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Pourquoi le pénis a-t-il cette forme ?

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Messieurs, vous êtes-vous déjà demandé pourquoi votre pénis ressemblait à… un champignon ? Une étude américaine a enfin répondu à cette question. Explications.

Vous souvenez-vous de Stormy Daniels, l’actrice X devenue mondialement célèbre pour avoir révélé sa liaison avec Donald Trump ? Son livre, Full Disclosure, sorti en octobre 2018, regorgeait de descriptions fort détaillées des parties intimes de l’ancien président américain. En des termes peu flatteurs : « il sait qu’il a un pénis inhabituel. Il a une grosse tête… comme un champignon. » La gourgandine va même jusqu’à comparer le pénis présidentiel à Toad, le personnage de Mario Kart qui n’est autre, justement… qu’un champignon ! L’expression « pénis champignon » est même devenue virale, à l’époque, sur Google, dirigeant les internautes vers des articles sur Donald Trump. Mais assez sur la bite de l’ancien président. Ce qui nous intéresse ici, c’est de savoir pourquoi le pénis des mâles humains, en érection, avec son gland protubérant, ressemble à certains spécimens de champignons, au pied ferme et allongé, et au chapeau ovoïde.

Deux chercheurs de l’université d’Albany (New York), Gordon Gallup et Rebecca Burch, ont travaillé, en 2003, sur l’évolution du pénis humain. Leur étude débute par cette observation : les différences entre le pénis humain et celui des autres espèces sont frappantes. Avec son gland, sa crête coronale, sa longueur et sa circonférence, l’humain dispose d’un sexe ne ressemblant à celui d’aucun autre animal. En effet, si l’on pense au pénis tire-bouchon du cochon, à celui, fourchu, des marsupiaux, au pénis double des varans, au pénis épineux du chat, on en arrive à la conclusion que le phallus humain est tout simplement unique. Même si on le compare à celui de nos proches cousins, les primates, le gland du pénis humain a un gland plus large et une crête coronale plus prononcée. Pour quelle raison ? Dans le règne animal, le pénis se décline en formes variées, dans le but de s’adapter à la forme de l’appareil génital des femelles, afin d’optimiser la probabilité reproductive. Or, les chercheurs ont formulé l’hypothèse suivante : le pénis humain aurait évolué vers cette forme pour « écoper » le sperme des mâles rivaux dans le vagin, et ainsi s’assurer de remporter la course à la paternité !

Essayons de nous replacer dans un contexte préhistorique, quand le gang bang se pratiquait au moins aussi fréquemment que le missionnaire… Le « gland-champignon » aurait pour fonction, lors des va-et-vient dans le vagin, de repousser le sperme des partenaires précédents loin du col de l’utérus. Pour s’en assurer, nos aventuriers-chercheurs ont simulé des coïts, à l’aide de godes et de faux sperme à base de sirop de maïs, exécutant des va-et-vient dans un vagin artificiel. Ils ont ensuite mesuré l’ampleur du déplacement de ce sperme en fonction de sa viscosité, de la forme du pénis, et de la puissance de la poussée. Le résultat fut sans appel : la crête coronale a été identifiée comme une caractéristique morphologique déterminante dans le déplacement du sperme. 

Pour que le pénis humain puisse efficacement déplacer le sperme étranger, sa taille doit complètement remplir le vagin. Avec une longueur en érection de 127 mm à 178 mm en moyenne (Masters & Johnson, 1966), et une circonférence moyenne de 24,5 mm (Wessells, Lue et McAninch, 1996), le pénis humain est environ deux fois plus long et large que celui du chimpanzé. Le pénis de notre proche parent n’a d’ailleurs pas de gland ni de crête coronale. CQFD : le pénis humain a donc évolué pour répondre à la compétition entre les spermatozoïdes. 

Ce combat pour imposer son sperme a détriment de celui des mâles rivaux aurait donc donné au membre viril la forme qu’on lui connait aujourd’hui. Et ce comportement concurrentiel a été confirmé par d’autres études. L’une d’elles, menée aux Pays-Bas en 1999 a montré, grâce à l’IRM, que lors d’une pénétration complète, le pénis pousse souvent contre le col de l’utérus. Lorsque l’éjaculation se produit, la poussée diminue et la pénétration vaginale atteint son point maximal (Masters et Johnson, 1966). Il semble qu’il y ait eu une série d’adaptations servant à concentrer la libération du sperme dans la partie la plus haute du tractus vaginal, peut-être pour le rendre moins vulnérable au déplacement par d’autres mâles.

Autre confirmation que décidément, c’est bien la lutte entre mâles qui détermine le comportement sexuel : sur la base d’enquêtes anonymes, Gordon Gallup et Rebecca Burch ont constaté que les mâles n’utilisaient pas leur pénis de la même manière s’ils soupçonnaient une infidélité chez leur compagne ! Plus l’infidélité est probable chez le partenaire, et plus les poussées sont vigoureuses lors du coït, ce qui augmente, évidemment, le déplacement du sperme rival, réel ou supposé ! Et les implications sont très intéressantes. Par exemple, on peut prédire que le comportement sexuel des hommes chroniquement ou pathologiquement jaloux comporterait des stratégies susceptibles de produire un déplacement plus important du sperme, grâce à des poussées plus profondes et plus vigoureuses ! 

Alors, la prochaine fois que vous contemplerez un pénis en érection, ne pensez pas au champignon de Donald Trump. Non, songez plutôt aux centaines de milliers d’années d’évolution, et de concurrence acharnée entre mâles, qui lui ont donné cette forme si singulière…

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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