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Bio/Milieu du X

Charlie et ses drôles de cams

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On trouve tout sur le blog de Charlie : du sexe, bien sûr, mais aussi des articles sexo, des tests de sextoys, et beaucoup d’humour. Aventurière assumée de la sexualité, cette camgirl du sud de la France excite des centaines d’internautes à la recherche d’un plan cul virtuel… Interview sans tabou.

Propos recueillis par Pierre Des Esseintes

La Voix du X : Charlie, c’est quoi ton business ?

Mon job, c’est principalement cam girl. Je gagne ma vie comme ça. On peut me retrouver sur Eurolive et sur Cam4. J’ai aussi créé un site Internet pour vendre mes propres live shows. Les plates-formes prennent des commissions importantes, alors j’ai finalement préféré faire mes propres live shows par Skype, et mettre en place un système de paiement. Je voulais aussi, en toute modestie, proposer mon propre regard sur la sexualité. Je m’intéresse à tous ses aspects. Sur mon site, je fais des tests de sex toys, j’écris quelques articles « sérieux » sur des sujets sexo comme la fellation, la sodomie, les femmes fontaines, et d’autres plus légers, qui sont prétextes à publier de jolies photos. J’ai aussi réalisé quelques tutoriels, notamment sur le squirt. Je propose des lectures de textes érotiques sur la Web radio LSF. Je trouve des idées d’articles en me promenant sur les forums, sur Internet. Mes live shows constituent une grande source d’inspiration.

Quelles sont les demandes les plus fréquentes de la part des internautes ?

La sodomie. Elle reste un fantasme pour beaucoup d’hommes. Beaucoup de femmes ne la pratiquent pas. Même les camgirls. Certaines ne vont pas la proposer en show. Bon, c’est vrai que ça demande une préparation… Le squirt revient souvent dans les demandes. D’autres veulent une domina, d’autres encore sont fétichistes des pieds. Parmi ceux-là, on distingue les vrais et les faux ! Certains aiment voir les pieds, entre autres choses, et d’autres ne sont intéressés que par ça. Ils se foutent de voir un cul ! Sinon, on me demande des fellations en gorge profonde, parfois de l’uro. Toutes ces pratiques, je les propose seule, avec des godes.

Ton travail de cam girl te prend combien d’heures par jour ?

En moyenne, j’essaie de faire deux sessions de trois heures par jour, cinq fois par semaine. C’est un vrai boulot !

Tes shows te rapportent combien ?

Entre 1200 et 1500 € par mois. Un SMIC amélioré. Évidemment, quand j’ai mes règles, je ne travaille pas. Et les shows que je vends par ma plate-forme ne sont pas très chers. En moyenne, je dois me faire 25 à 30 € de l’heure ! Et ce n’est pas parce qu’on est connecté qu’on va partir en show, c’est ça la blague ! Mais j’ai ce qu’il faut pour vivre, ça me suffit. 90 % de mon site est gratuit. Je ne pourrais pas faire ça que pour l’argent. Ce que je veux, c’est considérer la sexualité comme faisant partie d’un tout. Il n’y a pas la vie d’un côté, le cul de l’autre. Il faut cesser de voir le cul comme quelque chose d’inférieur au reste. C’est un moyen de se faire plaisir, de se connaître. C’est aussi une manière d’avoir accès à d’autres états de conscience.

Tu es comédienne de formation. Tu as commencé cette activité parce que tu n’arrivais plus à vivre du théâtre ?

Oui, j’ai perdu mon statut d’intermittente il y a trois ans. Quand on perd son statut, on n’a plus rien. On attend deux mois avant d’avoir le RSA, dont on ne peut absolument pas vivre. Sur un site d’annonces tout à fait classique, j’ai repéré une offre d’animatrice webcam. Je ne connaissais pas cette activité, mais j’ai vite compris le principe ! Je me suis dit : allons-y, pourquoi pas ! À côté, je donne des cours de théâtre, dans des quartiers sensibles. Je ne m’empêche pas de faire les deux. L’été dernier, j’ai joué dans une série pour TF1. Si on me propose une création au théâtre, j’irais volontiers, évidemment. Je n’ai pas envie de m’interdire de jouer parce que je fais de la cam.

Comment s’est passée ta première rencontre avec ce milieu ?

Au départ, je ne connaissais pas du tout ce monde-là, j’avais peur que ce soit glauque. En fait, les gens qui viennent en cam sont tout sauf des pervers. Certains viennent juste parce que ça les excite, même s’ils ont une copine et qu’ils ne sont pas malheureux dans leur vie sexuelle. Certains sont seuls et viennent pour le sexe, mais aussi pour la compagnie, tout simplement. Si ce business marche aussi bien, c’est parce que beaucoup de gens sont seuls. C’est un phénomène étrange. Même si nous sommes dans une société de communication, les gens sont de plus en plus isolés. Ils sont contents de se trouver en face d’une fille sympa, sans se sentir jugés. Je dis à l’internaute : tu as envie de ça ? Alors cool, on le fait ! Ce n’est pas comme dans un film X où l’on est simple spectateur. Là, l’homme est inclus dans son propre fantasme.

Certaines demandes te mettent-elles mal à l’aise ?

