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Coco Valentin : « Je pense profondément que tous les hommes sont homosexuels ! »

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La belle Coco Valentin fait partie des rares actrices trans françaises qui cartonnent sur les réseaux. Pour La Voix du X, elle s’est confiée avec clairvoyance sur son parcours de vie, sa difficile transition, ses premières expériences dans le porn, jusqu’à son lancement en solo sur les plateformes. Rencontre.

Racontez-moi votre première expérience dans le X…

Je devais avoir vingt, ou vingt et un an. J’étais encore un garçon, et j’aimais les hommes. A l’époque, un homme m’a contactée sur un site de rencontres. Il représentait un label de porno gay, et il m’a demandé si ça m’intéressait de faire une scène. A l’époque, j’étais un peu à côté de ma vie. Je n’avais pas une vie sexuelle très épanouie. Cette proposition est arrivée comme un cheveu sur la soupe, mais je me suis dit : pourquoi pas ? Et je me suis retrouvée à Berlin, pour tourner cette scène… C’était un enfer : on a commencé à 11 heures pour finir à 19 heures. J’avais l’impression d’être un objet en plastique à qui on aurait demandé de tourner dans tous les sens ! Un phrase m’a hantée pendant des années : « angle your hips to the camera » ! Ce qui veut dire : « tourne ton cul vers la caméra », alors que j’étais suspendue à une barre, avec 20 centimètres dans le derrière, et mon partenaire qui m’appuyait sur la tête ! Mais au final, ça a quand même été une bonne expérience. Ensuite, j’ai fini mes études, je suis rentrée dans un parcours un peu plus… classique ! J’ai travaillé dans la banque. Quand j’ai démarré ma transition, de nouveaux problèmes se sont posés, surtout avec la gent masculine. J’ai grandi dans les années 90, une époque où la transidentité était très dévalorisée. On disait que les transsexuelles étaient des hommes déguisés. 

        

Vous vous êtes toujours sentie femme ? 

Oui. Enfant, je savais que j’étais une fille, pas un garçon. En tout cas, pas le type de garçon que la société accepte. Dans mon enfance, j’ai perdu une sœur, j’ai fait un dédoublement de personnalité, j’avais l’impression d’avoir une fille à l’intérieur de moi. A cinq ans, je faisais des crises pour que ma mère m’achète des vêtements de fille. Mais je me suis longtemps battue contre ça. Je pensais que, si je me musclais jusqu’à ressembler enfin aux mecs qui me plaisent, peut-être que je serais enfin à l’aise avec moi-même. C’est l’inverse qui s’est produit. Sur les sites de rencontres, j’avais exactement le physique que les mecs cherchaient. Moi, j’appelle ça le « pédé Grindr » : musclé, barbu, poilu… Je n’avais pas de problèmes pour choper. Mais je ne supportais plus mon image dans le miroir. J’ai même failli me suicider. 

A quel âge avez-vous transitionné ? 

En 2019, j’avais trente ans. En transitionnant, tout a changé. Je suis passée d’un extrême à l’autre. Moi qui étais très masculin d’apparence, j’ai eu le sentiment de devenir un objet. Les femmes cis connaissent ce problème, lorsqu’elles se sentent considérées comme des objets sexuels. Mais les femmes trans, elles, deviennent des objets tout court, dénuées de sens et de valeur. Ça m’a un peu dégoutée, pendant les quatre premières années de ma transition. Je me disais : je ne comprends pas, je suis une fille intelligente, j’ai fait des études, j’ai fait des métiers intéressants, et personne ne s’intéresse à qui je suis derrière cette plastique. C’est comme si j’étais devenue une chienne ! Ce que je n’ai jamais été. J’aime le cul, mais pas 24h/24 ! 

Vous êtes passée par l’escorting ?

Oui. Il se trouve que j’avais une copine escort à ce moment-là, qui m’a incitée à faire ça. Je lui répondais : « meuf, j’ai un cerveau, je ne me vois pas me rabaisser à ce point-là ! ». J’avais la sensation que travailler dans l’industrie du sexe, c’était honteux… Finalement, je me suis dit qu’elle avait peut-être raison sur un point : elle me disait que c’était pour elle une façon de reprendre le contrôle sur sa sexualité. Après quelques relations compliquées, je me suis dit : pourquoi pas ? Mais j’ai été une très mauvaise pute. Je ne sélectionnais que les mecs qui me plaisaient. Et pas seulement physiquement, il fallait aussi que leur conversation m’intéresse ! Il y a deux ans, je suis tombée sur un client qui m’a dit : « je ne comprends pas pourquoi tu fais de l’escort, alors que tu pourrais te faire des milliers d’euros sur les plateformes ! ». C’est comme ça que ça a démarré, il y a un an et demi. 

