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Glory-hole : petite histoire du Trou de la Gloire

Sous-genre à part entière de la création porno, le glory-hole est sans doute le kink alternatif le plus accessible au quidam ‘vanille’, au profane de la perversion fétichiste. Ici, nulle histoire de ligotage complexe, de déguisement discutable ou de roleplay ésotérique ; un mur, un trou, et le tour est joué. À vous le frisson de l’inconnu, le plaisir insoupçonné de glisser sans vergogne votre chibre dans un Orifice Vide Non-Identifié, le bonheur subtil de jouer à l’OVNI sans jamais céder à la rencontre du premier, du deuxième ou même du troisième type. C’est qu’outre le fantasme, le dispositif est né de la contrainte, celle de l’anonymat des parties dans une Angleterre où la persécution des homosexuels allait bon train. Sans transition, retour sur la petite histoire du trou de la gloire.
Selon Rictor Norton, écrivain américain spécialiste de l’histoire de l’homosexualité, la toute première mention littéraire de la chose, alors succinctement décrite, est issue du compte-rendu d’un procès pour chantage qui s’est tenu à Londres en 1707. Il relate, entre autres, la stratégie employée par un certain Thomas Vaughan pour compromettre Mr. Guillam, notable local, sur des accusations de « sodomie », c’est-à-dire des pratiques relevant de l’homosexualité masculine. De retour d’une visite auprès d’un client, le riche marchand fait escale à Temple, quartier judiciaire historique de la capitale, pour soulager une envie pressante dans une « bog-house », les cabinets publics. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il voit que, par le trou percé dans le mur qui le sépare de la cabine adjacente, un « garçon » introduit ses parties génitales. Saisi, Mr Guillam quitte les lieux sans demander son reste, poursuivi par le garçon qui crie à qui veut l’entendre que le fuyard l’a sodomisé. Le piège se referme au moment où Thomas Vaughan intervient, réclamant l’adresse de Guillam pour tirer toute cette affaire au clair. Le chantage peut alors commencer.
Au pied du mur
Dès sa plus vieille origine attestée, le glory-hole est donc intimement lié à la ségrégation des homosexuels au Royaume-Uni. Et malgré ses débuts difficiles, sa popularité ne faiblit pas lors de la révolution industrielle. Car si, plus que jamais, la Couronne mène la chasse aux « sodomites », elle n’a jamais autant entassé de mâles musclés et besogneux dans ses manufactures, favorisant de fait la promiscuité entre messieurs. Et en matière d’amours viriles clandestines, la cloison ajourée dispose de nombreux avantages, à une époque où une accolade un peu trop appuyée avec un bon copain peut vous conduire droit aux travaux forcés. D’abord, il y a la discrétion. Généralement installé dans les latrines publiques, puis dans les toilettes des lieux de rencontres connus de la communauté, sa simplicité n’éveille aucun soupçon. Qui va s’émouvoir d’une brèche dans la cloison vandalisée d’un lieu d’aisance ? Et quand bien même, peut-on réellement soupçonner d’une incartade deux hommes qui se seraient à peine croisés en ces lieux, puisqu’usant de cabines ostensiblement séparées ?
L’autre avantage du glory-hole, c’est l’anonymat mutuel. Source intarissable de fantasme, cette caractéristique constitue qui plus est une nouvelle garantie de sécurité. On vient seul, on se positionne à tout hasard, on fait sa petite affaire, sans la moindre interaction superflue avec son partenaire de fortune, et on repart comme on est venu, le cœur léger et les couilles vides. L’efficacité y gagne ce que le romantisme certes y perd, mais en ces temps troublés, pouvoir assouvir ses pulsions homo-érotiques sans prendre de risques vitaux est un luxe qu’on ne se refuse pas. C’est que la brigade des mœurs est impitoyable, les dénonciations pleuvent et les chantages détruisent des vies (Oscar Wilde, Alan Turing). Ainsi, ne connaître ni le nom, ni la voix, ni le visage de ses amours emmurées protège chacun, si jamais l’un des usagers devait passer au aveu et balancer les copains.
C’est seulement au terme de plus de deux siècles de secret d’initié que l’on baptise officiellement la pratique du nom qu’on lui connaît aujourd’hui. Edité aux Etats-Unis en 1949, les Swasarnt Nerf’s Gays Guides, un fascicule de 172 pages qui détaille par le menu les lieux de cruising du pays, témoigne de la libération des mœurs quant aux pratiques homosexuelles, consacrant définitivement la triomphale formule de « glory-hole ». Si l’étymologie souffre encore de quelques contestations, le terme ayant de nombreux usages industriels (exploitation minière, extraction pétrolière…), son origine la plus probable reste le petit monde très propice au sous-entendu des souffleurs de verre. Dans ce domaine, le glory-hole désigne un fourneau torride dans lequel on introduit le bout de sa canne jusqu’à faire fondre la gangue cristalline à modeler. Existe-t-il image plus transparente ?
Appropriation culturelle
En dépit de la dépénalisation progressive (et relative) de l’homosexualité, le glory-hole reste l’attraction-phare des bars, bains et autres backrooms gays, pour toute la deuxième moitié du vingtième siècle ; symbole d’une clandestinité érigée en fantasme duquel les hétéros ont jusque-là été tenus à l’écart. Mais peu à peu, le concept se popularise, au point d’investir les milieux libertins. Au tournant des années 2000 chaque club parisien, chaque enseigne du cap d’Agde, chaque boîte à cul de province se doit de disposer de son propre mur des pénétrations. Parallèlement, l’essor des plateformes virtuelles spécialisées dans la rencontre gay ringardise le cruising à papa. Plus la peine d’errer de spot en spot dans l’espoir d’une étreinte fugace et virile avec un bel inconnu tout aussi fébrile ; trois swipes, deux clics et le rendez-vous est pris avec un partenaire choisi sur mesure, évitant ainsi les risques malheureusement inhérents à la fréquentation de lieux connotés.
De quoi signer l’arrêt de mort du glory-hole ? Pas tout à fait. Le porno est bien évidemment passé par là, pour s’emparer du potentiel fantasmatique de la vénérable ouverture. Mais bien entendu, impossible d’illustrer le charme réel de l’activité : le frisson existentiel d’introduire son sexe dans un interstice sans savoir quelle bouche experte viendra l’épouser. Au lieu de ça, le X se vautre dans l’évidente imposture : conserver l’esthétique cradingue de l’arrière-salle d’un sex-shop malfamé ou d’un chiotte d’autoroute insalubre, pour suggérer que derrière chaque cloison se cache inévitablement une bimbo avide de queue, une messaline insatiable qui pompera consciencieusement chaque appendice pénétrant son espace. Et au diable la réalité historique…
Tombé en désuétude, dépouillé de son mystère, le glory-hole pourrait toute fois connaître un revival au tournant de l’année 2020. À la faveur inattendue d’une pandémie mondiale qui ne cesse de rebondir, les organisations sanitaires du monde entier commencent à s’interroger discrètement sur ce qu’il reste de liberté sexuelle à l’heure des gestes barrières. Et le British Columbia Centre for Disease Control, institut canadien de contrôle des épidémies, d’enjoindre la population à vivre leur passion par mur interposé, le département de la santé de New York lui emboîtant le pas. Ou comment le trou glorieux sauvera finalement le monde…
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