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Les fans de porno moins sexistes ?

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De récentes études démontreraient que les consommateurs assidus de X, loin d’être aussi dépravés qu’on les dépeint, seraient au contraire bien plus larges d’esprit que la moyenne des hommes. Par quel tour de magie le fan de porn passe de phallocrate à féministe friendly ? Éléments de réponse.

Quand on entame une carrière de pornstar, on ne sait jamais à quelle sauce on va être mangé. On anticipe parfois d’avoir à se coltiner les pires cinglés, capables de faire l’hélicoptère avec la queue devant son domicile. On sait qu’une partie de soi-même, celle avec le pseudo, ne nous appartient plus. Parmi les moments les plus anxiogènes, il y a l’épreuve des salons pour celles qui choisissent d’aller à la rencontre de leurs fans. A la fin du premier weekend, le constat est le plus souvent sans appel : plutôt qu’une bande d’obsédés lubriques, elles ont vu défiler une procession d’hommes et de couples plus respectueux les uns que les autres, attendant religieusement leur tour afin d’avoir un strip ou une dédicace. Et c’est pareil dans chaque pays du monde : l’ambiance d’un salon de l’érotisme est plus proche d’un salon du cosplay comme le Comic Con que de l’Eros de Barcelone (car l’Espagne est l’exception qui confirme la règle).

La science à la rescousse

Et voilà qu’un groupe de chercheurs a publié une étude dans la revue Sociological Forum qui vient confirmer l’impression générale qui se dégage chaque fois que des fans interagissent avec leurs actrices favorites : non, ils ne sont pas plus sexistes que la moyenne des hommes. Ils sont même plus progressistes. En effet, les auteurs de l’étude se sont intéressés à un panel de 294 hommes ayant participé à l’Adult Entertainment Expo de Las Vegas 2017 en tant que visiteurs. Une série de problématiques leur a été soumise, qu’ils pouvaient soutenir ou contredire. Les sujets abordés étaient axés sur la place des femmes dans la société : au travail, en politique ou au sein de la cellule familiale et leurs réponses ont été comparées à celles d’un groupe témoin de 863 hommes pris au hasard. Résultat : bingo, les fans de porno ne sont pas plus sexistes ou misogynes que la moyenne. Au contraire, ils sont même plus progressistes sur les questions d’égalité dans le cadre du foyer et au travail. « Plus de 90 % des fans de porno (contre 70 % de la population générale) sont d’accord sur le fait que les mères de famille qui travaillent offrent à leurs enfants un environnement aussi sur et positif que les mères au foyer expliquent les auteurs de l’étude au site Phys.org. Quand on leur suggère que les hommes et les femmes doivent conserver une répartition classique des tâches au sein du foyer, 80 % des fans de porn sont en désaccord, contre 73 % de la population témoin ». 

Une pierre dans le jardin des antiporno

En 2016, une précédente enquête publiée dans The Journal of Sex Research avait abouti aux mêmes conclusions, à rebours des arguments des féministes les plus acharnés qui accusent le porno d’entretenir les penchants masculins les plus vils. « Nos constatations vont à l’encontre de ce qu’on appelle le paradigme des effets négatifs qui réduit le porno à quelque chose de mauvais par essence et qui cultive des attitudes blessantes » avaient argué les chercheurs de l’Université de l’Ontario de l’Ouest. Toutefois, les auteurs de cette étude ont aussi constaté ne pas avoir trouvé une évidente relation de cause à effet. En effet, les comportements sexistes peuvent se révéler au sein de sous-groupes alors que chaque sujet pris individuellement sera doux comme un agneau. Ce sont d’ailleurs les conclusions d’une première étude menée conjointement en 2013 par des chercheurs des universités de Copenhague et de Californie : mater du porno renforcerait les comportements sexistes au sein des groupes hétéro, dont la cellule de base est la bande de potes. Mais les psychologies du groupe et de l’individu ne sont pas nécessairement linéaires et liées. À ce titre, un parallèle peut être tenté avec les insultes considérées comme homophobes qui descendent des tribunes des stades de football. Sorti du contexte collectif, chaque supporter n’est pas automatiquement un affreux facho, de même que chaque amateur de gangbang n’est pas un violeur en puissance. « En tout cas, aucune preuve ne vient l’étayer, constatent les chercheurs. Nous n’avons encore que peu de recul au niveau statistiques, mais la rhétorique antiporno actuelle ressemble plus à une forme de panique morale qu’à une véritable crise de santé publique ». Le contraire nous aurait étonné.

Journaliste professionnel depuis 2003. Rédacteur du magazine Hot Video de 2007 à 2014.

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