Oui, et dans ces cas-là je dis gentiment aux internautes que leurs envies ne correspondent pas aux miennes. Certaines demandes me font halluciner. Certaines filles vendent leur pipi, leur caca, des aliments qu’elles ont mâchés et recrachés… Je ne juge pas, bien sûr. Moi, je n’aime pas ce qui est scato. Mais en même temps, à force d’être en contact avec tant de sexualités différentes, j’arrive à capter d’où vient la pulsion.

J’ai fait des choses que je n’aurais jamais imaginées, comme des shows de soumission. J’ai eu la chance de rencontrer un maître intelligent, ce qui est assez rare. Dans le milieu BDSM, il faut faire attention aux faux maîtres qui ne sont, généralement, que de petits tyrans. J’ai fait quatre sessions en cam. Je n’avais pas envie d’aller plus loin. Je voulais savoir ce que cela fait, d’être une victime. C’était une catharsis. Aujourd’hui, je peux refaire des shows de soumission si on me le demande, mais ce ne sera pas le même investissement. Ça restera un jeu. En fait, la cam m’a permis de régler pas mal de problèmes personnels.

Par exemple ?

Au départ, j’ai choisi le théâtre parce que j’adore jouer ! Mais à force de galérer à enchaîner les castings, quelque chose de pernicieux s’est mis en place. J’essayais d’être ce que je croyais que l’on attendait de moi. Et ça ne marchait pas. Avec la cam j’ai appris à m’accepter vraiment, à oser être qui je suis. Je suis en quête de liberté, et j’essaie de déconstruire peu à peu tous les conditionnements que j’ai pu recevoir.

S’accepter complètement, c’est le conseil que tu donnerais à une fille qui veut devenir cam girl ?

Exactement. Je lui dirais : plus tu es toi-même, plus ça va marcher. Les mecs ne cherchent pas la plastique parfaite. De nombreuses cam girls ont des physiques sublimes, et pour autant, ça ne marche pas.

Pourquoi avoir tourné une scène en POV avec John B Root ?

J’avais envie de faire une scène porno, juste pour vivre cette expérience, une seule fois. En fait, tout a commencé quand j’ai lu son dernier livre, Le pornographe et le gourou. Je m’y suis retrouvée, car j’ai beaucoup fréquenté les milieux spiritualistes, dans lesquels on peut parler de conscience, d’amour inconditionnel, mais surtout pas de sexe ! L’idée d’associer les deux a résonnée en moi. Je suis allée voir son blog, et j’ai vu qu’il recherchait des actrices. Je l’ai contacté, tout simplement, pour lui dire que j’avais envie de faire une scène. Ma seule exigence, c’était qu’il n’y ait pas de pénétration. Il m’a dit : « allez viens, on va s’amuser ! » Après, je n’ai pas eu envie de refaire une scène. Je voulais vivre cette expérience avec CE mec qui avait écrit CE bouquin. J’ai été contacté par d’autres productions, et j’ai dit non. Je n’ai pas envie de devenir actrice X. Mais je me suis bien marrée…

Ton activité a-t-elle des conséquences sur ta sexualité dans ta vie privée ?

Parfois, j’ai culpabilisé à mort d’éprouver du plaisir avec mon gode, devant la cam ! J’ai également culpabilisé de faire payer les internautes. Je n’assumais pas d’être une prostituée virtuelle, de partager des moments d’intimité avec de parfaits inconnus. C’est quand même très spécial. Il m’est arrivé de jouir en criant comme une folle alors que mon mec était dans la maison. En fait, c’est difficile à vivre si l’on culpabilise. Si l’on arrête de le faire, ça ne laisse pas de traces. Maintenant, j’en parle librement avec mon compagnon.

Quelle est la chose la plus positive que tu retires de ton activité ?

J’ai appris à m’aimer davantage. L’autre, derrière l’écran, devient l’instrument qui te permet de te connecter à toi-même.

Charlie Liveshow

Les cams sur Internet, comment ça marche ?

Dans les plates-formes de live show, on trouve deux types de modèle : le premium et le freemium. Les modèles premium, comme Live Jasmin, Eurolive, Francolive, Desir-cam, etc., proposent des free chats. Normalement, aucune nudité n’y est autorisée. La fille prend des poses sexy, discute, et son but est de faire passer l’internaute en salon privé.

Dans le freemium, tout est autorisé en public. Là, la fille ne fait pas un show pour deux ou trois internautes, mais pour toute une communauté, pour ceux qui payent, mais aussi pour ceux qui ne payent pas. C’est comme ça qu’une fille peut se retrouver avec 5000 voyeurs pendant son show. Elle répond à leurs demandes grâce à un système de pourboires (tips).

Pour remercier les femmes, les couples ou les hommes de la qualité de leurs exhibitions, on offre des jetons (tokens). Enfin, ça c’est le principe. Parce que ça ne se passe pas vraiment comme ça. Souvent, les gens annoncent dès le départ leurs tarifs en disant : « au bout d’un certain montant de tip, nous ferons telle ou telle pratique. » « Je n’aime pas trop ce système, s’agace Charlie. Ça oblige à donner un peu, puis à arrêter, puis à reprendre… il faut toujours rappeler aux mecs qu’ils doivent payer pour ce qu’ils voient ! Moi, j’ai mis en place un système de show privé. L’internaute paye pour voir un show, ensuite, on ne se pose plus de questions. »

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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