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ActorFab : « C’est la féminité que je veux mettre en avant, quel que soit le sexe de ma partenaire ! »

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À 45 ans, Actorfab a tourné des centaines de scènes dans une spécialité qu’il affectionne : le porno trans. Passé maître dans la compréhension de la sexualité des transgenres, ce producteur atypique en parle cash et avec intelligence, citant volontiers Baudelaire et Léonard de Vinci, tout en se revendiquant woke. Rencontre. 

Pourquoi ce pseudo ?

J’ai pris le pseudo ActorFab car je souhaitais avant tout devenir acteur et le faire savoir, Fab vient de « fabuleux », car je parviens toujours à accompagner ma partenaire vers son orgasme, et ça se voit dans mes vidéos !

Quand, et comment as-tu commencé dans le porno ?

Depuis une quinzaine d’années, j’ai souvent filmé mes performances avec mes partenaires, jusqu’au jour où l’une d’elles, en 2020, m’a dit : « j’ai 20 ans, et j’ai 200 fans qui me donnent 10€ par mois… Toi, avec ta queue que tu as, tu pourrais en vivre ! » Je me suis dit que le site dont elle me parlait était fait pour moi. C’était très dur de trouver des contacts au début, mais avec de la patience et de la persévérance, je suis devenu en trois ans l’une des plus belles offres de porno trans amateur. Bien sûr, les 250 films ne se sont pas faits tous seuls, et ça demande du temps, une organisation rigoureuse et méthodique, et une force de remise en question permanente.

Tu es donc à la fois producteur, hardeur et cadreur ? Tes scènes sont toujours en POV ?

Je suis acteur, et je travaille depuis 6 mois avec un business manager issu du milieu porno professionnel. Il me donne des conseils précieux pour améliorer mon offre sur Internet (Twitter, Onlyfans, Mym, ManyVids, Xvideos,…). J’insère toujours du POV dans mes films, mais la plupart de mes scènes récentes sont filmées en plan large avec camera 4K.  Bien sûr, avec mes compétences en digital et en communication, j’ai su me débrouiller seul pour prospecter les modèles, organiser les tournages, réaliser les scènes, monter les films, éditer les trailers, et enfin les diffuser sur les réseaux, de manière à capter le maximum d’audience, et transformer les likes et les followers en consommateurs de porno.

Ta spécialité, ce sont les vidéos transgenre. Pourquoi ce choix ?

Je consultais des sites d’escorts, et à l’époque de nombreuses filles trans commençaient à afficher leur Onlyfans. Je me suis donc tourné vers des modèles trans, et même si j’ai seulement 10% de cis dans mes sites, les deux profils me sollicitent aujourd’hui sans distinction pour collaborer aujourd’hui. C’est la féminité que je veux mettre en avant, quel que soit le sexe biologique !

Selon toi, pourquoi les hommes sont-ils tellement attirés par les femmes trans ?

Je ne peux pas parler pour les autres… Moi, je me suis tourné vers les trans parce que j’adorais le sexe anal, et que les femmes cis n’apprécient pas toutes cette pratique. 

 

Te considères-tu comme hétéro ?

À un moment il faut savoir avancer, y a-t-il un intérêt à perdre son temps à tenter de définir l’indéfinissable? Je préfère l’utiliser à régaler mes followers avec des beautés uniques et souvent magnétiques, celles qui savent immédiatement parler au désir et figent les secondes pour l’éternité.

 

Quel est ton fantasme le plus cochon ?

Je suis capable d’envoyer des litres de foutre en mode tuyau d’arrosage si j’ai trois personnes qui se relayent pour s’occuper de ma queue pendant au moins trois heures… À ce moment-là, je convulse et je tremble comme si j’entrais en transe, c’est une performance de haute intensité, que je n’ai pas souvent réalisée dans ma vie, et qui me met dans un état incroyable pendant plusieurs heures après la jouissance… C’est une sensation incomparable : tout ce qui est sexuel devient étranger à mon esprit,  et je ne sens plus mon corps plusieurs heures après la giclée, c’est comme habiter dans les nuages !

Pourquoi as-tu choisi de ne pas montrer ton visage ?

Je ne suis qu’un personnage secondaire, mon but est de mettre en valeur ma partenaire.