Revenons sur votre transition. Comment passe-t-on de gay bear à femme trans ? 

J’étais malheureuse dans mon quotidien, dans mes relations amoureuses, et dans ma sexualité. Les partouzes, le chemsex, ça n’a rien à voir avec une sexualité épanouie. Je me battais contre ma féminité intérieure, par peur du jugement des autres. Il m’a fallu longtemps pour admettre que je n’étais pas un mec, ni un homosexuel, mais une femme trans. 

Vous comptez mener votre transition jusqu’au bout ?

D’abord, je pense qu’il y a autant de transitions et de personnes trans qu’il y a de questionnements sur le genre. Une transition, ce n’est pas forcément se faire une poitrine et couper son pénis. Au tout début, tout était très clair dans ma tête : une femme n’a pas de pénis. Puis, au bout de deux ans de transition hormonale, j’ai fait ma poitrine… un vrai fiasco ! Le chirurgien m’a raté une première fois, j’ai fait une septicémie, puis quatre opérations de reconstruction… J’ai subi plusieurs chirurgies du visage. C’est d’une violence extrême. Tout a été fait en même temps : on m’a baissé la ligne capillaire, raboté le nez, le front, j’ai eu des implants de pommettes, on m’a refait les mâchoires… Les douleurs ont été terribles. Et il faut quasiment un an pour voir le résultat final. Je devais faire ma vaginoplastie en février dernier. Mais ça faisait à peine un an que j’étais sortie de l’hôpital, j’avais déjà commencé mon activité sur Fansly. Je suis bien consciente que si je n’ai plus de saucisse, les gens vont aller manger le cassoulet ailleurs ! Mais après tout, est-ce que je vais renoncer à ce que j’ai toujours voulu faire, juste pour plaire à des mecs ? Je vais donc aller jusqu’au bout, et me faire couper la saucisse en février 2025. C’est mon plan de vie. Et de mort de ma saucisse (rires) ! 

C’est comme ça que vous vous sentirez vraiment femme ? 

Chez les trans, il y a ce qu’on appelle la disphorie : c’est tout ce qui nous rappelle à notre corps d’avant. Depuis mon opération du visage, je ne souffre plus de ça. Je suis à l’aise avec mon pénis, avec mon corps, je ne suis pas gênée. Je pense que ça se voit sur les réseaux (rires) ! Mais je veux quand même aller jusqu’au bout. Même si je sais que ma sexualité va en pâtir, que ce n’est pas toujours bien réussi, qu’il peut y avoir des retouches chirurgicales… Dans ma tête je suis une femme, et une femme, pour moi, n’a pas de pénis. 

Je sais que pour être totalement en lien avec ma féminité, cette partie de mon corps ne doit plus exister.

Avoir un pénis quand on porte des vêtements féminins, c’est gênant ? 

Oui, les femmes trans non opérées essaient toujours de dissimuler leurs parties génitales. C’est le tucking : on fait remonter les testicules dans les cavités situées sous l’abdomen, et on positionne le pénis et le scrotum entre les cuisses. Les sous-vêtements font mal, coupent la circulation. Et surtout, en fonction de la façon dont on s’habille, on peut se mettre en danger. Parfois, quand je sors m’acheter des clopes, je ne fais pas trop attention à mes fringues. Si des mecs remarquent une belle fille d’1m78, et s’aperçoivent qu’elle a une bosse dans le pantalon, ils partent en vrille. Heureusement que j’ai des biceps, et que je n’ai peur de personne (rires) ! 

Vous produisez votre propre contenu ? Quelle est votre façon de travailler ? 

Pour toutes les vidéos ou je tourne en collab avec des mecs, c’est eux qui me contactent. Des acteurs comme The Dong King ou MrEasyDeck sont des serial baiseurs de trans ! Ils savent tourner, connaissent les angles à adopter pour une scène… En plus, ils apportent leur matériel sur le tournage. Même si je n’ai rien contre le homemade, le résultat est plus professionnel. Pour la partie montage, je fais tout moi-même. J’ai eu une chaine Youtube, donc je sais faire. Il est important pour moi de garder le contrôle sur mon image. 

Vous tournez beaucoup ? 

