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Le salon AVN est-il toujours aussi cool ?
Enfin de retour de Las Vegas, Clint Brackmore raconte par le menu son escapade au salon AVN, entre faste, surprise et désillusion. Le millésime 2024 ne serait-il pas un peu bouchonné ?
Rendez-vous est pris ce 24 janvier 2024 à Las Vegas pour l’ouverture de la 41ème édition du salon AVN, l’Adult Entertainment Expo, « la plus grande convention porno au monde ! » Accueilli cette année encore dans le somptueux et toujours flambant neuf Resorts World inauguré en 2021, le journal de référence du porno américain met les petits plats dans les grands pour offrir au public une nouvelle virée au cœur du X-business, évidemment ponctuée par la très attendue cérémonie des AVN Awards, les “Oscars” de la profession. Tout ça, c’est bien joli, ça vend du rêve comme on dit, mais qu’en est-il en vrai ? Le grand raout du X made in USA est-il toujours à la hauteur de sa réputation ? Pour le savoir, pas le choix. J’enquille onze heures de vol, neuf de jetlag, histoire d’admirer ça de mes propres yeux.
Châteauroux 1 – 0 Las Vegas
L’acquisition de l’accréditation presse, sésame ultime du gonzo-reporter en goguette sur la planète porno, tout au bout du resort donne l’occasion d’entrevoir la splendeur du 5 étoiles le plus cher de tout le Strip. Je longe ainsi une tripotée de ballrooms clinquantes, chacune nommée selon une fleur exotique : Lotus, Orchidée, Lys ou encore Jasmin, pour rallier le bureau d’enregistrement, au Pardena Garden, et tout de suite déchanter. Ni coquelicots, ni pâquerettes pour les gens du X. Tout ce beau monde a été rassemblé loin des inspirations florales, des plafonds à moulures et des meubles à dorures, dans ce que ces fumistes du Resorts World osent appeler leur Events Center, et que nous décrirons pudiquement comme un barnum indigent de deux-mille mètres carrés érigé en lieu et place du parking, à l’ombre de la tour Hilton… Se farcir 8000 bornes pour voir la grande fête du X en mode « Las Vegas, baby ! » et découvrir un décor de foire à la saucisse à Châteauroux… Comment dire ?
C’est HON’TEUX !
Mais qu’à cela ne tienne. Après tout, on n’est pas venu admirer le bâti. Les filles sont là et, de bon cœur, saluent, étreignent, dédicacent voire motorboatent leurs fans les plus fervents alignés en files d’attentes disciplinées devant chaque stand. Les grands studios se disputent ainsi les meilleurs emplacements de la convention mais aussi, et surtout, les plus grandes stars du moment, sources de prestige pour leur marque et d’affluence sur leurs stands. À ce petit jeu, c’est Brazzers, et donc la galaxie Pornhub qui se taillent la part du lion : trois stands, estrade et écran géant, DJ attitré et évidemment pléthore de performeuses, des vétéranes Cherie Deville, Alexis Fawkes ou Natasha Nice, au superstars « maison » comme Abella Danger, en passant par les révélations de l’année échue Abigail Morris, Nicole Doshi ou Lily Lou.
À côté, Evil Angel, Naughty America et Jules Jordan ne sont pas en reste. Mais force est d’admettre qu’en matière de promotion, les studios historiques ne peuvent plus s’aligner avec un mastodonte économique tel que Mindgeek. On notera malgré tout l’effort de Hookup Hotshot, satellite gonzo bubblegum d’Evil Angel, pour son stand classieux reproduisant le décor des scènes et offrant à tout moment un répit bienvenu aux teens effrontées qui en assurent l’animation, à l’abri de l’appétit des fans derrière un rideau de chaînes rose bonbon du plus bel effet.
Mais tout cela n’était rien face à la démonstration de force, que dis-je, de toute-puissance de MyFreeCam, sponsor principal de l’événement qui, non content de s’offrir le booth le plus vaste, se fend d’un dispositif qui frôle méchamment l’onanisme corporate.
