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Sexualité des seniors : le plaisir n’a pas d’âge !

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Après 50, 60, 70 et même 80 ans, on ne s’amuse pas qu’en faisant du jardinage ou des tartes aux pommes ! Avec l’allongement de l’espérance de vie, la sexualité des seniors s’annonce comme l’un des grands sujets de société des années à venir. Tant mieux, car une libido active et épanouissante permet de vivre plus vieux, et en meilleure santé.

La ménopause et ses effets

Chez les femmes, la disparition des règles, conséquence de la fin de l’activité ovarienne, s’accompagne d’un arrêt de la production hormonale. L’œstradiol, « l’hormone de la féminité » n’est plus fabriquée par les ovaires, entraînant l’arrêt de la fabrication de la glaire cervicale, nécessaire à la lubrification. Les androgènes, eux aussi produits par l’ovaire, vont diminuer de moitié, provoquant une baisse du désir sexuel.

Parmi les signes cliniques, certains peuvent altérer la sexualité, comme la sécheresse vaginale pouvant entraîner une dyspareunie (douleurs à la pénétration). Les troubles psychologiques sont nombreux : dépression, sautes d’humeur, irritabilité… Mais ce n’est pas une fatalité, loin de là.

L’inaltérable Brandi Love

L’espérance de vie des femmes est de 85 ans. Cela veut dire qu’elles vivent en moyenne trente-cinq ans en état de ménopause. Comment optimiser sa qualité de vie en général, et sa sexualité en particulier ? Par une hygiène de vie saine, bien sûr : activité physique régulière, régime équilibré et arrêt du tabac sont fortement recommandés.

Les troubles de l’humeur peuvent être traités par les antidépresseurs, mais ceux-ci comportent des effets secondaires néfastes, comme une altération de la sexualité !

Selon une enquête menée en 2013 par le CSA, à la demande des laboratoires Boiron, 37 % des femmes interrogées affirment avoir recours à un traitement hormonal, à cause de l’impact de la ménopause sur leur vie sexuelle. Les résultats sont plutôt satisfaisants : on a remarqué une amélioration de la libido grâce à l’apport d’œstrogènes. Autre traitement efficace : le Tibolone, stéroïde de synthèse, réduit les bouffées de chaleur, et son action androgénique a un effet booster sur la sexualité.

Une prise en charge psychologique est également possible. Hélas, les seniors ont tendance à sous-estimer les symptômes d’ordre sexuel, estimant – à tort – qu’il est normal, à partir d’un certain âge, que la libido diminue.

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Les cougars s’éclatent

Fort heureusement, toutes les femmes ne sont pas concernées, et nombreuses sont celles qui, après 50, 60 ans ou même plus, revendiquent une forte libido, et jouent même de leur expérience pour séduire des hommes plus jeunes qu’elles. Décomplexées, les cougars et autres MILF n’hésitent plus à s’imposer sur le marché de la séduction, et, si l’on en croit le nombre de vues sur les sites X, le genre « femme mûre » connait un succès qui ne se dément pas ! Avec l’évolution de la société, et la fin du couple « pour la vie », sont apparues des femmes de plus de 50 ans, indépendantes financièrement et sexuellement, qui assument leurs envies de se faire plaisir, parfois avec des jeunes de plus de vingt ans leurs cadets. On peut citer quelques figures incontournables : Madonna, à l’approche de la soixantaine, vient de s’offrir un nouvel amant de 25 ans. Tilda Swinton, 52 ans, vit une relation passionnelle avec le peintre Sandro Kopp, de 17 ans son cadet. On pourrait en citer bien d’autres, comme Mariah Carey, Jennifer Lopez, ou une certaine Première Dame…

Servane Vergy, quinqua hardie et décomplexée, explique dans son livre Osez… devenir une cougar (La Musardine) que « les cougars en ont dans la culotte (…) au sens propre comme au figuré. Elles sont généralement bien plus expérimentées que leurs homologues jeunes et novices. Mais surtout bien plus effrontées, car elles savent pertinemment qu’à leur âge, tourner autour du pot ou attendre que les feuilles tombent ne sert à rien : quand elles ont envie d’y aller, eh bien, elles y vont ! Ça passe ou ça casse, et si ça casse, leur moral, lui, reste intact. Elles ne vont pas en faire une affaire d’État ou risquer de se froisser l’ego pour un jeune type qui ne sait pas ce qu’il perd ! »

La ménopause chez l’homme

Et les hommes, dans tout ça ? En vieillissant, ils éprouvent de plus en plus de mal à obtenir une érection soutenue, ferme et durable. Il s’agit donc de les stimuler davantage. La sensibilité du pénis peut elle aussi diminuer, ce qui est tout à fait normal.

