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Bio/Milieu du X

Un hard Dist est né

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X Girl vs Supermacho est un dyptique porno produit par Canal Plus et French Lover TV, composé de deux courts-métrages « parallèles », de 26 minutes chacun. Le concept ? Un même scénario de base, un même décor, la même actrice principale (Stoya) et un même budget, avec deux points de vue différents : celui, féminin et féministe, d’Ovidie, et celui, masculin et mainstream de Dist de Kaerth. Le dispositif constituait un vrai défi : les deux films devaient être raccord, à la seconde près, de manière à être visionnés en miroir, en double écran. Une manière de s’amuser avec les clichés. La Voix du X a rencontré Dist, l’élément masculin de cette aventure. Autrefois réalisateur chez V Com, Dist fait un retour remarqué dans le X avec cette étonnante collaboration. Notre conversation a débuté de manière classique sur le porno, puis ce réalisateur érudit, créateur du vidéo-blog Les 7 sceaux, a évoqué son domaine de prédilection, l’ésotérisme…

Propos recueillis par Pierre Des Esseintes

La Voix du X : Dans X girl contre Super macho, vous avez réalisé la partie mainstream, et pourtant, on sent dans votre approche une sensibilité aux antipodes du porno macho…

Dist de Kaerth : C’est sûr. Je ne me sens pas spécialement mainstream. C’est un rôle je me suis forcé à jouer, un personnage de composition derrière la caméra.

Pouvez-vous m’expliquer le titre, X Girl contre Supermacho ? Supermacho je comprends, mais pourquoi X girl ? Dans le film d’Ovidie, Stoya est tout le contraire de l’actrice porno…

Le sens de ce titre, c’est une définition plus large de la X Girl, qui représente le porno féministe. Stoya est d’ailleurs très impliquée, et très représentative de ce mouvement.

Que pensez-vous du porno féministe ?

Moi, ce qui m’intéresse surtout, c’est le porno alternatif. Le porno devrait être un cinéma de genre, avec une vraie liberté de jouer avec les codes. Or, la plupart des productions restent assez « plan-plan ». Le porno est très prévisible. On a toujours le même genre de mises en situation. On sait que ça va commencer par une pipe, et finir par une éjac. Dans le film d’Ovidie [attention spoiler !], ça ne se termine pas du tout par une éjac. Le mec se retrouve comme un con attaché sur sa chaise ! Ovidie s’amuse ouvertement avec les codes. Mais je ne sais pas si sa démarche est vraiment féministe, je ne suis pas assez calé en féminisme pour le dire !

Vous-même, vous vous considérez comme féministe ?

Non, pas du tout, pour un homme ce serait un peu con ! Mais si l’approche féministe apporte des codes différents, ça, par contre, ça m’intéresse !

On ne peut pas être féministe quand on est un homme ?

Si, on doit pouvoir l’être, mais j’ai l’impression que quand un homme essaie d’être féministe, on lui balance toujours : « tu n’es pas à notre place, tu ne peux pas comprendre complètement » ! Donc, je ne suis pas contre le concept, mais je ne me mouille pas !

Pourquoi, selon vous, le porno n’est-il plus créatif, et encore moins alternatif ?

Parce qu’il est devenu une industrie. A l’époque du porno scénarisé, il y avait une vraie recherche. Je pense à un réalisateur comme Salieri, qui cassait vraiment les codes. Aujourd’hui, le porno se décline en niches, et dans une démarche instantanée. Le mec va vouloir télécharger ou regarder du X rapidement, et cela génère toute une industrie. Du côté des productions, on ne va pas trop travailler la lumière, du moment que l’on voit ce qui se passe, on ne va pas trop travailler le scénario, du moment que ça baise assez vite. On a perdu l’envie de jouer avec les codes. Le porno n’est plus un cinéma de genre. Ce n’est d’ailleurs plus un cinéma du tout.

La démarche du porno féministe actuel serait donc à l’opposé de l’industrie du porno ?

