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L’art très subtil de la fellation

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La fellation, préliminaire ou acte sexuel à part entière, à la symbolique forte, semble universellement appréciée. Elle exige du désir, du talent, mais aussi une technique maîtrisée. Un dossier pour ceux (et surtout celles) qui croient déjà tout savoir sur cette bonne vieille pipe…

Petit rappel historique…

La dernière grande enquête de l’INSERM sur les pratiques sexuelles des Français, réalisée en 2006, révélait que la sexualité orale s’est démocratisée à partir des années 70. En 2006, plus de 80 % des femmes déclaraient l’avoir expérimentée. Fellation et cunnilingus sont pratiqués aujourd’hui par une très large majorité de Français.

Une jeune fille née dans les années 90 est loin d’imaginer ce qu’elle doit aux bouleversements des fastes années 70. Il y a quelques années, le magazine Elle célèbrait la fellation comme « ciment du couple », citant l’histoire d’Elise, 30 ans, inventant la « suçothérapie » pour sauver son couple après deux grossesses. Pourtant, cette bonne vieille turlute universellement célébrée aujourd’hui (même par les féministes), a longtemps souffert d’une réputation désastreuse.

A l’époque romaine, souligne Thierry Leguay, auteur de La fabuleuse histoire de la fellation (La Musardine), la différence sexuelle ne se faisait pas tant entre hommes et femmes qu’entre actifs (les hommes) et passifs (les femmes et les esclaves). La passivité, très dévalorisée, signifiait recevoir en con, en cul, mais aussi en bouche.

À l’époque, la fellation était l’apanage des prostituées, et ce fut le cas pendant des siècles. Au sein du couple, elle se pratiquait secrètement et à des fins contraceptives, comme la sodomie.

Prenez les commandes

On a longtemps associé la fellation, comme le sexe anal d’ailleurs, à une soumission de la femme. C’est parfois toujours le cas, et certaines filles se sentent mal à l’aise avec l’image encore vivace de la femme à genoux devant la queue toute-puissante. D’autres ne comprennent pas l’intérêt qu’elles peuvent en retirer pour elles-mêmes, et ne sucent que pour faire plaisir.

Il est bon de rappeler une évidence, Mesdames, si vous voulez combler votre homme en devenant une reine de la pipe, vous devez en avoir envie. La première étape consiste à prendre plaisir à ce que vous faites.

Variez les positions.

A force de pratique, vous trouverez celle qui vous convient le mieux.

– L’homme debout. Le potentiel fantasmatique de cette position est immense. Et elle n’est pas forcément synonyme de soumission. Son avantage principal : une très grande liberté de mouvement pour la femme qui, à genoux ou accroupie peut alors facilement se caresser manuellement en même temps. Elle peut aussi se placer à quatre pattes. Un miroir habilement disposé derrière elle offrira à l’amant comblé une perspective excitante sur son postérieur. « On n’a jamais eu autant de pouvoir sur un homme qu’agenouillée devant lui », explique Coralie Trinh Thi dans Osez une leçon de fellation (La Musardine, 2014) En effet, la femme a accès à toutes les zones érogènes de son partenaire. Notez que cette position se prête bien à une fellation à la dérobée, dans un ascenseur bloqué ou dans les toilettes de votre entreprise. Attention : pour que la fellation soit discrète jusqu’au bout (si ce n’est pas votre officiel, par exemple), veillez à ne pas laisser d’indices : avalez tout ! La position assise pour l’homme permet une détente optimale du corps, et aussi un grand confort visuel. La proximité du visage de la fellatrice contribue grandement à l’excitation. Les hommes sont unanimes sur ce point : ils adorent quand leur fellatrice les regarde dans les yeux, jouent avec leur cheveux s’ils sont longs…

– Position allongée : la détente est maximale pour l’homme. Sa compagne s’installe à genoux entre ses cuisses : un vaste terrain de jeu s’offre alors à elle. Pour peu que l’homme relève bien les cuisses, ce sont toutes les zones érogènes basses qui se trouvent à sa portée !

– La position de la fellatrice à quatre pattes sur le côté est intéressante : on peut promener sa main jusqu’aux fesses tout en ne perdant pas une miette du déroulement de l’action.

– La femme peut s’allonger elle aussi, et laisser son partenaire, à genoux au-dessus de sa poitrine, investir sa bouche. Il peut alors tenir un rôle plus actif dans la fellation. Cette pratique s’appelle « irrumation ». Dans le porno, elle est souvent liée à la soumission (souvenez-vous des vidéos de Max Hardcore, qui fut au romantisme ce que Nabilla est à la poésie).

– L’homme à quatre pattes, la femme le suçant par en-dessous. Cette fois, c’est lui qui se soumet, exposant sans pudeur sa zone anale au regard de sa compagne, qui ne résistera pas à la tentation de l’explorer de la langue ou des doigts !