Vieux et jeunettes ; une niche du X qui cartonne !

Les médicaments traitant la dysfonction érectile, permettant de pallier le manque d’afflux sanguin dans le pénis, sont pris aujourd’hui par des millions d’hommes dans le monde, et leur sécurité est bien établie.

Les autres effets notables du vieillissement sont, chez l’homme :

  • Une éjaculation advenant sans perception de sa montée.
  • Des contractions moins intenses de l’urètre pendant l’éjaculation, et une quantité de sperme moins abondante.
  • Un allongement de la période réfractaire.

Ces changements liés à l’âge, même s’ils peuvent susciter des inquiétudes, ne perturbent aucunement les sensations orgasmiques.

Vivre au mieux sa sexualité

Une sexualité épanouie dépend d’un certain nombre de facteurs, dont les principaux sont la santé et l’image de soi. Il faut aussi prendre en compte la manière dont le couple va gérer la cohabitation au quotidien. La retraite signifie souvent, pour les vieux couples, une existence en vase clos que la vie professionnelle permettait d’éviter, par l’apport d’informations venant de l’extérieur, et des temps d’absence qui permettaient de préserver des moments individuels. Retraite peut également signifier un certain laisser-aller. Or, il est nécessaire de préserver des intérêts communs dans le couple, car la sexualité n’est possible que si d’autres plaisirs sont partagés. La sexualité s’épanouit en grande partie grâce au regard de l’autre, pour autant que celui-ci soit toujours chargé de désir.

Bev

Savoir vieillir aujourd’hui

En tout cas, il est certain que l’intérêt pour la sexualité ne diminue pas avec l’âge. Cette réalité est finalement peu acceptée dans une société où la jeunesse et la beauté sont survalorisées, et ou le désir est toujours associé au fait d’être désirable !

De plus, notre société souffre d’une conception idéalisée du vieillissement : comme si nos ancêtres devaient parvenir, dans leur grande « sagesse », à renoncer aux plaisirs charnels. Un vieux éprouvant du désir, cela semble déplacé, presque suspect. Ce qui en dit long sur notre rapport à notre propre sexualité. Selon Maïa Mazaurette, « on attend des personnes âgées une forme de renoncement aux plaisirs terrestres, via une sagesse qui les placerait magiquement hors d’atteinte des émotions fortes. Or si l’on pousse cette dernière explication dans ses retranchements, il est très possible que notre agressivité envers la sexualité des seniors révèle paradoxalement notre aspiration à l’abstinence. Je m’explique : si nous voulons croire que les anciens ne couchent pas, c’est parce que nous aimerions être libérés du sexe. Car si les vieux sont sages et qu’ils renoncent à la sexualité, c’est bien qu’on considère cette dernière comme irrationnelle – un désordre de jeunesse » (Le Monde, 29 janvier 2017).

Pourtant, une récente étude a montré que 93,4 % des personnes âgées de 80 à 91 ans (oui, vous avez bien lu !) continuent à aimer la sexualité. Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, qu’elles ont une activité sexuelle régulière. Mais le désir est toujours là. 46 % des hommes et 33 % des femmes de plus de 70 ans se masturbent. Les femmes trouvent, à 62 %, que leur sexualité de senior est aussi satisfaisante ou même plus satisfaisante que la sexualité de leurs 40 ans (source : Centre universitaire de promotion de la santé sexuelle de l’Indiana).

Il n'y a pas d'âge pour se faire du bien !

Il n’y a pas d’âge pour se faire du bien !

D’ailleurs, quand les femmes âgées se retrouvent sans partenaire (à cause de la différence de ratio hommes/femmes), elle continuent à se masturber, ce qui est parfois perçu par les intéressées comme anormal, comme si la sexualité, à un âge avancé, ne devait plus exister.

L’âge va imposer aux seniors des contraintes qui nécessiteront une adaptation de leur sexualité (trouver de nouvelles positions, par exemple), ce qui sera l’occasion de développer une nouvelle complicité.

La sexualité ne se réduit pas à une mécanique – la génitalité n’est pas tout – mais concerne toute une gamme de potentialités qui engage l’ensemble du corps. Pour les seniors, varier les plaisirs dans la relation est une nécessité, si l’on ne veut pas vivre dans le regret d’une sexualité de jeunesse, que l’on aura tendance à idéaliser. La sexualité doit rester, à tout âge, un champ d’expérimentation permettant de s’ancrer dans la vie.

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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