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Le cinéma X grand public et ses influences
« Love » de Gaspar Noé, le réalisateur de l’impossible « Irréversible », a conquis cette année encore une partie du public de Cannes. Avant lui, « Nymphomaniac » y a fait grandement parler de lui, de Lars Von Triers cette fois, ayant de fait lui aussi réalisé un doublon après « Antichrist » quelques années plus tôt.
Tout cela n’est que justice lorsqu’on se rappelle que les premiers « Hot d’Or » avaient lieu en parallèle du festival de Cannes dans les années 90 jusqu’aux années 2000.
De plus, cela n’est que l’épiphénomène d’une réalité incontestable : tout en le décriant depuis la fameuse loi X, surtaxant les films pornographiques et leur fermant de fait l’accès aux grandes salles, le cinéma traditionnel puise allègrement et se nourrit goulûment de l’attrait du grand public pour tout ce qui se situe en-dessous de la ceinture.
Cela n’est pas nouveau non plus. Dans les années 70, les premiers films pornographiques étaient réalisés par des cinéastes traditionnels, tels Jean-François Davy (« Exhibition ») ou bien Claude Mulot (« La femme-objet »), avec certes trois francs six sous de budgets. On peut facilement démontrer que loin de se cliver comme on pourrait le croire, l’industrie du cinéma, mais aussi de la télévision et bien plus encore, a toujours eu un pied dans l’industrie du porno, et vice versa. C’est ce que nous allons explorer ici, à travers quelques exemples.
La grande histoire du X, tout le monde la connait dans ses grandes lignes. Elle surfe sur l’irrévérence cinématographique de la « sexploitation » dans les années 60 (la série des Vixens de Russ Meyer par exemple), qui a eu un bel héritage jusqu’à aujourd’hui avec par exemple la série des « Emmanuelle » dans les années 80, ou encore « La fiancée de Dracula » de Jean Rollin en 2002 mettant en vedette Brigitte Lahaie, une des pionnières du X français. Plus discret sans doute, on a pu voir de très nombreuses parodies érotiques de grands succès public (« Lord of the G string », en 2011). Elle rencontre aussi les films bleus (« History of Blue Movie », 1972) des maisons closes et se différencie de ce courant dès que les parties génitales deviennent le centre de l’intérêt premier de la caméra, comme dans « Deepthroat » en 1974, un des premiers films pornographiques de l’âge d’or du cinéma X.
Mais son succès est alors immédiatement colossal – 3,5 millions d’entrées en France pour « Exhibition », s’exportant rapidement à l’étranger -, sans doute du fait d’une époque faisant soudainement la part belle à la libéralisation des mœurs et à toutes les libertés ou presque. Et si « Emmanuelle », de Just Jaeckin, reste dix ans à l’affiche dans un cinéma des Champs Elysées, ce n’est pas un hasard.
Le X, qui plait tant à la jeunesse de l’époque, fait tout de suite peur et l’Etat est vite pris à la gorge par la censure pudibonde pour endiguer la vague. Comme nous le rappelle Christophe Bier dans « Censure-moi, Histoire du classement X en France », en 1975, un décret taxe plus lourdement ces films que les autres. La TVA est majorée, et 20 % des bénéfices de ces films sont ponctionnés pour soutenir les films « de qualité ». Ces films sont exclus, ainsi que le réseau de salles spécialisées qui les diffusent, de toute subvention publique. Le classement X est attribué par une « commission du classement des œuvres cinématographiques » du ministère de la Culture. Cela a pour conséquence la baisse de leur diffusion dans le réseau de salles spécialisées dont le nombre passe de 200 en 1975 à quasiment zéro aujourd’hui. Bien que Fleur Pelerin, ministre de la culture actuelle annonce pour bientôt une modification de cette loi en 2015, suite à la réaction de l’opinion publique après l’interdiction aux moins de dix-huit ans de « Love », le film de gaspard Noé, cette Loi X est toujours en vigueur aujourd’hui.
Très vite, les cinéastes friands de pornographie se divisent dès sa promulgation en deux camps : les réalisateurs purement pornographiques, dits spécialisés, assumèrent de devoir réaliser des films qui seront systématiquement classés X. C’est dans un premier temps une voie très juteuse même si aujourd’hui, la crise est bel et bien là. Les autres optèrent pour rester toujours en-dessous du fameux classement X, avec un air de ne pas y toucher qui ne laissera jamais personne dupe.
La grosse différence entre les deux clans ? Le budget. Un grand film X bénéficiera toujours, à quelques rares exceptions (Pirates 2, de Digital Playground et son budget de plus de 10 millions de dollars), d’un budget microscopique, comparé au moindre petit film traditionnel.
De fait, lorsqu’un film comme Nymphomaniac sort, sa dose de sexe fort généreuse est savamment accompagnée d’un long tournage, d’un grand scénario et d’une réflexion puissante sur toutes les choses humides de la vie … ce qui certes ne l’empêche pas d’être interdit aux moins de dix-huit ans pour sa deuxième partie.