– Le 69 : ce nombre magique décline plusieurs manières d’échanger de bons procédés : l’homme peut se placer sous la fellatrice, au-dessus, ou encore sur le côté. Le 69 acrobatique, homme debout tenant sa compagne tête en bas, peut être tenté sur une courte durée, à condition d’être sûr de sa forme physique !

Les joueurs sont en place. Démarrons la partie !

 Jeux de langues

La langue peut être glissante sur la couronne, le gland, le frein et la hampe jusqu’à l’anus. Elle sera forante pour préciser les caresses, percutante au niveau de l’urètre ou du périnée, tournante autour de la couronne… La fellatrice doit adapter ses techniques aux endroits qu’elle veut stimuler. Les hommes raffolent, en général, du « french kiss » : un baiser profond, avec une langue agile. On peut aussi lécher les testicules, les aspirer doucement. Messieurs, n’oublier pas de vous raser soigneusement… Une peau lisse incite davantage aux caresses.

Alternez fellation et masturbation. La technique la plus classique est la suivante : le gland reste dans la bouche, tandis qu’une main branle la hampe. C’est la base.

On parle couramment de « sucer », alors qu’il n’est pas vraiment question de cela. Même si la succion est importante, une fellation ne se résume pas à téter ! Tracey Cox, dans son best seller Hot Sex, explique qu’il s’agit plutôt de “faire en sorte que votre bouche épouse son pénis comme un gant”.

Ensuite, entraînez-vous à le branler, tout en le suçant, mais en accompagnant le va et vient d’une torsion du poignet. Veillez à effectuer un mouvement régulier.

Vous pouvez faire une pause pour promener votre langue sur son gland. Pendant ce temps, exercez une pression à la base du frein avec le pouce… et observez comme il se pâme !

Jouez avec votre salive, crachez sur sa colonne en faisant couler lentement un filet jusqu’au gland. Faites du bruit en crachant, une petite touche de vulgarité contribue souvent à l’excitation !

On peut serrer de temps à autre la base de la verge.

La praticienne ne doit pas hésiter à marquer des pauses pour convoquer d’autres zones sensibles du corps de son homme : mamelons, périnée, anus. Un massage de la périphérie de l’étoile rose est toujours très apprécié !

C’est pour un sondage…

Ensuite, les filles, si vous vous sentez particulièrement entreprenante, et que votre homme semble réceptif, explorez plus avant ses profondeurs. Selon Coralie Trinh Thi, « stimuler la zone anale pendant la fellation, même d’un simple massage, transforme et transcende toutes les sensations du gland, du frein et de la hampe. »

Si les deux partenaires sont à l’aise et suffisamment excités, Madame pourra partir en quête du Point P (non, pas le magasin de bricolage !). P comme prostate bien sûr, équivalent supposé chez l’homme du point G féminin, mais dont l’existence est moins sujette à controverses !

A grand renfort de lubrifiant, faites pénétrer votre doigt en appuyant contre la paroi antérieure du rectum. Vous allez bientôt sentir un petit renflement, comme une petite prune aux trois quarts enfoncée dans le sable : c’est la prostate. Caressez-la en effectuant de deux doigts le mouvement « viens ici » ou en massages concentriques.

Un simple massage de la prostate peut provoquer un orgasme et une éjaculation, même sans érection. Il intensifie les sensations lors de l’orgasme classique et augmente considérablement la quantité de sperme.

Un point important : montrez à votre homme que vous prenez plaisir à ce que vous faites ! Vous pouvez même faire une pause pour le regarder, droit dans les yeux, en souriant… Un peu cliché, pensez-vous ? Peut-être, mais le succès est assuré ! Branlez-le, devant votre bouche ouverte, avec un regard par en dessous… Vous voilà devenue une vraie pornstar !

Enfin, n’oubliez pas de commenter : une vraie pro de la pipe n’a jamais peur d’en faire trop dans le « dirty talk » ! N’hésitez pas à lui parler de sa queue, et à quel point vous aimez son goût, sa dureté et sa taille (même si, sur le dernier point, ce n’est pas le cas)… Ça ne manquera pas de l’électriser !

 Le bouquet final

Si la fellation constitue souvent un préliminaire, il est délicieux pour un homme de le mener à la jouissance de cette façon !

Apprenez à reconnaître les signes avant-coureurs de l’éjaculation : soubresauts du pénis, écoulement abondant de liquide séminal, rougeurs sur la poitrine…

Se pose alors la question fatidique : avaler ou pas ? Certaines femmes le font avec plaisir. D’autres font pénétrer le sexe profondément pour que le sperme s’écoule dans la gorge, sans passer par les papilles gustatives… Attention à ne pas provoquer de vomissement ! D’autres, enfin, préfèrent s’abstenir totalement de tout contact avec le sperme. Question de préférence, mais s’il est gratifiant pour un homme de regarder sa partenaire se repaître de sa semence, le refus d’avaler peut donner lieu à de réjouissantes mises en scènes. Par exemple, l’homme comme la femme apprécient parfois le spectacle du jaillissement du sperme. Mais il existe des alternatives. L’homme peut se branler devant la bouche grande ouverte de sa compagne, qui tire la langue… Une fellation peut se terminer par une bonne branlette, et une salve bien dirigée, de façon à ce que la femme puisse se débarrasser de l’éjaculat sans dégoût. Attention, Mesdames, même si vous n’aimez pas le sperme, ne faites pas trop la dégoûtée, cela risquerait de traumatiser votre partenaire qui peut être susceptible avec sa virilité… Courir dans les toilettes pour tout recracher, c’est le tue-l’amour assuré !