Exactement. Les réalisatrices comme Ovidie ou Erika Lust ont une vraie démarche créatrice, une recherche graphique. Cela va davantage ressembler à du cinéma qu’à du gonzo masturbatoire. Je ne sais pas si cela est propre au féminisme ou au fait de vouloir briser les codes, mais je pense sincèrement que les deux sont liés. En tout cas, ça donne un nouveau souffle au genre cinématographique pornographique.

J’ai eu l’occasion de parler avec des filles qui consomment régulièrement du porno. Je me suis rendu compte qu’elles le faisaient exactement comme les mecs…

Je suis d’accord. Elles ont le même besoin d’immédiateté. C’est pour cela que je défends l’idée d’un porno différent, alternatif, et pas forcément féministe. D’ailleurs, ce genre de porno n’est pas regardé seulement par des femmes. De la même façon que le porno mainstream n’est pas regardé que par des hommes. Au contraire !

Le film d’Ovidie contient, semble-t-il, une connotation morale, dont votre film est exempt… Les hommes vont encore dire que les féministes sont castratrices…

Oui, je pense que c’est volontaire ! Elle a voulu jouer sur ce côté-là.

Stoya, chez Ovidie, accumule tous les clichés féministes : elle se laisse pousser les poils sous les bras, ne bois que du thé, et son fuck friend (Rico Simmons) n’est pas vraiment « viril »… Ce n’est pas un peu exagéré ?

Oui, évidemment, elle a voulu jouer sur les contrastes. Son film n’a rien à voir avec la vie réelle. Personnellement, je n’ai jamais connu de filles aux aisselles poilues ! Bon, c’est vrai que ça existe, certainement (rires) ! Dans mon film, j’ai exagéré dans le sens inverse, avec les talons très hauts, un maquillage très « porn », l’inévitable épilation intégrale…

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Ambiance poil aux bras chez Ovidie…

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… ambiance « mets tes bas » chez Dist !

Les deux films sont donc à regarder au second degré ?

Bien sûr, Stoya était d’ailleurs partie prenante dans cette démarche. Elle a adoré participer au film d’Ovidie, mais ça l’a également beaucoup amusée de jouer le côté hyper-porno. Elle sait très bien faire les deux !

Anna Polina fait également partie de l’aventure… Qu’a-t-elle pensé du projet ?

Je sais qu’elle avait l’air très contente d’être là ! Elle fait ce métier parce qu’elle aime vraiment ça. Je ne lui ai pas demandé son avis, mais je pense qu’elle s’est bien amusée.

Selon vous, le porno est-il macho ?

A l’époque où j’évoluais dans le porno, certains réalisateurs avaient tendance à considérer la femme comme un objet. On faisait toujours tourner les mêmes mecs, parce qu’on savait qu’ils étaient fiables, mais les filles, il en fallait toujours de nouvelles. On faisait défiler les candidates ! En ce sens, le porno a un côté fast-food. Les femmes sont juste des visages, des corps que l’on change, parce qu’il faut les renouveler. Dans l’amateur, c’est pareil. On fait tourner une fille une fois, deux fois, trois fois en tirant sur la corde, après on ne veut plus la voir ! Quand je bossais dans le porno, les nouvelles qui arrivait tournaient dans toutes les productions, faisaient la couverture de Hot Video ou de Showbix, et quand elles avaient fait leur petit tour, on leur disait : « merci, ciao ! ». Et la fille ne trouvait plus de boulot. Moi, chez V Com, j’essayais de faire l’inverse. J’aimais beaucoup travailler régulièrement avec les mêmes filles. Cette tendance existe dans le cinéma traditionnel, mais pas dans le porno. Pourtant, moi, ça me paraît logique de travailler avec des personnes que l’on connaît bien.

Stoya, à cet égard, fait figure d’exception. C’est l’une des rares « stars » du porno aujourd’hui…

Oui c’est vrai qu’elle fait partie des quelques-unes qui émergent de la masse des anonymes, avec Sasha Grey, Aletta Ocean… Il y en a une dizaine, tout au plus.

Etes-vous consommateur de porno ?

