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Le cuckold ou le plaisir d’être cocu

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Se taper son amant avec le mari dans la même pièce, c’est osé. La même chose et se servir de lui comme d’un tabouret, est-ce carrément surréaliste ? Non, c’est juste porno et ça s’appelle le cuckold ou comment humilier son mari pour son plus grand plaisir.

C’est beau le mariage jusqu’à ce que votre femme vous demande non plus de débarrasser la table mais d’être la table, pour que son amant et elle puissent déguster du homard sur votre dos avant de s’ébattre, vous mettant des petits coups de pied au passage. Nous ne sommes pas en 2048, sous une gynocratie, mais sur un plateau porno en 2017.

 

Cocufiage 3.0

Si les histoires de cocu ont toujours constitué un fond de commerce pour le porno, celles-ci ont évolué. Plus trop question désormais pour une femme de se faire filmer en train de tromper discrètement son conjoint pendant qu’il turbine. En fait, de tromperie, il n’y a plus. Tout se fait au grand jour, avec ou sans le consentement du premier concerné, l’époux, du moment qu’il est aux premières loges et dans une posture humiliante de préférence. Ainsi, réputé être un repaire de phallocrates, le porno a pourtant inventé un genre : le cuckold. Un genre dans lequel les femmes mènent la danse et l’orgueil des mecs en prend plein la gueule.

 

Girl Power

L’évolution a eu lieu au tournant des années 2010 et appelle un constat : dans beaucoup de films, l’actrice ne doit plus donner l’impression de subir ou n’être que le jouet de ses pulsions. En effet, à l’heure où les producteurs et distributeurs voient leurs marges rabotées, il est vital d’élargir leur audience au maximum et d’éviter de prêter le flanc à la critique de ceux qui ne voient dans les pornocrates que d’horribles exploitants de la condition féminine. « Au moment où Kink était dans l’œil du cyclone parce que ce qu’ils faisaient était trop hardcore explique Peter Warren du magazine AVN, le business a senti qu’il était dans son intérêt de s’éloigner de cette ligne. Les actrices avaient l’air de trop subir, la pub était mauvaise et le climat politique délétère. Les histoires de cocu et de famille ont permis au porno de se réconcilier avec le grand public et de ne pas céder au « toujours plus » que réclamait le noyau dur des spectateurs ». Alors que le studio SM de San Francisco se débattaient dans ses emmerdes avec le FBI, que Max Hardcore était coffré pour être allé trop loin dans ses vidéos, la plupart des producteurs revenaient aux fondamentaux non sans oublier d’y introduire les particularités du monde contemporain. Ainsi ont commencé à sortir nombre de films de maris cocus « nouvelle génération » ou de beaux-pères obligés de mater leur belle-fille aussi insolente que bandante en train de sucer leur petit ami aux airs de clandestin africain. « Il fallait remettre la mise en situation au centre des films reprend Warren. Même si la plupart des actrices adorent les expériences hardcore, contrairement à ce que pensent les détracteurs du porno, tout le business a jugé vital de revenir à des histoires proches du public et surtout d’essayer de toucher le public féminin. Avec le cuckold, tout le monde est content, les mecs parce qu’il ont une scène perverse et excitante, souvent en trio, et les femmes car ce sont elles qui dirigent la scène ». Et pour diriger, elles dirigent ! Si certaines productions se cantonnent de faire asseoir un pinpin face à la scène pour lui infliger un supplice de tantale, façon Digital Sin et sa série Cuckold Stories, d’autres, à l’instar du studio Severe Sex vont laisser carte blanche à l’actrice pour se déchaîner et prendre, par exemple, la tête du mari cocu pour le faire sucer jusqu’à la garde la queue de l’amant.

 

Bi Power

C’est là, l’autre point notable du cuckold : le mélange des genres. Auparavant, complètement cloisonné, les porno hétéro et gay opèrent une fusion dans les films de cocu content. Nombre de scènes peuvent se terminer par un mari s’adonnant au léchage du sperme de l’amant sortant du vagin, communément appelé creampie. Dans d’autres, le gode-ceinture sera de sortie et une queuleuleu chère au regretté Bezu se formera spontanément. Une évolution de la production qui va une nouvelle fois de pair avec ce qui s’observe à l’échelle sociétale : les frontières entre les différentes sexualités sont bien plus floues, quitte à heurter la sensibilité de certains une fois la queue à la main.

Le sanglot de l’homme blanc

Car le cuckold est aussi et surtout l’occasion de voir à quel point le porno illustre jusqu’à la caricature les clivages qui traversent la société : le triomphe de l’homme fort sur la lopette, la revanche de la force brute sur l’intello, de l’homme de couleur sur le bourgeois blanc. Chacun est prié de rester dans son rôle. L’énorme chibre de Sean Michael ne sera pas celui du cocu au contraire du hipster barbu qui roule en Tesla mais verra sa blonde jouir entre les bras tatoués du hardeur black. Le public porno est ainsi : il flirte avec le tabou, fantasme sur sa propre déchéance et frissonne d’un plaisir coupable et honteux.

 

Journaliste professionnel depuis 2003. Rédacteur du magazine Hot Video de 2007 à 2014.

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