Décryptages
Dollception : La poupée sexuelle est-elle un fantasme en soi ?
Alors que les progrès technologiques de la robotique et de l’intelligence artificielle nous projettent vers un transhumanisme toujours plus vertigineux, nous faisant croire à un monde où l’on ne fera plus la différence entre l’humain et l’androïde, les concepteurs de poupées sexuelles s’engouffrent dans la brèche pour nous promettre des interactions charnelles toujours plus réalistes et censément toujours plus perverses avec leurs êtres de silicone. Parallèlement, les gouvernements s’interrogent et, forcément, paniquent. Dans quelle(s) mesure(s) doit-on baiser avec des robots doués de raison ? Convoquant leurs plus grands spécialistes en éthique, ils tentent désespérément de répondre à cette épineuse question, sans doute avant que l’humanité s’éteigne, consumée par une horde de Terminator du cul. Cette débauche d’intellect semble pourtant éluder un point essentiel dans son approche des sex-dolls ; un point qui pourrait se résumer à cette question : la poupée sexuelle, en tant qu’objet, n’est-elle pas un fantasme en soi ?
Substitut robotique pour miséreux sexuel
N’allons pas jusqu’à dire que la réflexion éthique autour de la question des robots sexuels est dépourvue de bon sens. Elle est notamment à l’origine du CREEPER Act (pour Curbing Realistic Exploitative Electronic Pedophilic Robots), une directive qui interdit l’importation et la distribution de poupée à l’apparence juvénile sur le territoire américain. Mais elle a tendance à se perdre en conjectures. Les robots sont-ils consentants ? Doivent-ils se refuser ? Dénaturent-ils le sexe, le couple, les relations entre hommes et femmes ?… Et paradoxalement, les fabricants de ces sex-toys du futur jouent au même jeu. En se livrant à cette course technologique insensée, ils se précipitent sans le savoir vers une impasse encore plus insurmontable que la désormais fameuse « uncanny valley » : la frontière relationnelle. Parce que c’est bien joli de dépenser des milliers d’heures et de dollars en R&D pour reproduire une simulation de réaction humaine, mais quel est l’intérêt profond de développer une intelligence artificielle parfaite qui dirait oui à tout ? Bien que moins volubile, une vaginette à quinze balles remplit peu ou prou la même fonction. Ou alors ces androïdes devraient parfois dire non, avoir la migraine, se laisser séduire. Doivent-ils donc se refuser ? Peut-on les contraindre ?… Nous revoilà dans les méandres des conjectures éthiques absurdes.
Le biais inhérent à la recherche sur le sujet, qu’elle cautionne le concept où qu’elle le condamne, c’est de concevoir ces futurs produits comme des substituts robotiques pour miséreux sexuels ; des handicapés sociaux qui, incapables de nouer des relations humaines, trouveraient dans ces marionnettes de silicone une compensation sexuelle satisfaisante. S’il y a sans doute un fond de vérité dans ce postulat, il n’y a qu’à voir les divers reportages sur les doux-dingues qui ont épousé leurs avatars virtuels, voir l’émergence de l’intelligence artificielle comme l’aboutissement de cette démarche n’est pas seulement une erreur, mais une contradiction. Les allumés n’ont pas attendu que les statues leur répondent pour en tomber follement amoureux. Demandez à Pygmalion. L’essence même du fantasme de la sex-doll, c’est justement qu’elle est inerte, muette, vierge de toute préconception ; un réceptacle prêt à accueillir sans jugement et sans réserve les fantasmes de son partenaire.
Fantasme tout-puissant et fantasme de Toute-Puissance
Au regard du succès des lupanars à « hôtesses de plastique » qui fleurissent un peu partout dans le monde, les amateurs semblent très bien s’accommoder de l’absence d’interactions. C’est d’ailleurs dans l’inanimation des mannequins que réside la promesse qui a cours en ces lieux : la liberté de fantasme absolue, à portée de main, contenue dans un accessoire anthropomorphe, catalyseur de notre imagination. La poupée n’est alors qu’un vecteur, qu’un véhicule, dont les seules propriétés pertinentes sont de proposer trois orifices à pénétrer et de jouir d’un réalisme suffisant pour permettre l’identification. Toute option supplémentaire est non seulement superflue mais aussi malvenue. Ai-je vraiment envie de débattre de ma couleur préférée ou des prénoms de mes frères et sœurs -les arguments de vente d’Harmony, l’androïde sexuel hyper-réaliste de Real Doll-, alors que je m’imagine en James Bond, poutrant une vilaine espionne russe pour lui soutirer de précieuses informations au nom de sa Majesté ?
Le simple fantasme de l’être offert aux désirs de son propriétaire est si fort qu’il agit même par procuration. Ainsi la sex-doll constitue à elle seule un épiphénomène pornographique. On trouve donc sur les tubes comme sur les sites fétichistes nombre de vidéos plutôt populaires mettant en scène des égéries de plastique soumises aux envies variées de leurs amants humains : relations tendres et passionnelles, brutalité, exhibitionnisme, sexe anal, introductions diverses. Et ces séquences rencontrent un certain succès, les spectateurs débattant, dans les commentaires, de la personnalité et du traitement dont ils gratifient leurs propres possessions.
C’est alors que la perspective se renverse. Tout à coup, au détour d’une nouvelle saynète, la poupée prend vie, respire, cligne de l’œil. La texture de sa peau semble trop vraie, son maquillage trop grossier ; et pour cause. Il s’agit d’une vraie femme, plus précisément d’une actrice pornographique qui, le temps d’une scène, se grime en sex-toy pour se plier aux quatre volontés de son propriétaire d’opérette, personnifiant le spectateur dans la fiction. Dollception. Dans une mise en abyme distordue, ce n’est plus le pantin qui court désespérément après son humanité, c’est l’humain qui se réifie en marionnette, qui se réduit à sa propre contrefaçon indigne. Regard vide, rigidité feinte, poses maladroites ; déballage de son carton, puis rangement dans sa boîte, on convoque toute l’imagerie de la poupée de Noël manipulée avec soin et envie, car ce n’est pas à son intégrité physique qu’on attente, mais à sa condition d’être. Cette perspective saisissante révèle le pouvoir fantasmatique l’objet sexuel en tant qu’objet sexuel. L’intérêt de s’y réduire revêt alors une dimension érotique : le désir de Toute-Puissance et d’assujettissement absolue, non pas d’un maître envers son esclave, comme dans une quelconque comédie BDSM, mais d’un propriétaire envers sa chose.
Au diable donc les tergiversations autour de l’IA en tant que partenaire sexuel, ce débat pour philosophe de Blade Runner. La poupée sexuelle doit être conçue, pensée, appréciée pour ce qu’elle est, un objet de fantasme, une page vierge, un fétiche neutre à même d’exorciser le penchant mégalomane de l’humain qui la possède.
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