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« Actif ou passif ? » : Pourquoi les gays continuent de se catégoriser

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Une application de drague gay. La première chose que l’on dit : « Salut, ça va ? ». Et bien souvent, le deuxième message pose la question fatidique : « Actif ou passif ? ». Rien de bien nouveau sous le soleil : c’est comme ça depuis le minitel et le réseau téléphoniques. Les sites de rencontres et applis n’ont fait que suivre la marche. Doit-on nécessairement être actif ou passif quand on est gay ? N’est-il pas dommage de se catégoriser encore en 2016 ?

Les garçons « 100 % »

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On pourrait, histoire de grossir un peu le trait, répartir les gays en deux catégories distinctes. Ceux qui se définissent comme « versatile » (ou, si on emploie ce terme old school bien ringard « autoreverse ») et ceux qui clament être « 100 % actif » ou « 100 % passif ». Les garçons « 100% » ne sont pas franchement les plus drôles comme vous pouvez l’imaginer.

M. se revendique « 100% actif ». Pour lui : « Pas question qu’un mec touche à mon cul, je n’aime pas ça ! ». Se définissant comme un peu macho et dominateur, il affiche la couleur sur son profil de drague, qui scande en toute sobriété « Actif 100% ». Mais comment peut-il en être si sûr ? « Je n’ai jamais aimé qu’on me caresse les fesses où qu’on m’y glisse un doigt, ça me crispe. Une fois, par amour, j’ai voulu essayer d’être passif pour un mec mais ça a été un désastre. Ca ne rentrait pas, j’avais trop mal, c’était désagréable ». Depuis, plus question d’essayer. Selon M., le fait de se présenter comme 100 % actif rassure les garçons qui le draguent : « Je corresponds à un profil type, on sait à quoi s’attendre avec moi sexuellement parlant. Et les mecs aiment cette image du mec actif macho dont le cul est un passage interdit ». Quand on lui demande s’il n’a jamais même ne serait-ce que fantasmer sur le fait d’être passif, il jure que ça n’est jamais arrivé.

T. est tout l’inverse : lui, il est « 100 % passif ». Il nous explique : « Depuis que j’ai commencé à me branler pendant l’adolescence, je ne fantasme que sur des mecs actifs, en m’imaginant dans la position du passif. Je pense que ça va avec mon tempérament : j’aime les mecs protecteurs, au lit je suis assez soumis ». Lui aussi scande sa position sexuelle sur ses profils d’applications : « Ça évite les malentendus et les mauvaises surprises ».

Le drame des « 100% »

Mais si le fait d’être un « 100 % » a le mérite d’être clair dans le monde virtuel, dans la vraie vie ce n’est pas marqué sur la tête de la personne et aucun garçon n’est à l’abri du drame ultime : ou quand deux passifs ou deux actifs « 100% » tombent amoureux l’un de l’autre et découvrent qu’ils ne sont pas sexuellement compatibles.

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T. a vécu cette situation difficile : « J’avais fait plusieurs rendez-vous avec un mec adorable, très sérieux. Je n’osais pas lui demander s’il était actif ou passif, je ne voulais pas passer pour un obsédé du cul. Mais un jour, quand on a commencé à vraiment sortir ensemble, on s’est retrouvé au lit et on a compris qu’il y avait comme un malaise (rires). C’est un problème supplémentaire pour les gays par rapport aux hétéros. Non seulement tu galères à trouver quelqu’un avec qui avoir une relation mais en plus tu n’es pas à l’abri de tomber sur quelqu’un qui joue dans la même catégorie que toi ».

Que faire dans ce genre de situation ? T. relativise : « Tous les gays ne pratiquent pas tout le temps la sodomie, il ne faut pas exagérer. On peut déjà bien s’amuser avec ce qu’on désigne comme des préliminaires. Le soucis est plus souterrain je pense : quand tu es passif, tu as forcément plus ou moins le fantasme d’être un peu dirigé, dominé au lit. Et quand en face de toi tu as un mec qui attend ça aussi, ça coince. Quand je sortais avec ce mec passif comme moi, j’ai essayé, pour lui faire plaisir, d’être un peu plus actif sexuellement. Mais je sentais que je forçais, que ça n’était pas moi. Certains couples qui se retrouvent dans cette situation ouvrent la relation, passent en mode « open » mais je ne suis pas sûr que ça marche sur le long terme ».