Beaucoup des adeptes de chacun des camps s’insurgeront de bonne foi devant cette comparaison. Pour les aficionados du X, Lars Von Triers restera un petit joueur, loin de leur envie de sexe transgressif et gynécologique. Pour ceux qui s’enorgueillissent d’être d’authentiques cinéphiles, Lars Von Triers transcende par son texte le corps et le sexe.
Et pourtant, la réalité est plus précise : les scènes de coïts de « Nymphomaniac » ont tous été réalisées par d’authentiques acteurs pornographiques, que les fans ont pu voir dans des centaines de scènes de divers producteurs spécialisés. Quant à Charlotte Gainsbourg, sa tête a été dit-on numériquement ajoutée à la place de celle des doublures lorsque sa nudité devait être affichée ou explorée.
Est-on là en présence d’une trahison singulière ? Que nenni, la liste des films usant de l’artifice numérique pour mettre du porno, et des acteurs pornos, dans leurs scènes de sexe est si importante que des sites internet s’en sont fait leur spécialité ! Ici et là nous sont proposé des centaines d’entrées révélant réellement le corps à la caméra. Et de s’écrouler le fantasme de milliers de fans. Non, cela ne sera pas encore pour le moment que vous verrez les seins et le sexe de votre star hollywoodienne préférée.
Et la télévision n’est pas en reste. Que ceux qui croient que c’est toujours le corps d’Emilia Clark qu’on peut voir dans les saisons de « Games of Throne » aillent vite se renseigner pour faire connaissance de sa doublure – certes on s’y tromperait. Quant à la promenade toute nue de Cersei Lannister, son interprète, Lena Headey, enceinte, aurait été bien en peine de la réaliser.
De nos jours, la révolution du trucage numérique peut être absolument invisible. Qui a réellement vu sous la prothèse en silicone les vrais vagins de Léa Seydoux et d’Adèle Exarchopoulos dans « La vie d’Adèle » d’Abdelatif Khechiche, palme d’or Cannoise visitant les amours lesbiens ?
Le cinéma X grand public, c’est donc outre le trucage, le transfuge des hardeurs et hardeuses, certes souvent méconnaissables, dans des scènes bien connues du cinéma traditionnel et du petit écran.
Il n’y a pas que ça. C’est aussi la récupération des thèmes du X et de son histoire par le cinéma traditionnel. Depuis 2012 en production, Inferno (avec dans un rôle Sasha Grey, une ancienne superstar du X) et en 2014, Lovelace, racontent tous deux, après le documentaire de 2004 « Inside Deepthroat », la « véritable vie » de Linda Lovelace alias l’actrice derrière l’héroïne de « Deepthroat » – « Gorge profonde » en français et certains bruits de couloirs racontent que cela ne va pas s’arrêter là. L’une après l’autre, les grandes héroïnes de l’âge d’or vont sans doute être croquées par les plus grands réalisateurs, du moins tant que le succès est au rendez-vous (Lindsay Lohan ayant quitté le casting d’Inferno, cela n’est pas du tout cuit pour cette version).
Raconter leur histoire singulière, exposer comment une jeune comédienne peut aller jusqu’à vendre son corps pour percer dans l’industrie du cinéma ou du spectacle, n’est-ce pas un thème maintes et maintes fois repris par le cinéma classique, la télévision et bien sûr la littérature ? Même la bande dessinée s’y est copieusement mis comme par exemple dans le manga « Nude », une autobiographie d’une vraie hardeuse japonaise, superstar dans son pays : Mihiro. Ou bien l’invention du personnage incisif de Kitsune dans Doggy Bag, de et avec Celine Tran, qui plonge allègrement dans la culture des super-héros et dans la porn culture de la San Fernando Valley de Los Angeles. Toute la culture populaire est concernée. Pensez à Saint’s Row 3, un jeu vidéo qui a utilisé pour sa promotion de vraies actrices pornos, se battant à l’aide de « penetrator », des godemichés géants ressemblant vaguement à des sabres lasers. On aurait évidemment pu citer le jeu « GTA », qui n’est pas à un scandale près. Voire le dernier « Tomb Raider », offrant à Lara Croft comme doublure la jolie Camilla Luddington, connue pour ses scènes chaudes dans « Californication ». Ce jeu est tellement riche en situations subliminales empruntant au registre pornographique qu’il a souffert de polémiques passionnées à ce sujet. Là encore, on pourrait lister des centaines de titres, sans compter que tout un courant des jeux vidéo est ouvertement porno.
Quant à la télévision, en très peu de temps, nous avons eu ces dernières années une véritable et néanmoins furtive popularisation du X. On peut citer la série « Hard », visitant les coulisses de l’industrie pornographique, ou encore « Xanadu », faisant de même en France pour offrir une vraie fausse saga à l’écurie Dorcel, avec en tête d’affiche là encore un authentique hardeur, Phil Holiday. Bien sûr, la télévision comme le cinéma s’est intéressé bien plus encore à la pornographie dans son vaste ensemble. Citons « Salo », brûlot incontournable contre le fascisme et le sadisme utilisant les fameuses journées de Sodome de Sade ou plus proche de nous, Maison close, offrant un portait saisissant de prostitués. Plus insidieux encore, le biopic sur Piaf, « la Môme », explorait ce monde également. Comme tant et tant d’autres. Certains sont de véritables blocks busters, comme « Sin City » de Frank Miller ou « 50 nuances de Grey » (d’après le formidable best-seller littéraire).
