Sextoys à la mode
Deus sex machina, plongée dans l’univers des authentiques « sex-machines »

Sex dolls, réalité virtuelle, digisexualité, depuis quelques mois, notre société réfléchit inlassablement au devenir du sexe dans un monde hyper-connecté, entre peur de l’extinction par onanisme et excitation paraphile pour le potentiel sexuel sans limite des nouvelles technologies. C’est oublier que le sexe avec des machines, lui, n’a rien de nouveau, bien que ces dernières n’aient, jusque-là, jamais eu la dimension discursive de nos nouvelles chimères numériques.
Contrairement à la mode actuelle, qui voudrait faire disparaître la machine sous l’humain, par transhumanisme ou par anthropomorphisme, le fantasme pour les « fucking machines » se complaît, lui, dans l’admiration des moteurs, vérins et bielles-manivelles, comme dans la plus belle des distopies « steampunk ». Le métal brossé, les pistons lubrifiés, les arbres de transmission rutilants, le tout animé dans une chorégraphie effrénée et malgré tout parfaitement ajustée, cette variante de la mécanophilie loue la perfection mécanique, son incontestable supériorité sur la biologie, ce système pataud, confus et faillible.
C’est d’ailleurs afin de compenser ces failles biologiques que les premières machines sexuelles furent créées, puisqu’on inventa le vibromasseur pour raisons médicales : combattre les troubles psychologiques, et en particulier, l’hystérie. Et si le sexe mécanisé est aujourd’hui au centre d’un genre pornographique entier, il a conservé l’aspect implacable de ses origines, l’orgasme clinique, débarrassé de ses mielleuses concessions charnelles.
Ainsi, la sex-machine se retrouve à la croisée de deux grands piliers thématiques de la pornographie. D’abord, le BDSM, qui cultive autant la notion d’orgasme à son corps défendant que le goût de la mise en scène spectaculaire : engins démesurés et cadences infernales. Ensuite, le motif de la jouissance féminine, sans l’homme (ou du passif sans l’actif pour la pornographie homosexuelle, voire de l’actif en passif). Ce dispositif fait donc voler en éclats les idées préconçues quant à la hiérarchie sexuelle, qui décrit invariablement le pénétré comme soumis au pénétrant. En l’absence d’être sensible dispensant la pénétration, le pénétré devient alors à la fois le dominé, qui subira l’orgasme, et le dominant, qui décide de l’intensité du rapport. Beaucoup d’actrices débutantes, qui se sont soumises à ce genre de mises en scène, confient d’ailleurs y avoir découvert un moyen plus acceptable, plus aisé, de délivrer une performance sexuelle qu’avec un partenaire humain. Et pour tous ceux qui douteraient encore du progressisme de la « fucking machine », y voyant une nouvelle ode à la pénétration comme seul ressort du plaisir sexuel, voici la « Cunnilingus Machine ».
Oublions alors, l’espace d’un instant, nos nouvelles idoles virtuelles, et abandonnons-nous à l’ingénierie infatigable et orgasmique d’un démiurge mécanique.
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