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Jerk Off Instructions : parle à ma main !
Vous souvenez-vous de cette jolie blonde avec qui vous prépariez vos exposés de Terminale, cette redoublante un brin rebelle, un brin volage, à qui vous donniez les réponses dans l’espoir d’apercevoir le fond de son décolleté ? Vous souvenez-vous, sinon, de la mère de ce copain, divorcée, qui vous lançait ces regards de femme mature à qui il ne faut pas en promettre, lorsque vous squattiez le canapé en attendant son fils ? Vous souvenez-vous encore de cette étudiante de faculté studieuse, autoritaire et sexy, qui, contre l’argent de vos parents, gâchait ses dimanches après-midi à vous faire réviser parce qu’en fait, c’était vous le cancre de la classe ? Vous souvenez-vous enfin du moment où, par dépit ou par pitié, l’une d’entre elles s’est déshabillée sous vos yeux, vous enjoignant à vous libérer, une bonne fois pour toute, de la frustration sexuelle qui vous paralysait ?
Évidemment, non. Car cet instant n’a jamais eu lieu. En tout cas, jamais ailleurs que dans votre tête.
Eh bien, c’est ce genre de fantasme absurde et surréaliste que le Jerk Off Instructions (ou JOI, pour les connaisseurs) s’applique à assouvir. À l’aide d’un dispositif d’une simplicité flirtant avec l’imposture scénique, une actrice, face caméra, s’adresse au spectateur derrière son écran et l’invite verbalement à se tripoter pendant qu’elle le tease avec complicité. Tous les clichés y passent : maîtresse d’école compréhensive, boss intransigeante, belle-sœur aventureuse… Avec une immuable constante : l’instauration d’un rapport de soumission par écran interposé, entre une femme sûre de ses charmes et le pauvre hère assujetti à ses pulsions masturbatoires, prêt à répondre à la moindre de ses exigences. C’est d’ailleurs l’un des terrains de jeux favoris des dominas virtuelles, avec les fameuses variantes du genre que sont les Cum Eating Instructions (le spectateur doit finalement goûter au fruit de son labeur), et autres Cum Countdowns (où l’on ne doit jouir qu’à la fin de l’éprouvant compte à rebours égrené par l’actrice).
Rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous, le Point Of View existe depuis longtemps dans le porno. Ce serait pourtant se méprendre sur l’essence même du fantasme en jeu dans ce genre de productions. Contrairement aux autres vidéos en vue subjective que propose le X, le JOI ne nous met pas dans la peau d’un Manuel Ferrara ou d’un Rocco Siffredi, ces hardeurs légendaires aux proportions affolantes, levant des filles plus belles que nature dans des positions insensées, le temps des coïts interminables. Non. Point d’acrobaties, de pénétrations hardcore. Le JOI renvoie le spectateur à quelque chose de beaucoup plus commun, de beaucoup plus familier. Un petit strip-tease, quelques caresses : ce n’est pas à un roi du porno que les actrices de ces pastilles s’adressent, c’est à un branleur désespéré. Et derrière son écran, les fesses à l’air, la bite à la main, le spectateur s’identifie inévitablement, au point d’oublier, l’espace d’un instant, les situations improbables, les cadrages douteux et les dialogues à l’interactivité indigne d’un épisode de Dora l’Exploratrice.
Dans son univers « vanille » un peu niais, le Jerk Off Instructions nous fait revivre cette candeur adolescente où ce n’est pas tant le rapport sexuel par procuration qui nous transporte, aussi spectaculaire soit-il, mais le plaisir simple de la branlette.
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