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L’Ultra-Sex de Nicolas et Bruno, c’est rigolo mais c’est porno !

Avec À la recherche de l’Ultra-Sex, Nicolas et Bruno, maîtres du détournement, s’attaquent à l’univers du porno. À partir d’extraits de films soigneusement sélectionnés parmi de vieilles cassettes VHS oubliées au fond de cartons poussiéreux, ils ont créé un film absurde, à l’humour potache, où se croisent des personnages délirants : la commandante Cramouille, Vulvia (les fans des Nuls auront saisi la référence à Vulva, « la cochonne de l’espace »…), Christian Coiffure, Ninja nazi, ou d’improbables sosies de Bernard Montiel ou d’Antoine de Caunes…
Le scénario ? Attention, attachez bien vos slips : la confédération intergalactique reçoit un message de la présidente des Etats-Unis, expliquant que les terriens subissent un épisode de furie sexuelle sans précédent. Aux commandes de son réseau Prépuce 5, le capitaine Zgeg est missionné pour sauver la Terre. Le valeureux capitaine découvrira bientôt que l’Ultra sexe a été dérobé. L’Ultra sexe, ce n’est rien moins que la matrice sexuelle qui régule l’énergie sexuelle sur notre planète. Le temps presse… car les terriens, totalement obsédés par le cul, ne pensent plus qu’à baiser, plongeant la Terre dans le chaos.
À la recherche de l’Ultra-Sex rend hommage, à sa façon, à l’âge d’or du porno des années 1974-1994. À l’époque, il constituait un genre à part entière, marginal, expérimental, mêlant science-fiction de carton pâte, Kung Fu nudiste, fétichismes divers et délires mythologiques… Avec un leitmotiv : le brushing !
A partir de mars 2015, partout en France, des salles programment le film. En septembre, celui-ci entame une tournée mondiale, l’Ultra sexe tour. Le 30 septembre 2015, la version sous-titrée en anglais de À la recherche de l’Ultra-sex , In Search of the Ultra-Sex est projetée aux États-Unis, à Austin (Texas) dans le cadre du Fantastic Fest, puis à l’American Cinematheque à Hollywood, lors du Beyond Fest. Aujourd’hui, le film n’en finit pas de parcourir le monde, et de faire hurler de rire des salles entières…
Nicolas et Bruno étaient ravis de répondre à nos questions…
La Voix du X : Vous avez toujours travaillé ensemble ?
Nicolas et Bruno : Oui, nous nous sommes connus au lycée. Nous habitions Versailles, donc nous nous ennuyions beaucoup ! Nous étions nourris de comédies des années 70-80 : Papy fait de la résistance (vu 258 fois !), Pour 100 briques t’as plus rien, Un éléphant ça trompe énormément… À l’époque, nous nous amusions déjà à faire de petites caméras cachées, des sketchs, des doublages… Par exemple, nous doublions Amour gloire et beauté, ou les films de cul qui passaient sur Canal+ ! Puis, un jour, un ami nous a dit que cela pouvait devenir un métier. Ça dure depuis 25 ans !
Le matériel, c’était très limité à l’époque…
Oui, je me souviens que nous louions de grosses caméras chez Locatel, avec un énorme magnétoscope VHS en bandoulière. Nous faisions des montages rustiques avec deux magnétoscopes. C’était vraiment de la bricole. Déjà, à l’époque, on trouvait ça ringard !
On ressent beaucoup l’influence des Nuls dans votre travail…
Oui, les Nuls ont été pour nous un révélateur. Nous découvrions la possibilité de faire rire les gens avec des sketchs, des parodies, tout cela bricolé avec une caméra. Ça nous a complètement décomplexés.
Avez-vous appris les techniques de doublage ?
Non, pas vraiment. Juste en bricolant avec nos cassettes VHS ! Il y a un travail de doublage, de détournement, mais il y a aussi les bruitages, l’habillage sonore, la musique, le remontage des séquences. On dédouble les plans, on les passe à l’envers. Nous aimons triturer la matière. Nous regardons toujours les images sans aucun son. Il y a évidemment un travail d’impro.
Ça rappelle l’époque où les films pornos étaient doublés…
Les doublages de films pornos ont marqué la culture populaire. Les doublages foireux collent toujours à l’image du porno, même si cela n’existe plus depuis longtemps… A l’époque, les monteurs recevaient les films sans son, parfois sans scénario. Il arrivait aux doubleurs d’improviser sur les images en direct. Nous avons eu l’occasion d’en parler avec Gérard Kikoïne, et nous nous sommes rendus compte que notre travail était proche de ce qu’il faisait dans les années 70 !