Tu as des contacts avec le milieu du porn ?

Oui, je travaille avec des professionnels qui m’aident dans mes démarches techniques et administratives.

Tu comptes prospecter d’autres marchés que le marché français ?

Pour en arriver à produire plus de 250 films en deux ans, j’ai parcouru huit capitales européennes, afin de rencontrer les meilleures modèles du continent pour faire des collabs. Ça m’a permis de développer une audience internationale sur Twitter. À force, des actrices de Norvège ou du Mexique me connaissent, et me sollicitent lorsqu’elles viennent à Paris. Le réseau est un jeu qui se joue à plusieurs bandes, et qui parfois porte ses fruits après de longues années de patience.

Tu as un autre job en parallèle ?

J’ai quitté mon poste dans le management de bases de données, car je ne pouvais produire autant de films que je le souhaitais. Les modèles sont en général prêtes autour de 15 heures, quand la lumière du jour est idéale, et quand les photographes sont disponibles. Le soir, c’est pour un autre type d’activité. Il est évident que si j’étais resté à mon bureau, je n’aurais jamais pu développer autant mes activités dans le porno !

Tu travailles principalement avec Onlyfans ?

En plus d’Onlyfans (xActorFab), j’ai un MyM (Pipe2Trans) pour une version des films sans sodo, et aussi un ManyVids (BeautyTrans) pour acheter les films à la carte.

Comment trouves-tu tes actrices ?

Sur les sites de rencontre comme Grinder, ou les sites d’escorting. Après, il faut savoir parler et donner envie, c’est loin d’être le cas de tous les créateurs de contenu !

Pourquoi es-tu toujours actif dans tes scènes ?

Je n’aime pas être passif, et je ne le fais pas dans le privé.

Quel a été ton meilleur moment dans ton parcours d’acteur porno ?

Les deux heures passées en pleine après-midi dans la chambre d’hôtel lumineuse de Luiza Marcato… Elle en redemandait toujours et j’étais exténué, mais j’ai fait avec elle mon meilleur film ! J’ai aussi particulièrement apprécié, à mes débuts, mes séjours en Hollande avec une créatrice de contenu, Triss808, qui a su m’apporter de nombreux conseils, et me mettre le pied à l’étrier alors que je ne savais pas trop utiliser OnlyFans. Parfois, prendre le temps d’échanger, plutôt que s’acharner à produire, peut changer toute une carrière !

 

Quelle est la meilleure façon de donner du plaisir ?

Je ne suis jamais à l’origine du plaisir. Mon rôle, comme une fille qui séduit, c’est de ne rien faire et susciter le désir… Le sexe inverse les rôles convenus. C’est à la fille de montrer son envie et donc de démarrer la scène, moi je ne suis là que pour l’étincelle, c’est à dire la frôler, réveiller ses fantasmes, analyser ses pulsions… Comme avec un détecteur de métaux sur une plage, je sonde sa peau pour trouver le signal permettant de savoir où se situent ses points sensibles. Cette forme d’empathie sexuelle va engendrer naturellement la position dans laquelle elle se sentira le plus confortable, et donc déclencher chez moi le mouvement de baise adéquat !

J’ai toujours été très marqué par les travaux de Léonard de Vinci sur la proportionnalité des mensurations sur le corps humain, travaux matérialisés par un de ses dessins les plus connus, l’Homme de Vitruve. D’une certaine manière et en toute modestie, je suis persuadé que le mécanisme du corps humain est régi par des lois qui sont totalement inconnues à l’homme et qui, un peu comme une science mathématique, finit toujours par se résoudre en une solution évidente. 

Mon esprit, pendant une relation sexuelle, fonctionne comme une machine apprenante. L’expression « écouter son corps » n’est pas fortuite. Si le terme « écouter » a été choisi ce n’est pas par hasard, j’aime dire qui faut baiser aussi avec les oreilles, être capable d’analyser et comprendre le niveau de plaisir provoqué par ses gestes sur son partenaire, et ajuster ses intentions en fonction des enseignements assimilés. Chaque personne est différente mais les plaisirs se correspondent (massages, pieds, langues, baisers, odeurs, crachats…), il est possible par expérience de savoir mieux que son partenaire les plaisirs dont il peut jouir, et de l’y conduire pour qu’ils lui restent impérissables à l’esprit. Les correspondances de Baudelaire expriment parfaitement ces mécanismes invisibles : « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent »… Enfin, il est important de rappeler qu’il demeure fortement conseillé d’éclater fort et longtemps le cul de sa partenaire si on veut qu’elle se rappelle de vous (rires) !