Blade Runner 2069
Entièrement clôt sur lui-même derrière des tentures 4×6 siglées MFC, il est composé de quatre comptoirs fermés, bordés de laptops et bardés de ringlights derrière lesquels les célébrités de la plateforme assurent le show « en direct des AVN » à leur audience virtuelle. Non que les camgirls, pionnières de l’atomisation du X-business, n’aient leur place légitime auprès des porn models à la grand-messe du divertissement pour adultes, mais disons que j’ai alors moins l’impression de rencontrer les artistes en chair et en os que de traverser à pied la page d’accueil du site.
Je suis littéralement au cœur du réseau, entouré d’écrans sans tain derrière lesquels se trémoussent de drôles de créatures toutes plus colorées et fantasques les unes que les autres. Imperturbables, elles s’affairent en propositions érotiques diverses, mais 100 % chastes (US policy oblige), pour abreuver la toile de fantasmes variés, tandis que le merchandising, les banderoles et les T-shirts spamment le logo vert discount du hivemind local. Fêtant ses 20 ans, MFC ne manque naturellement pas de gratifier la ruche d’un énorme gâteau. Clic, clac ! Une photo des filles qui soufflent à l’unisson. Et le voilà divisé à part égale entre toutes les reines, qui s’empressent de retourner le butiner au nez et à la trompe de leur essaim numérique. Ambiance cyberpunk assurée.
La première ceinture de stands est enfin complétée par les nouveaux acteurs économiques du business, tous les « fans-quelque-chose ». Ces réseaux par abonnement payant viennent se disputer la place laissée vacante par un OnlyFans bien trop prude pour s’avilir avec la plèbe pornographique. Draguant autant le public que les modèles, ils compensent leur stratégie promotionnelle assez floue par une débauche d’énergie et de bonne humeur. On grimpe sur les tables, on hèle le chaland, on distribue des cartes d’abonnement.
À la marge
Mais gare au braconnage car en périphérie, les agences veillent au grain. Et il serait fâcheux de s’aliéner de juteuses synergies commerciales pour quelques bassesses contractuelles. L’ambiance est y à la bonne franquette. Les rookies côtoient les vieux briscards de la profession, aux côtés des indés et des alternatifs, entre un stand de caricaturistes plutôt cool, une cabine de modélisation d’avatar numérique, chat par IA et tout le tintouin, une échoppe de T-shirt parodiques débiles (et sans doute problématiques). Ça va, ça vient d’un stand à l’autre. C’est en outre la terre des chouchous du X, des petits crushs intimes de tout un public très investi et avide de perles rares. On se serre dans les bras, on se salue avec déférence, on papote au milieu des allées entre visiteurs, amis, starlettes et connaisseurs dans un petit cercle d’initiés où, à force, on ne distingue plus trop les uns des autres.
Accolé, le Village AVN, enclave LGBT attitrée de l’expo, ne semble hélas pas rencontrer son public. Malgré des exposants résolus à assurer le spectacle, les visiteurs le traversent un peu malgré eux, sans trop savoir pourquoi d’un coup il y a beaucoup de garçons et des nanas ‘achement grandes. Désespérément indistincte du reste de la convention, la maigre rangée de stands attribuée, à peine signalée, tenait plus de la contre-allée que du village queer new-yorkais promis sur les affiches.
