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C’est pour un sondage !

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L’urètre est rarement considéré comme une zone érogène, et pourtant, sa stimulation compte de fervents adeptes. Tout ce qu’il faut savoir sur le plaisir très particulier de la pénétration urétrale…

En parcourant les pages de votre sex-shop en ligne préféré, vous vous êtes peut-être étonné à la vue de ces curieuses petites tiges, en acier chirurgical, dont le nom évoque le carrelage blanc des laboratoires et des salles d’examen : je veux parler des « sondes urétrales ». En médecine, elles sont indiquées pour dilater l’urètre et permettre la vidange de la vessie, lorsque celle-ci ne peut se vider normalement. On introduit une sonde dans l’ouverture de l’urètre, pour la faire remonter vers la prostate, puis la vessie. L’utilisation de ces instruments en plastique, en acier ou en silicone, procurerait, selon les adeptes, des sensations particulièrement voluptueuses. Ce jeu est appelé sounding en anglais, « fétichisme du cathéter », ou encore « sodurètre ».

L’activité concerne les hommes, en grande majorité, même si l’on sait que les femmes peuvent, elles aussi, goûter à la volupté de s’enfoncer une tige dans l’urètre, comme l’a mentionné Ernst Grafenberg (le découvreur du Point G) dans son ouvrage Le rôle de l’urètre dans l’orgasme féminin. Notons au passage que l’on n’utilise pas les mêmes instruments, selon que l’on possède un vagin ou un pénis, les femmes ayant un urètre beaucoup plus court et de forme différente. Le plaisir urétral féminin, vaste sujet trop peu traité, fera l’objet d’un autre article… Nous ne parlerons ici que du plaisir urétral masculin. Venons-en maintenant à la question fatale : pourquoi s’insérer un objet dans l’urètre est-il tellement jouissif ?

Laissons de côté les considérations féministes (ou plutôt, « anti masculinistes »), sur l’inversion du rôle du pénis, passant de pénétrant à pénétré, et concentrons-nous plutôt sur la sensibilité de l’urètre. Celui-ci est entouré de nerfs, de capteurs sensitifs et de tissus érectiles, et se révèle par conséquent très sensible aux stimulations ! Le plaisir est décrit comme particulièrement « piquant ». Le sexologue Pierre Desvaux l’évoque ainsi : « Les objets insérés dans l’urètre, c’est un grand classique. Le plaisir vient de cette petite brûlure, comme celle qui se produit lorsqu’on a très envie d’uriner. Cette sensation est exacerbée par l’excitation sexuelle » (Osez l’orgasme prostatique, éd. La Musardine).

Aldric, charmant quadra de la région parisienne, m’a confié : « Je n’aurais jamais pensé essayer ça ! Pour moi, ça relevait des sexualités extrêmes. Jusqu’à ce qu’un ami, versé dans les pratiques SM, me conseille de tenter l’expérience, en respectant des règles d’hygiène strictes. Finalement, avec une sonde médicale et du lubrifiant, ça passe très bien, et le plaisir ressenti lorsque la sonde remonte vers la prostate est incomparable ! »

L’expérience est d’autant plus intense qu’elle s’accompagne d’un sentiment de vulnérabilité. C’est ce qui a attiré Rita, la compagne d’Aldric, qui lui a proposé de l’assister dans ses explorations : « Pour moi, l’une des choses les plus excitantes est de voir un homme vraiment vulnérable, et le sondage de l’urètre est idéal pour cela », a-t-elle déclaré. Le sondage, encore plus fort que le « chevillage », pour apprendre le respect à la gent masculine ?

Quel instrument choisir ?

Précisons d’emblée que tout objet suffisamment fin pour être inséré dans l’urètre peut servir de sonde. Mais si aiguilles à tricoter ou autre thermomètres parviennent à pénétrer l’étroit canal, c’est parfois au prix de dégâts extrêmement douloureux. D’ailleurs, vous aurez sans doute remarqué que les rares articles de presse consacrés au sondage urétral insistent sur les dangers de la pratique. Si vous voulez tenter l’expérience, optez pour de vraies sondes, de préférence en acier de qualité chirurgicale. L’acier inoxydable est facile à stériliser, et ne risque pas de se casser. Sur les catalogues de matériel médical, on trouve deux principaux types de sondes : les Van Buren, courbées (ainsi nommées d’après William H. Van Buren, un chirurgien américain qui, le premier, a déterminé la longueur moyenne d’un urètre masculin : 22,3 cm) et des Dittel, droits. Les sondes Van Buren sont particulièrement prisées dans les jeux BDSM. Comme elles sont courbées, une fois insérées jusqu’au bout, un dominant peut ostensiblement contrôler quand son soumis a une érection. Cela peut être douloureux, mais dans ce contexte, ça pourrait très bien être le but recherché !

