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Maxime Horns : « Je n’ai pas envie de rentrer dans des cases ! »

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Si vous êtes amateur de porno bi ou trans, vos recherches vous ont peut-être mené vers les vidéos de Maxime Horns. Ce Lyonnais fait partie des rares performers français à assumer parfaitement sa bisexualité. À 30 ans, Maxime témoigne déjà d’une bonne connaissance du milieu du X, de ses opportunités, mais aussi de ses pièges. Et il n’a pas la langue dans sa poche ! Rencontre. 

Comment avez-vous commencé dans le porno ?

J’ai commencé en 2018, en Australie, pour une petite production amateur. Je me suis tout de suite dit : pourquoi ne pas produire mon propre contenu ? J’ai commencé à faire pas mal de photos dénudées, pour promouvoir mon profil sur les réseaux. Quand je suis rentré en France, j’ai été contacté par une jeune actrice qui recherchait un homme bi, pour des scènes Jacquie et Michel. J’ai donc tourné pour cette production, et pour d’autres, comme mature.nl. 

Et ensuite, vous avez réalisé…

Oui, heureusement j’avais quelques notions dans l’audiovisuel, le montage vidéo, photo, etc. Avec mes compétences de base, et ce que j’ai pu observer sur les tournages, je me suis lancé à mon compte. Aujourd’hui, je fais beaucoup de collaborations avec d’autres acteurs et actrices. Je leur permets d’utiliser la scène et la vendre de leur côté. Mais il y a aussi ceux qui sont là par pur fantasme, et qui me laissent l’exclusivité de la vidéo. 

Vous vendez ensuite vos scènes à un diffuseur… 

Non, pour l’instant je les diffuse uniquement sur mes plateformes privées. 

Vos scènes sont l’expression de votre pansexualité. Vous êtes attiré aussi bien par les hommes que par les femmes, les trans… 

Oui, exactement. C’est comme ça que je me définirais, même si je ne tiens pas forcément à mettre des mots là-dessus. Je me définis comme bi pan. La bisexualité, ça parle peut-être un peu plus aux gens. 

Vous considérez-vous comme gender fluid ?

Non, mon identité est masculine, et ma sexualité est bi. 

Vous avez toujours été bisexuel ? 

Oui, je pense. Ça s’est révélé naturellement, quand j’étais au collège. Je n’arrivais pas à l’époque à mettre des mots là-dessus. Pour moi je n’étais pas gay ou bi, j’étais un hétéro ayant envie d’explorer des choses. À partir de dix-huit ans, j’ai commencé à mieux comprendre ce qui m’attirait. 

La plupart des performers gay et bi, surtout aux USA, sont très affutés physiquement, musclés, bronzés, tatoués…. Vous avez gardé un physique très naturel. C’est volontaire ? 

J’ai toujours eu ce physique-là. Je ne suis pas mordu de sport et de salle de muscu. J’ai la chance de garder un physique mince et sportif sans avoir à faire cinq séances de sport par semaine. Le fait d’avoir un physique « classique » permet sans doute au spectateur de s’identifier plus facilement. 

Comment êtes-vous perçu dans le milieu du X ? 

Certains préfèrent me voir avec des hommes, d’autres aiment le pegging avec des femdoms… Je ne peux pas plaire à un public 100 % gay. Le public amateur de vidéos gay ne va  pas du tout accrocher si je fais une scène avec une femme trans. Je sais que je perds une partie de ma clientèle en faisant ça, mais je n’ai pas envie de rentrer dans des cases. Je préfère faire ce qui me plait, faire des vidéos bi plutôt qu’hétéros ou gays. 

Avez-vous l’impression d’avoir une étiquette gay sur les tournages hétéros ?

J’ai fait très peu de tournages hétéros, mais je ne pense pas avoir d’étiquette gay. Et même si c’était le cas ça ne me dérangerait pas. Au final, mon contenu est assez varié. 

Qu’est-ce que tu penses de la sécurité des tests et dépistages dans le milieu du porn ? 

C’est un sujet très important, et parfois pas assez pris en compte par les producteurs ou les acteurs. J’ai rencontré des personnes qui n’en avaient rien à faire, mais ce n’est pas mon cas, sur mes tournages je demande toujours des tests de dépistage des MST de moins de deux semaines, je fais des vidéos de consentement, un contrat… Bref le maximum pour être dans les règles. Heureusement, tous ne sont pas comme ça. J’ai tourné avec beaucoup d’acteurs très safe et respectueux, comme Doryann Marguet par exemple.

Certaines actrices refusent-elles de tourner avec des acteurs bi ?

Oui, certaines actrices ont refusé d’entrer en contact avec moi. Elles ne le disent pas franchement, mais je pense que c’est à cause de mes pratiques. J’ai l’impression que peu de filles du porn hétéro acceptent de tourner avec un homme bi, ou alors c’est que je ne leur plais tout simplement pas !

Est-ce que la bisexualité vous a ouvert des opportunités de tournage ?

Oui, j’ai tourné pour des filles dont le fantasme était de faire des films bi. 

Avez-vous l’impression qu’on accepte un peu mieux la bisexualité masculine à l’écran  ?

Dans le porno, je dirais que c’est un petit peu mieux. Mais en France, les gens ne vont pas crier sur tous les toits qu’ils sont bi. Mais c’est vrai que du point de vue des ventes, on constate une progression. 

Certains acteurs X hétéros sont-ils en réalité bisexuels ? 

En général je ne sais pas, mais oui, j’en connais un. Il ne fait que du porno hétéro, mais en privé, il est 100 % bi !

Quel a été votre meilleur moment en tant qu’acteur porno ?

Tous mes tournages se sont bien passés. J’ai beaucoup de chance ! 

