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Que deviennent, que deviennent les jeunes Bulgares à Vienne ?

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20 jeunes prostitués bulgares, un bar. Un coup de foudre. Hybride et envoûtant, le troisième chef d’œuvre au charme brut et singulier de notre cinéaste-alchimiste préféré nous a donné envie de tout savoir sur sa fabrication. Entretien avec Patric Chiha, le réalisateur austro-libanais à qui cette belle rencontre est arrivée.

Comment est né ce projet ?

Par hasard. Je faisais des recherches pour un autre film. Et puis un soir à Vienne, j’ai rencontré ces garçons dans le bar où ils travaillent. Quand j’ai vu cette vingtaine de jeunes gars alignés au comptoir, fiers, poseurs, j’ai ressenti : « Le cinéma est là ». Je me suis demandé qui ils étaient. J’ai eu envie de filmer ces visages, de les connaître. Et j’ai compris que je voulais faire un film avec eux, plutôt que sur eux.

Comment vous y êtes-vous pris ?

Nous avons passé beaucoup de temps ensemble. Pour apprendre à nous connaître, à nous apprivoiser. Un an après, nous avons tourné… quatre semaines.

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Le naturel chez ces garçons est impressionnant. Les avez-vous dirigés ?

Non, je suis juste tombé sur des acteurs extraordinaires : ces garçons jouent tout le temps, dans leur vie et dans leur travail. Je souhaitais ne pas perdre ça : je voulais qu’ils se mettent en scène, se réinventent, qu’ils puissent exagérer, mentir… Je ne suis pas un chasseur de vérité.

N’ont-ils pas eu peur d’être ainsi exposés ?

L’attirail fictionnel doit les protéger, la lumière, la musique, les costumes. Je ne voulais pas les mettre à nu, ils l’ont compris et du coup ont accepté de faire le film avec moi.

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N’avez-vous pas eu peur de les déstabiliser ?

Quand on tourne un film comme celui-ci, on se pose plein de questions morales ou éthiques. J’ai essayé de créer un espace où l’on pouvait faire quelque chose ensemble, où je ne dominais pas la situation, où il pouvait y avoir un rapport de pouvoir le plus juste possible.

Vu qu’il ne s’agit pas de comédiens professionnels, comment les avez-vous engagés ?

Ils étaient payés pour leur présence sur le plateau, qu’ils tournent ou non. Ils n’avaient aucune pression, ceux qui voulaient tourner le faisaient spontanément.

Qu’est-ce qui vous fascinait dans leur histoire ?

D’abord qu’ils n’ont pas de lieu à eux. Il y a ce bar où ils travaillent, ces endroits où ils traînent, mais ils n’ont pas de chez-eux. Ils ne sont pas dans le temps : ils ne parlent pas du passé, le futur est très flou, ils sont dans un présent permanent. C’est à la fois terrible et joyeux, violent et euphorisant.

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Avez-vous eu la même connexion avec tous ?

Il y a eu des échanges plus forts avec certains. Mais c’est avant tout un groupe, on ne pouvait pas les séparer. Le groupe les tient. C’est leur foyer.

Comment ont-ils réagi en découvrant le film ?

Ils ont beaucoup ri. De se voir à l’écran. Ç’a été un moment crucial pour moi de leur montrer le film, j’espérais avoir respecté les termes de l’accord. Leur réaction a été de dire « tout est vrai », ce qui est très drôle parce qu’ils mentent souvent dans le film. C’était la toute première fois qu’ils allaient au cinéma, et c’était pour se voir !

Brothers of the Night, de Patric CHIHA, Épicentre Films. 88 min, Autriche. En salles le 8 février 2017.

Thomas s'abreuve de porno depuis ses 15 ans. Après les premiers émois des VHS hétéros, il développe une passion débordante pour le x gay alors qu'Internet fait son apparition. Pornophage et curieux, tous les genres et fétiches attisent sa curiosité. Il partage ses fantasmes et addictions sur son propre blog, Gaypornocreme, et régulièrement pour le magazine gay Qweek.

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