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Politique sous X

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Aux US, jamais Pornoland n’a été aussi clivé. La raison ? La politique évidemment. Entre pro et anti-Trump, le torchon brûle avec les élections de 2020 qui se profilent. Politisées, les pornstars américaines sont en première ligne dans la défense des libertés. Toutes les libertés, et ça rend la situation compliquée. Topo.

La maquilleuse pose sa dernière touche d’eyeliner. Le trait est léger, juste de quoi dissimuler les pattes d’oie de Carolyn Paparozzi. Dans quelques minutes, cette sculpturale blonde aux gros seins montera sur un podium face à un pupitre pour annoncer qu’elle renonce à se présenter à l’investiture démocrate en vue des élections présidentielles américaines de 2020. Pourtant, Carolyn n’a pas grand chose à voir avec une Hillary Clinton. Dans sa seconde vie, elle s’appelle Cherie DeVille. Là, c’est sûr, ça parle plus. Cherie est tendance démocrate aile gauche dans le sillage de Bernie Sanders, avec une pointe de libertarisme piqué à Ralph Nader, le Jacques Cheminade sauce BBQ. En marge de quelques sodomies promptement exécutées, Cherie a attrapé le virus de la politique. Et elle n’est pas la seule.

LobbyX

En 1976, Jimmy Carter, candidat démocrate à la présidence, accorde une interview au magazine Playboy. Les Républicains pètent les plombs. Dès lors, ils ne lâcheront plus le porn quand bien même Playboy n’en est que la vitrine soft. La même année, l’Adult Film Association of America fut fondée pour lutter pied à pied avec les groupes de pression religieux et conservateurs, très actifs outre-Atlantique. Son successeur, la Free Speech Coalition (FSC), s’est organisée en véritable lobby, participant à plus de 2000 procès pour défendre les droits de l’industrie. De plus, l’association gère la base de données de dépistage des Infections sexuellement transmissibles. C’est donc un organe central et pivot du X. Sur l’échiquier politique, la FSC est démocrate, ce qui, pour schématiser, correspond à la gauche en France. Le parti démocrate, progressiste, a longtemps eu les faveurs des acteurs du porn par opposition au conservatisme du Parti républicain. Des légendes comme Ron Jeremy ou Nina Hartley sont investies auprès de lui depuis des décennies. Toutefois, depuis quelques années, les pornstars sont de plus en plus nombreuses à rejoindre le bord opposé.

Le Gop comble le gap

Primo, dans une longue enquête, le très sérieux Politico relève que le Grand Old Party n’est plus si anti-porno que ça, constatant que son électorat finissait par tolérer moralement ce qu’il réprouvait auparavant. Une enquête étayée par un sondage de Gallup dans lequel 43% des Américains considèrent que la pornographie est morale en 2018 contre 30% en 2011. Le changement des mentalités est entériné par l’éléphant (symbole du Parti républicain). Deuxio, les figures du Parti démocrate comme Clinton, Sanders et Elizabeth Warren ont toutes voté l’année dernière en faveur de deux lois : le « Fight Online Sex Trafficking Act » et le « Stop Enabling Sex Traffickers Act » plus connues sous les noms de FOSTA et SESTA. Ces lois sont accusées de mettre des bâtons dans les roues des travailleurs du sexe au lieu de lutter contre le trafic d’êtres humains. La mesure la plus concrète de cet arsenal qui terrorise les pornstars est la privation de compte bancaire. De quoi échauder une actrice comme Sydney Leathers et toutes celles qui soutiennent traditionnellement les démocrates : « On a déjà vu des politiciens qui n’avaient aucune idée de ce qu’était le trafic d’êtres humains, incapables de faire la distinction entre ce qui est subi et ce qui est consenti. Tout ce que je fais est en ligne et légal, mais c’est flippant : je ne suis pas certaine qu’ils ne peuvent pas fermer mon compte à n’importe quel moment ». A l’autre bout de l’échiquier, c’est un authentique amateur de pornstar qui en profite : le Président lui-même.

Donnie & Bernie

En effet, le X s’est polarisé autour de deux figures : Donald Trump et Bernard Sanders. Les pornstars partisanes du premier pensent qu’il facilite le business et les soulage en impôts, mais n’assument pas toujours leur soutien. « Je déteste répondre à cette question car il est impopulaire, mais je soutiens Trump confesse Eva Lovia. J’aime mon argent. Je suis désolée, mais je veux le garder. Le taux d’impôt réduit, je suis pour ». Même son de cloche chez Mary Carey ou Anna Bell Peaks. Célèbre pour s’être envoyée en l’air avec Trump avant qu’il n’achète son silence, Stormy Daniels est une fille de militaire et républicaine pur jus. Elle n’a jamais caché qu’elle soutenait la NRA, le lobby des flingues. Son embrouille avec Trump fut du pain bénit pour relancer sa carrière alors qu’elle a largement dépassé la date de péremption. D’ailleurs, à l’instar de Cherie DeVille, elle aussi s’est lancée brièvement dans la campagne présidentielle armée de son slogan « Make America Horny Again ». Une parodie de campagne qui a grandement contrarié DeVille qui affichait quant à elle le mot d’ordre « Make america Fucking Great Again ».

Totalement opposé idéologiquement, le démocrate Bernie Sanders conserve néanmoins le soutien de la majorité des pornstars car il a des positions progressistes sur les questions sociales. Officiellement candidat aux prochaines présidentielles de 2020, il n’a pas le profil du Potus qui fera chier l’industrie et récupère le vote de ceux et celles qui veulent un contrôle sur les armes ou fument des tas de pétards entre deux tournages. C’est le cas de Dana DeArmond (qui trouve curieusement que la principale qualité de Sanders est d’être juif), Alana Rae ou Ela Darling.

Pour résumer ce beau bordel, le dernier mot revient au réalisateur Will Ryder : « Je supporte Mc Govern car je crois qu’il soutiendra bien mieux notre effort de guerre que Nixon ».

Un prophète !

Journaliste professionnel depuis 2003. Rédacteur du magazine Hot Video de 2007 à 2014.

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