Vous avez tourné une scène avec Alysha, que j’ai interviewée récemment. C’est un bon souvenir ? 

Oui, c’est une personne très gentille, intéressante, et courageuse. Elle est épanouie dans sa vie, dans tout ce qu’elle fait… Et ça se ressent sur un tournage ! 

Faire du porno, c’est une façon de réaliser vos fantasmes ? 

Oui, bien sûr. Dans la vie de tous les jours, je suis une personne très réservée, presque timide. Si je ne faisais ça que pour l’argent, j’aurais choisi un autre métier ! 

Quelle formation avez-vous ? 

J’ai fait une école d’ingénieur. J’ai travaillé en tant qu’ingénieur en génie industriel pendant trois ans en alternance, puis six mois en CDI. Ensuite, j’ai décidé de voyager, j’ai fait d’autres jobs, j’ai construit des bâtiments, je me suis lancé dans la construction de camping cars sur mesure, et finalement, je me suis dit que c’est le porno qui me correspondait le mieux ! 

Depuis le début de votre carrière pornographique, quelle est la chose la plus importante que vous ayez apprise sur l’industrie ?

Le plus important, c’est de travailler dans un environnement safe, avoir des échanges courtois et respectueux. Il faut être une bonne personne. Les gens mal intentionnés auront toujours des problèmes. 

Qu’avez-vous appris sur vous-même, depuis que vous avez rejoint le porno ?

J’assume davantage le fait d’être bi. J’attache moins d’importance au jugement des autres. J’ai aussi un peu perdu de ma timidité ! 

Quel conseil donneriez-vous à un « hétéro de base » qui a envie de tenter une expérience avec un autre homme, ou une transsexuelle ? 

D’abord, ne pas faire n’importe quoi. Peut-être éviter les clubs de rencontres gay, ça peut-être impressionnant pour une première fois. L’important, c’est d’avoir de bons échanges avec la personne que l’on rencontre. Il faut être franc dès le début, sur ses attentes. Et se protéger, bien sûr. 

Quel genre de porno regardez-vous ? 

Bi et trans.

Pourquoi à votre avis, les hommes hétéros sont-ils tellement attirés par les femmes trans ? 

Le fait qu’elles aient un corps de femme ne vient pas contrarier leur hétérosexualité. La bougie en plus ne les dérange pas ! Au contraire, ce mélange les excite. 

Selon vous, quels seront les grands changements dans l’industrie du porno dans les années à venir ?

Ce qui est en train de changer, c’est l’authentification des créateurs. Il y a encore peu de temps, n’importe qui pouvait voler du contenu et le poster sur des sites de visionnage gratuits. Maintenant, c’est devenu plus compliqué. On est obligé, quand on poste une vidéo, d’identifier les personnes qui y figurent. Cela veut dire : disposer de sa carte d’identité, et d’un contrat d’autorisation de diffusion. C’est la même chose pour certaines plateformes, comme Onlyfans, qui deviennent très restrictives sur certaines pratiques. Je pense que le porno va devenir de plus en plus contrôlé et authentifié, et c’est une bonne chose.

Justement, puisqu’on parle de plateformes, vous pensez que c’est l’avenir du X ? 

Oui et non. Tout dépend du consommateur et ses préférences. Si une personne souhaite avoir une relation un peu plus privilégiée avec le créateur, discuter avec lui, voir ses photos et vidéos quotidiennes en échange d’un abonnement, il ira sur OnlyFans ou MyM. Mais le consommateur qui s’intéresse uniquement à la vidéo produite, se dirigera vers des sites d’achat en direct, sans forcément passer par un abonnement. Le site Fansly, quant à lui, propose les deux solutions en une, c’est une bonne alternative si l’on n’aime pas les restrictions, et l’ergonomie des deux autres sites. Des quantités énormes de profils ont été créées sur les plateformes, car les gens se sont imaginés qu’ils pourraient gagner beaucoup et facilement ! Mais les gens qui génèrent des revenus conséquents sont rares. C’est pour cela que beaucoup arrêtent au bout de deux mois, six mois, un an… Ils oublient que le porno est un métier. Certains ont peut-être de la chance, réussissent à vendre sans avoir besoin de faire grand-chose, mais la plupart bossent énormément sans parvenir à engranger beaucoup de revenus. Même ceux qui ont des milliers de followers sur les réseaux ne vendent pas forcément beaucoup !

Vous faites aussi de l’escorting ?

J’en ai fait, mais j’ai arrêté. La clientèle est très compliquée, pas forcément respectueuse. En plus, être escort à plein temps implique d’attendre le client toute la journée. Il faut être disponible 24/7, et ça ne me correspond pas ! A chaque fois, c’était beaucoup de blablas, de négociations… Il y a aussi des gens qui essaient de profiter de vous gratuitement, en fantasmant par écrit, en demandant des photos. C’est très énergivore, et peu rémunérateur. En revanche, dans les pays ou la prostitution est dépénalisée, notamment en Australie, les gens sont beaucoup plus respectueux. 

Y-a-t-il une personne que vous admirez particulièrement, dans le porno ? 

Une actrice qui s’appelle Khalamite. J’ai beaucoup d’estime pour elle, pour sa progression. Ça fait cinq ans qu’elle fait du porno, elle a commencé avec Jacquie et Michel, elle est maintenant à son compte, elle a eu une ascension extraordinaire. Elle est intelligente et de très bon conseil, humainement et professionnellement. J’ai beaucoup appris avec elle. 

Et du côté des hommes ?

Joss Lescaf. C’est une personnalité très intéressante. J’admire son parcours. 

Pour ceux qui veulent vous suivre sur les réseaux, où peuvent-ils vous trouver ?

Tout est sur mon site : https://maximehorns.com/

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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