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Noochka : « On ne demandera jamais assez le consentement ! »

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La lyonnaise Noochka officie dans le X depuis presque six ans. Parfaitement représentative de cette nouvelle génération d’actrices militant pour un porno éthique et inclusif, elle démontre que l’on peut mener aujourd’hui une carrière fructueuse sans rien sacrifier de ses idéaux. Rencontre. 

D’où venez-vous, Noochka ? 

Je viens du sud (du Var) et j’ai emménagé à Lyon en début d’année. 

Vous produisez votre propre contenu ? 

Oui, j’ai ouvert ma société il y a peu de temps. 

Avec qui avez-vous commencé ? 

Toute seule, en cam. Je me débrouillais comme je pouvais. Je me rendais chez une amie, qui avait la fibre, pour faire mes petits lives sur Stripchat ! 

Vous avez déjà tourné avec des professionnels du X ? 

Pas vraiment… À part une scène pour John B Root, à mes débuts, avec Milena Johnson, je n’ai jamais tourné pour une production. En juillet, je vais me rendre à Paris pour tourner avec Uriel, ce sera un peu plus acting que porn. 

Dans quel genre de porno évoluez-vous ? L’alt porn ?

Non, même si j’ai les cheveux roses, je fais du porn plutôt classique (rires)  ! En ce moment, j’aime beaucoup le sexe à plusieurs, c’est ce qui m’excite le plus, du coup, j’en profite pour en produire beaucoup ! Hier encore, j’ai tourné une orgie, c’était trop bien ! 

Quand on regarde vos scènes, on remarque que vous tournez souvent avec les mêmes personnes… 

Oui, c’est vrai. Déjà, Khalamité revient beaucoup. Mais c’est une de mes meilleures amies dans la vraie vie, donc forcément… En plus, les gens aiment nous voir ensemble, je ne sais pas trop pourquoi, peut-être parce qu’elle a les cheveux bleus et moi les cheveux roses ! Maxime Horns revient aussi beaucoup dans mes scènes. C’est pour moi le seul mec du milieu qui est totalement safe, et avec qui il ne m’est jamais rien arrivé ! On ne change pas une équipe qui gagne ! 

Khalamithé, Maxime Horns et vous, vivez tous sur Lyon ? 

Oui, nous sommes une bande de joyeux lurons lyonnais ! 

Que faisiez-vous, avant le X ? 

J’étais éducatrice pour jeunes enfants, en crèche. J’ai arrêté, parce que c’était trop mal payé. Avec les enfants, c’était l’usine, il fallait leur crier dessus, sinon on était considéré comme laxiste (rires)… 

Quel a été le déclic pour commencer le porno ? 

Bizarrement, ce n’était pas pour arrondir mes fins de mois ! En fait, je suis tombée sur un article dont le titre était : Comment devenir camgirl ? J’ai regardé en quoi consistait ce métier, et c’est là que j’ai eu ce déclic dans ma tête… Ce job était fait pour moi ! Aujourd’hui encore, six ans plus tard, être en cam, et avoir des gens qui dirigent mon plaisir avec leurs tips (quand ils envoient de l’argent, ça fait vibrer mon jouet) je trouve ça génial ! Ça m’excite premier degré que des inconnus s’occupent de mon plaisir ! Je vis ma meilleure vie ! 

Sur quelles plateformes êtes-vous ? 

MyM, Onlyfans, Fansly, et Stripchat pour les lives. Je suis aussi sur Twitch, mais pas pour travailler, juste pour discuter avec ma communauté. J’ai 2000 abonnés sur Twitch. 

C’est une communauté autour des jeux vidéo ? 

Dans mon cas oui, mais on peut y faire plein d’autres choses : du maquillage, du chant… 

Moi, j’adore les jeux vidéo d’horreur. Les gens aiment aussi me voir crier autrement qu’en jouissant ! 

Les jeux vidéo d’horreur : plutôt étrange comme passion !

Oui, en fait, je suis une vraie flipette, du coup, je n’arrive pas à y jouer quand je suis toute seule ! Le fait de jouer en live sur Twitch, entourée de gens qui me regardent et me soutiennent, ça me donne du courage… Mais certains jeux me terrifient quand même, au point où je ne peux même plus regarder l’écran ! 

Vous apparaissez souvent en photo avec des cornes ou des oreilles d’elfes. Vous êtes sensible à l’univers de la fantasy ? 

J’ai longtemps véhiculé cette image de fée. J’ai un visage doux, juvénile, j’ai les cheveux roses, un make up « porn paillettes » ! Déjà, quand j’étais petite, on m’appelait « petite fée » ! Maintenant, on me surnomme lusty fairy : la fée coquine ! 

D’où vient votre pseudo ? 

De ma famille. C’est un surnom qu’on m’a donné quand j’étais petite. On m’a toujours appelé comme ça. Ça tombe bien, dans le porno, personne ne s’appelle Noochka ! Et puis, je ne cherche pas à jouer un personnage, je reste toujours moi-même, je suis dans mes lives et sur mes tournages comme je suis dans la vraie vie ! 

Qu’est-ce qui vous motive le plus à faire du porno ? 

Le plaisir, avant tout, et puis la fame ! J’aime qu’on me reconnaisse dans la rue. J’ai toujours voulu être populaire ! 

