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Octavie Delvaux, à cœur et à cris.

Octavie Delvaux joue avec élégance d’une plume sensuelle et prolifique. Avec A Cœur pervers, elle confirme ses talents d’auteure érotique dans son domaine de prédilection : la nouvelle. Ces vingt-trois textes ciselés convoquent tout à tour Eros et Thanatos, amours passionnées et jeux de domination. Désormais reconnue et comblée, elle vit depuis peu de sa plume… Rencontre.
La Voix du X : Votre recueil À cœur pervers vient de paraître. Ce sont des nouvelles inédites ?
Octavie Delvaux : Certaines sont déjà parues dans la collection Osez 20 histoires de…, aux éditions la Musardine. J’en ai modifié quelques-unes. Parfois, je me suis amusée à changer la fin. Mais il y a surtout des nouvelles inédites.
Vous êtes un auteure très prolifique…
Oui, j’ai déjà publié une quarantaine de nouvelles. J’en ai autant en stock. À cœur pervers réunit le travail de cinq ans d’écriture. Le format de la nouvelle me correspond parfaitement. Il permet de s’initier à la dramaturgie, au romanesque. C’est un rapport de proximité très fort avec le lecteur, un jeu rapide, qui autorise des retournements, des facéties… On se trouve davantage dans l’immédiateté qu’avec le roman. J’ai beaucoup d’imagination, et j’écris assez vite. Je ne suis jamais à court d’inspiration.
Vous vivez de votre plume ?
Aujourd’hui, oui. Sinon, je travaille aussi pour le cinéma. D’ailleurs, je travaille en ce moment sur le scénario du film adapté de mon roman, Sex in the kitchen.
Vous y tiendrez un rôle ?
Le producteur trouve que ce serait drôle, moi je ne sais pas. Je me verrais bien conseillère artistique, mais tenir un rôle titre, je ne m’en sens pas capable !
Le format de la nouvelle, c’est particulièrement adapté à une lecture masturbatoire ?
Oui, évidemment, c’est pour cela que les nouvelles ont autant de succès en littérature érotique. La nouvelle, c’est le temps parfait pour la masturbation. Je ne vais pas jusqu’à écrire mes nouvelles en essayant de respecter un rythme « masturbatoire », avec montée du désir, orgasme… Mais il est vrai que par rapport au roman, ça permet de moins sauter les pages, quand on cherche un passage précis sur lequel on peut se masturber !
Avez-vous déjà eu des retours de lectrices ou de lecteurs, avouant se masturber en lisant vos nouvelles ?
En général, ils ne poussent pas l’audace jusque-là, mais ils utilisent des périphrases !
C’est le plus beau compliment pour vous ?
C’est un compliment. Le plus beau, je ne crois pas. Si la masturbation du lecteur était mon seul but, je pense que j’écrirais différemment. Dans «littérature érotique», il y a quand même « littérature ».
Faites vous la différence entre érotisme et pornographie ?
Selon moi, on peut parler de pornographie quand une scène va parler de manière visuelle au lecteur. L’érotisme a un souci de réalisme dans les mises en situation que n’a pas la pornographie. La pornographie joue avec le fantasme pur. Par exemple, Esparbec est un pornographe. Il n’a aucun souci à situer une histoire dans un pensionnat de jeunes filles dépravées, qui passent leur temps à se masturber, ou qui jouissent d’être frappées par des institutrices sévères. C’est un peu comme la pornographie en vidéo, très explicite. La psychologie des personnages n’est pas vraiment développée. Mais la pornographie a parfois produit des textes sublimes. Je pense, par exemple, à La fiancée des bouchers, d’Eve Arkadine. C’est pour moi un sommet de la littérature porno.
Qu’est-ce qui vous inspire dans le sexe ?
Les jeux de pouvoir. J’aime aussi travailler sur l’instant où naît le désir. J’ai à cœur d’exprimer avec des mots ce glissement, ce moment où tout bascule. J’aime bien, aussi, emmener le lecteur le plus loin possible, jusqu’au moment où ça devient grinçant, mais sans basculer dans l’insupportable. Il faut juste savoir ne pas aller trop loin, pour ne pas perdre le lecteur !
Qu’est-ce qui vous pousse à écrire de l’érotisme ?
Même si je ne fais jamais dans l’auto fiction, je me débrouille toujours pour caser des expériences vécues dans mes histoires. Mes nouvelles mettent aussi en scène des fantasmes que je n’ai pas eu l’occasion de réaliser. Certains fantasmes m’ont été racontés, et je trouve intéressant de les rapporter, un peu comme une journaliste. J’ai remarqué une chose : quand je m’attelle à un fantasme que je n’ai pas eu l’occasion de vivre, le fait de l’écrire lui fait perdre de son intérêt. C’est comme si je l’avais réalisé.
Au point de départ d’une nouvelle, il y a une excitation particulière ?
Ce n’est pas systématique, mais oui, le plus souvent. C’est parfois un mot, ou une image, qui crée l’étincelle.
