétés qui distribuent ces produits n’offrent pour toute garantie que l’autorisation de la DGC – DCRF, la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes, simple document administratif qui n’offre aucune garantie en termes de santé.
Le consommateur considère que certains produits achetés à bas coût sur Internet sont les exacts équivalents des analogues vendus sur ordonnance en pharmacie, et non remboursés.
C’est cette efficacité qui les pousse à croire que les laboratoires officiels ne font que défendre leurs intérêts financiers en poussant à interdire les analogues.
La logique est simple : les labos veulent s’enrichir, les pharmaciens aussi, ils n’ont donc aucun intérêt à ce que les gens trouvent les mêmes produits deux fois moins chers sur le net !
Il serait temps de lever le malentendu. Les administrations comme l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) et la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) communiquent enfin sur les vraies raisons de ces interdictions. Ce qui est en jeu n’est rien moins qu’un important problème de santé publique, aux conséquences encore négligées.
Générique et analogue : quelle différence ?
Générique : il est prescrit par un médecin et vendu en pharmacie. Il désigne la molécule d’un médicament vendue sous son nom chimique, et non commercial. Lorsqu’une molécule est protégée par un brevet, son générique n’est pas autorisé avant 20 ans. Les Viagra, Levitra et Cialis sont les noms commerciaux du sildénafil, vardénafil et tadalafil. Aujourd’hui, seul le générique du Viagra est vendu en pharmacie. Les génériques pirates sont fabriqués dans des usines de pays à la législation peu rigoureuse, comme l’Inde ou la Chine. Les contre-indications sont les mêmes que pour les médicaments originaux ! Ces molécules, tantôt commercialisées sous le même nom que les médicaments originaux, tantôt sous des noms ressemblants (Kamagra, Tadalis, Apcalis…), ne bénéficient qu’aucune AMM (Autorisation de mise sur le marché). Analogue : Les analogues sont des substances expérimentales, copiant presque à l’identique une molécule, dont l’efficacité réelle, ainsi que les effets secondaires, n’a pas pu être mesurée. Sa fabrication n’est soumise à aucun contrôle. Pour contourner l’AMM, les analogues sont commercialisés sous la forme de compléments alimentaires, ce qui les rend plus dangereux que les génériques. |
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