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Wolf Hudson : ni hétéro, ni gay, ni bi

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Il est sans aucun doute l’un des modèles pornos les plus intrigants de la décennie écoulée. L’américain d’origine dominicaine Wolf Hudson fête en cette année 2016 ses 10 ans de carrière dans l’industrie. Un parcours fait de hauts et de bas et au fil duquel il n’a jamais arrêté d’assumer ses idées et ses envies, n’en déplaise à ses détracteurs. Portrait d’un garçon qui n’aime pas les étiquettes.

Débuts entre garçons

C’est à 22 ans que Wolf Hudson décide de se lancer dans le porno. Les portes du x hétéro lui semblent assez fermées et il décide, bien que ne sortant exclusivement qu’avec des filles dans la vie de tous les jours, de s’essayer au porno gay. Il commence fort puisqu’il fait ses armes chez Lucas Entertainment. Nous sommes en 2006 et la boîte de production de Michael Lucas fait partie des plus en vues du moment avec des longs-métrages à gros budgets et des conditions de tournage agréables et safe (rappelons que depuis le studio est devenu bareback).

wolf hudson hard

Remarqué pour son visage particulier qui ne laisse personne indifférent (on adore ou on déteste), Wolf Hudson séduit par sa virilité et son personnage à la fois sympathique et kinky. Il enchaîne les projets et collabore avec de grandes maisons comme Falcon ou Channel 1 (où il tisse une relation de travail prolifique avec Chi Chi Larue). Ce dernier studio lui permet d’élargir son champ d’action puisqu’il tourne notamment un film bisexuel d’envergure : Shifting Gears.

Le roi du kink

Mais sa notoriété explose surtout alors qu’il rejoint l’équipe du site BDSM « Kink ». Tournant à la fois dans des vidéos gays et hétéros, Wolf Hudson se présente comme l’homme aux mille visages. Il est absolument capable de tout devant la caméra : dominer violemment et torturer des mecs, soumettre fermement des femmes ou jouer à l’esclave sexuel avec les deux sexes, donnant ses fesses et son âme aux dominateurs et dominatrices qui ne se privent pas pour user et abuser de ses charmes. Extrêmement joueur et curieux, sans tabous, Wolf semble prendre son pied en s’abandonnant. Il incarne une nouvelle image de la masculinité dans le porno, une image qui échappe à tous les codes. Avec lui, pas d’actif ou de passif, de gay ou d’hétéro : il se fait prendre par des dominas qui le chevauchent avec un gode ceinture, il fiste des gays jusqu’aux extrêmes les plus improbables les guidant vers la transe. On finit par le surnommer « The king of kink ».

« Gay for pay » ?

Alors qu’il est une mine à fantasmes, Wolf Hudson est ébranlé en plein succès en 2009 suite à une interview qui lui attire les foudres de ses fans gays. Interrogé sur sa propre sexualité en dehors des plateaux, il clame ne prendre aucun plaisir avec ses partenaires masculins quand il tourne. Le terme de « gay for pay » est alors sur toutes les lèvres et Hudson est montré du doigt, conspué. Il tente vaguement de se justifier, d’excuser la maladresse de sa déclaration (il pointe, assez justement : « Dans les films traditionnels, tout le monde se fiche que l’acteur soit hétéro alors qu’il incarne un gay. Pourquoi est-ce que cela devrait être différent dans le porno ? Le porno c’est du fantasme et certains veulent que le fantasme colle à la réalité ») mais rien n’y fait. Début d’une mauvaise passe qui l’amène à s’éclipser quelques mois.

2009 ne sera toutefois pas une si mauvaise année pour lui puisqu’il décroche un contrat assez juteux avec le studio Cockyboys (avant que la marque ne soit reprise par Jake Jaxson et son équipe arty). Il en devient l’un des modèles emblématiques et fait même ses premiers pas de réalisateur. Mais quelque chose s’est cassé, il semble se sentir moins à l’aise dans ce monde gay. Après avoir participé au long-métrage LA Zombie de Bruce LaBruce aux côtés de François Sagat, Wolf Hudson s’éloigne du x gay et ne se consacre plus qu’au porn hétéro.

