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Sexe en costard : le fantasme de l’homme d’affaires gay

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C’est à la fois un fantasme universel et un porno gay de niche. L’homme en costard excite et s’invite dans la plupart des vidéos X. Pourquoi aime-t-on tant se caresser devant des mâles en costume ? On a décidé de creuser l’objet de cette intense attirance.

Le mâle en costard ? Tout le monde le connaît !

Très peu de personnes peuvent se targuer de n’avoir jamais croisé ou avoir été troublées par des hommes en costard. N’importe quel mec apparaît de suite plus séduisant avec sa belle veste, son pantalon cintré et ses chaussures de ville noires. Un jour ou l’autre, on rencontre tous ce prototype du mâle charismatique, puissant, qui porte à merveille son beau costume. Et on a qu’une envie : baiser avec lui !

Même si tous les hommes en costume ne sont pas des businessmen, on les associe à cette image. La vie professionnelle est toujours teintée, ne serait-ce que par la hiérarchie, de jeux de pouvoirs, de rapports de domination-soumission. Alors que le stress est presque devenu une norme, la pression nous amène souvent, une fois rentré de notre journée de boulot, à fantasmer sur notre patron, notre collègue, ce client croisé à un rendez-vous. Le monde du travail regorge de règles, exige la politesse et génère forcément son lot de frustrations. Il est sexuel mais se doit de rester sérieux. Mélanger les affaires et le plaisir est dangereux, a un goût d’interdit et bien sûr cela excite ! Et chacun peut se faire son petit scénario, que l’on retrouve sans surprises dans bon nombre de vidéos pornos : le stagiaire soumis à son patron sexy, les collègues qui se matent la queue aux toilettes, les plans culs inattendus alors qu’on est plus que deux au bureau à faire des heures sup’, l’inversion des rôles avec la soumission sexuelle du big boss (car, c’est bien connu, les hommes de pouvoir sont les premiers à évacuer le stress en se faisant loper)…

 

Être sexy en costume a un prix

Dans le porno gay, le fétiche costard / « men in suits », se doit d’être chic et de mettre un minimum le paquet pour espérer convaincre. Domaine de tous les fantasmes, le porn se doit de jouer à la fois sur ce qui constitue notre quotidien et de le transcender. Autant dire que voir un pseudo-homme d’affaires vêtu d’un costume cheap et premier prix, mal assorti, dans un bureau minuscule, ne vend pas du rêve et cause la demi-molle. Si on se paluche, on veut plutôt le faire devant le directeur d’une multinationale que d’une PME. Le porno gay amateur tire ainsi assez mal son épingle du jeu, tout simplement parce qu’il n’a pas le budget nécessaire et qu’il paraît du coup au final, artificiel, potentiellement ridicule.

En opposition, les gros labels et autres productions « léchées » peuvent, avec leur belle image et leurs garçons finement sélectionnés, mettre le feu au pantalon. Longtemps, l’homme en costard était juste une simple figure comme l’ouvrier, le policier, le pompier, le docteur… Mais lors de la dernière décennie il a pris son envol, devenant la star de films dédiés et surtout de labels entièrement consacrés à ce qui est devenu, plus qu’un look, un état d’esprit, un type de mecs en soi.

 

Men at play : la crème de la crème

Demandez aux amateurs de porno quel est LE label à voir pour des sublimes mâles en costume et ils vous répondront tous sans hésiter Men at Play. La production ne fait pas les choses à moitié et propose des vidéos extrêmement bien produites et réalisées avec des mecs virils et sexy à tomber. Mélange habile de révélations, d’inconnus et de grands noms de l’industrie, le studio attise constamment la curiosité. On est toujours impatients de découvrir un acteur porno qu’on apprécie moulé dans un costume et transformé en golden boy.  Et puis, comme dans la vie de tous les jours, ces capitalistes d’américains sont toujours ceux qui finissent par nous enculer et au moins dans le porno on en tire une forme de plaisir !

La clé du succès de la production ? Des costumes parfaits qui font trembler d’envie les fétichistes et qui subliment chaque modèle. Il est rare de tomber sur une vidéo où un mec n’est pas au summum de sa beauté, avec des habits parfaitement taillés, moulant à merveille ses épaules solides et son gros paquet.

