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Le sexe bio, mode d’emploi

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On peut être fan de porno et se sentir, néanmoins, concerné par les grands enjeux énergétiques de la planète. Trier ses déchets, manger équitable, rouler électrique, cela est juste et bon, mais avez-vous réfléchi à vos habitudes sexuelles ? Oui, on peut aujourd’hui baiser écoresponsable, et ainsi contribuer, encore un peu plus, à sauver la planète. Baisez bon ! Baisez bio ! Baisez écolo !

L’écologie concerne nos modes de vie, y compris nos habitudes en matière de sexualité. Ce sex-toy que vous sortez du tiroir de votre table de chevet en période de célibat, ces préservatifs que vous achetez en grandes surfaces, ce gel qui lubrifie vos muqueuses, sont-ils vraiment sains pour votre environnement et votre corps ? Si vous avez une vie sexuelle et que vous utilisez des capotes, du gel des sex-toys, vous êtes concernés par ce qui suit !

Choisir son sex-toy écolo

Une étude de Greenpeace Netherlands, datée de 2006, a démontré la présence de phtalates dans les sex-toys. Ces composés chimiques sont utilisés, entre autres, pour assouplir le PVC, comme plastifiants pour les matériaux de construction ou comme fixateurs dans les cosmétiques. Leur très grande nocivité par contact avec la peau a été démontrée : les phtalates sont cancérogènes, mutagènes, et on les suspecte d’être des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire des substances chimiques interférant avec le fonctionnement des glandes endocrines, responsables de la sécrétion des hormones. Les risques sont multiples : baisse de la qualité du sperme, cancers du sein et des testicules, malformations congénitales des organes sexuels.

Des réglementations strictes ont été édictées par l’Union Européenne pour limiter ou interdire l’utilisation de phtalates, notamment dans les jouets pour enfants. Hélas, les jouets pour adultes ne sont pas concernés ! Pourtant, les phtalates sont connus pour migrer dans le corps humain. Et nos muqueuses, fragiles et absorbant facilement les substances nocives, sont particulièrement exposées à ce risque !

L’absence de normes sur ce marché permet de commercialiser des sex-toys à bas prix fabriqués en Chine. Attention : un produit fabriqué en Chine n’est pas forcément dangereux, mais vous devez vous montrer plus vigilant à son égard. Aussi, comment être sûr du sex-toy que l’on achète ? Premièrement, assurez-vous de sa traçabilité. Vous devez pouvoir vérifier la provenance de tout produit que vous achetez, et les sex-toys ne font pas exception à la règle ! Ensuite, méfiez-vous des produits sans marque, et des prix bas. Un gode vendu moins de vingt euros doit éveiller la suspicion quant à ses composants ! Plus un sex-toy est souple, plus il a de chances de contenir des phtalates. Attention, donc, aux godes transparents en « jelly », par exemple. Évidemment, préférez toujours les sex-toys en silicone avec la mention « sans phtalates ».

Certains sex-shops en ligne, comme l’Arbre des plaisirs [www.arbredesplaisirs.com], ne commercialise que des sex-toys sans phtalates. En plus, ce site récupère vos anciens jouets pour les recycler, et vous invite à en acheter chez lui, avec une remise… Autre originalité : il participe à la reforestation. Pour tout sex-toy acheté, l’Arbre des plaisirs plante un arbre dans la forêt tropicale, en partenariat avec l’association Planète Urgence.

Si malgré toutes ces infos, vous ne voulez pas renoncer à utiliser votre gode à piles couleur chair préféré (c’est vrai qu’on s’y attache), fabriqué pour un bol de riz dans la banlieue de Shanghai, emballez-le, avant usage, d’un préservatif dont la glisse sera assurée par un lubrifiant bio [voir plus loin].

Certaines marques comme Lelo [www.lelo.com] ou Fun Factory [www.funfactory.com] ne commercialisent que des sex-toys en silicone, sans phtalates. Évitez aussi les sex-toys fonctionnant à piles, et préférez ceux rechargeables sur secteur. Les toys à énergie solaire n’ont, malheureusement, convaincu personne, car leur fonctionnement laissait à désirer. On veut bien agir pour la planète, mais tomber en panne de batterie au bord de l’orgasme, ça ne va pas être possible ! Vous pouvez aussi vous procurer un gode en verre (intéressant, car il conserve longtemps la chaleur ou le froid…), ou en bois (garanti sans écharde, de préférence !). Alors, à quand un label écologique pour les sex-toys ? Les certificateurs daigneront-ils, un jour, se pencher sérieusement sur le problème ?

