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Bio/Milieu du X

Juan FrenchStoryX, producteur X : « Le porno que je produis, c’est du libertinage filmé ! »

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Véritable pilier du porno français, Juan a répondu à nos questions. Après plus de dix ans de carrière et des milliers de scènes tournées, ce sympathique marseillais de 45 ans, connu pour son professionnalisme, nous livre sa vision d’un porno made in France, à la fois éthique et convivial. 

Comment avez-vous commencé dans le porno ? 

En 2012. Avec ma compagne, Margaux, nous étions libertins tous les deux. Un jour, elle m’a proposé de tourner des scènes porno avec elle. Nous avons fait trois ou quatre scènes pour Telsev, à Rennes, et c’est à ce moment-là qu’on nous a parlé de Jacquie et Michel. À notre retour dans le sud, nous les avons contactés, et nous avons commencé à tourner pour eux, en tant qu’acteurs et réalisateurs. Ça a duré un moment, nous avons tourné des centaines de scènes. Puis, nous nous sommes séparés, et j’ai continué tout seul. 

Et que faisiez-vous, avant le porno ? 

J’ai été militaire pendant dix ans, dans l’infanterie-artillerie, puis j’ai fait de la sécurité privée. 

Comment vous êtes-vous intéressé au porno ?

J’ai toujours été fan de porno, depuis l’adolescence disons. Pour moi, c’était le métier idéal. En plus, j’ai connu la grande époque : les tapis rouges, les Hot d’Or… Je me disais : ces gens-là n’arrêtent pas de voyager, ils travaillent avec des filles sublimes, ça me faisait rêver, mais ça me paraissait inaccessible. J’étais prêt à tout pour intégrer ce milieu. 

Vos débuts étaient à la hauteur de vos attentes ? 

Disons que je ne m’attendais pas à trouver un milieu aussi concurrentiel. À l’époque, il devait y avoir plus d’une vingtaine de réalisateurs indépendants. Heureusement l’ambiance générale était bon enfant. Avec Margaux, nous sommes restés à Marseille, c’était chez nous ! Nous avons cultivé le côté local, convivial, avec beaucoup de scènes en extérieur. Quand nous trouvions des modèles qui avaient envie de tourner, nous les emmenions au bord de la mer, dans les calanques, sur le Vieux-Port…

Vous avez toujours travaillé avec J&M ?

Pas seulement, nous avons distribué nos contenus chez plusieurs diffuseurs mais J&M a toujours été un bon client. J’ai aussi travaillé pour David Caroll, Libido TV…

Quel est le cahier des charges, quand on travaille avec J&M ?

Dès le début, on m’a dit : il faut que ce soit authentique, amateur, bon vivant, que personne ne soit forcé. Le porno que je produis, c’est du libertinage filmé ! Comme nous étions, avec Margaux, un couple libertin, pour nous, c’était assez simple. En tout cas, ça s’est toujours bien passé. Je n’ai jamais eu le moindre problème avec une actrice, en dix ans. Deux ou trois fois, des actrices m’ont demandé de retirer leur scène, parce qu’elles regrettaient, ou plutôt, parce que d’autres personnes leur ont fait regretter… Les scènes ont été retirées immédiatement, il n’y a jamais eu de problème.

J’ai interviewé le hardeur Klem Rover, qui m’a raconté qu’il y avait, sur vos tournages, une « coordinatrice d’intimité »… Vous avez institué cela depuis quand ? 

Avec toutes les histoires qui ont secoué le monde du porno récemment, on s’est rendu compte que la législation était nettement incomplète. J’ai donc consulté un avocat spécialisé. C’est avec lui que j’ai fait tous mes contrats : droit à l’image, acquisition des droits voisins… Il m’a conseillé d’engager une coordinatrice d’intimité, une femme toujours présente sur les tournages, et qui bien sûr n’appartient pas au milieu du porno. Elle briefe les actrices sur le contenu de leur scène, s’assure de leur bien-être, et de leur total consentement. Elle contrôle aussi les tests, et vérifie que tous les acteurs et actrices ont pu les consulter.

