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Les communautés sexuelles

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Ici et d’ailleurs, d’hier et d’avant-hier

La communauté d’ONEIDA États-Unis, 1848

120 ans avant la « Révolution sexuelle » des communautés dites «utopiques» prônaient déjà une liberté sexuelle radicalement différente des mœurs des sociétés dont elles s’étaient isolées.

Créée en 1848 par John H. Noyes, la Communauté d’Oneida au nord-ouest des États-Unis fut l’une des plus radicales de son temps. Pendant environ 30 ans, cette petite colonie mit en pratique le partage et la mise en commun de toutes leurs ressources. Le mariage n’était plus vécu en couple mais à plusieurs. Un « mariage » de plus de 300 personnes qui, non seulement se partageaient, mais vivaient sous le même toit: Le Mansion House comptait plus de 475 pièces. Dans ce système communiste absolu, les membres mettaient tout en commun, la sexualité, mais aussi le travail et l’éducation de leurs enfants.

Leurs valeurs sexuelles : égalité des sexes !

Leur système de valeurs et d’éducation sexuelle reposait sur trois principes : le « mariage à plusieurs », la « rétention de l’éjaculation », et « l’enseignement par les Anciens ». Ces anarchistes ont appliqué, bien avant l’heure, le principe de l’égalité des sexes. Les femmes avaient les mêmes responsabilités que les hommes et les tâches étaient également réparties entre tous les membres de la communauté, tâches qui changeaient chaque jour afin d’éviter la monotonie et pour favoriser la créativité.

Les femmes ne devaient pas être les seules à assumer la charge des enfants…

Pour le fondateur, les femmes ne devaient pas être les seules à assumer la responsabilité de la charge des enfants, de leur éducation et des tâches ménagères. C’est pourquoi, chaque/chacune des adultes de la communauté était marié à tous les autres membres et libre d’avoir des relations sexuelles avec le ou la (ou même les) personne(s) de son choix, sans aucune exclusivité.

Chaque membre partageait donc tous les aspects de la vie quotidienne. Aucune valeur, quelle soit physique ou intellectuelle n’appartenait à un individu en particulier et la communauté devait d’être consultée pour tous les aspects de la vie.

La rétention d’éjaculation

A Oneida, la responsabilité du contrôle des naissances incombait à l’homme. Celui-ci était dans l’obligation de pratiquer les techniques de rétention de l’éjaculation comme moyen de contraception, pendant et après le rapport sexuel, ce qui avait aussi pour effet d’augmenter la durée des rapports pour le plus grand plaisir des dames. Le succès de cette méthode ne fait aucun doute puisqu’en 30 ans, seulement 53 enfants naquirent dans cette communauté de plus de 300 personnes.

L’apprentissage de la sexualité

A l’époque il n’y avait pas de pilule contraceptive et, afin de former les jeunes hommes à la technique de rétention du sperme, des femmes déjà ménopausées, et par conséquent libérées de tout souci de grossesse, choisissaient l’élu de leur désir pour leur prodiguer un enseignement sans risque de grossesse non voulue.

Pour les nouveaux membres, il n’y avait aucune possibilité de refuser ces rapports, ni aucune limite à la fréquence de ces leçons de choses, le but étant d’aider les hommes à se perfectionner le plus possible.

Les vierges

Chaque jeune personne (Femme ou homme) vierge était amenée à participer à la vie communautaire du mariage à plusieurs. Certains membres plus âgés de la communauté, appelées les Membres Centraux (qui faisaient partie d’un groupe spécial) devenaient en quelque sorte le parrain ou la marraine spirituelle d’un ou d’une vierge.

Oneida n’était pas seule

Notons qu’à la même époque, existait une autre colonie individualiste anarchiste. Cette colonie nommée Modern Times était située aux environs de New York. On y encourageait vivement l’autonomie de l’individu et le « mariage » était une question purement individuelle, on pouvait se marier cérémonieusement ou non, vivre sous le même toit ou dans des demeures séparées.

En Europe puis aux USA, Wilhelm Reich

Célèbre médecin, élève de Freud, puis psychanalyste, Wilhelm Reich (1897-1957) finit, hélas, sa vie dans des délires qui mirent en doute l’entièreté d’une œuvre dont les débuts méritaient pourtant le plus grand respect. Apôtre de la libération sexuelle totale, Wilhelm Reich prétendait que la plupart des maux de nos sociétés étaient dus à la peste émotionnelle. (Entendez par là, les frustrations sexuelles). Ses thèses et ses expériences en matière de sexualité furent décriées, il fut expulsé de plusieurs pays d’Europe pour s’établir aux Etats-Unis où il acheta, dans le Maine, une grande propriété, qu’il baptise Orgonon, où il créa l’ « Orgone Energy Clinic » destinée au dépistage des maladies « énergétiques ». À cette époque, comme lors de sa période scandinave, des rumeurs le qualifiaient de fou lubrique. Il a fini ses jours en prison, aux États-Unis.