Hétéro mais pas trop

S’imposant petit à petit comme une coqueluche du porn hétéro américain, Wolf Hudson se heurte toutefois à une autre polémique : celle du « 2010 HIV Outbreak ». Un modèle bisexuel est atteint du VIH et c’est la panique ! Les bisexuels sont désignés comme des « personnes hautement à risque » sur les tournages. Ayant navigué entre gay et hétéro, Wolf comprend que les projets se feront plus rares.

 

Petit à petit, il devient le visage d’un porn hétéro alternatif collaborant notamment avec les réalisatrices Nica Noelle (qui travaille alors pour Sweet Sinner) ou Petra Joy. Il lance surtout son propre site : « Wolf Hudson is Bad », main dans la main avec sa comparse Aiden Starr. Dans les multiples vidéos présentées alors, Wolf incarne un homme qui affirme sa virilité tout en se soumettant sexuellement à ces dames. Il est à la fois docile, volontaire et provocant. Un « soumis dominant », un « passif agressif ». S’amusant à brouiller les pistes, il se maquille ou se travestit légèrement, porte de temps à autres des dessous féminins. L’étrangeté ne lui fait pas peur, au contraire : en explorant son côté masculin / féminin, il explore aussi sa fantaisie et sa créativité. Un nouveau Hudson est né, plus « fluide ».

En 2013, alors qu’il est présent lors du Porn Film Festival de Berlin le temps d’une séance spéciale dédiée à son travail, Wolf Hudson refuse de définir sa sexualité : « J’aime sortir avec des filles mais j’apprécie le sexe hard avec des garçons ». Dans une interview, il revient sur ses propos qui avaient fait polémique et qui lui avaient valu l’étiquette de « gay for pay » : «  Le genre, ce n’est pas quelque chose qui me fait peur. Je vis et je m’exprime d’une façon qui peut paraître étrange pour certains. Je fais du porno hétéro, du porno gay, du porno bi, du porno trans, du porno hard. Je n’ai pas peur de la jouer dirty aussi. J’ai pu dire des conneries par le passé, je suis humain ».

Ce flou qui agace

Dans une société et une industrie obsédées par le fait de mettre des étiquettes et des tags sur tout, Hudson détonne et dérange. Impossible de le faire entrer dans une case, chacune de ses vidéos est l’occasion de le découvrir dans un état différent. Il a beau jouer la carte du mec sympa et rigolo sur les réseaux sociaux, quand il est question de sexe, il reste un mystère, un paradoxe,  un garçon caméléon pratiquement capable de tout. Et peu importe le/la partenaire ou la situation, il excelle toujours et met une énergie assez hallucinante dans chaque duo où il apparaît.

Ce refus de se définir lui vaut d’être constamment interrogé sur son identité et sa sexualité à chaque nouvelle interview. Et à chaque fois il refuse de s’expliquer vraiment ou au mieux se définit comme « quelque part entre l’hétérosexualité et la bisexualité ».

En 2015, il retrouve le chemin des tournages gays en signant un contrat avec Icon Male, le nouveau label dirigé par Nica Noelle. Il se dit enthousiaste et particulièrement stimulé par la vision de la sexualité qu’a la réalisatrice. Son site perso ferme sans trop d’explications. On devine que son porn alternatif et indépendant avait du mal à se rentabiliser.

« Fuck them all »

 

Si on a pu souvent l’attaquer, Wolf Hudson a toujours fait part d’un certain je m’en foutisme assez revigorant. Son compte Twitter laisse imaginer un garçon joyeusement improbable : quand il ne refait pas des chorégraphies de Michael Jackson (son idole), il partage sa dernière scène de porno bi, fait mine de sucer des bites avec son téléphone, se déguise, chauffe ses fans avec des selfies sexy ou les encourage à voter pour Hillary Clinton (qu’il défend ardemment depuis un moment). Un garçon unique au style incomparable et foutraque.

Thomas s'abreuve de porno depuis ses 15 ans. Après les premiers émois des VHS hétéros, il développe une passion débordante pour le x gay alors qu'Internet fait son apparition. Pornophage et curieux, tous les genres et fétiches attisent sa curiosité. Il partage ses fantasmes et addictions sur son propre blog, Gaypornocreme, et régulièrement pour le magazine gay Qweek.

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