Il existe également des dispositifs médicaux dilatateurs d’urètre, des sondes dotées d’une extrémité plus large que l’autre, appelées Pratt, Hank ou Hegars. Enfin, il faut mentionner les plugs d’urètre, percés ou non, généralement munis d’un anneau pour éviter qu’ils n’aillent trop loin.

Pour le choix des matières, optez pour le silicone si vous aimez la souplesse, ou l’acier si vous préférez le poids et la rigidité. Le plaisir ressenti lors d’une insertion vient soit de la dilatation du canal, soit du va-et-vient, soit, tout simplement, du port d’un objet dans cette zone.

Comment s’y prendre ?

  • Pour les débutants, préférez une tige souple en silicone. La longueur doit être au maximum égale à celle de votre queue en érection.
  • Vos « outils » doivent être d’une hygiène irréprochable, lavés et désinfectés.
  • La lubrification est indispensable pour éviter les traumatismes. Certaines sondes médicales sont auto-lubrifiées, mais si vous avez acheté votre sonde en sex-shop, il y a peu de chances qu’elle le soit. Injecter du lubrifiant (à base d’eau) à l’aide d’un compte-goutte dans l’urètre, et lubrifiez votre tige avec vos doigts parfaitement propres. L’idéal est de porter des gants stériles.
  • Il est indispensable de ne pas être en érection lors de l’insertion.
  • Détendez-vous et prenez votre temps. La couronne du gland est souvent la partie la plus difficile à passer.
  • Ensuite, il faut savoir que l’urètre se dilate. C’est d’ailleurs ce qu’il fait à chaque miction. A mesure que vous progresserez dans vos explorations, vous pourrez introduire des sondes de plus en plus épaisses. Les sondes sont souvent proposées sous forme de kits. C’est l’option idéale si vous trouvez votre plaisir dans l’insertion et les va et vient.
  • Une fois la sonde insérée, vous pouvez commencer à faire quelques allers-retours avec la tige.
  • Si le port d’un corps étranger vous excite, optez pour le plug d’urètre, de préférence creux. Vous pouvez alors vous masturbez d’une façon « classique » en maintenant la tige à l’intérieur du pénis, ce qui décuplera vos sensations au moment de l’orgasme et de l’éjaculation (certains plugs d’urètre ont un orifice aux deux extrémités permettant d’uriner sans le retirer, ou d’éjaculer). Petit raffinement : éjaculer avec un modèle de plug non percé fera remonter le sperme vers la vessie. Rassurez-vous, c’est sans danger.
  • A la fin de votre séance, nettoyez bien vos sondes à l’aide d’une solution antiseptique, et rangez-les dans un étui.

Quels sont les dangers ?

L’urètre est constitué de tissus délicats, et le blesser en le déchirant ou en le coupant peut entraîner une infection urinaire. C’est pourquoi il est important d’utiliser des sondes stériles, lisses et incassables. Naviguer au-delà de la courbe de l’urètre est également périlleux. Les services d’urgence constatent régulièrement que l’imagination humaine ne connait pas de limites en matière d’insertion d’éléments étrangers dans le corps. Pierre Desvaux en témoigne : « Parfois, ça tourne mal. J’ai entendu parler du cas d’un homme qui s’était enfoncé un fil électrique dans le canal de l’urètre, jusqu’à atteindre l’intérieur de la vessie. Comme il était bien excité, il a poussé au moins 60 centimètres de fil. Mais le fil a fini par faire une boucle. Impossible de l’extraire, il a fallu opérer ! »

Sans aller jusqu’à ces extrémités, une certaine gêne peut être ressentie lors de la dilatation de l’urètre, car le canal est étiré au-delà de ce à quoi la plupart des hommes sont habitués. Cependant, si les « sondeurs » continuent à ressentir des douleurs, des irritations ou des saignements après une séance, ils doivent, bien entendu, consulter un médecin. Et aussi dire la vérité sur ce qui s’est passé. Comme les proctologues, les urologues ont tout entendu. Et la seule façon pour eux de vous aider est que vous aussi, leur disiez tout. Ils pourraient même vous donner des conseils pour éviter d’autres accidents.

Alors, si vous êtes tenté par l’expérience, armez-vous de patience, allez-y en douceur, et surtout, utilisez des instruments adaptés et stériles. Have fun and take care !

Après des études de philosophie et de psychologie, Mathilde Leriche débute une carrière dans l’enseignement. Puis, à l’âge de trente ans, curieuse de nouvelles expériences, elle découvre le libertinage, et se passionne pour la sexualité humaine.

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