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Être un garçon bisexuel aujourd’hui

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Peu représentée dans les médias, relevant de la niche dans le porno, la bisexualité au masculin reste pour beaucoup une sorte de mystère. Nous avons été prendre un verre avec le beau Doryann Marguet, la star française bisexuelle du porno, pour évoquer ce sujet peu abordé et souvent traité avec beaucoup de clichés.

Mettons les pieds dans le plat : quels sont les clichés les plus récurrents que l’on doit affronter quand on est un garçon bi selon toi ?

Pour beaucoup de gens, la bisexualité n’existe pas. On nous pousse toujours à choisir notre camp. Ainsi, un mec bi peut s’entendre dire qu’il est un gay qui ne s’assume pas (discours d’hétéro) ou un gay qui veut faire genre et simplement tester les filles (discours d’homo).

J’ai l’impression que les garçons bis sont finalement peu représentés dans les médias, les films, contrairement aux gays ou même aux filles bisexuelles…

Oui, c’est assez vrai. Je regrette qu’il n’y ait pas plus de modèles pour les garçons bisexuels. Aujourd’hui on commence enfin à voir des stars ou des personnalités influentes assumer leur homosexualité. Mais où sont les garçons bis ? Les ados ou les personnes qui se découvrent bis n’ont pas vraiment d’images, de référents. Ça donne tout de suite la sensation d’être marginal et c’est dommage.

bisexualite 02À ton avis, pourquoi cette frilosité, cette difficulté à s’assumer ?

Il y a des gens qui sont 100% gay, d’autres 100 % hétéro, mais comme le montraient par exemple les recherches de Kinsey, il existe aussi pleins de personnes qui sont entre les deux. Si ça se trouve, il y a largement plus de bisexuels que d’hétéros ou d’homos. Mais avec la pression sociale, les gens décident de se ranger dans une catégorie, de ne plus bouger, de refouler en quelque sorte.

Peux-tu évoquer pour nous ton propre parcours en tant que mec bi ?

J’ai découvert ma bisexualité à l’âge de 22 ans. J’étais depuis deux ans en couple avec ma copine de l’époque. A ce moment-là, je me sentais et me définissais comme hétéro. Et puis j’ai été pris de court par une attirance pour un mec. J’avais du mal à me l’admettre donc c’est resté en moi un petit moment. Et puis ça a grandi, j’ai fini par en parler avec ma copine. Je l’aimais, pas de doute là-dessus, mais j’étais de plus en plus troublé par la question. J’ai eu de la chance car cette fille était hyper ouverte. Elle a senti que je n’étais pas très bien, que je me sentais perdu, et elle m’a aidé à relativiser. Elle m’a dit de ne pas m’inquiéter, que cela voulait peut-être tout simplement dire que j’étais bisexuel. Elle m’a autorisé à aller explorer ça. J’ai été sur des forums bis, j’ai dialogué avec des gens, des libertins, des gays… Je me sentais en recherche d’identité, j’avais besoin de parler avec des personnes qui auraient traversé la même chose que moi. J’ai été pas mal sur des sites de chat webcam. Tout en m’exhibant virtuellement, j’ai assumé petit à petit ma bisexualité. C’est mon histoire à moi, j’ai découvert à ce moment-là que j’étais exhib. Bien sûr tous les bis ne le sont pas ! C’est comme pour les hétéros ou les homos : chacun est différent. Je n’ai réellement commencé à explorer la sexualité entre mecs que 6 ans plus tard quand ma copine m’a quitté.

bisexualite 05A l’instar d’un gay, as-tu fait un « coming out » une fois que tu as décidé d’affirmer ta bisexualité ?

Mes parents et mes amis savent que je suis bi. J’ai en effet fait une sorte de coming out quand je me suis mis en couple avec un garçon. Il a fallu un peu de temps aux gens pour l’accepter, comme souvent pour un coming out gay. Depuis que je me suis mis en couple avec un mec pour la première fois, mes relations amoureuses ont toujours été avec des garçons. C’est ma trajectoire personnelle. Vu qu’il n’y a pas eu de changements depuis un moment, je pense que ça n’a perturbé personne. Ce serait peut-être différent si j’oscillais vraiment en permanence entre fille et garçon.

D’après ta propre expérience, comment réagissent les gays face à un garçon qui s’affirme comme bisexuel ?

