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Gooning : entrez dans la transe…
Le porno en ligne a engendré de nouvelles pratiques masturbatoires, comme le edging, mais certains ont voulu pousser l’exercice un peu plus loin, en durée comme en intensité. Quand la branlette rejoint la transe, on parle alors de gooning. Une communauté d’adeptes de la pratique s’est même formée sur Internet. Mais attention, devenir un gooner n’est pas sans risque.
Du edging au gooning
Tout d’abord, précisons que le gooning n’a strictement aucun rapport avec les Goonies, épave cinématographique des années 80 mêlant braillements d’enfants et décors en carton-pâte, qui surnage encore dans les souvenirs de quelques quadras nostalgiques… Non, le gooning est bien – rassurez-vous, vous êtes sur la Voix du X – une pratique sexuelle. Le gooning, de l’anglais goon, « idiot » peut se définir comme un edging poussé à l’extrême. Rappelons que le edging (de l’anglais edge, le bord) est une pratique qui consiste à faire durer la masturbation ou le rapport sexuel, à rester le plus longtemps possible en « bordure », et en stoppant toute activité au moment où l’orgasme pointe le bout de son nez. A l’opposé du lâcher-prise, tellement valorisé dès qu’il est question de sexualité, le edging exalte plutôt la capacité à se contrôler. Pour les hommes souffrant d’éjaculation prématurée, il s’agit même d’un exercice recommandé par les sexologues : c’est la fameuse méthode du « stop and go », inventée par Masters et Johnson. Le edging, dans ce contexte, peut aider à mieux connaître son corps, et à repérer les ressorts de notre excitation.
Mais l’intérêt du edging ne s’arrête pas là. Il peut également décupler la puissance de nos orgasmes. Le principe est simple : plus on s’approche de l’orgasme, plus l’excitation s’accumule. Non seulement l’instant fatidique sera aussi explosif qu’une rupture de barrage, mais il n’adviendra que lorsque vous l’aurez décidé.
Bouche ouverte et langue pendante…
Cela est juste et bon, mais qu’en est-il du gooning ? C’est simple : le gooning, c’est du edging démultiplié en puissance et en durée. Lorsqu’on s’adonne à une session (très) prolongée d’edging, en se concentrant sur les sensations procurées par la masturbation, on entre dans le gooning. Les accros du gooning décrivent une exacerbation si puissante de leurs sens qu’ils parviennent à un état de transe, qui peut durer… plusieurs heures ! Certaines productions porno ont bien montré dans quel état se trouvent les branleurs frénétiques après des sessions de gooning prolongé… Mêlant ahegao et brainwashing, les vidéos montrant des gooners en action insistent sur leur expression hagarde, avec yeux louchant ou dans le vague, bouche ouverte et langue pendante…
Dans les vidéos de gooning, c’est plutôt le spectateur que l’on guide dans cette expérience, à l’aide de contenu masturbatoire, mêlant gros plans saccadés et boucles rythmiques entêtantes. Souvent, le branleur est invité à sniffer du poppers de façon répétée, ce qui l’amène rapidement à un état second. On peut aussi associer le gooning à la prise de cannabis : extase garanti !
Le gooning s’adresse à la communauté des bators (branleurs) : si vous êtes adepte des tubes porno, vous avez certainement déjà croisé ce mot. Les bators sont addicts à la branlette, on les nomme aussi « pornosexuels », leur vie sexuelle se résumant à se tirer sur le haricot pendant des heures. Pas très épanouissant, pensez-vous ? Peu importe, puisque le but recherché est une transe abrutissante, un état mental hypnotique dans lequel seul le plaisir masturbatoire compte. Rien à voir, donc, avec la branlette expéditive destinée à mieux s’endormir. En fait, dans le gooning, contrairement au edging par lequel on cherche à décupler son plaisir, le désir de parvenir à l’orgasme finit par disparaitre.
Le gooner se complait dans une béatitude masturbatoire continue, et se soumet à un cycle interminable d’approche de l’orgasme et de redescente. Les gooners décrivent une sensation de fusion entre leur esprit et leur bite.
