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Je suis voyeur… et j’assume !

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Le voyeurisme consiste à éprouver du plaisir en épiant d’autres personnes, nues ou en train de faire l’amour. Nous avons rencontré certains de ces hommes qui prennent leur plaisir en observant celui des autres. Ils nous ont livré quelques plans, et leurs petits “trucs”.

 

À la terrasse d’un café parisien, j’attends Marc, voyeur invétéré que j’ai réussi, après quelques semaines d’e-mail insistants, à convaincre pour une interview. En même temps, je découvre, en parcourant un quotidien, qu’un jeune Français vient juste de se faire poisser, en flagrant délit de “tentative de voyeurisme”, dans un grand magasin. Le malchanceux turlupin chignolait consciencieusement la paroi d’une cabine d’essayage, dans l’espoir d’entrapercevoir une gisquette tombant la culotte, de l’autre côté… À l’aide d’une caméra vidéo, il filmait également, de manière compulsive, sous les jupes des filles. La police a retrouvé chez lui des dizaines de vidéos volées de petites culottes. Le jeu paraît bien puéril, et pourtant, la loi réprime sévèrement ce type de comportement. Le Code Pénal punit « d’un an d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende le fait, au moyen d’un procédé quelconque, de porter volontairement atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui ».

 

Marc vient s’asseoir en face de moi, petite quarantaine, look urbain branché, pas du tout le vieux pervers en imper que j’avais imaginé. Il me confie : « Souvent, la personne que l’on désire, on l’imagine nue. Mais moi, mon problème, c’est que je n’en désire pas une seule, mais des milliers ! » Selon lui, nous serions tous des voyeurs. Qui n’a jamais été excité en entendant ses voisins faire l’amour ? Allez, avouez, vous aimeriez tellement les observer par le trou de la serrure ! Et puis, le voyeurisme, c’est presque devenu une mode avec la télé-réalité… Grâce à ces émissions qui flatte le voyeur en chacun de nous, on peut, la conscience – presque – tranquille, mater des bombasses sous la douche, en toute impunité !

 

Marc, lui, s’est lassé des fantasmes et des écrans. Il voulait du réel, et il a décidé de passer à l’acte. « Habitant l’ouest parisien, j’avais entendu parler d’un lieu de libertinage particulièrement chaud, l’étang du Corra, dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Je m’y rends toujours en tenue militaire kaki. J’emporte une paire de jumelles avec moi. Quand je repère un couple qui vient s’isoler pour baiser, je me cache derrière un buisson, et j’observe… » Un vrai trappeur, ce Marc ! Se sent-il mal à l’aise ? « Pas du tout, tranche-t-il. En plus, les couples qui viennent là savent pertinemment que des gens vont les observer. Si les voyeurs existent, c’est parce qu’il y a des exhibitionnistes… » Nous y voilà ! Le voyeurisme peut devenir un amusant jeu de cache-cache pour tous les participants… « Les couples adorent baiser dans les bois en sachant qu’ils peuvent se faire surprendre, et observer, poursuit Marc. En plus, la période de crise actuelle est une aubaine pour les voyeurs comme moi. Les gens ont moins d’argent pour sortir, notamment en clubs libertins, et rechignent parfois à payer une chambre d’hôtel. Rien de tel, alors, qu’un petit coup vite fait dans le parking de l’entreprise, dans la voiture, ou au coin d’un bois ! » Tout le monde semble donc s’amuser en bonne intelligence. Certes, mais il reste à ne pas dépasser certaines limites : celles fixées par le consentement tacite des exhibitionnistes.

 

Claude, montpelliérain de 53 ans, ne fréquente pas les parkings ou les plages où les couples s’exhibent. Il l’a fait, voilà quelques années, mais aujourd’hui, sa recherche s’oriente exclusivement vers les couples qui font tranquillement l’amour dans la nature sans de douter que quelqu’un les regarde : « Pour moi, c’est mille fois plus excitant de regarder un couple qui ne sait pas qu’on l’épie, plutôt que de me masturber devant des libertins exhib du Cap d’Agde ! »

Stéphane a 48 ans, il est divorcé et vit dans les Alpes-de-Haute-Provence. Il connaît bien la région Sud, et sait où il peut avoir des chances de tomber sur des couples en train de faire l’amour. Quand il fait beau, il a ses coins à lui, dans la vallée du Jabron, sur les berges de la Durance ou de la Bléone, et du côté des petits étangs au sud de Manosque, sur la commune de Corbières. Sa technique pour ne pas éveiller les soupçons ? Il se transforme en pêcheur, en ramasseur de champignons, en joggeur…

 

Son meilleur souvenir : celui qu’il appelle le couple à la 307 grise. Elle, une jolie blonde d’une trentaine d’années, très chaude. Lui, un homme un peu plus âgé, sans doute la cinquantaine. Stéphane les a surpris à trois reprises. C’était l’été, dans un bois situé juste à la sortie de Digne : « J’étais quasi certain qu’il s’agissait d’un couple illégitime. J’ai pensé à un type qui baisait sa secrétaire, ou un VRP qui fricotait avec une de ses clientes !»