Quel est le tournage le plus bizarre sur lequel tu aies travaillé ?

Tous mes tournages sont bizarres, car à chaque fois je me demande ce que je fais là, et comment j’ai fait pour finir dans cette carrière après toutes les autres (en sport, en politique, avec les forces spéciales ou dans les start-up digitales), mais la plupart du temps, quand je vois le regard admiratif et reconnaissant de ma partenaire, souvent couverte de jus (rires), je me dis que je suis tout simplement fait pour ça !

Depuis le début de ta carrière, quelle est la chose la plus importante que tu aies apprise sur l’industrie ?

J’ai appris qu’il fallait travailler sur chaque détail de la production pour se professionnaliser, et rester très vigilants sur le profil des modèles. Derrière la façade des compétitions de likes sur Twitter, se joue surtout une guerre d’influence entre carnets d’adresses permettant de conserver au maximum le modèle qui permet de faire connaître un label. Par exemple, si je fais un film avec un modèle et que nous publions chacun un contenu sur Twitter mentionnant l’autre, quelle que soit la qualité des extraits choisis par l’un comme par l’autre, quand j’écrirai son nom, tout le monde ira cliquer dessus alors que sur sa publication, personne n’ira cliquer sur le mien… Chacun son rôle, avec ses avantages et ses inconvénients : être un modèle féminin n’est pas aisé, actrice porno est un métier que tout le monde ne peut pas assumer, récupérer l’attention principale est donc une forme de compensation.

Qu’as-tu appris sur toi-même, depuis que tu as rejoint le porno ?

J’ai appris à me mettre à disposition de ma partenaire, pour qu’elle puisse se sentir dans la situation la plus confortable possible, afin de voir son plaisir et sa jouissance à l’écran. Ce qui était secondaire dans mes premiers films (surtout avec le stress du débutant), est donc devenu primordial avec le temps…. Ça permet d’obtenir plus de fans, et ce n’est pas négligeable ! Comme évoqué plus haut, ça prouve que ma partenaire apprécie le rapport autrement que par des gémissements, qui, eux, peuvent être simulés.

Quel genre de porno regardes-tu ? Des stars préférées ?

J’aime bien regarder les films de femmes dominatrices, et aussi ceux des des femmes plutôt soumises pratiquant l’interracial… Ce sont toujours, pour moi, les plus grosses chaudasses du secteur, et avec trente centimètres dans la chatte on ne se demande pas si elles font semblant d’aimer… C’est toujours instructif à observer. Sasha Grey était une de mes actrices préférées. Aletta Ocean aussi. D’une certaine manière, c’est un peu elles que je recherche aujourd’hui.

Selon toi, quels seront les grands changements dans l’industrie du porno dans les années à venir ?

De nombreux professionnels me disent, depuis plusieurs années, que le porno trans va exploser. J’entends et lis beaucoup de mal sur le phénomène woke qui vient des États-Unis, mais je n’y vois que de l’évolution positive et du respect. Depuis au moins deux décennies, la parole a évolué dans les écoles, et a permis de développer plus de tolérance, c’est ce que je vois aujourd’hui avec mon fils de douze ans. Quand j’étais à l’école dans les années 90, être gay était la honte absolue, qui plus est associée à la mort par le biais de l’épidémie du SIDA. Je ne pense pas que ça nous ait aidé d’être baignés au milieu de blagues de très mauvais goût qu’on véhiculait à longueur de temps, stigmatisant toutes les communautés. Je ne sais pas si ce que les adversaires des wokistes dénoncent comme « féminisation de la société », aura des vertus bénéfiques à long terme, mais au regard du niveau de délabrement avancé de la relation entre les hommes et les femmes, je suis sûr que la confusion engendrée par la transidentité ne pourra que lui faire du bien !

Un message pour tes fans ?

Gardez la pêche !

Et pour ceux qui veulent te suivre sur les réseaux ?

Sur Twitter : ActorFab, la meilleure adresse !

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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