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Purple Bitch : de l’enfer naît le paradis

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Depuis 2018, Purple Bitch alias Taty faisait son beurre avec son mec dans un coin du web, quand même rempli d’un million de fétichistes du cosplay. Cette année, la Russe est rentrée dans le circuit officiel, Evil Angel s’est entiché d’elle et un arc-en-ciel s’est formé au-dessus de son avenir. Elle mérite, son passé est si gris… Portrait d’une rose qui a poussé sur le fumier.

Des barres d’immeuble s’alignent à perte de vue et bordent des lanières de bitume de 50 mètres de large. À leurs bouts, des ronds-points qui feraient passer celui des Champs Elysées pour un tourniquet. Bienvenue en Enfer, aussi appelé Oblast de Novossibirsk. Sibérie Occidentale. À 3 000 bornes de Moscou, sur ce terrain vague gigantesque poussent des herbes folles parmi les plus belles du monde. Purple Bitch est de celles-là. À 25 ans, Taty pour les amis, est une allégorie de la Russie : faible et forte à la fois. Sombre, torturée, mais extravagante.

Avec son mec, Alex Noise, elle forme un tandem. Flashback : il lui filme son premier solo à l’été 2017. Un an plus tard, ils se montrent dans une scène ensemble pour la première fois. Au printemps 2019 fondent leur petit label éponyme : Purple Bitch. « J’aime le hentaï, les elfes, les orcs et mon mec raffole d’anal, dit-elle à Dan Miller. Je teignais des cheveux dans un salon de beauté et lui a fini l’armée en 2016. Il ne savait pas comment tenir une caméra. On a tout appris nous-même avec des tutos et on continue d’apprendre ». Il y a moins de boutons sur une AK-12, en effet.

Rankée 41ème pornstar la plus populaire du monde sur Pornhub, elle vient titiller les performeuses établies au point que sur la VOD Adult Empire, on note qu’il y aura un avant et un après Purple Bitch. « C’est la première fois que le client américain voit du cosplay aussi hard et d’aussi bonne qualité visuelle, avec de l’Ahegao », relève Ryan Wayne, responsable de comptes chez AE. L’Ahegao mérite qu’on s’y attarde. Ce mot japonais désigne une grimace pendant la partie de seufs. Il n’y a donc rien d’étonnant à voir la Russe arborer un énorme strabisme sur ses scènes. Elle louche, tire la langue, multiplie des duckfaces et c’est la base de son succès. Un style qu’elle se plaît à définir comme rayonnant, dingue et unique. « Depuis mon adolescence, je suis dans le look Suicide Girls : tatouages, piercings, coloration ».

Les japoniaiseries de Taty se doublent quand même de gros kamehameha dans le cul. Les mangas, soit, mais son fan art Hinata Wants Destroy Holes, Triple anal Training for Pokemon ou Sex With 4 Girls From Naruto, où elle est entourée de ses consœurs Octokuro, Leah Meow et Hhead Shhot, c’est largement mieux. Plutôt visibles, c’est le moins qu’on puisse dire, ses prestations ont tapé dans l’œil d’une grosse boîte comme Evil Angel qui a réussi à lui arracher l’exclusivité d’une scène : E-Girl Loves Using Her Hot Holes.

La période où elle était aliénée à son écran est loin. « Maintenant, je ne fais que du contenu off line, mais à cette époque, je m’appelais Lady Lure et je passais douze heures par jour sur les cams : six le matin et six le soir ».

En décembre 2019, gros pépin. Elle arrête tout. « J’ai fait une grave dépression. Si mon bras gauche est tatoué, c’est pour cacher les vilaines cicatrices sur mon bras. J’étais alcoolique de l’âge de 13 à 19 ans et j’ai fini par m’ouvrir les veines. Ce tatoo, je l’aime parce qu’il recouvre un passé que je veux oublier ». Sous le cosplay et le nom provocateur, Taty est en miettes et a le courage de l’évoquer publiquement. La Russe est néanmoins résiliente et à l’instar de beaucoup, le porno est sa thérapie. « Je suis quelqu’un d’émotif mais maintenant, je me contrôle mieux. Mon estime de soi a grandi et j’aime l’image que je renvoie ».

En 2018, Taty a quitté sa région, jadis jalonnée de goulags et de kolkhozes. Son orientation pro devenait dure à assumer. « Des amis nous ont jugés, on les a perdus. Certains ont même été dire des choses à nos familles ». En outre, depuis que la fenêtre de tolérance autour de Saint Pétersbourg s’est fermée, il y a une dizaine d’années, produire du porn est interdit partout en Russie. Les rares trucs qui se font sont sous le manteau, avec des acteurs masqués et il ne vaut mieux pas défier les autorités en tournant en extérieur. Un simple post sur Instagram, les nichons à l’air, avec le clocher typique d’une église orthodoxe derrière, peut conduire au ballon. C’est ce qui est arrivé à la starlette Rita Fox, qui a testé le confort d’une cellule moscovite pendant 14 jours pour avoir dévoilé ses fesses sur la Place Rouge, avec le Kremlin en toile de fond.

Depuis son transfuge à l’Ouest, Purple Bitch peut dormir sur ses deux oreilles de chat rose.

Journaliste professionnel depuis 2003. Rédacteur du magazine Hot Video de 2007 à 2014.

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