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Captive, porno sans issue

Depuis bientôt une dizaine d’années, la folie des jeux d’évasion s’est emparée de notre paysage ludique. Lassés par les parcs d’attractions bruyants et criards qui alternent files d’attentes interminables et générateurs de nausée, les adultes amateurs de jeu se sont peu à peu tournés vers des loisirs mettant un peu moins au défi leur endurance stomacale, et un peu plus leurs capacités intellectuelles. Et puisque public adulte, nous attendions avec impatience qu’une production porno franchisse le pas et s’applique à détourner le concept en une aventure ponctuée de jeux pervers, dans une fiction très cochonne. Captive, la dernière production de Luka et Ludovic sous le label Jacquie et Michel Elite, vient enfin exaucer notre souhait.
4 salles 4 ambiances
Le scénario de cette nouvelle gâterie X tourne autour d’un concept aussi romantique que pornographique, offrir à l’élu de son cœur le fantasme érotique grandeur nature dont il rêve secrètement. À mi-chemin entre The Game et 50 Shades of Grey, les couples du film font appel à une société (très) privée qui se charge d’aménager une expérience sur-mesure et clé en main au cobaye épris d’amour et de fantaisie sexuelle, tandis que son conjoint observe le déroulement du script vicieux qu’il a concocté sur des caméras de surveillance.
La première à entrer en piste est la superbe Poopéa, Thaïlandaise aux courbes proprement vertigineuses, dernière trouvaille des productions J&M. Dénudée et menottée, elle est aux prises avec une horde de ravisseurs brutaux prêts à lui faire subir collectivement les pires sévices sexuels, sous les yeux d’un Rico Simmons visiblement très satisfait du gang-bang fort hard qu’il lui impose. Elle est très vite suivie par ce veinard de Vince Carter à qui sa femme (l’onirique Selvaggia Babe, mais nous y reviendront plus tard) a réservé une très belle surprise : une partie de casino ambiance « Borsalino » où il aura une infime chance de remporter la croupe de croupière, une Valentina Ricci aux courbes particulièrement saillantes dans son petit ensemble de mafieuse coquine. On enchaîne ensuite avec la « commande » de l’incroyable Milana, dont le port altier tranche avec les traits mutins de son visage, véritables appels à la luxure. Elle qui se rêvait en avocate provocatrice, la voilà qui tombe du mauvais côté des barreaux de deux taulards partisans de la double peine. C’est, alors, enfin au tour de Selvaggia (mon coup de cœur perso), qui rend la pareille à son chéri, en prisonnière soumise d’un bunker « post-apo ». La belle Russe, simplement lumineuse de sensualité, y subit les assauts d’un tortionnaire sadique dans une séquence très anale.
Outre les performances des somptueuses actrices et des vigoureux acteurs, le film fascine par sa dimension méta. Les amoureux d’analyse filmique se pignoleront donc autant sur les séquences de hard que sur l’aspect « film dans le film », qui ne se limite pas à quelques écrans de surveillance filmés ici et là. Le film raconte ce que c’est que de réaliser un porno : concevoir le fantasme de quelqu’un et écrire un scénario cohérent et radical autour de celui-ci, comme le font les couples mis en scène ; trouver des décors, des figurants, des costumes, pas nécessairement réalistes, mais suffisamment vraisemblables pour que le spectateur, ici double, et ainsi habiller sa fiction, comme le font avec brio l’équipe du film et l’équipe dans le film (Luka fait d’ailleurs un astucieux caméo); et enfin, filmer le tout de la manière la plus séduisante et excitante possible pour le spectateur, qu’il soit intra ou extra-diégétique.
Fantasme claustrophile
Sous ses dehors lisses et polis, que la photographie soyeuse souligne harmonieusement, le film a l’audace d’explorer certains de nos fantasmes les plus sombres. Le prétexte du « petit jeu sans conséquence » entre adultes consentants cache en réalité un sous-texte déviant et viscéral, où le consentement est aussi synonyme de soumission totale à la volonté perverse à qui l’on remet les clés de sa destinée sexuelle. Le métrage transcende ainsi sa condition de recueil masturbatoire pour esquisser, l’espace de quelques instants, un espace cloisonné où la perversion, elle, est sans limites. Prison dorée du vice, Captive est le genre de geôle dont on ne veut pas sortir…
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