Ici et maintenant

Aujourd’hui encore, ici et partout ailleurs, de petites communautés se réfèrent à ses principes. Trois des ouvrages de Reich: L’irruption de la morale sexuelle, Payot, 1999 La fonction de l’orgasme, L’Arche, 1986 Écoute, petit homme !, Payot, 1999.

Après mai 68

L’après révolution sexuelle vit à nouveau l’éclosion d’expériences sociales réactionnaires. Des groupes de marginaux se sont isolés de la société pour vivre heureux et cachés en formant des communautés sexuelles. La plupart de ces communautés ont disparu de nos pays, se sont muées en secte d’écolos santéistes, sont devenues de rentables sociétés commerciales vendant du « développement personnel », ont sombré dans une religiosité hindouiste, tantrique ou autre ou bien se sont simplement exilées pour aller élever des moutons dans le Midi de la France.

Un témoignage :

Il n’est pas question, ici, de dévoiler le nom de la communauté que j’ai fréquentée, ni celui de son fondateur ou de n’importe quel membre. Je crois que cette communauté existe toujours, quelque part dans le midi de la France. Il en reste peut-être encore des antennes en Belgique. Les personnes qui en font ou en ont fait partie se reconnaîtront peut-être dans ces lignes, mais mon témoignage ne permettra en rien de les identifier ou d’identifier le groupe ni aucun de ses membres.

Il y a fort longtemps, à Bruxelles, une association proposait des massages en tant que thérapie sexuelle. Les séances de massage coûtaient fort cher, mais ce n’est que plus tard que j’ai compris la raison de ces tarifs.

Les séances de « thérapie »

Pour les gens qui, comme moi, ne faisaient pas partie de la communauté des « initiés » les séances de thérapie sexuelle consistaient en un moment de méditation, puis en un long massage à l’huile fort agréable dont le but était d’atteindre un état de détente totale. Et c’était efficace.

Il faut savoir que les « patients » étaient toujours massés par une personne du sexe opposé qui exerçait nu(e). J’écris que c’était efficace dans le sens où, après le long massage-détente, bien que ma thérapeute fut fort jolie, je ne bandais pratiquement plus. Ce n’est qu’alors qu’avait lieu la troisième phase de la séance: la relation sexuelle, menée par la masseuse, le « patient » (moi) devant rester passif.

Les autres « patients »

Les couples de « patients » y venaient sur demande de leur épouse, soit pour des problèmes d’éjaculation précoce, soit pour des difficultés d’érection, ce qui n’était pas du tout mon cas. J’avais voulu expérimenter leurs massages par pure curiosité. Après le massage, à la différence des autres « patients », la masseuse n’a eu aucun mal à se pénétrer de moi en me chevauchant et, du fait que je ne suis pas du tout éjaculateur précoce, elle a (pour une fois) eu tout le temps de vraiment prendre son plaisir.

J’ai ainsi eu le plaisir (onéreux) de vivre toute une série de séances de sexothérapie durant lesquelles j’ai découvert qu’en effet, le massage préalable et la détente qui en découlaient étaient une sorte de rituel d’approche érotique qui donne, aux partenaires le temps d’oublier tout le reste du monde et les soucis. C’était (et c’est toujours pour moi) une vraie mise en bonne condition pour faire longuement et agréablement l’amour.

L’acceptation par cette secte

Après quelque temps, bien introduit (c’est le cas de le dire) parmi les masseuses, j’ai été invité à participer à un (très onéreux) week-end de massage-thérapie, dans un chalet, quelque part, loin au fond des Ardennes belges. C’est là que j’ai pu découvrir la communauté sexuelle … et son « grand maître ».

Le week-end se déroulait dans une grande salle bien chauffée et dont le sol était jonché de fins matelas de mousse. Il y avait là des « thérapeutes » (masseurs et masseuses) et des « patients » des couples et des solitaires (dont moi-même). C’est, durant des après-midi et des soirées entières que, tour à tour, nous nous massions et faisions l’amour en changeant, bien sûr, régulièrement de partenaire. Ces relations collectives, m’ont permis de constater la détresse des nombreux « patients » souffrant de problèmes d’érection ou d’éjaculation précoce… et surtout les besoins de leurs compagnes !

