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Mia Michael : « J’aime les confrontations sexuelles dans lesquelles l’héroïne est toujours perdante ! »

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Mia Michael écrit des romans érotiques à la première personne et adore s’exhiber en photo. Ses textes, véritables catalogues de perversions, illustrés par Bruce Morgan, célèbrent la soumission féminine. Nous avons plongé avec elle au cœur de ses fantasmes. 

La Voix du X : Qui êtes-vous ? 

Je suis une femme de quarante-deux ans et j’écris des livres. Je vis en dehors de Bruxelles avec mon mari et mon fils.

Depuis quand écrivez-vous des récits érotiques ? Comment cela a-t-il commencé ?

J’écris depuis que je suis petite, genre « Cher journal… ». Il y a 14 ans, j’ai rencontré une escorte, en boite, et nous avons sympathisé. Je l’ai présentée à un photographe et je lui ai dit, qu’elle devrait faire un blog, publier une petite histoire et une photo chaque semaine. Elle m’a demandé si je pouvais écrire les histoires. J’ai accepté, bénévolement, pour le plaisir, et j’ai écrit pour elle chaque semaine pendant 4 ans. Quand elle a arrêté, on avait 500.000 visiteurs sur le blog. J’ai décidé de faire un blog pour moi.

Un jour, je suis allée dans un petit restaurant de Bruxelles où les clients pouvaient écrire sur les murs des commentaires sur les repas. Une fille avait écrit « c’est délicieux », et signé : « Lili sans dessous ». Je me suis imaginée la tête des gars qui l’accompagnaient. J’ai trouvé ça très mignon. Ma propre allergie aux culottes, et la signature de la demoiselle, m’ont donné l’idée d’appeler mon blog Mia sans dessous. J’aime bien être nue sous mes vêtements. Le soutien-gorge, je n’en ai pas vraiment besoin, et ne pas porter de culotte, ça me donne l’impression d’être accessible, en particulier dans la foule, et surtout s’il y a des mains baladeuses !

A quel rythme écrivez-vous ? 

Quatre pages et demi par semaine.

Diriez-vous que vous écrivez pour vivre vos fantasmes ?

Je prends souvent comme base des choses que j’ai vécues, mais il y a des fantasmes aussi. En fait, je rêverais d’être Lara Croft, mais je suis tout le contraire, je suis plutôt comme cette gourde de O [l’héroïne d’Histoire d’O, de Pauline Réage]. De plus, je suis très angoissée, mais paradoxalement, je cesse de l’être quand je suis dans une situation de soumission. De la même façon, quand j’écris des histoires dont je suis l’héroïne, les papillons noirs qui volettent lourdement dans mon estomac s’envolent… 

Qu’est-ce qui vous inspire le plus pour écrire ?

Des histoires de demoiselles en détresse. J’aime les confrontations sexuelles dans lesquelles l’héroïne est toujours perdante ! Oui, c’est tordu !

Ressentez-vous une excitation sexuelle en écrivant ?

Oui, parfois.

Vous arrive-t-il, en pleine session d’écriture, de vous arrêter pour vous masturber ?

Ça m’est arrivé, mais c’est contre-productif !

Votre sexualité ne s’épanouit que sous la contrainte ?

Oui.  Je devais avoir cinq ou six ans, quand je me suis rendue compte que j’étais soumise ! J’avais vu un film genre Les 1001 nuits. Il y avait une esclave qu’on menaçait du fouet. J’ai été tellement impressionnée, émue, que j’ai voulu écrire le mot. Je savais écrire S, alors j’ai demandé : « comment on écrit clave ? ». On m’a répondu : « ça n’existe pas ».

Certains passages de vos écrits sont très trash… Pensez-vous que la sexualité féminine peut être aussi hard que celle des hommes ?

J’ai toujours peur de me faire jeter, de ne pas plaire ou que les gens cessent d’aimer mes histoires. Donc, lorsque je me rends compte que quelque chose plaît, j’ai tendance à aller dans ce sens. Mais, pour répondre à votre question, je crois que la sexualité féminine est plus délicate, plus consensuelle. Mon côté trash, c’est que j’aime les poils, les odeurs… Il faut aussi que mes histoires plaisent à Bruce.

Quel fantasme n’avez-vous pas encore réalisé ?

Joker ! Non, un peu de courage, Mia… 

– J’aime beaucoup les bergers allemands.