Le bonheur appartient au versatile ?

Two man lying on bed in underwear

L. n’est pas un « 100 % », il refuse de choisir et selon lui être un garçon versatile a bien des avantages : « Déjà tu ne te poses pas la question de savoir si ce gars qui te plait est actif ou passif. Tu te laisses surprendre, tu t’adaptes et ça c’est chouette ! Tu as quand même beaucoup plus de possibilités. Mais tout n’est pas rose non plus ».

Mais quel problème peut donc rencontrer un mâle versatile qui à priori multiplie par deux ses chances de trouver son bonheur ? « Beaucoup de mecs s’en défendent mais notamment pour le cul, ils aiment les gens qui tranchent. On m’a déjà reproché de ne pas être assez crédible en tant qu’actif dominateur car je mettais sur mon profil que j’étais 50/50. Les gens fantasment sur des clichés, des archétypes, et quand tu es entre les deux ça les agace, ça les bloque. C’est comme s’ils n’avaient plus de repères. Les versatiles sont un peu imprévisibles en quelque sorte, certains voient ça comme une menace ».

Le poids des clichés

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Omniprésent, ce choix « actif / passif » s’accompagne de nombreux clichés. Si M. et T. confessent avoir l’impression d’être des stéréotypes ambulants (M. est un actif macho et aime avoir l’ascendant dans ses relations tandis que T. est passif et rêve d’un mec plus âgé et rassurant), L. lance spontanément : « Tout ça me donne envie de vomir ! C’est ridicule ! Je n’en peux plus de toutes ces caricatures. Pourquoi un mec passif ne serait pas celui qui a le dessus dans la relation ou qui domine l’autre au lit ? Tout est possible ! Et puis il faut arrêter de concevoir les rapports humains comme des rapports de force ».

L. évoque cette drôle de sensation d’être « sans étiquette » : « A la fois j’aime le côté caméléon de la chose mais parfois ça peut être perturbant. Il y a eu des moments où je ne savais plus trop qui j’étais vraiment. Actif dominant un coup, passif soumis l’autre et puis passif directif… C’est comme si j’avais des visages différents qui s’expriment à travers ma sexualité. Ça sonne un peu schyzo, c’est déstabilisant, les gens ne te trouvent pas forcément clair mais il y a aussi un côté amusant : aujourd’hui alors que tout fout le camp, les gens ont besoin de créer et renforcer des cases. Mais en tant que personne, je trouve ça mieux, plus sain, d’être unique, d’échapper à ces catégorisations. Je me sens plus libre comme ça ».

Au bout d’une heure de conversation, L. nous avoue qu’il est un ancien « 100% passif » : « J’ai été pendant un moment persuadé que ça ne pouvait marcher que dans un sens. Et puis j’ai rencontré un passif qui me faisait craquer et c’est venu tout seul : je l’ai pris, j’ai aimé. Je pense que les mecs qui se disent actif only ou passif only sont juste terrorisés à l’idée de sortir de leur zone de confort. Mais ça ne leur ferait pas de mal d’essayer de changer. En tant que gay, on a la chance de pouvoir prendre et être pris selon l’envie, c’est trop dommage de ne pas en profiter et de se restreindre ».

Thomas s'abreuve de porno depuis ses 15 ans. Après les premiers émois des VHS hétéros, il développe une passion débordante pour le x gay alors qu'Internet fait son apparition. Pornophage et curieux, tous les genres et fétiches attisent sa curiosité. Il partage ses fantasmes et addictions sur son propre blog, Gaypornocreme, et régulièrement pour le magazine gay Qweek.

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