Je ne suis pas un grand consommateur. Parfois, avant de bosser avec des filles dont on me disait qu’elles étaient des stars, je n’en avais jamais entendu parler. À part Ovidie et Nina Roberts, les autres, je ne les connaissais pas.

Dans votre premier film, l’Enchanteresse, vous avez voulu mélanger vos deux passions, le sexe et l’ésotérisme.  C’est une façon de mêler le profane et le sacré ?

Dans certaines pratiques, les deux vont ensemble. La sexualité implique un abandon, grâce auquel le corps s’exprime librement et libère certaines énergies. C’est là que sacré et profane peuvent se rencontrer.

Vous-même, avez-vous déjà pratiqué la magie sexuelle, en couple ?

Personnellement, jamais. Mais c’est une question que l’on me pose souvent. Bizarrement, ça ne m’attire pas. Ça peut être assez dangereux. Dans la magie, on dit que lorsque deux personnes font l’amour, elles génèrent une entité qui est la somme de ces deux personnes. Cela crée une osmose tellement forte, que lorsque la relation se brise ou se dégrade, ça peut causer beaucoup de dommages, bien plus que dans le cas d’une simple rupture amoureuse ! Ce lien est aussi fort que l’amour, mais il s’agit davantage d’un leurre. C’est un lien malsain.

Et la magie sexuelle tout seul ?

Chez Aleister Crowley et dans la Magie du Chaos, on peut utiliser la masturbation ou le coït, pour entrer dans une sorte de transe. On utilise alors l’énergie de cette transe pour charger un symbole. Il s’agit d’un rapport entre le symbole et soi, qui n’implique pas une autre personne. Ça, je l’ai pratiqué…

La magie sexuelle, ça marche ?

Ça marche très bien. Mais j’ajouterais : le problème, c’est que justement, ça marche ! C’est pour cela que c’est dangereux, à moins d’être un très grand initié, ce qui permet peut-être de contourner le côté malsain, qui consiste à utiliser le sexe à des fins magiques. C’est extrêmement puissant. Et ce que l’on acquiert par la magie, on le paye d’une façon ou d’une autre. Alors, méfiance !

Vous avez créé un Vlog (vidéo-blog) sur l’ésotérisme, https://lesseptsceaux.wordpress.com/vlog/ dont les vidéos ont un grand succès sur Internet. D’où vient cette passion pour l’ésotérisme ?

Quand j’étais gosse, je me posais pas mal de questions. Un jour, on m’a offert Le Troisième Œil, de Lobsang Rampa. Ça m’a servi de passerelle pour m’intéresser à d’autres choses. D’abord la Wicca, et, beaucoup plus tard, l’alchimie et le tarot.

Pourquoi avoir créé ce blog ?

J’ai voulu m’imposer la contrainte de transmettre des connaissances, dans le but de pouvoir approfondir certains sujets. Cela me force à respecter une discipline de travail.

Quels sont vos projets ?

J’ai des projets de films documentaires pour Baglis TV (http://www.baglis.tv/), une chaîne qui traite d’ésotérisme. Le premier sera consacré à la cathédrale de Metz, puis viendront le tarot, l’alchimie… À côté de ça, j’ai une boutique en ligne, Sinoptic, dans laquelle je vend des tee-shirts que je sérigraphie, à partir de graphismes originaux.

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Avez-vous d’autres projets dans le porno ?

Non, j’ai bossé avec Ovidie parce qu’elle me l’a proposé. Sinon, je ne sais pas si je serais retourné dans le X !

Making of :

http://www.canalplus.fr/c-cinema/c-le-journal-du-hard/pid4767-videos.html?vid=1359031

X girl contre Supermacho sur Canal Plus :

Si vous êtes abonné à Canal Plus, vous pouvez, dans la rubrique LIVE TV, lancer la chaîne Canal Plus Décalé et suivre les deux films en simultané sur votre téléviseur et votre ordinateur.

Pour aller plus loin avec Dist de Kaerth :

Le blog : Les 7 Sceaux

La chaîne Youtube du Vlog : Les 7 Sceaux

La page Facebook : https://www.facebook.com/lesseptsceaux/?fref=ts

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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