Jeune encore, (28 ans à l’époque) en parfaite santé et bon amant, je fus rapidement apprécié des nombreuses femmes frustrées qui, avec leur époux, fréquentaient (désespérément) ces stages de thérapie.

Cette communauté fut, pour moi, un vrai paradis sexuel…

Mais hélas, il n’y avait pas que le sexe qui unissait les membres. La communauté fonctionnait sous l’autorité d’un gourou qui n’appréciait ni l’insubordination, ni la critique, ni même la moindre contradiction, surtout de la part d’un simple « patient » extérieur comme je l’étais. Le maître était intransigeant.

La recherche vestimentaire la plus basique était interdite, tout comme le maquillage, les bijoux, la teinture des cheveux ou les coiffures soignées. Tout devait être « naturel », sans le moindre fard. Femmes et hommes circulaient donc en permanence en training. Autant vous dire que, côté érotisme, charme et séduction, c’était nul. Le « grand maître » était entouré d’une cour de proches admirateurs, les plus anciens des « thérapeutes ».

La jalousie

S’il n’existait aucune jalousie sexuelle ni relationnelle entre les membres, une farouche compétition et de sérieuses jalousies les opposaient quant à l’approche de leur « grand maître. Une sorte de pyramide de l’ancienneté s’était établie de fait. Ceux qui, comme moi, vivaient et travaillaient à l’extérieur de la communauté n’étaient acceptés que pour leurs apports financiers.

Et mon fric dans cette affaire ?

J’ai ainsi compris que les tarifs, fort élevés, que j’ai évoqués plus haut, permettaient à peine à la communauté de vivre, et même pas décemment, en ne se nourrissant qu’en vertu de principes écolos, santéistes, voire végétariens. Ils dépensaient très peu et vivaient dans un confort minimaliste, en s’excluant de la société.

Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que, malgré les sourires et la politesse de l’accueil, je n’étais (comme les autres invités de l’extérieur), qu’un paria parmi eux. J’étais secrètement détesté du fait de mon mode de vie qu’ils critiquaient… tout en refusant d’admettre qu’ils avaient absolument besoin de mon pognon.

Je les ai quitté(e)s…

Ne souhaitant ni abandonner ma vie professionnelle, ni sacrifier mon avenir en me retirant au fond d’un bois, je n’ai pas voulu rester parmi eux. Quant aux séances de massage individuel à Bruxelles, leur coût exorbitant ne me permettait pas de les poursuivre.

J’ai transposé mes acquis

Jeune et beau (dans ces années là) je n’avais aucun mal à séduire d’autres partenaires et j’obtenais un franc succès en appliquant quelques-uns des principes acquis dans la communauté, en massant mes partenaires.

Aujourd’hui

S’il n’est pas décédé, le maître de cette communauté doit être vraiment fort âgé. D’après ce que j’en sais, la communauté elle-même a changé et s’est radicalisée dans un sens santéiste-écolo et elle est allée se dissimuler quelque part, dans un coin isolé du Midi de la France.

Ménages à trois :

Suite à cette expérience, j’ai eu le plaisir de vivre d’autres périodes de ménage à trois dans la société normale. Ce fut avec deux femmes puis à deux hommes pour une femme, mais sans pour autant nous éloigner de la société et de la vie professionnelle. Chacune de ces expériences m’a montré que, comme dans la communauté, la sexualité alternative ou mélangiste ne posait aucun problème entre les êtres et qu’au contraire la vie de chacun en était enrichie.

Suite à des pressions de l’entourage familial, ces périodes de triolisme se sont chaque fois terminées par un retour à une « normalité sociale ». Ce qui démontre bien la nécessité de s’isoler qu’ont les communautés sexuelles: Pour qu’elles soient durables, au moins pendant quelques années, elles doivent rester très discrètes par rapport au reste du monde.

C’est donc bien par respect pour ces gens que je ne signe pas ce témoignage.

Diplômé du CUNIC en biosexologie, du CERIA en pédagogie, formé à LLN à la communication par les médias. Auteur de "La Sexte", un roman érotico-policier aux Editions du Rocher et traduit en italien sous le titre "La Figlie di Lesbia" , Multon est un grand voyageur qui a accosté de nombreuses nanas dans 46 pays différents, Multon aurait voulu être un serpent… pour être toute une queue, c'est un homme ordonné qui tient chaque chose à sa place: les animaux dans son assiette et les femmes dans son lit.

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