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Je suis en couple et je me masturbe, c’est normal ?

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Rarement considérée comme une activité sexuelle à part entière, mais plutôt comme un moyen de compenser l’absence de partenaire, la masturbation n’est pourtant pas forcément liée à la frustration. « Valeur la plus sûre de nos gestes d’amour », selon le psychiatre Philippe Brenot, elle joue même un rôle important, et souvent positif, au sein du couple…

La masturbation accompagne l’individu tout au long de sa vie. A l’adolescence, elle permet d’apprendre à se connaître, avant les premières expériences sexuelles. Comment, en effet, pourrait-on guider un partenaire dans l’apprentissage de son corps, si l’on ne sait pas se faire jouir soi-même ? Selon le psychiatre et anthropologue Philippe Brenot, auteur du Nouvel éloge de la masturbation (éd. L’esprit du temps, 2013), la sexualité « est fondamentalement apprise par soi avant d’être vécue avec un(e) amant(e). »

Les bienfaits de la masturbation

À moins qu’une femme ignore son propre corps jusqu’à s’identifier au désir de l’homme, elle peut rarement avoir un orgasme avec une simple pénétration, sans stimulation directe ou indirecte de tout le réseau clitoridien. Le vagin étant peu sensible, la pénétration et le va-et-vient du pénis ne procurent qu’une excitation diffuse, plus psychologique, et liée à un contexte d’excitation L’introduction du pénis apaise la sensation de « vide vaginal », mais elle « disperse » les sensations. Le clitoris permet à la femme d’obtenir facilement et rapidement un orgasme. Certes, certains hommes savent comment faire jouir une femme en stimulant son clitoris, mais la masturbation apporte à la femme une autonomie sur le plan sexuel. Il est parfaitement normal qu’elle se masturbe, seule ou même avec son partenaire.

Chez l’homme, la masturbation permet de mieux comprendre le réflexe éjaculatoire. Mais pas seulement. Si l’autostimulation consiste, la plupart du temps, à empoigner son pénis dans un mouvement de va-et-vient, cette expérience solitaire peut également lui permettre de découvrir d’autres zones érogènes. Il peut explorer son corps, stimuler ses tétons, ses fesses, son anus… Le sexe en couple n’en sera que plus épanouissant.

Pour elle comme pour lui, la masturbation permet de se recentrer sur soi, sur ses fantasmes, sans se préoccuper du regard de l’autre, ou de son plaisir. Non par égoïsme, mais pour se rendre plus disponible pour l’autre.

 

Pourquoi se masturber alors qu’on est en couple ?

L’homme peut aussi se masturber lorsque sa partenaire éprouve moins de désir, comme, par exemple, lors des délicats premiers mois de grossesse… On comprend la fonction équilibrante de la masturbation : elle permet à l’homme de ne pas harceler une compagne qui n’a pas forcément autant envie que lui ! La masturbation peut alors servir de « variable d’ajustement » dans la vie sexuelle d’un couple. Selon Philippe Brenot, « elle joue un rôle tampon entre les deux partenaires, leurs sensibilités différentes, leurs désirs, leurs plaisirs ». Par exemple, une femme peut se masturber si son partenaire a obtenu un orgasme avant elle. Ou encore, si son envie de faire l’amour est plus forte que celle de son compagnon. Elle peut même se préparer à un rapport sexuel avec son amant, en se masturbant. Ce premier orgasme va créer un contexte d’excitation qui lui donnera envie de sexe, mais à deux, cette fois !

La masturbation doit être comprise comme le moyen de se libérer ponctuellement d’une tension. C’est un moment privilégié où l’on peut se « lâcher », sans la pression qu’exerce parfois un partenaire pressant, ou exigeant.

Pourtant, la masturbation est parfois mal perçue au sein du couple. Un homme ou une femme surprenant son conjoint en train de se masturber peut se sentir en quelque sorte « remplacé » ou « trompé ». Évidemment, il n’en est rien. Ne dramatisez pas, et n’accablez surtout pas votre partenaire si vous le surprenez ainsi. Ne croyez pas non plus que votre conjoint(e) se masturbe forcément par défaut. Dites-vous que ses masturbations occasionnelles sont autant d’indices de sa bonne santé sexuelle. Demandez-lui plutôt s’il pense à vous dans ses plaisirs solitaires, cela ne manquera pas de pimenter votre sexualité de couple ! La masturbation peut alors donner lieu à des jeux érotiques : expliquez à votre partenaire comment vous vous masturbez, puis caressez-vous mutuellement. On peut même aller plus loin, en se caressant devant l’autre : voilà une belle preuve d’abandon et de confiance !

Quand la masturbation devient un problème…

Jardin secret de notre sexualité, la masturbation ne devient un problème que si elle est pratiquée de façon trop régulière. Si vous vous masturbez quotidiennement, vous risquez, en avançant en âge, de devenir moins entreprenant, et moins dynamique. La masturbation entretient un réflexe mécanique de rapidité qui peut être néfaste pour le couple. Les sexologues s’accordent sur ce point : si elle devient un besoin compulsif, elle est un symptôme d’anxiété. On ne parle plus de plaisir…

De même, la masturbation pratiquée trop fréquemment peut indiquer une impossibilité à vivre pleinement sa sexualité en couple. Gare à l’enfermement dans un imaginaire qui finirait par exclure le partenaire ! La masturbation ne doit pas pallier l’absence de dialogue au sein d’un couple. Et le fantasme ne doit jamais se substituer à la réalité. A chacun de trouver son équilibre, en se faisant plaisir sans jamais rejeter l’autre.

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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