Je crée, et je poste du contenu toutes les semaines. J’aime vraiment ça, et surtout j’adore interagir avec les gens. Je ne fais pas plus d’une collab par mois. Je tiens à garder intact le plaisir de tourner. Je tourne aussi des scènes en solo, mais me contorsionner dans tous les sens devant un téléphone, ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus ! Ce qui m’amuse davantage, c’est de poster des vidéos extraites de sextings. C’est plus proche de la réalité. Parfois, je fais des petites vidéos avec mes plans cul, et j’en poste des extraits.

Vous avez été contactée par des productions professionnelles ? 

Oui, mais toutes les propositions que j’ai eues étaient vraiment extrêmes. Ça tient certainement au fait que je sois trans ! C’est dommage, tourner pour des pros me plairait vraiment. 

Quelles sont vos pratiques de prédilection ? 

Je n’ai pas de spécialité. J’ai testé tout ce dont j’avais envie, du plus soft au plus trash. J’ai fait de l’uro, du fist, du BDSM… J’adore le fist, les sensations sont absolument incroyables. Mais c’est impossible de montrer ça sur les plateformes, qui sont envahies par la bien-pensance ! Je dirais que ce que je préfère, en ce moment, c’est de me faire déglinguer par un mec avec une énorme queue, en collab… Même si ça peut paraitre masculiniste et toxique, je dirais que je me sens vraiment femme quand j’ai la sensation d’être une petite chose malmenée par un mec (rires) ! 

Vous appréciez particulièrement les blacks ? 

Non, ce sont plutôt eux qui m’adorent ! C’est vrai que j’ai tendance à aimer les peaux foncées. Mais dans la vraie vie, ça n’a pas trop d’importance pour moi. C’est surtout une question de charme… Mais c’est vrai que je plais beaucoup aux Noirs et aux rebeus. Et je les aime bien aussi, en retour !

Vous avez beaucoup de followers sur les réseaux ? 

Près de 200 000 sur X. Sur Fansly, j’ai un peu plus de 10 000 followers. Pour environ 400 abonnés. 

Vous communiquez avec eux ?

Sur X, j’essaie de répondre aux commentaires et aux DM. Sinon, je réponds plutôt sur Fansly, ou sur MyM. 

Selon vous, pourquoi les hommes trouvent-ils les femmes trans si attirantes ?

Je pense profondément que tous les hommes sont homosexuels ! D’une manière générale, les hommes font aux femmes ce qu’ils aimeraient qu’on leur fasse. Moi-même, j’ai parfois du mal à comprendre l’attirance qu’un homme éprouve pour une trans, si ce n’est à cause d’une homosexualité non avouée. Moi, par exemple, je ne serais jamais attirée par une personne comme moi. J’ai l’impression de me trouver dans un entre-deux…

Il me semble, au contraire, que ce qui attire les hommes chez les trans, c’est une extrême féminité, construite et travaillée…

Je suis d’accord. Mais en général, on incarne cette féminité exacerbée en début de transition. C’est comme une carapace. Les hommes attirés par les trans aiment la féminité, d’accord, mais beaucoup d’entre eux vont aussi baiser avec des mecs travelotés, qui ressemblent à Robert le camionneur ! En fait, ils aiment les femboys. Pour eux, la féminité est comme un glaçage sur un gâteau. Ça lui donne juste une plus belle apparence. Mais je me trompe peut-être…

Vous aimez la personne que vous êtes devenue ?

Oui. Il n’y a pas longtemps que je suis capable de le dire. Après cinq ans de transition, je peux affirmer que je connais peu de personnes aussi courageuses que les personnes trans. On est obligé de se transcender, le quotidien est très difficile. On se bat avec des dérèglements hormonaux, des changements drastiques dans notre existence. Transitionner, au vu et au su de tous, c’est très difficile, car tout change dans la vie, corporellement, professionnellement, socialement. Les humeurs, les réactions ne sont plus les mêmes, il faut tout déconstruire. Je fais des interventions en entreprise pour l’intégration des personnes LGBTQIA+, et j’y explique que lorsqu’on transitionne, il faut réapprendre à vivre. Avant ma transition, j’étais un homme blanc, plutôt beau, tout en haut de l’échelle sociale. Quand on passe d’homme à femme, on est moins écouté, il faut davantage s’imposer. Mais aujourd’hui, j’aime vraiment la personne que je suis, et les valeurs que je défends. 

Twitter : @itsCocoValentin

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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