Votre univers est plutôt celui de la domination ?
Oui, la domination de la femme sur l’homme. Mais ce n’est pas le seul sujet qui m’intéresse !
Les hommes se retrouvent souvent en difficulté dans vos nouvelles…
Oui, c’est mon petit côté taquin. Ils ne s’en plaignent jamais, c’est ce qui compte (rires) ! Il y a tellement de textes misogynes, il faut bien renvoyer un peu la balle.
Vous retrouvez-vous dans le féminisme actuel ?
Pour parler comme les psychanalystes, je pense que la femme pourrait être un peu moins objet de désir, est un peu plus « sujet désirant ». Mais c’est juste un sentiment. Je ne me sens pas féministe.
Et cette affirmation selon laquelle « le sexe est politique », qu’en pensez-vous ?
Ça ne me parle pas du tout (rires) ! J’ai récemment participé à un recueil intitulé Lettre à mon utérus, qui se présente comme politiquement revendicatif, et franchement, je n’arrive pas à comprendre le lien entre mon utérus, ma sexualité, et la politique. Pour moi, c’est juste recueil de textes sur l’intime féminin. Quand je vois que ce recueil se présente comme un manifeste politique, j’ai envie de dire : calmez vous les filles, je parle juste à un organe ! J’aurais pu aussi parler à mon estomac !
Est-ce que le porno vous intéresse ?
Ça ne m’intéresse pas beaucoup, néanmoins, j’ai déjà vu des films queer qui m’ont plu (même si tout ce qui est queer me met mal à l’aise), ceux de Courtney Trouble par exemple. L’intérêt de ces films, c’est de trouver des acteurs qui se connaissent suffisamment bien pour prendre du plaisir et ne pas faire semblant. Ce qui me dérange dans le porno mainstream, c’est que certaines pratiques – les baffes, le fist, l’humiliation verbale -, sont imposées aux femmes comme si elles relevaient d’une sexualité banale. Ces pratiques ne me choquent pas du tout, ce qui me gêne, c’est qu’elles ne sont pas déclarées comme du BDSM. Ça me dérange beaucoup. La sexualité, ce n’est pas de la dégradation. Sauf s’il y a un consentement, comme dans le cadre d’une relation SM.
Quels sont vos maîtres en littérature érotique ?
Sade, malgré sa perversité extrême, et les frasques qui émaillent sa vie, reste pour moi une fascinante littérature de la chair et de la cruauté. J’aime beaucoup Bernard Montorgueil et son livre Dressage, et l’américaine Maryline Jay Lewis. Elle sait construire des univers avec beaucoup de précision et d’enthousiasme. Ses scènes érotiques sont très parlantes. Je me souviens d’une scène ou une femme est prêtée, dans le cadre d’un règlement de comptes mafieux. Elle est violée, et, à un moment, un homme formule l’idée de faire intervenir ses chiens. L’auteure ira assez loin, mais la scène zoophile n’adviendra jamais. Elle sait maintenir son lecteur dans l’appréhension et dans l’envie d’en voir plus. Elle sait aussi rendre belles des choses abominables. Sous sa plume, une scène de sodomie violente sur une femme enceinte devient magnifique. C’est le seul écrivain, dans l’érotisme, qui a réussi à me faire pleurer.
Le phénomène Fifty Shades of Grey a-t-il changé quelque chose dans votre carrière d’écrivain érotique ?
Oui, c’est ce qui m’a permis de commencer à vivre de ma plume. Je ne suis pas naïve, je pense que Sex in the kitchen ne serait pas devenu un best-seller s’il n’était pas sorti quelques semaines après Fifty shades of Grey. Ce n’était pas du tout prémédité. Aujourd’hui, de nombreux ersatz de Fifty Shades sont venus masquer ce succès. Maintenant, la difficulté pour moi est de me maintenir. Mais ce serait une erreur d’aller dans le sens de la new romance pour plaire.
Faites-vous la différence entre l’amour et le sexe ?
Je fais la distinction entre l’amour et la sexualité. On peut avoir une bonne baise sans être amoureux. Néanmoins, c’est dans l’amour que le sexe s’exprime de la manière la plus sublime. Je n’arrive pas à trouver de contre-exemple.
Ça vous arrive d’être excitée par ce que vous écrivez ?
Oui, et ça m’arrive aussi de devoir m’exciter pour pouvoir écrire, quand vraiment ça ne vient pas ! En me masturbant viennent des images, des mots… Mais le plus souvent, je suis une bonne petite écolière !
Envisageriez-vous écrire autre chose que de l’érotisme ?
Oui, j’y pense sérieusement. Je suis très sollicitée dans ce domaine, et je continue parce que j’aime ça. Mais j’ai conscience qu’à un moment, il faudra que je fasse une pause, de peur que mon imaginaire érotique ne finisse par s’assécher…
Octavie Delvaux, A cœur pervers, éd. La Musardine, 304 p., 18 €.
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