Et on vous reconnait ? 

Encore trop rarement, mais ça arrive ! 

Avec votre amie Khalamité, dans les rues de Lyon, vous ne devez pas passer inaperçues…

Oui, c’est vrai, mais c’est surtout elle qu’on reconnait ! C’est une vraie star ! 

Qu’est-ce que vous préférez dans le sexe ? 

L’amitié. Je sais que c’est étonnant, mais je n’ai jamais fait de collab où je n’ai pas fini par être amie avec la personne avec qui j’ai tourné. Même si c’est un travail, en général des liens se créent, on a envie de se donner du plaisir. Dans les tournages amateurs, j’ai envie que les gens soient mes amis. À l’image, ça rend tellement mieux. 

Quelle pratique aimez-vous particulièrement ? 

C’est dur de choisir. J’aime bien quand il y a beaucoup de gens autour de moi. J’aime être remplies de tous les côtés, avoir des mains et des bouches sur mon corps… La pluralité, je n’en fais que depuis cette année. Avant, j’étais en couple avec un mec très jaloux, qui n’aurait jamais supporté ça ! Je me libère enfin, après toutes ces années de frustrations ! 

Qu’aimeriez-vous faire sur un tournage, que vous n’avez pas encore fait ? 

J’aimerais faire un gang bang, un vrai… Je serais sur un chevalet, attachée ou pas, et les hommes autour de moi me passeraient dessus les uns après les autres. J’aime cette idée d’être au centre de l’attention. En plus, ce qui m’exciterait vraiment, et me rassurerait en même temps, c’est qu’il y ait un dom qui surveille que tout se passe bien. Une sorte de coordinateur d’intimité, mais qui participerait à l’action. C’est compliqué de trouver des acteurs fiables pour organiser ce genre de choses.

Vous aimez autant tourner avec des hommes qu’avec des femmes ? 

Oui, je suis pansexuelle. J’aime aussi les personnes trans. Je n’aime pas trop le mot trans d’ailleurs. Je préférerais que l’on dise « femme à pénis » ou « homme à vagin ». Je tourne avec tout le monde. Ce qui m’intéresse, c’est la personnalité et le professionnalisme. Après, si on devient ami, c’est encore mieux ! 

Quelle est la demande la plus étrange que vous ayez eue de la part d’un fan ? 

Un jour, quelqu’un m’a demandé si je pouvais tourner avec mes parents ! Évidemment, j’ai refusé, mais il a insisté : « touche-toi juste un peu la porte ouverte, pendant que tes parents passent derrière… » J’ai fini par le bloquer, il ne lâchait pas l’affaire (rires) ! 

Depuis le début de votre carrière dans le X, quelle est la chose la plus importante que vous ayez apprise sur la sexualité humaine ? 

Qu’on ne demandera jamais assez le consentement. Trop de gens pensent encore qu’il est suffisant de demander au début du tournage. J’ai vu trop de situations ou tout à coup la situation, la pratique, l’intensité changent. Il faut toujours demander : « ça va ? Est-ce que c’est OK ? » Certains disent que ça casse l’ambiance, je ne suis pas d’accord. Moi, je trouve ça hyper sexy que l’on me susurre d’une voix suave, au creux de l’oreille : « est-ce que ça va toujours ? » J’aimerais trop que l’on véhicule ça, dans le porno industriel. 

Qu’avez-vous appris sur vous-même ? 

Que je suis capable de beaucoup plus que ce que je pensais. Au début, je ne faisais que du solo en cam, ensuite, j’ai fait quelques scènes avec mon mec, mais on ne voyait pas son visage… J’étais toujours un peu limitée. Malgré tout, j’ai 60 000 followers sur Instagram, 30 000 sur Stripchat, 40 000 sur Twitter. J’ai réussi à me construire ma communauté malgré tous ces freins, et j’en suis très fière. Quand je regarde d’où je viens je me dis : OK, je suis capable de ça ! Ça me donne beaucoup de force et d’espoir pour la suite ! 

Quels rêves avez-vous encore à accomplir dans le porno ? 

J’aimerais tourner plus de porno éthique, avec du consentement bien sûr, mais aussi de l’inclusion. J’ai envie de voir des femmes à pénis, des hommes à vagin, sans que ce soit trop catégorisé et trop fétichisé. Je veux que l’on voie des personnes qui s’aiment, et qui prennent du plaisir ensemble. Je voudrais que le porno soit moins hétérocentré. Que toutes les scènes ne se terminent pas par une éjac, mais par une fille qui squirte, par exemple. Beaucoup de consommateurs de porno sont jeunes, et font leur éducation sexuelle avec le porno. Quitte à les éduquer, autant le faire bien. Je voudrais voir moins de pénis énormes. Et pourquoi pas, aussi, des femmes avec des poils ! Soyons fous (rires) ! 

Quel sera votre prochain tournage ? 

Ce sera une collab avec Maxime Horns, et un travesti. 

Vous tournez surtout sur Lyon ? 

Oui, mais j’aimerais bien tourner dans les pays de l’Est, aux États-Unis. Pour l’instant, j’ai peur de partir loin de chez moi. Déjà, aller à Paris, ça me terrifie ! Mais je travaille là-dessus ! Je sais que c’est important de travailler à l’international. 

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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