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L’orgasme et l’éjaculation, c’est la même chose ?

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Et si l’on s’attaquait (enfin !) aux nombreux préjugés concernant la sexualité masculine ? L’un des plus répandus concerne la confusion fréquente entre orgasme et éjaculation : « bien sûr qu’il a eu un orgasme, puisqu’il a éjaculé », « il a éjaculé, donc il a eu un orgasme »… Vous aussi, vous avez déjà entendu ça ? Petite mise au point.

Rappelons tout d’abord ce que signifient les termes « éjaculation » et « orgasme ».

L’éjaculation se définit par l’expulsion de 2 à 5 cm3 de sperme par le méat urétral. Elle s’effectue en deux phases. D’abord, le sperme s’accumule dans l’urètre prostatique : c’est la phase d’émission, le moment où le sperme, mélange de sécrétions prostatiques, vésicales, et de spermatozoïdes, se fabrique. Quand le sphincter de l’urètre se relâche, et que les muscles périnéaux se contractent, c’est la phase d’expulsion. Le sperme jaillit en saccades. L’éjaculation s’accompagne en général d’une accélération de la fréquence cardiaque, du tonus musculaire et de la tension artérielle. Il s’agit, comme l’érection, d’un phénomène réflexe.

L’orgasme, acmé du plaisir, coïncide à peu près avec l’expulsion du sperme. Mais ce n’est pas un réflexe neurologique comme l’éjaculation. L’orgasme est un pic d’émotions et de sensations positives, qui se produit dans le cortex cérébral. Il est fortement dépendant du contexte émotionnel et affectif. Chez l’homme, les orgasmes varient en intensité, comme chez les femmes. Cette intensité a tendance à diminuer avec l’âge.

L’éjaculation précède l’orgasme de quelques dixièmes de seconde. Certains médecins, comme le neurologue Jean-Jacques Labat, attribuent la sensation orgasmique à la perception par le cerveau de la décharge éjaculatoire. Pourtant, la sexualité masculine n’est pas aussi prévisible et uniforme qu’il y paraît. Elle comporte encore beaucoup de mystères. Ce qui peut s’expliquer en partie par le peu d’intérêt que suscite l’orgasme masculin. Dans son fameux rapport sur la sexualité des hommes, la sexologue Shere Hite ne consacre qu’une seule des 450 pages de son indigeste pavé à la jouissance masculine ! À côté des innombrables études sur l’orgasme féminin (vaginal, clitoridien, anal, superficiel, profond, etc.), l’orgasme masculin semble tellement aller de soi qu’il est très peu étudié. Il est vrai qu’il est plus facilement atteint que l’orgasme féminin (au sein d’un rapport sexuel en couple, nous ne parlons pas ici de masturbation…).

Mais toujours est-il qu’aujourd’hui, on se pose encore la question : un homme peut-il éjaculer sans éprouver d’orgasme, et peut-il obtenir un orgasme sans éjaculer ?

L’éjaculation sans orgasme

Il arrive parfois qu’un homme n’éprouve aucun plaisir dans l’acte sexuel, même si celui-ci « laisse des traces », si l’on peut dire. Il existe, en effet, des éjaculations sans orgasme, ou « anhédoniques ». Elles sont souvent prématurées, de celles qui adviennent après deux coups de reins, quand l’excitation est trop intense ! La plupart des hommes ont déjà vécu cette situation : on peut tenter de retarder l’éjaculation, en pensant à sa belle-mère ou en associant mentalement chaque joueur de son équipe de foot préférée à son numéro de maillot, mais quand le point de non-retour a été franchi, inutile d’essayer de revenir en arrière ! Malgré ces efforts, le résultat sera toujours une éjaculation accompagnée de peu de plaisir. Ce qui se révèle extrêmement frustrant pour les deux partenaires. À la limite, si un homme sent l’éjaculation imminente et irréversible, il est inutile qu’il se stresse. Un petit message pour les femmes : conseillez-lui plutôt de se laisser aller. Autant que l’un des deux partenaires éprouve une satisfaction !

L’orgasme sans éjaculation

L’homme peut également faire l’expérience d’un orgasme sans éjaculation. Celui-ci est soit pathologique, soit volontaire.

Dans le premier cas, il s’agit sans doute d’éjaculation rétrograde (le sperme reflue vers la vessie), ou d’une anéjaculation consécutive à une opération de la prostate.

Mais l’on peut également s’entraîner à obtenir des orgasmes sans éjaculation, à condition de bien connaître son corps. Il s’agit surtout de faire durer le plaisir en conservant son érection, et de retarder le moment fatal qui sera suivi, inévitablement, d’une détumescence et d’un sérieux coup de barre (inutile de lutter, c’est un phénomène naturel…). Il faut contracter fortement les muscles pubococcygiens (ils s’étendent de l’os pubien jusqu’en bas de la colonne vertébrale, et servent à contrôler la miction) avant le point de non-retour. C’est un blocage mécanique de l’éjaculation.

On peut également appuyer très fortement sur le périnée, à la base de la hampe, pour bloquer l’éjaculation. Ces exercices demandent de l’entraînement, mais il n’est pas si compliqué d’y parvenir. La difficulté principale est de s’astreindre à une discipline de son corps, dans un moment où l’on aurait plutôt envie de se laisser aller au plaisir !

Si on maîtrise ces techniques, on peut parvenir à un « palier » extatique, proche de l’orgasme sans l’atteindre tout à fait, puis revenir en arrière, ce qui permet de conserver l’érection et de faire durer le plaisir. Les pratiquants du tantra connaissent bien les techniques qui permettent de diffuser l’orgasme dans tout le corps, grâce à la respiration et à la relaxation, ou bien de prolonger le plus longtemps l’état qui précède immédiatement l’orgasme.

L’orgasme « sec »

Il existe un moyen de jouer avec les sensations pré-orgasmiques sans aller jusqu’à l’éjaculation : le massage prostatique. Cette technique que les plus intrépides d’entre vous connaissent déjà, consiste à introduire un ou deux doigts dans l’anus, et à masser doucement cette glande en la poussant vers l’avant. Évidemment, pour certains hommes, il est difficile de résister bien longtemps à la volupté de ces caresses : l’orgasme peut arriver sans crier gare, surtout lorsqu’on associe stimulation anale et pénienne ! Mais avec la pratique, on peut apprendre à contrôler son excitation en côtoyant les sommets du plaisir sans jamais les atteindre. On peut ainsi vivre des sensations comparables à l’orgasme « classique », accompagné d’une éjaculation, mais en évitant celle-ci, et donc en conservant ses capacités érectiles. Le ressenti lié à ce type d’expérience varie évidemment d’un homme à l’autre, mais à force d’entraînement, et d’échanges avec sa partenaire, sachez que l’homme peut, lui aussi, comme certaines femmes, devenir multiorgasmique ! Mais c’est un autre sujet…

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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