 

Faut-il le préciser ? Le cliché / fantasme de l’homme d’affaires se doit d’être viril. Il est la masculinité incarnée dans une société où « réussir dans la vie » est une obsession. Men at Play se plaît à mettre en scène ses modèles dans de vastes bureaux, des décors luxueux. C’est réaliste, on y croit, ça ne fait pas trop « mis en scène » même si les introductions jouent sur des trames vues et revues. Le rapport de force est au cœur des échanges.

Le mec en costard regorge aussi et surtout d’un incroyable érotisme et est la porte ouverte à tout un tas de fétiches. Quoi de plus hot qu’un bel homme qui ôte sa cravate et se retrouve avec une belle chemise blanche délicatement déboutonnée ? Quel garçon un peu soumis ne serait pas surexcité par un mâle dominant qui fait sortir son gros sexe de son pantalon de costume en demandant de s’agenouiller pour le sucer ? Quel fétichiste des pieds ne serait pas émoustillé par le fait de retirer les chaussures noires et pointues d’un supérieur hiérarchique pour masser ses panards, sentir ou lécher ses chaussettes (noires elles aussi de préférence). Et pour ce qui est du fantasme de se faire prendre sur la photocopieuse, c’est un classique !

 

Entre réalisme et pur fétichisme

L’homme d’affaires domine ses collègues (eux aussi costumés, un joli cul rebondi qui se dévoile quand on baisse le pantalon, que c’est attrayant ! Et c’est un appel aux coups de ceintures accessoirement), se mélange avec tous les types de profil. Il est toujours le boss, celui qui sait taper là où ça fait du bien avec un regard ferme et conquérant. Il peut être fatigué et se taper une branlette seul au bureau (et s’il se faisait surprendre ?!), faire passer des entretiens d’embauche aux pratiques douteuses et perverses, partager sa jeune recrue en mode bizutage avec un ou plusieurs de ses camarades (plusieurs hommes en costumes : le plaisir démultiplié). Plus la mise en situation sera bien instaurée, articulant parfaitement le rapport de force, plus le résultat sera bandant.  

Si Men at Play se pose en référence, d’autres labels spécialisés se défendent plutôt bien comme Office Cock du studio Gayroom et des labels mainstream offrent régulièrement des films de qualité sur ce thème (on citera en favori Desktops de Cazzo où l’on se fait sucer par un soumis à 4 pattes sous la table dans la salle de réunion).

gentlemenscloset

Côté concurrence, depuis quelques temps,  un studio indé repris par la porn star quadra Trenton Ducati fait beaucoup parler de lui. Ca s’appelle Gentlemen’s Closet et cela vise à explorer les trips fétichistes et « cachés dans le placard » de ces businessmen délicieusement pervers. Le site s’oriente majoritairement vers l’attrait pour les pieds mais il est loin de se limiter à ce domaine et transgresse habilement les codes. Les amateurs de chaussettes mi-cuisses ne seront pas déçus du voyage et auront aussi bien des surprises. Les « gentlemen » aiment en effet jouer avec des bas pour le moins étonnants, dévoilant sous leurs costards des collants et autres dessous très affriolants.

De façon audacieuse, Gentlemen’s Closet vient casser les représentations nécessairement dopées à la testostérone des golden boys et explore la féminité refoulée de ces hommes de pouvoir qui peuvent aimer se faire tringler en jockstrap, en collant coloré ou en bas résille.  Au final, des vidéos qui détonnent, qui inventent une nouvelle masculinité ouverte, inédite, assurément troublante qu’on y soit sensible ou pas.

 

Transformer « la douleur » en plaisir

Ce qui ressort de tous ces échanges et autres négociations sexuellement explicites, c’est au fond l’envie de transformer tout ce qui touche au travail (dont le latin tripalium renvoie directement à la notion de torture, rappelons-le) en plaisir. Grâce au porno, tout ce qui au quotidien peut s’avérer être de l’ordre du stress, de la contrainte ou de la souffrance se transforme dès lors en un jeu hautement jouissif où tout peut s’inverser. Personne n’a rien à y perdre, tout le monde y trouve son compte et son plaisir.

Michael Cock est journaliste et archiviste : il suit l'actualité et l'évolution de la communauté gay depuis plus de 20 ans. Militant de santé sexuelle, les nombreuses confidences qu'il a recueillies lui permettent de relativiser sur les sexualités. De formation scientifique et théâtrale, il décrypte avec humour et logique l'inconscient sexuel de tous les sujets trop sérieux. Il contribue régulièrement pour Garçon Magazine.

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