Comment passe-t-on du doublage de films d’entreprise (Message à caractère informatif) au porno ?
Les films d’entreprise et le porno ont des points communs : ce sont des films bricolés dans lesquels les acteurs essaient tant bien que mal de s’impliquer. Il y a un côté premier degré qui nous plaît beaucoup mais il est vrai qu’en parlant avec Francis Mischkind, Gérard Kikoïne, François Cognard, nous avons découvert la dimension punk et joyeuse des films pornos de l’âge d’or. Nous avions envie de rendre hommage à cette liberté, à ce grand n’importe quoi de l’époque ! C’est d’ailleurs souvent un cinéma qui parodie, ou détourne le cinéma classique. Nous avons voulu faire l’inverse. Dans un écrin de comédie, nous rendons hommage au cinéma porno.
Vous connaissiez bien le porno avant de vous attaquer à l’Ultra sexe ?
Très peu. D’ailleurs, même si les films X à l’époque ont fait des millions d’entrées en salles, ils restent assez peu connus
Comment avez-vous construit l’intrigue de l’Ultra-Sexe ?
L’histoire est un alibi. Elle est directement liée à la façon dont nous avons travaillé sur ce film. Nous avons regardé 2500 pornos en cinq mois, et mis en place toute une organisation de recherche. Heureusement, nous étions riches de notre expérience avec les Messages à caractère informatif, pour lesquels nous avions sollicité une armée de documentalistes, afin de trouver des films d’entreprise dans des caves de PME du monde entier, du fin fond de l’Allemagne au Canada, en passant par l’Afrique du Sud. Pour l’Ultra-Sexe, nous avons été aidés par des chercheurs d’images comme François Cognard, l’équipe de Nanarland, qui ont mis à notre disposition leurs vieux cartons de VHS. Nous avons construit l’histoire au fur et à mesure de nos découvertes. Au début, nous pensions ne doubler qu’un seul film. C’était notre fantasme depuis des années : s’approprier un film en le détournant de fond en comble. Mais en dérushant, et en découvrant ce genre, nous nous sommes dit qu’on ne pouvait pas passer à côté d’une compétition de roller à poil, de types qui conduisent des vaisseaux spatiaux en carton… Nous voulions montrer tout ça. L’idée d’un patchwork est venue. Nous avons sélectionné des séquences, et quand nous en avons eu 300, nous nous sommes demandé ce que nous allions faire de tout ça. Nous avons transformé les séquences en photos, nous les avons accrochées aux murs, et nous avons construit une histoire. Ce qui nous faisait le plus marrer, c’était les films de science-fiction et les enquêtes policières… sans parler des séquences WTF de japonaises en combinaison avec des seins qui ressortent ! Parfois, nous nous demandions : quel est l’objectif ? Un film porno est censé provoquer l’excitation ! Au cours de nos recherches, nous avons aussi découvert cela : le concept du film pour adultes comme expression artistique complète. Par exemple, dans Beast in Space, un film italien tournée en 35 mm, on trouve des explorations de planètes, des enjeux internationaux, et des séquences de cul. Devant ce genre de film, l’objectif n’était pas forcément de baiser !
Le porno a une fonction masturbatoire. Le fait de le tourner en dérision ne peut-il pas devenir anxiogène ?
En tout cas, ce n’est pas du tout ce que nous avons vécu en salles lors des projections ! Nous avons fait une projection de l’Ultra sexe au palais de Tokyo, dans le cadre des 30 ans de Canal+, sur un écran géant. Il y avait 500 personnes. Au début, on sentait une petite angoisse liée au fait de regarder un film estampillé « porno » en groupe. Comme le film commence par une grosse blague, les gens comprennent rapidement que le rire est déculpabilisant. Plus on rigole, moins on se trouve dans l’ambiguïté. Les gens hurlent vraiment de rire !
L’Ultra sexe a été projeté aux États-Unis. Ça donne quoi, ce film avec des sous-titres, alors que le comique est basé sur les doublages ?