L’idée n’est pas de vous faire une liste exhaustive de toutes les références qu’il est possible de trouver et de discuter. L’article deviendrait alors très vite une mauvaise encyclopédie tant il est impossible de ne pas en oublier. L’idée était de rappeler, par quelques exemples ciblés, combien le cinéma traditionnel doit à l’industrie du cinéma pornographique mondial et au sexe. Et plus encore, combien lui doit la culture populaire tout court. L’industrie du porno n’est pas dupe de cela, ni contre d’ailleurs, car il existe autant de cas de l’autre côté du miroir où le X a cherché à combler le fossé qui le sépare de son paternel. J’ai évoqué le cas de Brigitte Lahaie, de Katsuni, Phil Holiday et des doublures de corps. Citons quelques autres jalons notoires de la culture du X. En 2000, « Baise-moi » de Virginie Despentès, donnant un grand rôle à Karen Lancaume, une actrice porno hélas décédée depuis, a été classé X, entraînant une polémique qui a toujours des répercussions de nos jours. Ainsi, plus tard, « Histoire de sexe » d’Ovidie et Jack Tyler a rencontré le même destin. Cela a bien sûr relancé la polémique habituelle qui est de clamer haut et fort et non sans raison que le cinéma traditionnel et la censure qui la dirige coupe l’herbe sous le pied des transfuges du porno. Ainsi, dixit elle-même, si ce n’était pas Ovidie qui avait réalisé « Histoire de Sexe », le film aurait juste été interdit aux moins de seize ans ou de dix-huit, lui permettant de sortir en salle. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter ! Une ancienne actrice porno nommée Elodie Vagalumni a récemment réalisé des fellations et des masturbations dans un film dramatique, intimiste et poétique ayant été interdit aux moins de seize ans, « l’eau douce qui coule dans mes veines ». Pour la petite histoire, son réalisateur, Maxime Kermagoret, ayant donc fait appel à une actrice et un acteur de la sphère X, est sans doute le premier réalisateur à se plaindre de n’avoir pas reçu une interdiction suffisante de la part de la commission du fait de la présence de scènes de sexe non simulée. Le monde à l’envers en somme.
Finalement, lorsqu’on y réfléchit, on se rend compte d’une réalité sous-jacente : il n’y a pas tant de différences entre ces deux mondes. Acteurs et actrices, pour peu qu’ils ne se prennent pas trop de bâtons dans les roues certes, vont pouvoir aller de l’un à l’autre et il existe des exemples dans les deux sens. Pas si éloignés que cela du début du X en 1970, certains réalisateurs ont fait et font encore le grand écart entre les deux milieux. Les stars du X ont été longtemps célébrés quasiment autant que les étoiles d’Hollywood, et eux aussi ont leur hall of fame à Las Vegas !
Cela contribue à expliquer le succès des parodies pornographiques, qui fleurissent de plus belle de nos jours avec la vague des parodies XXX de blockbusters ( de Star Wars à Avengers et Hulk en passant par Ma sorcière bien aimée ou Zorro) ou bien de chez nous les parodies X d’Alkrys (« Dan Quichotte et les femmes ») ou d’Olivier Lesein (« The Art’X ») pour n’en citer que deux parmi pléthore de films. Ne sont-elles pas une juste réponse de l’industrie pornographique au cinéma traditionnel ? En plus d’une bonne source de succès, certes. Là aussi, le phénomène ne date pas d’hier. Cela a été constaté par ceux qui ont eu la chance en 1976 de voir en « Alice in Wonderlord », une des rares comédies musicales pornographique, évidente parodie d’Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll. En conclusion, il est finalement assez aisé pour un authentique cinéphile un tant soit peu porté sur la chose et ses mystères de tomber amoureux des deux mondes. Car, en plus de partager mêmes codes techniques et vocabulaires, chacun d’entre eux est largement et solidement bâti à la gloire du cinéma. Le sexe, la pénétration, ou bien sûr l’érotisme plus ou moins discret n’ont par exemple absolument pas le pouvoir de barrer la voie à la réflexion et à l’intelligence si le scénario du film s’y prête. Et réciproquement. Cela confère aux deux genres le droit fondamental d’exister et de se développer. Bien sûr, cette évidence est aujourd’hui encore freinée par les instances bien pensantes : le X, c’est sale. Car il représente pour les puritains et leurs héritiers ce que nous-mêmes nous trouvons sale en nous. Risible dialectique lorsqu’on sait, on l’a démontré ici, que c’est alors trouver bien sale le cinéma tout entier et toute la culture populaire.
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