Paul, gooner invétéré qui a bien voulu se confier sur ses petites habitudes, insiste sur « la disparition de toute inhibition. » Mais attention, selon Paul, pour devenir un gooner digne de ce nom, il convient de réapprendre à se masturber. Pour devenir goon, explique Paul, « au lieu de foncer et de se branler à 100 % jusqu’à l’orgasme, il faut s’arrêter à environ 90 % et monter lentement en puissance. » L’état de goon se produit « vers les deux ou trois derniers pour cent », juste avant l’orgasme. « Lorsque vous arrivez à ce point et que vous pouvez le maintenir sans jouir, s’enthousiasme Paul, vous pouvez rester dans un état orgasmique qui dure des heures au lieu de quelques secondes » !
Sur Reddit, il existe une véritable communauté de gooners, qui échangent des conseils, partagent des vidéos et organisent des sessions collectives. Un contributeur nommé JoiJunkie a écrit un billet assez pédagogique sur le gooning, intitulé Reaching the Goon State. Il y décrit les différentes étapes qu’il traverse lors de ses séances. La dernière, destiné aux plus doués, peut être atteinte après « des heures et des heures de masturbation continue ». C’est le moment où les « organes génitaux palpitent et demandent à être libérés, ce qui ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu et oblige le gooner à continuer à se masturber de manière compulsive ». Cet état est décrit comme « incroyablement plaisant ». Selon lui, le corps du gooner peut « se convulser ou trembler de plaisir ». Enfin, il ajoute : « À ce stade, toute forme de communication du gooner se résume à des gémissements et des plaintes lascives dénués de sens. »
D’autres déclarent atteindre l’état de goon au bout de 15 à 20 minutes, se décrivant eux-mêmes comme « goon stupid », ou s’ils consomment des heures de contenu explicite, « porn dumb ». On comprend mieux les expressions faciales que l’on évoquait plus haut, avec yeux qui louchent et langue pendante !
Notons, au passage, que la pratique du gooning ne concerne pas que les hommes. Sur Reddit, certaines filles se décrivent comme « gooneuses » ou « goon sluts ». « J’arrive à entrer en transe, écrit Eriette, étudiante de 23 ans. Elle nous a confié que lors de ses dernières vacances, pendant une semaine, elle s’est masturbée au réveil, et a continué toute la journée jusqu’à ce qu’elle s’endorme. « C‘est tellement génial, s’amuse-t-elle. Je me branle sans arrêt et je me perds dans le plaisir ! » Aujourd’hui, avec son compagnon et parfois avec une copine, elle s’offre régulièrement des sessions de deux ou trois heures…
Plus étonnant, certains affirment que cette pratique les a éloignés de l’hétérosexualité. Mehdi, qui a découvert le gooning pendant le dernier confinement, a rejoint une communauté de pratiquants, et affirme avoir ouvert son esprit « à ce que l’on pourrait qualifier de pratiques gays. Il existe dans le gooning un fétichisme de la bite », explique Mehdi. « Je me suis fait quelques potes dans la communauté, et c’est vrai qu’à force de se masturber ensemble pendant de longues sessions, on peut avoir envie de se rencontrer “en vrai”. Et quand on se branle à deux sur un canapé, on ne sait pas ce qui peut arriver ! »
Notre cerveau en sort-il indemne ?
On peut se demander si une pratique sexuelle aussi chronophage n’est pas addictive. Certains déplorent une forme de « dépendance ». Pas étonnant, puisque l’idée qu’on ne peut pas s’arrêter fait partie intégrante du gooning.
A force de jouer les porn addicts décérébrés, ne risque-t-on pas de le devenir vraiment ? Avec le gooning, le cerveau s’habitue à secréter de la dopamine, à des niveaux qui vont augmenter à mesure que la phase précédant l’orgasme s’allonge. La sensation de plaisir est donc particulièrement intense, ce qui est plutôt positif, mais le problème est que cette sécrétion de dopamine est toujours associée au visionnage de porno.
En habituant le cerveau à des états d’excitation très élevés, on modifie les sécrétions hormonales. Les risques d’addiction sont réels, car notre cerveau va finir par considérer cette excitation extrême comme normale.
Les conséquences sur la vie de couple peuvent être dramatiques, les rapports sexuels classiques n’apportant pas autant de satisfaction que les sessions de gooning. Sans parler de la désocialisation qu’entraîne ce temps passé devant un écran ! Une petite séance peut être fun, mais si cette pratique devient votre unique manière de prendre du plaisir, c’est qu’il devient nécessaire de passer à autre chose.
Alors, sachez profiter de temps en temps de vos séances de gooning, seul ou avec un partenaire, mais n’oubliez pas de varier les plaisirs !
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