Ça existe sur d’autres productions ?

Oui, ils en ont aussi dans d’autres productions… C’est rentré dans les mœurs, en France, comme aux États-Unis d’ailleurs.

Comment se passe la vie d’un réalisateur ? Vous voyagez beaucoup ? 

Oui, je l’ai fait pendant un moment, jusqu’à ce que je me sédentarise. Je ne voulais pas tourner sans arrêt à droite et à gauche. Maintenant, je suis vraiment basé dans le sud.

Vous avez un studio ?

J’ai une villa que je loue pour mes tournages. J’impose une contrainte : je ne veux pas que les acteurs et les actrices dorment au même endroit. Je prends toujours une chambre d’hôtel pour les actrices. On va la chercher le matin, pour l’emmener sur le lieu du tournage. Je sais comment ça se passe, quand on laisse les gens ensemble, dans une maison… On arrive le matin, et on se rend compte qu’ils ont baisé toute la nuit, ce n’est pas possible ! Je préfère jouer la sécurité. Je sais, ça fait un peu vieux jeu, mais au moins, il n’y a pas de problème ! 

Comment trouvez-vous vos actrices ? 

Principalement elles me contactent d’elles-même et sinon sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, de nombreuses actrices produisent leur contenu sur Swame, Mym, Onlyfans… Pour elles, faire des scènes leur permet de mettre en valeur leurs plateformes. C’est un coup de pouce, un plus. Parfois, des couples libertins me contactent, en me disant qu’on les a dirigés vers moi.

Combien de scènes tournez-vous par mois ? 

En moyenne, entre quinze et vingt.

Une actrice vous a-t-elle particulièrement marqué ? 

Oui, Héloïse Dacosta. Une ancienne camgirl de quarante ans. Elle est arrivée très discrète, très timide, en jogging, en mode : « je suis mariée, mon mari est d’accord avec mon choix, mais je ne connais rien… ». J’ai failli la renvoyer chez elle ! Mais une fois la caméra allumée, elle est devenue méconnaissable ! Je n’ai jamais vu une telle énergie sexuelle ! De toutes les filles avec qui j’ai tournées, c’est elle qui m’a le plus étonné.

Vous avez remarqué une évolution dans les pratiques ?

Je ne sais pas. Pour l’anal, ça n’a pas vraiment changé : la fille aime ou n’aime pas. Ce qui s’est banalisé, par contre, c’est le squirting. Avant, les filles ne savaient pas trop ce que c’était, elles pensaient juste qu’elles pissaient, aujourd’hui, c’est totalement dédramatisé ! 

Il existe un cahier des charges ? 

Oui, pour la VOD. Pas de crachats, pas de claques, pas de mains autour du cou, pas de violence, etc. Certaines filles sont surprises, quand elles s’attendent à faire des tournages à la Rocco ! Je dois leur expliquer qu’en France, ça ne se fait pas ! 

Comment voyez-vous évoluer le porno ? 

Les gens qui font du porno aujourd’hui sont déjà des libertins, ils sont souvent sur les plateformes privées. Ils ont envie de cette expérience. Ça leur apporte un peu de notoriété, mais ils n’ont pas envie de construire une carrière. 

Comment sont rémunérées les actrices ?

Toutes les Chartes éditées ces dernières années imposent le minimum que l’on doit donner à une actrice, c’est-à-dire 400 euros. Moi, je paye entre 500 et 600. Après, si la fille est connue, nous pouvons négocier.

Qu’avez-vous appris sur vous-même, depuis que vous travaillez dans le porno ? 

J’ai appris à être serein, autonome. Je me suis découvert un côté bienveillant. Quand je travaille, j’ai besoin que tous les gens soient OK, s’entendent bien. Quand j’étais à l’armée, je n’ai jamais eu l’occasion de développer cet aspect de ma personnalité…

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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