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Quand les pornstars embrassent la foi

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Des actrices porno qui rencontrent Dieu ? Un phénomène pas si récent, mais qui devient fréquent. Enquête chez celles qui passent des lits king size au presbytère et à l’activisme anti-porno.

Si on vous disait que faire du porno rendait mystique ? Pas si con, suffit de se souvenir du pedigree de Marie-Madeleine avant qu’elle ne lave les pieds du Christ… De fait, des Marie-Madeleine en herbe, le porno en compte un nombre certain, au point que des associations, façon Alcoolos Anonymes, entreprennent de les remettre dans le droit chemin de la religion.

crissy Outlaw xxx churchLe prosélytisme de l’Eglise du porn

Quiconque a déjà eu l’occasion de participer à la Grand Messe de Las Vegas en janvier ne saurait passer à côté. Entre deux gros stands de Wicked et Digital Playground, un petit corner est comme une soucoupe volante dans un champ : c’est celui de la XXX Church. Cette organisation se propose de venir en aide aux « porno addicts » et aux acteurs qui veulent quitter l’industrie. Par palettes complètes, elle offre une bible intitulée Jesus Loves Pornstars, dont le message est spécialement orienté vers les brebis performeuses égarées. Mais la force de la XXX Church est que celles qui distribuent ces bibles sont pour beaucoup d’anciennes actrices comme Crissy Outlaw alias Crissy Moran, active entre 2001 et 2006 et mariée depuis mai 2013 à un jeune pasteur. Ceci étant, le lobbying auquel se livre cette église est drapé de show à l’américaine et de positive attitude. Pour son fondateur Craig Gross, c’est « fun et provocant d’avoir toutes ces bibles devant vous au milieu d’un salon porno comme celui de Vegas ». Sur son site, hormis un onglet « donation », l’objectif ne semble pas de siphonner le bas de laine que se sont constitué les pornstars. En France, on les prendrait pour des sectaires façon témoins de Jéhovah. Aux States, c’est juste du prosélytisme classique dans un cadre qui ne l’est pas. Et puis quoi qu’on en dise, ça reste Jésus la vedette et pas Raël ou Ron Hubbard.

crissy outlaw aujourdhui 41 ansRhabillage en collerette

Lorsque Jenna Presley découvre la XXX Church, en 2007, elle n’est pas encore redevenue Brittni Ruiz pour l’état civil. Au contraire, elle enchaîne les tournages depuis deux ans et ramasse des centaines de milliers de dollars qu’elle crame allègrement en coke et crystal meth pour « avoir l’air mince » confiera-t-elle. En 2010, elle touche le fond et fait une tentative de suicide après la mort de son mec, poignardé par les membres d’un gang rival au sien. Ce jour-là, elle dit avoir entendu la voix de dieu lui demandant de changer de vie. Suivront deux ans d’introspection, avant qu’elle ne quitte définitivement le porno et ne se marie, elle aussi, avec un pasteur de San Diego pour devenir Madame de La Mora. Au-delà de l’amour, la question induite par ces bigoteries est celle du rhabillage. Que faire après le porno ? Comment se construire une nouvelle vie, lestée d’un tel passé ? Des questions qui foutent le vertige à toutes les actrices et qui précipitent les plus fragiles dans les bras du mysticisme façon « j’étais dans l’errance, ce n’était pas moi, j’étais aveugle, maintenant j’y vois ». Persuadées d’avoir vécu la mauvaise vie, celles qui étaient réputées pour déconner le plus sont sans surprise celles qui ont pris le chemin le plus diamétralement opposé au porno. Au gré des confessions, elles ouvrent la boîte de Pandore que constituent leur enfance et leur adolescence, traversées de rapports conflictuels, voire sordides, avec la famille. Des traumas qui les auraient conduites à faire du porno, de l’escorting, à picoler en soirée et à finir dans un gang-bang interracial filmé. Fille-mère à 16 ans, Crystal Bassette alias Nadia Hilton explique ainsi dans ses messes comment elle mélangeait alcool et médocs pour avoir le courage de tourner. Car elle aussi est devenue pasteur…

nadia hiltonAu 8ème jour fut l’arnaque

De fil en aiguille, les plus meurtries passent du côté des anti-porno. C’est le cas de Shelley Luben, précurseur de toutes celles qui passent du porno à l’évangélisme. Farouche opposante à l’industrie qu’elle accuse de propagation des maladies physiques et mentales, celle qui se faisait appeler « Roxy » jusqu’en 1994 a fondé la Pink Cross Church en 2005 et exerce depuis un intense lobbying anti-porno qui l’a conduite à exposer ses thèses devant le Congrès américain en 2010. En 2012, Sierra Sinn l’accusera ainsi d’avoir ruiné sa vie en la manipulant et en exposant publiquement son identité dans ses vidéos de propagande. Plus préoccupant encore, elle fut accusée de profiter de la faiblesse de certaines pornstars en fin de course pour mettre le grappin sur leur porte-monnaie et encourager les donations à son organisation. Éclaboussée par le scandale, sa Pink Cross Church fermera ses portes en 2016. Depuis, cette vieille peau péroxydée de Shelley se fait très, très discrète…

brittni de la mora ex pornstarMoralité : on commence le porno en raison d’un passé compliqué et on le quitte pour les mêmes raisons, naviguant d’un extrême à l’autre. Définitivement, actrice porno n’est pas un métier : c’est une phase.

Et les actrices « beurettes » ?

Un des big tabous avec lequel aime flirter le porno est l’ambiguïté dans laquelle sont plongées les actrices de confession musulmane, très populaires. Les productions marchent sur des œufs. Elles aiment jouer sur l’identité culturelle mais pas question de risquer des emmerdes avec la famille de l’intéressée ou les barjots qui circulent en ce moment. A ce titre, les meilleures productions donnant à voir des femmes voilées sont à chercher directement dans les pays musulmans. Pakistan, Maroc, Tunisie… de nombreuses vidéos amatrices circulent où la nana s’adonne à une partie de jambes en l’air dissimulée sous une longue tunique. Quant aux actrices françaises d’origine maghrébine qui ont adopté une attitude à la Diam’s, à savoir passer des spotlights au port du voile, aucune information ne circule. Logique.

Journaliste professionnel depuis 2003. Rédacteur du magazine Hot Video de 2007 à 2014.

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