Lubrifiez bien, lubrifiez bio !

Les lubrifiants intimes, palliant un manque de lubrification vaginale naturelle, et indispensables pour pratiquer la sodo, se sont, eux aussi, mis au bio. On peut citer les marques Bioglide, Fair Squared ou encore cet agréable gel au chanvre sobrement nommé « Cannabis » [tous disponibles sur l’excellent site www.leroidelacapote.com].

Mais attention au marketing mensonger ! En effet, on soupçonne les lubrifiants intimes de contenir, à l’instar des sex-toys, des perturbateurs endocriniens, comme le parabène. Or, le problème avec les lubrifiants c’est que, bien souvent, leur composition n’apparaît pas sur l’étiquette ! En 2014, trois associations [Générations Cobayes, Noteo et Réseau Environnement Santé] ont lancé une pétition pour contraindre les fabricants à davantage de transparence, les lubrifiants n’entrant pas dans la catégorie des produits cosmétiques, la législation européenne ne leur impose pas de faire apparaître la composition du produit sur l’étiquette. Plutôt inquiétant, pour des produits destinés à nos intimités les plus délicates…

Le regroupement d’associations, Générations Cobayes, met d’ailleurs à la disposition des jeunes le petit manuel, les 7 commandements de l’éco-orgasme, détaillant toutes les étapes d’un plan drague 100 % écoresponsable, depuis l’utilisation des cosmétiques jusqu’au choix des préservatifs, en passant par le menu du restau !

Et les préservatifs ?

Comme pour les toys et les lubrifiants, le vert se trouve également du côté des capotes. Dans les parapharmacies françaises, on trouve les préservatifs du docteur Theiss ou les Namnam à la fraise. Les Anglais eux, ont été les premiers à commercialiser des préservatifs 100 % vegan, (Condomi, Glyde ou Fair Squared) garantis sans produit de traitement d’origine animale.

La marque French Letter commercialisait des préservatifs dont le latex provient d’une filière équitable, certifié FSC [Forest Stewardship Council]. Lancé en 1992 par le WWF, ce label garantit une exploitation durable des forêts.

Ces marques restent cependant très marginales, malheureusement. Chez Manix ou Durex, on se vante de commercialiser des capotes au latex 100 % naturel, mais attention… Le latex doit subir de nombreuses transformations, qui ne sont possibles que par l’ajout de composants chimiques : vulcanisants, antidégradants, colorants, stabilisants…

Certes, l’utilisation de ces produits varie selon le résultat que l’on veut obtenir. Mais aujourd’hui, concurrence oblige, les fabricants rivalisent d’inventivité pour créer de nouvelles textures, des couleurs flashy, des goûts agréables… Ce marketing fait augmenter les prix et se moque de l’environnement.

D’ailleurs, à quoi bon, puisque le préservatif en latex n’est pas biodégradable, pas plus d’ailleurs que celui en polyuréthane. Pas question pour autant de s’en passer. Sinon, il existe aussi un préservatif 100 % naturel, en boyau d’agneau [Naturalamb, en vente sur www.leroidelacapote.com]. Il paraît que ce boyau naturel vous transmet la chaleur de votre partenaire, pour une sensation « peau contre peau »… de mouton ? Cette supposée sensation constitue sans doute le seul intérêt du dispositif, puisque cette capote en boyau d’animal mort ne protège pas des IST [du moins pas au regard de la loi française, ce produit n’ayant pas le marquage CE], et reste peu fiable pour la contraception ! En plus, à 57,60 € la boîte de dix, ce petit sac en boyau est certainement le préservatif le plus cher au monde ! Comme quoi, le bio n’a pas que des avantages… Quoi qu’il en soit, ne comptez pas sur moi, ardent défenseur de la cause animale, pour l’essayer !

Non, la vraie révolution dans ce domaine sera sans doute le préservatif féminin invisible (ou presque), imperceptible et protégeant efficacement des IST. Des essais cliniques de ce gel protégeant les muqueuses ont été menés au Québec. Il se présente sous forme liquide et se solidifie à la chaleur. On attend avec impatience l’autorisation de mise sur le marché. Ce dispositif sera a priori sans danger pour l’environnement.

En attendant, le préservatif ne vous protège pas que des maladies. Il est aussi très efficace pour prévenir les grossesses, et ça, c’est bon pour notre planète surpeuplée ! Alors plus que jamais, sortez couverts !

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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