Et voilà pour le tour d’horizon de l’Adult Entertainment Expo. Mais attendez… Et les sextoys ? Où sont mes Trombinators 4000 à vérin hydraulique, mes aspi-vibro à triple succion rotative, mes dulcinées de silicones aux orifices texturés pour plus de plaisir ? Vous ne devinerez jamais…
Tenez-vous bien. L’Adult Novelty Expo, haut lieu de l’innovation techno-masturbatoire, se tient au Pardena Garden ! À 800 mètres du chapiteau, derrière le bureau d’enregistrement et la salle de presse. Autant dire qu’agglutinés dans 120 mètres carrés à l’autre bout de l’hôtel-casino, les promoteurs de la branlette de demain sont condamnés à tailler le bout de gras entre eux, option mandarin recommandée, sans l’ombre d’un pékin à l’horizon à qui décrire les propriétés révolutionnaires de leur toute nouvelle touillette à pipou. Je me laisse finalement apitoyer par l’air dépité d’un créateur de zobs aux lignes extra-terrestres qui m’offre généreusement ses échantillons miniatures. Et c’est sans détour que je lui propose de voir ensemble la fin de la convention, en direct sur le site MyFreeCam…
Mais trêve de plaisanterie, l’expo est déjà finie. Bientôt le grand gala commence, précédé de son incontournable tapis rouge. Sur son trente-et-un, tout ce que le X-business compte de personnalités de ce côté-ci de l’Atlantique commence à défiler dans une joyeuse parade qui serpente dans le hall de l’hôtel, bien au-delà du photocall réservé à quelques paparazzi triés sur le volet. La maison AVN se réserve évidemment la primeur journalistique de son main-event.
« It’s a small world after all… »
C’est l’heure de filer à l’anglaise. À partir de là, je ne suis plus accrédité et me vois assez mal tenir du fond des gradins une liste de lauréats qui sera de toutes façons publiée dans l’heure sur le site du journal, photos officielles à l’appui. J’aime autant rallier le bar du casino pour investir mes 170 dollars opportunément économisés dans une mousse fraîche (abus d’alcool, modération, santé, toussa…), un tip exorbitant et les beaux yeux scintillants d’un bandit manchot plutôt chiche. J’y retrouve les grognons qui clament qu’à ce petit jeu, ce sont toujours les mêmes qui gagnent. Et tandis que nous comparons nos pronostics sur les prochains tirages, une nouvelle pluie de statuettes s’abat sur les groupes Adult Time et Vixen (Vixen, Blacked, Tushy, Slayed, Deeper, Milfy) qui engrangent respectivement 8 et 25 récompenses, toutes marques cumulées. Puis, vient une poignée de trophées pour les chouchous de la critique : Tommy Pistol, Maitland Ward, Kira Noir, et Angela White ; et encore quelques-uns pour les vieux de la vieille, les indéboulonnables du secteur Jules Jordan, Digital Playground, Elegant Angel… N’en jetez plus.
Saluons Vanna Bardot, qui remporte son second titre de meilleure performeuse en deux semaines, Isiah Maxwell couronné dans la catégorie masculine au terme d’une attente DiCaprienne, ainsi que les débuts en fanfare de Chanel Camryn et Hollywood Cash du côté des révélations.
Au comptoir, un brouhaha progressif nous renseigne sur la fin de la cérémonie ainsi que sur de fâcheux oublis. Les prix de la révélation Trans, performeuse Trans et performeuse Milf de l’année, décernés dans l’ordre à Leilani Li, Emma Rose (qui comme Vanna cumule avec le titre XBIZ) et Penny Barber, ont tout simplement été snobés. Reléguées au tableau des annexes, au même titre que les meilleures performeuses et performeurs internationaux, en l’occurrence Cherry Kiss et Vince Karter, leurs noms défilent discrètement sur un écran le long des coulisses, sans une annonce. Ils méritaient mieux. Félicitations à toutes et tous.
En définitive, pour « la plus grande convention porno au monde », c’est d’un tout petit monde plutôt select que l’édition 2024 du salon AVN s’est fait l’illustration. Et à l’heure de la diversification formidable des contenus et des productions, ce petit monde recroquevillé gagnerait sans doute à s’étendre et à s’ouvrir un peu, sous peine de devenir la relique rabougrie et un peu ringarde d’un star-system en bout de course.
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