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Dante Colle : au-delà du tabou

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Dante est un performeur cross over, à savoir qu’il fait les filles et les garçons. Pas de jaloux. Toutefois, sa démarche pose des problèmes aux esprits étriqués qui collent des étiquettes. Attristé mais pas abattu, le jeune homme prêche la bonne parole dans un univers porno encore marqué par les clichés et les peurs irrationnelles. Pleins feux sur un homme qui casse les barrières.

« Dante est divin en comédie ». C’est Nica Noelle, la première à l’avoir fait tourner sur une scène hétéro, pour le film All About Hope en 2019, qui le dit. Sa partenaire du jour, la cougar Andi James, n’est pas moins dithyrambique à l’idée d’évoquer sa fougue au lit. Noté : le jeune homme de 27 ans n’est pas qu’un pistonneur, vainqueur d’un GayVN Award du Meilleur Performeur en 2020. « Je ne suis pas le seul à performer dans les deux, mais du côté des hétéros, beaucoup cherchent à le cacher et à enterrer leur passé, genre : ce n’est pas moi, c’est mon frère jumeau », confie l’acteur de l’Illinois au podcast de Holly Randall.

En France, Doryann Marguet a lui aussi témoigné dans La Voix du X de son expérience de performeur cross over, mais force est de constater qu’en Europe, comme aux Etats-Unis, peu en font la publicité. Pourtant, ils sont pas mal, notamment du côté de Prague et Budapest.

La première de leur crainte est de se voir essuyer un refus de travailler de la part de leur partenaire. Dante Colle dans le texte : « Je n’ai jamais cherché à cacher quoi que ce soit. Si tu ne veux pas travailler avec moi parce que je ne te plais pas, c’est une raison valable, pourquoi pas, mais les refus reposent sur des craintes, comme celle du VIH, comme celle qui voudrait que les studios gays ne vérifient pas les tests. C’est faux et exactement pareil que dans l’hétéro : certains studios vérifient tout et d’autres n’en ont rien à faire ». La peur des IST et du sida en particulier est centrale dans la stigmatisation dont sont victimes ces acteurs.

Colle est pourtant formel : le porn gay est plus carré que l’hétéro sur ces questions. « En général, dans le gay, les tests sont incroyablement plus stricts. Ils doivent dater de la veille de la scène. Et c’est comme ça depuis des années. À cause de ce stigma, l’industrie du gay doit montrer l’exemple et faire « tout mieux » ». Pour rappel, dans l’hétéro, les tests acceptés sur les plateaux américains doivent dater de moins de deux semaines Quand le malheur survient et qu’un acteur est positif, Colle nous apprend que les studios gays ne le mette pas forcément sur la touche : « Il y a des studios qui font travailler les performeurs séropositifs entre eux. Leur charge virale est devenue indétectable et ils ont besoin de travailler comme tout le monde ». En ce qui le concerne, il ne se formalise plus lorsqu’une scène est annulée : « J’essaie quand même de savoir qui ne veut pas bosser avec moi auprès des réalisateurs, histoire que ça ne se reproduise pas, mais en fait ça ne m’ennuie même plus ». Le dépit de Dante est palpable. Il demande à être jugé sur des critères objectifs : « Je suis dans ce milieu depuis environ huit ans. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas être le meilleur performeur possible dans les deux, être le plus fiable, celui qui est à l’heure, pro en somme ».

Avant de faire du porno, Colle n’avait jamais eu de rapport homo. Sentimentalement, il s’est toujours senti hétéro à l’instar de Doryann Marguet. Quand on lui pose la question, il a d’ailleurs du mal à expliquer comment il arrive à bander sur les deux tableaux. Le désir, ça se vit mieux que ça ne se décrit. Pour cela, il utilise l’analogie : « Deux filles qui s’embrassent, c’est excitant et c’est devenu banal. Pourquoi pas la même chose avec deux garçons ? On met la pression sur les garçons depuis le plus jeune âge pour qu’ils soient des mâles alpha ou des modèles de virilité. La sexualité n’est pas binaire ; noir ou blanc ; c’est tout un spectre. Je pense qu’une large partie des individus sont bi dans leur for intérieur ». Une affirmation qui reste à démontrer, mais qui n’est pas dénuée de sens.

Dante colle arrive en tout cas à assurer facilement. « Je pense qu’il y a des prédispositions génétiques à faire ce métier. J’arrive bander à bander dur et facilement, c’est comme ça. Je ne me suis jamais entrainé ». Parmi les néologismes existants, il pourrait être classé chez les pansexuels, mais ce serait encore lui coller une étiquette et lui faire offense. Dante Colle ne demande à être jugé que pour ce qu’il a dans le slip.

 

Journaliste professionnel depuis 2003. Rédacteur du magazine Hot Video de 2007 à 2014.

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