Le couple se retrouvait entre midi et deux. Et à trois reprises, il a assisté à leurs ébats. C’était « très chaud », d’après lui : fellation, cunnilingus, le souvenir d’une belle et forte poitrine, et d’une femme qui s’en servait à merveille pour exciter son partenaire… « La fille finissait toujours par chevaucher son amant, raconte Stéphane. C’était sans doute plus confortable pour elle ! » Et cette année encore, Stéphane va prospecter toute la région à la recherche de couples. Son grand fantasme : tomber un jour sur deux filles ou sur une femme avec deux hommes.

 

En poursuivant mon enquête, j’ai également rencontré Alain, 55 ans, voyeur repenti, qui a fréquenté pendant des années les parkings et aires de repos de toute la France. Alain a débuté sa carrière de voyeur en perçant, adolescent, des trous à la chignole dans les cloisons des vestiaires de la piscine (comme Marc, le héros de notre fait divers !). Puis, devenu adulte, son métier de VRP l’a emmené tous les jours sur les routes. « Les guides spécialisés m’orientaient vers les lieux les plus chauds, confesse-t-il. Mes déplacements professionnels m’emmenaient souvent en Bretagne. À Brest, le parking du Parc des Expositions est un haut lieu de libertinage ! Le ballet des voitures y est permanent. Une aubaine pour les voyeurs ! À trente bornes de Quimper, je connais un petit coin bien chaud, dans la baie d’Audierne, près de la Pointe de la torche. C’est un endroit secret, ne le révélez pas à vos lecteurs [désolé Alain, mais le devoir d’information, c’est sacré !] ! À Lorient, les quais du port de commerce sont assez réputés. Le long des docks, à partir de 22 h 30, les rencontres se multiplient. On trouve pas mal de couples, mais aussi quelques homos, et beaucoup de mateurs. Dans les Côtes d’Armor, Saint Brieuc regorge d’endroits bien coquins, comme le parking Le Bresillet, le parc des promenades, et les alentours de l’étang de Saint-Barthélemy. »

 

Chaud comme la Breizh, ce VRP ! Mais selon lui, les autres régions ne sont pas en reste dans le domaine des coquineries en plein air. « J’ai aussi fait des plans voyeurs dans le Sud, raconte-t-il. Notamment à Marseille, dans le fameux parc Borelly. L’endroit est réputé pour la drague entre couples échangistes, comme les contre-allées du Prado, le parking de la corniche, et les jardins de Bonneveine !”

 

Ce que confirme Philou, un autre mateur invétéré. Ce Marseillais bon teint connaît bien sa ville, et les endroits que nous venons de citer. Il ajoute à cette liste Callelongue, sur le parking de la Calanque. « Je vous assure qu’il s’en passe de belles, s’amuse-t-il. Il y a de quoi se rincer l’œil ! » Philou ne se contente pas d’observer. Il prend également des photos. En véritable passionné, il adore prodiguer des conseils aux apprentis mateurs. « Par exemple, pour trouver des “plans”, poursuit-il, il est nécessaire de se méfier énormément des récits des autres voyeurs. Les mythos sont nombreux parmi eux. Un conseil : écoutez-les parler, et ne livrez aucune information. Portez toujours des vêtements adaptés à votre environnement. Le top, c’est la veste réversible, avec à l’intérieur une doublure de couleur différente. C’est une disposition indispensable, qui permet de se changer rapidement si l’on est repéré. » Sage précaution, en effet ! Philou ajoute : « Attention également à la voiture. Certaines personnes adorent s’exhiber, mais d’autres détestent être surpris pendant l’acte. Garez votre véhicule assez loin du lieu où vous matez. Cela vous permettra d’éviter que votre “victime” ne vous attende à votre voiture pour vous prodiguer quelques amabilités. Prévoyez toujours une paire de jumelles, pour observer bien sûr, mais aussi pour surveiller ce qui vous entoure. Enfin, je vais vous confier une règle d’or pour tout voyeur : ne matez jamais près de chez vous ! »

 

Le point commun de nos trois mateurs, c’est la tendance à préférer les lieux de rencontre ou d’exhib. On est bien loin du mateur à l’ancienne, allant se rincer l’oeil dans le métro, ou lorgnant d’un œil lubrique sous les jupes… Tant mieux, après tout, si leur forfait s’effectue avec le consentement de leurs « victimes ». Le plaisir est toujours là, sans les désagréments. Un jeu plutôt innocent, finalement…

 

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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