– Je fantasme sur une fille plus jeune que moi (mais de plus de 18 ans), dominante, pas très soignée, et très « peuple »…

– Un gang bang dans un parking (irréalisable à cause des IST…).

– Je suis nue derrière une vitre dans le Red light district d’Amsterdam. Arrivent des gens que je connais, qui ont un grand sourire en me reconnaissant car ils savent qu’ils vont pouvoir me niquer. Ce ne sont pas nécessairement des gens que j’aime bien…

– Être une serveuse sexy dans un bar à matelots.

Pourquoi avoir choisi Bruce Morgan pour illustrer vos livres ?

J’avais vu, sur le Net, des dessins de Bruce Morgan et j’aimais beaucoup. Je lui ai envoyé un mail pour lui demander un ou deux dessins. Il est allé voir le blog, il a aimé et il me fait des dessins toutes les semaines depuis 10 ans. Je lui envoie une série d’épisodes et il m’envoie des dessins. J’adore ces dessins, et j’ai toujours peur qu’il arrête….

Quelles sont les œuvres érotiques qui vous inspirent, en littérature ?

Pas Sade, pas Miller… Un peu Apollinaire, un peu Pierre Louÿs…  En fait, j’ai des goûts qui peuvent vous sembler bizarres, j’aime certains livres de Chick lit, par exemple Samantha, bonne à rien faire, de Sophie Kinsella, l’histoire d’une avocate qui devient servante chez des nouveaux riches, j’adore.

L’homme dominateur n’est pas très à la mode aujourd’hui. Pourtant, c’est un fantasme féminin très répandu. Qu’en pensez-vous ?

Je suis féministe à 200 %, mais, j’ai honte de le dire, j’aime les hommes entreprenants ! De la même façon, j’aime les voyeurs. Sur les sites où je suis, il y a beaucoup d’hommes dominants, mais c’est vrai qu’il y a de plus en plus d’hommes qui revendiquent le fait d’être soumis.

Que pense votre compagnon de votre travail d’écriture ?

Ce n’est pas un grand lecteur… Il me laisse « jouer » sur le Net et « jouer » à être auteure. Il ne lit jamais mes histoires. Lui, c’est foot et séries policières !

Vous appréciez le porno ?

J’aime l’érotique, pas le porno… Pour deux ou trois raisons : dans le porno il n’y a pas de scenario, les filles sont souvent « refaites ». J’aime les dessins pornos, comme ceux de Bruce Morgan, et les BD de Pichard.

Vous vous définissez comme timide. Pourtant, vous adorez vous montrer nue en photo. Comment expliquez-vous cela ? 

Vous m’obligez à me mettre toute nue… c’est très gênant ! Bon, je viens de familles d’accueil et je suis très peu sûre de moi. De plus, j’ai été diagnostiqué HPI [haut potentiel intellectuel], pas pour l’intelligence, mais pour les centaines d’idées plus ou moins angoissantes que j’ai sans arrêt en tête. C’est peut-être ce qui me permet d’écrire tous les jours. Nue, je plais… Alors ça me rassure. Des amants ont déjà dit : « je suis avec elle pour ses fesses »… Ce n’est pas valorisant, mais ça me plaît. De plus, dans les familles d’accueil, il faut faire profil bas. Ça m’a marqué.

Quelle relation avez-vous avec votre éditeur ? Vous laisse-t-il une totale liberté dans les thèmes que vous abordez ?

Oui, mais je suis prudente aussi. Tous mes personnages ont plus de 18 ans… Par exemple, je suis très attirée par l’inceste, moi qui n’ai pas eu de parents, mais toujours entre personnes majeures !

Connaissez-vous votre lectorat ? Plutôt masculin ou féminin ?

Masculin. J’ai de nombreux contacts avec les lecteurs de mes livres, beaucoup d’hommes, quelques femmes…

Quel sera votre prochain livre ?

J’ai terminé Maid in Japan qui sera publié en principe en 2022 par La Musardine, si Dieu le veut… J’ai commencé un nouveau livre Lizy, qui se passe en 1815, 1816… Ils sont ici : www.miasansdessous.com. Un livre, Ashley et les esclaves, ne sera sans doute jamais publié, pourtant c’est une super histoire avec d’excellents dessins de Bruce Morgan. Chers lecteurs, je suis ouverte à toute proposition.

Mia Michael est publiée aux éditions Sabine Fournier, et aux éditions La Musardine. 

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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