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L’explosion des vagins de Barbie !

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Dans le monde, on les chiffre à 100 000. Les opérations de chirurgie esthétique du vagin et de la vulve sont en plein boom et le porno est pointé du doigt, encourageant les femmes complexées à passer sur le billard pour avoir des lèvres de pornstar. Réalité ou accusation bidon ?

La presse anglaise en a fait ses choux gras et n’y va pas avec le dos de la cuillère comme d’habitude. Citant les chiffres de l’International Society of Aesthetic Plastic Surgery (ISAPS), les labiaplasties ou rétrécissement des lèvres vaginales seraient en hausse exponentielle dans le monde depuis quelques années. 100 000 opérations en 2015, tandis que les régénérations vaginales ou rétrécissements du canal vaginal se chiffreraient à quelques 50 000. Derrière ces termes aussi euphémiques que médicaux, se cache la chirurgie esthétique des parties génitales féminines. Le phénomène a même été affublé d’un sobriquet : les vagins de Barbie.

C’est qui Ken ?

Le paradoxe est que la poupée Barbie n’en a pas justement, de vagin, mais elle représente un totem de perfection physique. Un concentré de canons et de clichés qui font qu’on tape dessus : pour son cul (trop petit), sa peau (trop blanche) et ses cheveux (trop blonds). Si elle avait dû avoir une chatte en polyéthylène, elle aurait eu le pubis trop lisse, les lèvres trop géométriques et le capuchon trop parfait. Mais à travers la poupée Barbie, la presse anglo-saxonne pointe surtout du doigt la catégorie sociale à laquelle on l’associe le plus : les actrices porno. En effet, personne n’est mieux que la pornostar pour la personnifier et l’humaniser, d’autant que Barbie ne l’ouvre pas et correspond à l’idée de la potiche que le public se fait de la hardeuse.

Bouc émissaire

« Beaucoup de femmes voient des films pornos où tout est « clean », et c’est ce qu’elles veulent. Je ne peux expliquer cette demande autrement qu’en disant : c’est notre société qui veut ça. » analyse le chirurgien esthétique montréalais Carlos Cordoba. Un peu léger dans ses conclusions, le Carlos… Surtout que ce n’est pas tant que certaines femmes décident de montrer leur chatte qui provoquerait un problème de santé publique, mais le biais par lequel elle le font : internet ! « Les femmes sont de plus en plus préoccupées par l’apparence de leurs parties génitales. Combien de femmes avant internet avaient l’occasion d’en voir d’autres nues dans toute leur vie ? Aujourd’hui, les gens savent ce qui est beau, dans la norme, a l’air sain et ce qui ne l’est pas » témoigne le chirurgien plasticien new-yorkais Nolan Karp. Le mot (maux) est lâché : le porno sur internet, déjà mère de tous les vices, complexerait les femmes et confinerait presque certaines à l’automutilation. Par un phénomène de contagion mentale de masse, des cohortes de femmes se rueraient chez leur toubib car leur minou ne ressemblerait pas à celui d’une actrice de cul. « Au secours, mon mari va me quitter, il ne touche plus les bords ! »

Une réalité encore marginale

On ne citera pas de nom, mais il est vrai que des actrices se font refaire les lèvres du bas. Certaines l’ont même déjà fait dans l’optique de se lancer dans le porno. Toutefois, la démarche reste marginale. Les vagins des actrices porno sont aussi diversifiés dans leur forme et leur taille que dans le reste de la population. Aucun médecin n’est d’ailleurs en mesure de définir une taille et une forme standard comme l’a constaté une étude canadienne publiée en 2005. Elle fait varier la longueur des petites lèvres de 2 à 10 cm et la largeur de 0,7 à 5 cm.

Point qui mérite d’être noté : là où l’accouchement marquait auparavant le crépuscule de la vie de femme et le début de celle exclusive de mère, le vent heureux du changement est passé. Les femmes ne sont plus prêtes à délaisser leur vie après un accouchement. Naturellement, beaucoup font le maximum pour retrouver leur pleine capacité sexuelle et l’épanouissement qui va avec. Renforcement du plancher pelvien à travers la musculation, rétrécissement du canal vaginal… Tout est bon pour retrouver la plénitude de ses moyens pour le plus grand bonheur des partenaires. Plus généralement, qu’on adhère ou non, il est banal de recourir à la chirurgie pour des questions de confort.

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Intox Photoshop

Dès lors, l’influence du porno est à relativiser. Aucune chatte ne ressemble à une autre, pas plus dans le porno qu’ailleurs, mais c’est le seul métier dont le principe même repose sur le fait de la montrer, sa chatte. Un job à nul autre pareil. La seule valeur étalon. Tout juste pourrait-on introduire la même mention que celle imposée sur les photos des magazines de mode (jamais suivi d’ailleurs) : photo retouchée. Grotesque mais essentiel. De la même manière qu’un visage, les photos de chatte sont nettoyées et pour peu que l’on regarde attentivement une vidéo porno en 4K par exemple, on constate facilement que les bubons et autres boutons rouges sont aussi présents que sur un cul lambda et que les labia (le nom médical des lèvres vaginales) peuvent être aussi distendues qu’un string élastique. L’opération trouve d’ailleurs son pendant masculin avec la chirurgie de prolongation du pénis. Pourtant, il ne semble pas que les hommes se ruent en masse chez leur dealer en chirurgie cosmétique pour avoir le braque de Rocco. En Grande-Bretagne, le site Atlantico annonce que les labiaplasties ont été multipliées par cinq et pourtant, c’est un des pays européens où la législation sur le porno est la plus dure.

 

Des ados en première ligne

Ce qui est toutefois nouveau et inquiétant est que le phénomène touche des ados qui sont encore en développement. 400 jeunes femmes de 18 ans et moins auraient subi une labiaplastie aux Etats-Unis en 2015 contre 222 en 2014, soit une augmentation de 80 %. « Les risques sanitaires de telles opérations existent bel et bien » abonde Julie Strickland, Présidente de la Société des Gynécologues et Obstétriciens Américains. « Le vagin est une zone extrêmement sensible où les terminaisons nerveuses et les vaisseaux sanguins sont très abondants et à fleur de peau. Il peut y avoir une diminution de la sensation sexuelle après l’opération, un engourdissement, des douleurs ou des cicatrices. Chez une femme en développement, les risques de mutilation sont bien plus élevés ». Le phénomène restera-t-il circonscrit à quelques centaines de jeunes femmes ou deviendra-t-il aussi banal qu’une paire de nichons neufs à 18 ans ?

Journaliste professionnel depuis 2003. Rédacteur du magazine Hot Video de 2007 à 2014.

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