Justement, nous nous sommes demandé si l’exercice ne serait pas trop complexe. Dans le détournement, on doit comprendre la nature première de l’image, comprendre ce qu’on en raconte, et enfin comprendre le décalage entre les deux, qui déclenche le rire. Ajouter une traduction écrite, c’était ajouter une dimension supplémentaire qui nous faisait un peu flipper ! Mais finalement, ça s’est très bien passé, et les gens n’étaient absolument pas gênés par les sous-titres. Nous travaillons actuellement sur une version américaine, avec de grands acteurs de comédie locaux. Ça s’appellera In Search of the Ultra Sex, avec le même montage, et des voix américaines. Évidemment, ce sera adapté. La blague du sosie de Bernard Montiel, ça ne risque pas de faire beaucoup rire là-bas ! (rires)
Peut-on faire rire avec le sexe ?
C’est un sujet qui nous passionne. Nous avons commencé à l’explorer avec notre long-métrage Le grand méchant loup. C’est un film comique, basé sur des questionnements intimes sur le sexe. Pour nous, l’Ultra sexe est dans la continuité. C’est le « fil du rasoir » qui nous intéresse. C’était déjà ce qui nous animait dans l’adaptation de 99 Francs : faire rire avec l’hystérie, la dépression, la rébellion, le cynisme… Message à caractère informatif, c’était ça aussi : le monde du travail, c’est le monde de la souffrance, parfois de l’esclavage, et nous avons voulu le tourner en dérision, le rendre drôle.
J’ai lu dans une interview que l’on vous a déjà comparés aux situationnistes…
Oui, nous nous sommes aperçus sur le tard que nous faisions peut-être du situationnisme sur le savoir ! Quand on voit aujourd’hui le travail de Guy Debord, et le film de René Viénet, La dialectique peut-elle casser des briques ?, c’est vrai que ce n’est pas très loin de ce que l’on faisait avec Amour gloire et débat d’idées pour le Vrai Journal de Karl Zéro sur Canal Plus.
Votre travail peut-il être vu dans une perspective politique ?
Dans le Vrai Journal, notre travail était engagé mais jamais frontal. Pour nous, ce n’est pas le but premier. Mais la critique de la société n’est jamais loin.
Votre dernier travail de doublage, c’était sur Vampires en toute intimité. Vous nous en parlez ?
C’est un film néo-zélandais très drôle, un faux documentaire sur le quotidien de vampires, avec des interviews, des moments pris sur le vif. Les vampires se livrent à une équipe de reportage et expliquent leur quotidien, leurs problèmes. Notamment celui-ci : quand on est vampire, on doit être attirant et séduisant, mais en même temps on ne peut pas se regarder dans un miroir. Du coup, on se dessine pour voir à quoi on ressemble. C’est quand même un processus assez compliqué ! (rires)
L’Ultra Sex rencontre un succès incroyable dans le monde entier. Vous avez beaucoup communiqué pour cela ?
Non, c’est un succès qui est dû uniquement au bouche à oreille. Nous distribuons nous-mêmes le film.
L’Ultra Sex va-t-il sortir en DVD ?
Oui, d’ailleurs c’est un scoop pour la Voix du X : nous sommes en train de réfléchir à une sortie DVD pour octobre, avec des bonus, des photos. Ce sera dans la continuité de ce grand délire qu’est l’Ultra-Sex…
Merci à vous deux. C’était vraiment très intéressant !
A la recherche de l’Ultra-Sexe, en location sur les plateformes VOD.
Encadré :
Nicolas et Bruno en quelques dates
1997 : Amour, gloire et débats d’idées, dans le Vrai Journal de Canal Plus.
1998 : Message à caractère informatif
2007 : Adaptation et scénario de 99 Francs de Frédéric Beigbeder.
Réalisation de La Personne aux deux personnes, avec Daniel Auteuil et Alain Chabat.
2013 : Le Grand Méchant Loup, deuxième long-métrage, avec Benoit Poelvoorde,
Fred Testot et Kad Merad.
2015 : A la recherche de l’Ultra-Sex.
Vampires en toute intimité.
2016 : Scénario et dialogues de 99 Roubles-L’Idéal, réalisé par Frédéric Beigbeder.
Prochaines projections de A la Recherche de l’Ultra-Sex :
29/03/16 | Rouen, Normandie | Cinéma Omnia |
01/04/16 | Morlaix, Bretagne | Cinéma la Salamandre |
09/06/16 | Montbéliard (Doubs) | Cinéma Le Colisée |
L’Ultra-sex est projeté tous les vendredis à 20 h 30 au Studio Galande (42 rue Galande, Paris 5e), juste avant le Rocky Horror Picture Show.
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