Faites plutôt couler lentement le sperme hors de sa bouche en fixant votre amant dans les yeux. Elle peut aussi préférer le recevoir sur ses joues, ses seins, son ventre…

En tout cas, que vous avaliez ou non, sachez qu’il vaut mieux, après l’éjaculation, arrêter d’aspirer le gland, qui devient alors extrêmement sensible. Cette caresse varie alors du désagréable à l’insupportable !

Enfin, Messieurs, n’oubliez pas que les femmes ne peuvent pas tout savoir… Si vous ne vous estimez pas comblés par les fellations de votre compagne, parlez-en, y compris pendant l’acte. Dites-vous, et dites-lui, que tout s’apprend, avec le sourire, dans le respect… et l’humour.

Ce qu’il vaut mieux éviter :

 – Le sucer avec trop de fougue, comme dans un porno. L’énergie dont les hardeuses font preuve rappelle que le X est d’abord un spectacle. Coralie Trinh Thi prévient : « vous inspirer du porno n’est pertinent que si vous envisagez un jeu visuel, lumière allumée, devant un miroir, devant votre caméra… »

– Téter le gland. Au mieux, on ne ressent rien. Au pire, c’est désagréable

– Pomper bêtement, sans autre caresse.

– Fermer les yeux.

– Mettre les dents. A moins que vous ne maîtrisiez parfaitement l’exercice qui consiste à effectuer de très légères pressions des incisives pendant le pompage… Un coup de dent sur le gland peut être douloureux.

Dans son chef d’œuvre Les 120 jours de Marseille (Ed. Le Cercle), Michael Biermann décrit magnifiquement ce qui, selon lui, plaît tant aux hommes dans la fellation :

« Il faut bien sûr un peu de technique et de bon sens. Mais je ne crois pas que ce soit la bouche elle-même qui fasse jouir finalement. Elle a le palais trop dur, les dents trop en saillie, une profondeur trop limitée, même si une langue adroite et une abondante salive peuvent pallier un peu ses défauts. Non, je crois que c’est surtout l’idée qui vous fait de l’effet, l’idée d’occuper de vos vits cet orifice par où normalement entre l’air, disparaît la nourriture et d’où sort la parole. Jouir dans nos cons ou nos culs n’a rien d’extraordinaire, vous croyez qu’ils sont faits pour ça, des vases creux et doux pour y déposer votre affaire. Mais remplir nos bouches de votre chair et de votre lait, comme si on voulait manger un peu de vous, vous semble miraculeux, ces bouches que vous pouvez regarder parler ou manger parmi les gens, en pensant : “Il y a une heure, cette bouche était pleine de moi. De ces lèvres, qui sourient à un inconnu, coulait mon foutre. Cette gorge si innocente l’a avalé.” L’idée de violer l’orifice public, d’en abuser, de le détourner de son sens, fait jaillir votre foutre d’autant plus facilement qu’elle est consentante. »

 

Le film “Gorge Profonde”, de Gérard Damiano (1972), repose sur une idée digne d’une blague potache. L’héroïne, jouée par Linda Lovelace, possède une particularité anatomique : son clitoris est situé au fond de sa gorge. D’où la nécessité pour ses amants de s’y introduire assez loin pour le stimuler. La pratique inspirée de ce film consiste alors à introduire le pénis au-delà de la luette, et cela sans vomir ! Linda Lovelace conseille de s’entraîner d’abord avec un doigt. Ensuite, la technique qu’il vous faut maîtriser est celle des avaleurs de sabres. À une différence près : autour d’un sabre, on peut encore respirer, mais pas autour d’une bite ! Il importe donc de bien contrôler sa respiration. Linda Lovelace décrit, dans son livre autobiographique, la position idéale :

“Je m’allongeais sur le dos, la tête pendant hors du matelas. L’homme s’agenouillait alors face à moi et mettait son sexe dans ma bouche. De cette façon, il glissait aisément, et pouvait faire un mouvement de va-et-vient…” (1)

Évidemment, il n’est pas naturel de recevoir des coups de reins dans la gorge, et cette pratique nécessite une confiance absolue. Linda Lovelace a mis deux mois pour maîtriser cette technique. Mais si vous voulez vraiment faire plaisir à votre partenaire, cela en vaut la peine. Les sensations physiques sont incomparables, comme le plaisir psychologique que lui procurera votre envie de le recevoir le plus loin possible dans votre bouche…

(1) Linda Lovelace par Linda Lovelace, éd. EPI, 1976.

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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