Quand tu es sur une application ou à une soirée cul gay, si tu dis que tu es bi ça va avoir tendance à exciter les mecs. Dans l’imaginaire des gays, le bi est un mec look hétéro, hors milieu, presque inaccessible. Bref, ça peut les chauffer car ils ont en quelque sorte la sensation de baiser avec un hétéro. Pour ce qui est des les liens amicaux, c’est plus compliqué. Quand je suis avec des potes gays et qu’on se raconte nos histoires de cul, ils n’ont pas forcément envie d’entendre mes expériences avec les filles. Je ne veux pas faire de généralités mais c’est surtout le cas pour des gays un peu plus sectaires : ils ont la sensation quand je parle de meufs que leur bulle éclate, qu’ils ne sont plus « entre eux ». Côté hétéro aussi ça peut surprendre les potes : quand ils parlent des nanas qu’ils ont tiré et que toi tu arrives en parlant d’un garçon, tu peux sentir des réserves. C’est un peu le même ressenti, le même phénomène, que pour un hétéro qui se retrouverait au milieu d’une bande de gays qui parlent de cul ou l’inverse. Quand je suis avec des gays, ils m’incluent dans le groupe en pensant avant tout à mon côté homo. Mais je ne me résume pas qu’à cet aspect de ma sexualité. Les gens ont, encore aujourd’hui, besoin de cataloguer, d’étiqueter, en amour comme en amitié. Ça les rassure. Ce n’est pas toujours évident d’assumer sa bisexualité car chacun reste un peu dans son coin. C’est très français comme attitude d’ailleurs :  il y a d’autres pays où tout le monde se mélange plus facilement, où il n’y a pas d’un côté des soirées hétéros et des soirées homos.

bisexualite 03En parlant de catégorisation, peut-on dire qu’il existe une « communauté bi » ?

On ne peut pas dire qu’il y ait une véritable communauté bi mais en même temps il me semble qu’on peut être gay sans avoir le sentiment d’appartenir à une communauté non plus. On peut vivre son homosexualité comme toute personne hétérosexuelle, sans sortir dans des soirées réservées aux mecs ou en traînant non stop dans des quartiers dédiés. Je ne suis pas très fan de ce mot, « communauté », ça m’hérisse un peu les poils, même. Après, bien sûr, je ne dénigre pas du tout le travail et l’engagement des groupes et associations LGBT qui luttent pour l’égalité des droits.

Ressens-tu des sortes de pressions au quotidien ?

On reste une minorité. Ce qui est troublant quand on est bisexuel, c’est que l’on est malgré tout obligé à un moment de faire un choix quand on se met en couple. Si je sors avec une fille, je vais adopter un mode de vie hétéro et si c’est un garçon on me percevra comme gay. Ce n’est pas pour autant qu’on fait une croix sur le reste. Dans la rue, je me retournerai toujours autant sur une fille que sur un mec car les deux m’attirent.

Justement, est-ce que les problèmes de jalousie ne sont pas décuplés pour la personne qui partage ta vie ?

Si tu es bi et que tu es en couple avec quelqu’un qui veut une relation exclusive, tu restes fidèle. Ça ne change rien que tu sois hétéro, bi ou homo.  Le compagnon gay d’un bisexuel peut éventuellement davantage flipper car il peut se dire que si une fille vient troubler son couple, elle peut proposer des choses que lui ne pourra jamais offrir comme un enfant par exemple.

A titre personnel, je me définis aussi comme libertin, donc c’est quelque chose dont je ne peux pas vraiment parler cette question de fidélité, les soucis pour les bis dans un couple « fermé ». J’ai la possibilité de pouvoir continuer à avoir des expériences sexuelles avec des filles même si je suis dans une relation avec un mec. Je ne me sens pas frustré sexuellement mais ça ne veut pas dire que je baise avec tout le monde non plus !  C’est juste que si je rencontre quelqu’un et que j’ai envie de faire l’amour avec, je sais que je peux.

bisexualite 04En parlant de libertinage, dirais-tu que la bisexualité est bien présente dans le cercle libertin ?

Définitivement oui. La bisexualité s’y épanouit davantage, dans le respect et la convivialité. Il y a beaucoup de bisexualité féminine mais aussi de la bisexualité masculine. Néanmoins cette dernière s’assume nettement moins une fois que les gens sont hors du cercle libertin…

Est-ce que l’idée de trouple t’attire ?

Le trouple est un fantasme. Mais personnellement je n’ai jamais réussi à trouver deux personnes pour le faire. C’est sûr qu’avoir les deux sexes à la maison doit être agréable. Mais j’imagine que ça ne doit pas être facile à gérer et encore moins à assumer socialement parlant. Déjà qu’à deux c’est parfois difficile de communiquer et de se mettre d’accord, alors à trois… Il faut être courageux  à tous les niveaux si on s’engage dans cette voie !

Aujourd’hui couches-tu davantage avec des garçons qu’avec des filles ?

Je dois admettre avoir beaucoup plus de rapports sexuels avec des mecs qu’avec des filles car c’est tout simplement plus simple ! Les gays sont plus ouverts aux histoires d’une nuit, c’est un cliché mais c’est vrai. Coucher avec une fille prend toujours plus de temps, demande plus d’efforts, même en 2016. Comme beaucoup je cède à la facilité (rires).

Thomas s'abreuve de porno depuis ses 15 ans. Après les premiers émois des VHS hétéros, il développe une passion débordante pour le x gay alors qu'Internet fait son apparition. Pornophage et curieux, tous les genres et fétiches attisent sa curiosité. Il partage ses fantasmes et addictions sur son propre blog, Gaypornocreme, et régulièrement pour le magazine gay Qweek.

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